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Mon Blog Défense

jeudi 31 décembre 2009

Mon Blog Défense : articles les plus lus de 2009

Histoire d'imiter Electrosphère, voici pour terminer 2009 une liste des trois articles les plus lus de chaque mois (comprendre : mois de publication de l'article) de l'année, les compteurs étant arrêtés au 27 décembre :

Janvier :
Février :
Mars :
Avril :
Mai :
Juin :
Juillet :
Août :
Septembre :
Octobre :
Novembre :
Décembre :
Industrie, géopolitique, histoire, technologie... les thèmes majeurs du blog, ainsi que quelques digressions, sont donc au menu. On note également un certain équilibre entre sujets d'actualité et réflexions de fond. Enfin, il y a globalement deux voies qui s'offrent à un article pour un lectorat conséquent :
  • la fulgurance due à un référencement depuis un autre site à forte audience (et en cela l'intégration à l'Alliance Géostratégique a bien servi depuis fin octobre) et/ou au traitement d'un thème brûlant. Les articles sur le Mistral, l'Iran ou la "bombe terroriste" sont dans ce cas
  • la longévité du fait d'un sujet assez général (voire intemporel) intéressant un grand nombre de personnes sur la durée. Je pense ici aux "B.A.-BA", notamment celui sur "efficacité et efficience" ou "le brouillage" qui encore aujourd'hui, plusieurs mois après leur parution, sont lus plusieurs fois par jour

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mardi 29 décembre 2009

Taiwan peut-elle mourir à petit feu ?

Pour terminer l'année 2009, une petite question : verra-t-on à plus ou moins long-terme le jour où plus aucun pays ne reconnaîtra Taiwan comme Etat indépendant, et que ce passera-t-il à cette date ?

La Convention de Montevideo sur les droits et devoirs des Etats (1933), dans son article premier, stipule qu'un Etat, sujet de droit international, doit disposer d'une population, d'un territoire et d'un gouvernement ayant les moyens de les contrôler et de la capacité d'établir des relations avec d'autres Etats :
The state as a person of international law should possess the following qualifications: (a) a permanent population; (b) a defined territory; (c) government; and (d) capacity to enter into relations with the other states.
Force est de constater que la véritable guerre que se livrent Taiwan et la République Populaire de Chine sur le front économico-diplomatique depuis 1949 tourne inexorablement à l'avantage de cette dernière. Ainsi la "diplomatie du chéquier", terrain de jeu sur lesquels les deux adversaires troquent aide au développement ou investissements contre l'établissement de relations diplomatiques et soutien à l'adhésion à diverses organisations internationales (OMC notamment), a plus ou moins été abandonnée sur l'île nationaliste depuis l'arrivée au pouvoir de Ma Ying-jeou en 2008. Seuls quelques pays, comme le Belize, le Honduras, le Paraguay, Saint Kitts and Nevis, Tuvalu, le Vatican (seul représentant de l'Occident industrialisé, si l'on peut dire) ou la Gambie maintiennent encore des relations diplomatiques "officielles" avec Taiwan. Et leur nombre ne cesse de se réduire, sous la pression chinoise. Depuis la résolution 2758 de l'ONU, en 1971, la "République de Chine", i.e. Taiwan, n'en est plus membre.

Des hommes d'affaires ravis du rétablissement des liaisons aériennes directes entre Chine continentale et Taiwan
crédits : aujourdhuilachine.fr

Il est évident que face au rouleau compresseur chinois et à sa montée en puissance fulgurante, qui s'accompagne d'investissements tout azimut, peu de pays, sinon aucun (et d'ailleurs les pays industrialisés ne montrent certainement pas l'exemple !), peuvent se permettre de se montrer insensibles à un tel sticky power... qu'il s'agisse de promesses de débouchés sur un marché potentiel d'1,3 milliard de consommateurs (largement surestimé au vu du niveau de vie moyen mais qu'importe) ou de développement d'infrastructures locales.

Une attaque militaire directe du seul ennemi stratégique de la Chine comporte de nombreux inconvénients dissuasifs : défenses taiwanaises propres, intervention des USA, perte de l'image d'acteur responsable des relations internationales et promoteur du soft power...

D'autant que Taiwan elle-même, acteur majeur du développement économique de son géant de voisin, en est de plus en plus dépendante, à tel point qu'elle ne semble plus pouvoir s'en passer. Les récentes initiatives de rapprochement, des plus symboliques (envoi de pandas du continent) aux plus déterminantes (rétablissement de vols directs, renforcement et libéralisation des échanges commerciaux dans un contexte de crise) l'ancrent encore plus à son ennemi héréditaire. La Chine continentale est ainsi devenu le premier client de Taiwan, comptant pour près d'un tiers de ses exportations. Et l'île est vraiment en train de reconsidérer sa stratégie face à son rival, misant plus sur la coopération que sur la confrontation (une posture durable ?).

Un État qui n'est plus reconnu par personne, qui ne pourra adhérer à l'OMC sans accord de Beijing, qui voit ses débouchés de plus en plus draînés vers cette dernière, pourra-t-il en rester un pendant très longtemps ? Est-il possible que l'absorption se fasse petit à petit, sans heurt, et qu'un jour Taiwan soit de facto une province chinoise à part entière ?

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lundi 28 décembre 2009

Les Playstation de l'armée américaine

Mi-décembre, The Economist a consacré à un court article à ce qu'il appelle le complexe "militaro - grand public", revenant sur la pénétration croissance de technologies issues du hi-tech civil de masse au sein des équipements militaires, notamment dans le domaine électronique.

Historiquement, c'est plutôt le contraire qui se passait, du GPS au cockpit du 747 en passant par Internet : l'armée, non pas philanthrope mais plutôt richement dotée, a ainsi financé le développement de nombreuses technologies dont l'utilisation s'est répandue universellement auprès du grand public. Cependant, même si les dépenses militaires mondiales s'élèvent à 1,5 trillions de dollars annuels (dont quasiment la moitié pour les seuls Etats-Unis), tout ne va pas, loin s'en faut, dans de l'électronique.

Le secteur commercial, de par la richesse de ses débouchés mais également sa grand réactivité au marché (que l'on ne peut attendre du secteur militaire, eu égard, au-delà des durées de développement, aux engagements d'approvisionnements), possède un time-to-market extrêmement réduit : la durée de vie d'un produit, avant que celui-ci ne soit remplacé par un plus performant et moins cher, n'excède pas quelques mois dans certains domaines comme les téléphones portables. Autre facteur déjà évoqué ici, la montée en puissance des standards et de l'open source, qui permet une combinaison de technologies "sur étagère" sans avoir à réinventer la roue, et surtout en assurant l'ouverture et l'interopérabilité.


Ainsi donc, l'hebdomadaire britannique indique que :
  • l'USAF vient de commander 2 200 Playstation 3 afin de constituer un supercalculateur
  • les soldats US en Irak et Afghanistan utilisent des applications de traductions et de calcul de trajectoire de munitions sur leur iPod Touch ou iPhone fourni par leur employeur (j'en parlais déjà ici en avril dernier)
  • des X-Box ont été modifiées afin de contrôler des drones
  • des cartes graphiques du commerce sont utilisées par les industriels de la défense pour les simulations
Le concept de technologique duale a souvent été abordé sur mon blog. De nombreux besoins militaires en communication, calcul ou partage de l'information sont couverts par des applications civiles, donc il est en effet inutile de se lancer dans des programmes spécifiques coûteux et hasardeux pour réinventer quelque chose qui existe déjà. La réduction de coûts est d'ailleurs soulignée par The Economist :
The air force’s new supercomputer will cost around one-tenth as much as a conventional supercomputer of equivalent power.
Bien sûr, la pénétration des technologies grand-public a des limites, et nécessite une qualification approfondie, que ce soit en termes de sécurité, de robustesse ou de contraintes techniques (la bande passante et la disponibilité ne sont pas la même sur un réseau tactique adhoc que dans un immeuble au centre de Paris).

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samedi 26 décembre 2009

De la football-istique

Alors que la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud se profile d'ici six mois, voici un petit article léger mais pas tant que ça, publié simultanément sur l'Alliance Géostratégique dressant un parallèle entre cette discipline sportive et la défense.


Depuis l'arrivée en fonction de Raymond Domenech, et notamment depuis la débandade de l'Euro 2008, les critiques fusent, dans les médias, les repas de famille, autour des machines à café ou au comptoir du PMU local :

  • "La défense est trop fébrile, elle manque de stabilité et elle ne peut pas suivre le rythme des attaquants adverses", alors que l'on vantait la solidité de notre ligne Maginot bleue de la grande époque Lizarazu-Blanc-Desailly-Thuram

  • "L'attaque manque de précision et de réalisme" (note de JGP : je n'ai jamais bien compris cet usage du terme "réalisme", indiquant juste que l'équipe qui en fait preuve concrétise bien ses occasions de but), alors que l'on est censé disposer de "flèches offensives" et de "feux follets", capables de percer tous les blindages défensifs, que tout le monde nous envie

  • "Il n'y a pas de patron ni de cohésion dans cette équipe", même si, avec la langue de bois sportive qui n'a rien à envier à celle des politiques, on nous explique que tout le monde est heureux, que les joueurs et l'entraîneur se parlent, qu'ils vont passer leurs prochaines vacances ensemble

  • "Le jeu des Bleus est stéréotypé, ils ne surprennent plus personne"

  • "Sur le terrain personne n'organise le jeu", "le discours du sélectionneur n'est pas écouté", alors que nous avons de grands meneurs de jeu et que notre équipe a quand même atteint la finale de la dernière Coupe du Monde !

Ces remarques sur l'équipe de France rappellent que sur le plan théorique, le football n'est pas très éloigné des concepts militaires :

  • la défensive doit être permanente, couvrir l'ensemble du territoire (on ne sait pas a priori d'où va venir la menace), et très réactive en cas d'attaque

  • l'offensive doit être subite, jouer sur l'effet de surprise, être concentrée (en termes d'effet et de moyens) dans le temps et l'espace, et exploiter les points faibles de la défense (quitte à les avoir créés par une phase de prise d'ascendant)

  • les notions de fixation, de cloisonnement, de désorganisation des lignes adverses sont primordiales, de même que celles de débordement, contournement ou profondeur

  • la chaîne de commandement doit être sans parasites, les instructions cascadées vers le bas, avec néanmoins une grande autonomie laissée aux unités tactiques, sur le terrain

Il y a loin du livre au terrain, cependant certaines pratiques évidentes de bon sens ne semblent pas appliquées :

  • une stratégie et une tactique nécessitent un alignement des moyens sur leurs objectifs et modalités (sans rire ?) : des défenseurs très endurants, très réactifs; des attaquants capables de vives accélérations, très précis dans le dernier geste; des animateurs offensifs capables de surprendre (danger de près, de loin...) et de déclencher des actions très rapidement à partir d'une position anodine

  • les pénétrations de l'infanterie près de la surface adverse doivent être soutenues par une artillerie capable de faire parler la poudre et trembler les filets adverses de loin

  • ceux qui sont censés appliquer la tactique mise en place doivent accepter l'autorité de ceux qui la définissent, même si ces derniers doivent laisser au premier une marge de manœuvre créative (ce qui suppose d'être capable d'en faire preuve)

  • l'organisation tactique doit dissuader l'adversaire de se montrer très entreprenant. La dissuasion est à la base une posture défensive, qui se mue en offensive sitôt enclenchée...on pense bien sûr ici aux "contres", qu'à une époque l'équipe de France réalisait très bien grâce à ses joueurs de couloir

  • dans un contexte asymétrique, face à une équipe qui refuse plus ou moins le jeu, ce n'est pas en se conformant à son schéma que l'on va la déstabiliser...

Bien sûr, dans le milieu du football, d'autres considérations entrent en ligne de compte, et elles peuvent être avoir énormément d'impact sur la composition de l'équipe, l'état mental des joueurs, l'organisation tactique : pression médiatique, financière, sponsors, égo des différentes parties prenantes...

A méditer d'ici le mois de juin prochain. Le Chef d'Etat Major de l'équipe de France aura-t-il d'ici là le temps de concocter un plan infaillible ? Je ne peux que lui recommander, s'il veut s'aérer l'esprit tout en conjuguant l'utile à l'agréable, la lecture de Tactique Générale, de l'Armée de Terre.

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jeudi 24 décembre 2009

[Le blog de la semaine] : Europa Défense

Cette semaine, je signale un tout jeune blog, Europa Défense, qui comme son nom l'indique se propose d'alimenter la réflexion sur la défense européenne, voire, comme le montrent les premiers articles, sur la défense en Europe et la défense de l'Europe, qui bien que connexes sont des notions différentes.

L'auteur annonce la couleur en se positionnant clairement pour une "Europe forte", disposant d'une identité propre et partagée, cette dernière ne pouvant être bâtie sur l'économie mais devant au contraire s'appuyer sur la culture ainsi que sur une interpénétration des défenses et polices des membres. D'ailleurs au passage, "Europe" est-elle ici synonyme d' "Union Européenne" ?

L'un de ses billets, Baby Jihad, a déjà été repris sur l'Alliance Géostratégique.

En bref, un blog à suivre, que je rajoute à ma blogoliste.

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mardi 22 décembre 2009

Si la défense ne vient pas à toi...

Cet article est simultanément publié sur le site de l'Alliance Géostratégique.

Je reçois, de même que plusieurs autres membres de l’Alliance Géostratégique, de nombreuses questions, notamment de la part d’étudiants en M2 pro sciences politiques / histoire / relations internationales, sur les débouchés du domaine de la défense au sens le plus large, i.e. embrassant la sécurité, la stratégie et finalement tout ce qui entre de près ou de loin dans l’escarcelle géopolitique. Étant moi-même ingénieur, j’ai une vision partielle et biaisée du sujet, mais essayons tout de même de poser quelques pistes générales.


delacroix_llglp_vortex

Il s'agit d'un domaine extrêmement étendu et aux composantes très diverses, même si l’on reste dans le périmètre civil : elle touche aux relations internationales, à la politique intérieure, à l’économie ou à la technologie. A titre d’exemple, les entreprises de la Base Industrielle et Technologique de Défense Européenne représentent un total de 600 000 emplois. L'univers de la défense et de la géopolitique sait attirer les étudiants, si l’on en juge par la floraison de formations universitaires plus ou moins spécialisées, ou même par les classements mesurant l'attractivité des entreprises vis-à-vis des futurs diplômés (voir notamment celui-ci qui concerne les ingénieurs). Mais au moment de franchir le pas et de postuler, quels peuvent être les débouchés d’un diplôme en sciences humaines qui certes, a été extrêmement enrichissant pour la culture générale et la réflexion, mais qui peut aussi sembler loin des besoins parfois très concrets des employeurs potentiels ? Et quel comportement adopter pour optimiser ses chances de succès dans la filière ?


Le secteur public : embouteillages en vue ?


Les administrations centrales sont bien évidemment un employeur naturel : ministères de la défense (et les multiples entités qui en dépendent : DGA, DAS, IRSEM, DRM…), des affaires étrangères et européennes (Conseiller ou Secrétaire des Affaires Etrangères…), de l’économie et des finances (Direction des relations économiques extérieures) de l’intérieur, Matignon (SGDN)… mais attention, la titularisation (en catégorie A voire B) nécessite de passer des concours extrêmement sélectifs, d’autant que le recours aux contractuels (CDD ou CDI), à des fins de réduction et de flexibilisation de la masse salariale, est de plus en plus prononcé. Le statut de contractuel peut tout de même représenter des opportunités en termes de mobilité et d’ouverture à des profils un peu différents, d'autant que de nombreux corps de métiers sont couverts. Pour les sessions de concours et les offres de postes de contractuels, assurer une veille continue sur le Web, et notamment les sites ministériels (de la famille ".gouv.fr"). Le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) est aussi un employeur potentiel.


Les collectivités territoriales (notamment régions et grosses communes) se dotent également de compétences en relations internationales, en analyse économique et prospective, et doivent également être considérées comme une piste sérieuse. De même que les institutions internationales (échelon européen, Nations Unies, OTAN), même s’il apparaît qu’elles sont déjà plutôt bien pourvues en représentants français (par contre les ressortissants de certaines nationalités ont plus de possibilités).


Il existe des organismes de préparation spécifique de ces concours internationaux : voir par exemple le Centre de Préparation aux Concours Européens de Sciences Po.


L’enseignement et la recherche (cette dernière ayant déjà été évoquée succinctement plus haut) dans un établissement public sont également possibles, mais bien évidemment ils ne sont pas la voie naturelle pour des étudiants de M2 Pro. Egalement très sélectifs, ils nécessitent de réfléchir sérieusement à une spécialisation.


Et pourquoi pas un état ou gouvernement étranger ? De nombreux pays en voie de développement peuvent avoir besoin de personnes maîtrisant les approches décisionnelles, les enjeux de la mondialisation, la dynamique des instances internationales, des échanges économiques et de l’intégration régionale, à des fins de conseil voire pour exercer des responsabilités opérationnelles directes.


Les multiples facettes du secteur privé


Les grandes entreprises de défense (EADS, Thales, Dassault, Nexter, Panhard…), de par leur coeur de métier hi-tech, offrent principalement des débouchés aux ingénieurs (et aux commerciaux). Cependant, leurs directions juridiques, marketing (au sens large), des ventes (notamment export), de la stratégie (par exemple dans le cadre de M&A avec des partenaires étrangers), de la sécurité ou de la communication peuvent présenter des opportunités pour les diplômés en relations internationales. Il ne faut pas non plus négliger le développement de l’intelligence économique, à cheval sur plusieurs de ces disciplines, ceci étant vrai dans tous les secteurs économiques, et pas seulement la défense : veille concurrentielle, économique, réglementaire, technologique, sécuritaire, études, benchmarks en tous genres. Secteurs de l’énergie, du hi-tech, mais également institutions financières (qui ont également des besoins spécifiques sur le financement des échanges internationaux), entre autres, en sont friands. Des entreprises spécialisées dans ce domaine, comme Kroll, peuvent également constituer un débouché. Autre grosse tendance, la professionnalisation de la gestion des risques (politiques, industriels, environnementaux, financiers, sociétaux…) au sein des grandes entreprises, qui se dotent de plus en plus de structures et de compétences spécifiques. Avec la privatisation annoncée dans les RGPP, en plus du plus grand recours aux contractuels de la fonction publique, les entreprises de service et les SMP comme DCI sont amenées à se développer. En complément, aller voir du côté des groupements d’entreprises, de type ASD, GICAT, GIFAS…qui disposent de moyens propres, notamment sur les aspects liés à la communication.


Les cabinets de conseil en stratégie et management (McKinsey, BCG, Bain, Oliver Wyman , Booz Allen Hamilton, ATK, AD Little, Stratorg, Kea & Partners, Roland Berger, Mars & Co, Capgemini, Accenture, Ineum Consulting, Orga Consultants…) peuvent également être une piste à envisager, même s’ils recrutent principalement des ingénieurs et diplômés de business schools (et encore, ils savent être plutôt sélectifs), et qu’ils sont assez généralistes (même s'ils ont des entités dédiées au secteur public et à la défense) : en clair, il est difficile d’être sûr en y entrant du type précis de missions et de clients pour lequel on va travailler, surtout que les juniors n’y sont pas spécialisés.


Instituts de recherche et autres think tanks (IFRI, CERI, IRIS, Choiseul, Prometheus, CF2R…), en plein développement (et la France a encore du retard face aux Anglo-saxons), peuvent offrir quelques débouchés. De même que les cabinets de lobbying, eux aussi en plein boom à Paris, Bruxelles ou Strasbourg, et les cabinets juridiques. Bien sûr, il est très difficile d’y entrer directement en CDI, le stage étant plutôt la règle, même s’il est en général peu rémunérateur, voire pas du tout rémunéré. Les médias généralistes et spécialisés sont également une piste intéressante à suivre. De même que les ONG (françaises, étrangères ou internationales), qui en lien avec leur coeur de métier ont des besoins sur les aspects économiques, politiques, juridiques, technologiques, organisationnels…


Sur le marché, avoir un bel étal est un avantage concurrentiel


Il est évident que l’envoi de candidatures spontanées ou même en réponse à des offres publiées plus ou moins récemment comporte une part importante d’aléa et n’est souvent pas suffisant. Il est crucial d’être proactif dans sa recherche (ceci peut s'appliquer à bien d'autres secteurs d'activités) :

  • se construire une idée assez claire, mais pas forcément précise à la virgule, de la cible rêvée et des moyens d’y parvenir

  • ne pas se jeter sur le premier stage de fin d’études venu, mais au contraire en faire la première pierre (même s’il ne s’agit pas d’une pré-embauche) de son futur parcours professionnel
  • travailler son réseau : camarades de promo (penser à échanger des informations sur les opportunités d'emplois, un renvoi d'ascenseur est si vite arrivé), professeurs, intervenants extérieurs, maîtres et collègues de stage…ce qui va un peu au-delà du contact LinkedIn
  • savoir enfoncer certaines portes, ou du moins y laisser traîner son pied, et ne pas hésiter à rentrer en contact avec toute personne (en évitant bien entendu les attitudes trop cavalières) susceptible d’avoir au moins un avis éclairé et des conseils, au mieux une opportunité de poste (le Web à lui tout seul en est rempli)
  • AGS est là pour en témoigner, ouvrir un blog et y écrire de façon régulière, tout en s'inscrivant dans la communauté géostratégique francophone naissante. L’air de rien, même si c’est un investissement en temps, ça permet des rencontres, et donc un réseau renforcé, en plus d’une visibilité donnée à ses savoirs et savoir-faire. Pour commencer, y mettre quelques productions d’étudiant (synthèses de mémoires, notes), que l’on peut également proposer aux nombreuses revues pas forcément fortunées mais de bonne qualité, qui existent en France et ailleurs
  • être présent plus globalement le Web communautaire et suivre activement tout ce qui peut sortir…nous l’avons vu, le recours de plus en plus important aux contractuels, donc hors concours censé être totalement égalitaire, prime la réactivité (oui, même les administrations se mettent à Twitter) et parfois, il faut bien l'avouer, le relationnel
  • plus généralement, ne pas hésiter, si la certitude de vouloir faire carrière dans la filière est bien présente, à adopter une stratégie des "petits pas", consistant à commencer modestement (stage, CDD...), et à accroître sa crédibilité et légitimité au fur et à mesure, en publiant, participant à des conférences (qui sont foison), rencontrant des pairs et des références...
  • accepter la non-linéarité de son parcours professionnel pour tenter des expériences différentes. C’est toujours enrichissant et qui sait, ça peut faire travailler sa sérendipité !

Bref, trouver les moyens de se différencier par rapport à la masse des autres candidats, que ce soit dans les expériences originales, les langues maîtrisées, l'évolution à l'international (penser aux VIE et VIA !), la conjugaison de savoir-faire spécifiques…souvent une formation en relations internationales “nue” sera considérée comme trop généraliste : il faut bien réfléchir aux types de cordes (économie, finance, management notamment en "mode projet", droit, communication…) à rajouter à son arc.

Évidemment, toutes vos précisions, suggestions et additions sont plus que les bienvenues !

JGP, Mon Blog Défense

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dimanche 20 décembre 2009

Copenhague : vers une bipolarisation du monde ?

Une question vite fait en passant : le sommet de Copenhague, et son échec patent, n'est-il pas un signe de plus de l'émergence d'un duo, ou plutôt d'un duel car il n'est pas question d'une gestion partagée, USA-Chine aux manettes des affaires chaudes du monde ?

Bien qu'opposés à peu près sur tout, les deux géants et plus gros pollueurs au monde (en valeur absolue et en relatif pour les Américains) ont réussi, par un accord de couloir dont les Européens sont totalement absents (et qui réunissait également l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil) malgré l'activisme de certains, à conserver leur souveraineté et leur liberté de polluer sans aucun engagement juridiquement contraignant chiffré, autre que des affirmations unilatérales. L'accord final est une sorte de consensus vague en attendant éventuellement du concret dès janvier, voire à Bonn ou Mexico un peu plus tard dans l'année. La Chine pourra donc poursuivre son effort de rattrapage par une croissance effrénée, et les Etats-Unis pourront continuer à émettre autant de gaz à effet de serre qu'aujourd'hui. Le relatif effacement de l'Union Européenne, malgré le show public de Nicolas Sarkozy, est aussi un point important à retenir, entre la démission de la présidente de la conférence et le pataugeage du premier ministre danois...

Obama affirmait d'ailleurs déjà en juillet dernier que la relation entre les deux pays définirait le XXIème siècle. De par l'intrication de leurs économies, ils avaient déjà été au coeur des différents G20 qui se sont succédés pour trouver un remède à la crise financière et économique qui sévit depuis 2008. On note cependant que le dernier voyage du président américain en Chine n'a pas été un franc succès, car il est vrai que celle-ci, soft power oblige, refuse de monter au front sur certains sujets comme l'Iran. L'Empire du Milieu ne souhaite surtout pas, pour le moment, apparaître comme ce qu'elle est amenée à devenir bientôt, à savoir la deuxième (puis première ?) puissance mondiale, non seulement sur le plan économique mais également au niveau politique. Il lui importe trop de figurer encore au rang des pays émergents, obsédée par sa propre croissance mais s'abstenant de régenter les affaires internationales. D'autant qu'elle se pose en héraut d'un monde "harmonieux" et surtout multipolaire.

Voir aussi : un ouvrage sur le soft power chinois

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samedi 19 décembre 2009

Blog en mode trêve des confiseurs

Le blog va fonctionner au ralenti d'ici au début de l'année 2010, avec une fréquence de parution réduite, et une alimentation grâce à la publication automatique et différée.

Bonnes fêtes et vacances à tous !

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vendredi 18 décembre 2009

Le Général Abrial sur l'Alliance Géostratégique

C'est une exclusivité, et c'est à Olivier Kempf que nous la devons : le général Stéphane Abrial, ancien CEMAA et, depuis septembre 2009, commandant de l'Allied Command Transformation (ACT), l'un des deux commandements militaires stratégiques de l'OTAN est interviewé sur l'Alliance Géostratégique.


C'est par là que ça se passe. N'hésitez pas à commenter et à poser toutes vos questions !

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Réflexions sur l’Aviation de Chasse et les drones - Par Michel Masciarelli

Cet article a originellement été publié dans la revue Mines Ingénieurs #442 de septembre-ocotobre 2009. Il est reproduit ici dans son intégralité avec l'autorisation du comité de rédaction de la revue. Il est publié simultanément sur le site de l'Alliance Géostratégique.

*

L’aviation n’est pas jugée utile par l’Armée de terre tant que ses fantassins et ses blindés ne sont pas attaqués par des chasseurs ou des bombardiers ennemis.

Les avions français ont toujours été excellents

Pendant la guerre de 14-18 et même en 1939 où les Dewoitine 520 auraient pu faire un malheur s’ils avaient pu être livrés à temps. Le Dewoitine D.520 n'eut en effet qu'un inconvénient majeur : au moment où les allemands donnaient le signal de départ pour leur offensive en mai 1940, seuls 36 Dewoitine étaient livrés sur les 2 320 appareils commandés. L’industrie française réussit cependant jusqu'à l'armistice du 25 juin 1940 à terminer 437 appareils au total…que les Allemands envoyèrent en Roumanie et ailleurs.

Le Mirage 2000-5 avec son radar RDY en est le digne successeur car il est excellent pour le combat aérien. D’ailleurs il gagne souvent dans des manœuvres contre les appareils américains. Les pilotes américains acceptent la défaite avec très mauvaise grâce mais sont très contents de pouvoir s’entraîner contre des avions qui sont totalement différents des leurs. Le Mirage a fait la preuve au Koweit qu’il avait un taux d’utilisation très supérieur à celui de ses concurrents étrangers. Pourquoi ne le vend-on pas davantage en dépit de ses qualités ? La même question se posa un jour au sujet de la DS Citroën.

Les appareils américains sont effectivement moins chers mais les équipements fournis n’ont pas le niveau de ceux qui sont réservés aux armées américaines et il faut payer pour disposer des nouvelles versions etc.

Ainsi, par le jeu des influences politiques, certaines armées disposent de jolis jouets volants qui flattent leurs généraux mais qui ne tiendraient pas en l’air plus de 5 minutes de combat (contre des Mirage).

Le Rafale a deux moteurs et dispose d’une puissance plus grande que le Mirage. Encore que les Émirats ne la trouve pas suffisante et demande une plus forte poussée. Son radar R B E2 est polyvalent (suivi de terrain et poursuite air-air) mais en combat aérien ne donne pas les mêmes satisfactions que le radar RDY du Mirage. Le problème français est que l’on veut, au début par économie, qu’un avion puisse tout faire : de l’observation, du bombardement nucléaire, de l’appontage, de l’appui au sol et du combat aérien. Décliner autant de versions épuise tout le monde et le porte-monnaie.

En ce qui concerne le Rafale, il aurait peut-être mieux valu faire une seule version marine que l’armée de l’Air aurait utilisée.

Et la coopération européenne ?

A plusieurs reprises les européens ont proposé à la France de construire un chasseur en commun. Dassault s’y est opposé préférant garder les marchés d’études pour lui et gagner de l’argent avec l’aviation d’affaire. Ce qui va lui être difficile pour les années 2010 et suivantes. Les Européens ont donc financé la construction du Tornado qu’ils ont acheté pour eux-mêmes et vendu à l’exportation, bien que la plupart des pilotes de chasse le qualifie de « fer à repasser ».

Les drones (unmanned air vehicule UAV)

Deux catégories distinctes : Les chasseurs et les observateurs.

Deux tailles : les gros et les minuscules.

Les petits drones miniaturisés peuvent avoir la taille d’un hanneton et vont inspecter les lignes ennemies qui sont proches.

Un avion de chasse, pour emporter un humain (qui coûte une fortune à former), doit avoir un poste de pilotage, un siège éjectable, une installation d’air conditionné et de chauffage etc. Ce qui se traduit par une carlingue plus vaste et de l’essence en plus pour véhiculer ce poids, etc.

D’où l’idée de concevoir un avion sans pilote téléguidé à distance qui jouera le même rôle qu’un avion classique.

Les Américains sont présents sur le marché des drones

Ils y travaillent depuis la Deuxième Guerre Mondiale avec Raytheon et son Astor, General Atomics et son Predator (5 tonnes), ou Northrop Grumman et son Global Hawk. Jamais à court de sigles, les Américains ont déjà spécialisés leurs drones (MALE, medium altitude long endurance ou HALE, high altitude long endurance) et réservés un poste budgétaire de 4 G US$ à leur fabrication en 2010. Pour 5 UAV il faut une station au sol pour le pilotage, un système de communication par satellite, et une logistique de transport.

Les Israéliens sont à la fois très avancés et très pragmatiques

EADS a construit avec eux le petit SIDM qui donne toute satisfaction aux troupes en Afghanistan. Mais cela n’est pas jugé suffisant (dit-on) car la solution n’est pas entièrement européenne. Alléché, EADS veut lancer les décideurs (dont ceux de la DGA) sur des pistes coûteuses de drones à réaction (Advanced UAV 7 tonnes).

Tandis que Dassault, Thalès, Indra et l’Israélien IAL font une contre proposition beaucoup moins chère et plus vite disponible avec un drone Heron TP (4 tonnes). Jusqu’à présent Thalès n’osait pas marcher sur les brisées de EADS. L’entrée de Dassault dans son capital va, si l’on ose dire, lui donner des ailes. Mais EADS est très bien ancré dans les couloirs des marchés d’études et Dassault n’a pas gagné la partie.

Témoin, cette petite société Surveycopter qui était située à Pierrelatte jusqu’à mi 2008 et qui fabriquait, déjà il y a 8 ans, un hélicoptère capable de décoller tout seul, de faire du surplace et de s’en aller à plus de dix kilomètres filmer une scène indiquée par GPS. Cette société n’a jamais pu obtenir le moindre marché d’études et s’est toujours heurtée à EADS qui recevait pendant ce temps-là des gros budgets pour conduire sans succès des plans mirifiques récurrents. Beau joueur EADS a fini par sous-traiter à Surveycopter (pour une bouchée de pain) la réalisation de ses démonstrateurs.

Le plus amusant de l’histoire est qu’OSEO a promis, en 2009, 400 k€ à une société de PACA pour développer un engin semblable destiné à surveiller les feux de forêt. Surveycopter est au courant, s’en amuse et a décidé entre temps de s’expatrier.

Le pilotage des drones (un aéromodélisme plus sophistiqué)

La montée en puissance rapide des flottes de drones pose le problème du pilotage de ces drones qui nécessite une expérience du vol, du décollage à l’atterrissage pour les engins dépourvus de pilotage automatique d’arrivée et de départ.

Pour le moment les pilotes de drones sont les pilotes de chasse ou des navigateurs de combat, maîtrisant à la fois les questions de navigation et de combat aéroterrestre mais aussi la gestion des équipements électroniques et optiques et des transmissions.

Deux filières de formation de pilote de drones de l’US Air Force sont ouvertes. La filière principale comporte un entraînement initial classique de pilote de chasse à 185 heures de vol, sur avion à hélice puis sur jet T-38 Talon, et un cours spécifique sur les drones (pilotage, conception, opération interarmées, capteurs) avec une phase pratique finale en unité de drones. Une filière moins gourmande en heures de vol, créée début 2009, ne comporte que quelques heures sur avion léger, jusqu’au lâché en solo pour acquérir le sens de l’air, et une qualification de vol aux instruments sur simulateur de vol, avant de suivre le cours spécifique précédent et sa phase applicative.

Notre Armée de l’air possède sept pilotes de drones, tous navigants issus de la chasse et volontaires. Trois sont pilotes de chasse et quatre des NOSA, navigateurs officiers systèmes d’arme, sur Mirage 2000N et D.

Alors ! Les drones d’attaque peuvent-ils réellement chasser les pilotes des cockpits ?

Nous ne parlons pas des drones d’observation dont l’utilité et la nécessité sont évidentes.

Mais la question est pertinente en ce qui concerne les drones d’attaque. Il est certain qu’il ne faut pas de toute façon la poser aux pilotes de chasse (mais leurs femmes auraient peut-être un mot à dire). Pour le moment les drones armés de missiles et de bombes comme le Predator américain opèrent déjà en attaque au sol depuis des années.

En revanche les UCAV, drones capables de combat aérien, posent des défis technologiques difficiles à résoudre. De plus, ils doivent avoir une réactivité en vol que seuls les avions pilotés ont vraiment.

C'est pourquoi les drones d’attaque vont probablement être utilisés dans le futur comme engins qui accompagnent les avions de chasse et qui sont guidés par eux à distance pour aller au combat rapproché.

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jeudi 17 décembre 2009

UCAV et aéronavale par Thibault Lamidel

Faisant suite à son précédent article sur le programme nEURON visant à mettre au point un démonstrateur européen d'UCAV, Thibault Lamidel aborde ici la problématique de l'utilisation de drones aériens de combat au sein de l'aéronavale. Comme à l'accoutumée, ses propos n'engagent que lui.

***
Dessin d'artiste de Rafale et nEURON
crédit inconnu

Mise en oeuvre depuis un porte-avions

Les programmes américains X-45 et X-47 pourraient renverser la donne aéronavale dans un futur plus ou moins proche. Les deux, aujourd'hui terminés, ont eu pour objectif de mettre au point le décollage depuis et l'appontage sur un porte-avions. L'ambition est grande, la tâche ardue. Mais sans aucun doute la chose sera un jour réalisée. Ces deux programmes préfigurent peut-être les futurs drones embarqués qui seront autonomes pour décoller et apponter. Et une flexibilité nouvelle des groupes aéronavals.

Quel intérêt opérationnel ?

Le développement de ces deux UCAV a notamment porté sur la capacité de décollage et l'appontage depuis un porte-avions américain, donc un navire qui fait 335m de long en moyenne. Toutefois, leur petit gabarit (classe des 2 tonnes) laisse à penser qu'ils pourraient décoller depuis beaucoup plus léger, plus court. Par exemple depuis un LHD ou un BPC ? C'est cette capacité précise qui placerait l'aéronavale à un tournant. Des navires comme le Mistral pourraient devenir un jour des « porte-drones ». Les BPC possèdent les installations aéronautiques et de commandement nécessaires.

Ainsi, quand le Mistral lancerait sa batellerie à l'assaut des plages, les premiers pas des fantassins seraient appuyés par des hélicoptères Tigre. Les drones viendraient combler des lacunes capacitaires. Des capacités air-air permettraient d'assurer la supériorité aérienne depuis le seul Mistral. Et si besoin était, un appui plus lourd (que celui mis en oeuvre par les Tigre) serait possible par les drones.

Intérêt des capacités air-air

C'est là que le bât blesse. Le programme européen nEURON n'ambitionne pas de réaliser cette capacité aéronavale. Tout comme le démonstrateur ne vise pas (encore) à développer des capacités air-air. C'est pourtant dans une certaine mesure imaginable. Sans faire de science-fiction, un drone comme le nEURON dispose de par sa furtivité et sa petite taille d'une discrétion très grande. Il aurait un avantage sur bon nombre de radars adverses. C'est cette caractéristique qui lui permettrait de faire de la supériorité aérienne sans tomber dans le travers hollywoodien.

Rennaissance des porte-avions d'escorte ?

Il ne serait plus nécessaire alors de disposer d'avion STOVL (Short Take Off Vertical Landing). Le représentant le plus célèbre de cette catégorie d'appareils étant le Harrier américano-britannique. Cette appareil peut opérer « verticalement ». Mais ce n'est pas sans conséquence sur les capacités de la machine qui est un compromis technique parfois très limité (vitesse et rayon d'action). Mais un UCAV pourrait venir faire sauter cette limite technique. L'absence de pilote humain et la taille plus réduite lui permettraient d'opérer tel un avion classique depuis des plates-formes navales plus petites.

On l'a dit, cette perspective serait rendue possible par son petit gabarit. Les porte-avions d'escorte si désirés (par l'amiral américain Zumwalt) seraient d'une certaine manière réalisables. La puissance aérienne d'une marine pourrait se diffuser de façon beaucoup plus aisée à travers le monde. Et elle serait plus simple à mettre en oeuvre, notamment pour les conflits de faible intensité. La Côte d'Ivoire a rappelé le besoin de garder la supériorité aérienne. Un navire comme le Mistral disposerait d'une capacité de frappe plus lointaine que ce que peuvent faire les hélicoptères et de moyen de lutte aérien. Deux choses dont il ne dispose pas seul. Son éventail d'action serait des plus complets. La marine nationale n'aurait plus une ou deux plates-formes mais bien cinq ou six.

Intérêt pour les porte-avions classiques

Ce genre d'appareils serait par définiton aussi bien utile à des BPC qu'à des porte-avions classiques. Le drone peut intervenir pour des missions qualifiées de difficiles. On pense bien sûr à la lutte contre les dispositifs aériens où la furtivité et leur perte moins dramatique que celle d'un avion avec pilote feront des drones des adversaires redoutables.

"Dassault ne cachait pas qu'il verrait bien un nEUROn (ou son successeur) être télépiloté à partir d'un Rafale biplace "

Il est bien difficile de prévoir aujourd'hui l'articulation futur entre avion de chasse et UCAV. Cependant, on peut même imaginer, comme le laisser penser le dessin d'artiste d'introduction (à mettre en illustration ?) que le Rafale lui-même pourrait mener une meute de deux ou trois UCAV. Ces derniers seraient présents pour accomplir leur mission de bombardement sur les cibles difficiles. Le Rafale assurant la sécurité aérienne des drones. Ou encore, on peut imaginer des drones porteurs d'un missile Exocet chacun. Le Rafale serait là pour assurer leur guidage final sans jamais dévoiler sa position...

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mercredi 16 décembre 2009

Juste une mise au point...


Pour reprendre un hymne à la mode, je souhaite juste rappeler quelques fondamentaux sur le fonctionnement du blog, et notamment les commentaires :
  • tout ce qui est écrit ici peut être sujet à discussion et à critique, et le débat est fortement encouragé, à condition qu'il reste de bonne tenue et qu'il se fasse sur le fond des idées
  • depuis quelques mois les commentaires sont ouverts, mais modérés a priori : eh oui, je décide de ce qui peut être publié, de ce qui est hors sujet ou pas, bref c'est un régime purement autocratique, c'est comme ça et ce n'est pas près de changer
  • dans la très grande majorité des cas, aucun souci à déplorer, avec des participants qui respectent les règles, même quand il s'agit de souligner des erreurs ou d'exprimer leur désaccord
  • cependant, je rappelle juste que les commentaires lapidaires non argumentés (et toujours, bizarrement, anonymes), qui relèvent du "c'est nul" ou du "c'est qui lui pour oser parler du sujet X ?" (d'ailleurs pourquoi ma petite soeur ne serait pas légitime pour écrire sur la L16 ou mon grand-père sur Gaston Bouthoul ?) qu'ils s'adressent à moi ou un "invité", ne seront jamais publiés
  • alors chères lectrices et chers lecteurs, commentez, critiquez, exprimez-vous, mais en apportant vos propres arguments face aux idées exposées ici, afin que la Terre entière puisse juger si vraiment, c'est "nul" ou "illégitime". Ou mieux, envoyez-moi une réponse bien construite par email, ça fera un joli article. Tout le monde en sortira gagnant !

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mardi 15 décembre 2009

Sécurité Globale n°9 : La ruée vers l'eau

Je signale le neuvième numéro de la revue Sécurité Globale intitulé "La ruée vers l'eau" et qui consacre un dossier à la gestion de cette ressource naturelle si précieuse et de plus en plus stratégique.


Sommaire du dossier :

L'eau, un problème de sécurité collective, par Franck Galland, directeur de la sûreté de SUez Environnement et auteur de nombreux articles sur l'eau

Eau et catastrophes : rassembler les compétences, par Loïc Fauchon, président du Conseil Mondial de l'Eau

Quelle stratégie régionale pour l'eau au Proche-Orient ?, par Fadi Georges Comair, directeur général des ressources hydrauliques et électriques du Liban

Vers une sécurité hydrique extensive, par Alexandre Taithe, chargé de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique

La maîtrise de l'eau en Afrique de l'Est : tensions et territoires, par Mathieu Mérino, chercheur associé au CREPAO (Université de Pau et des Pays de l'Adour)

Géopolitique de l'eau en Afrique australe, par David Blanchon, maître de conférences à l'Université Paris Ouest Nanterre, et Agathe Maupin, géographe et enseignante-chercheuse à l'Université de Bordeaux

Lutter contre la vulnérabilité des réseaux d'alimentation en eau potable, par Ilan Juran, professeur au Polytechnic Institute de la New York University, Bruno Nguyen, directeur des opérations d'eau de Paris, et Sion Cohen, vice-président du planning et des infrastructures du Mekorot (société nationale de l'eau israélienne)

Même s'il est géographiquement non-exhaustif, ce dossier offre un bon aperçu de la notion d'hydropolitique, et des problématiques de relations internationales liées au partage et à la valorisation de l'eau. Il lie également le sujet à ceux de l'énergie et de l'alimentation, qui en sont devenus indissociables.

A noter que l'ouvrage contient également un court article de Philippe Chapleau sur les services médicaux des armées de plus en plus confrontés aux SMP (complétant ainsi le précédent numéro de Sécurité Globale, La privatisation de la guerre) ainsi qu'un autre intitulé Bangladesh et terrorisme national, écrit par Emeline Barrière, étudiante à l'IEP de Toulouse.

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lundi 14 décembre 2009

Le défi des IEDs - Interview de Barthélémy Courmont

IED


Barthélémy Courmont, chercheur à l'IRIS et auteur, avec Darko Ribnikar, d'un ouvrage sur les Guerres asymétriques, a accepté de répondre à quelques questions sur les IEDs. Cette interview est également publiée sur le site de l'Alliance Géostratégique.


Alliance Géostratégique : Que sont les IEDs et en quoi relèvent-ils par essence de l’asymétrie ?


Barthélémy Courmont : Dans les conflits contemporains opposant des forces militaires importantes à des combattants asymétriques, l’utilisation des improvised explosive devices (IEDs) par les insurgés s’est révélée très efficace, et s’est fortement généralisée, notamment en Irak. Les IEDs sont souvent des mines traditionnelles installées près de la route. Pour les cacher, les insurgés les enterrent ou les mettent derrière des panneaux et des glissières de sécurité. Ils les installent également dans les voitures (VBIEDs) afin de réaliser des attentats-suicide. Il existe aussi des radiocommandes BDIED portées par des kamikazes (ce type de dispositif permet de déclencher la charge si le kamikaze est tué ou s’il change d’avis au dernier moment). Ces engins explosifs sont si faciles à fabriquer qu’ils peuvent être produits artisanalement. Comme les attentats suicides, les IEDs permettent à la guérilla d’attaquer les forces militaires sans les combattre directement de manière conventionnelle. Du fait de leur efficacité, ils jouent ainsi un rôle majeur dans la guerre asymétrique, et en sont devenues l’une des caractéristiques.


AGS - Est-il possible d’en dresser une typologie ? Quels sont leurs principaux cas d'utilisations sur les théâtres actuels ?


B.C. : Les IEDs sont le plus souvent des mines traditionnelles installées sur les lieux de passage des convois. Mais il existe de multiples variantes. Les bombes EFP (Explosively Formed Penetrators) contre lesquelles les blindés seraient sans défense sont manifestement de fabrication artisanale, et leur mode de fabrication se retrouve sur les sites internet. Leur utilisation est cependant moins répandue, car elle suppose la présence de combattants, et donc la possibilité pour eux d’être exposés à des représailles.On trouve aussi des VBIED (véhicules transformés en engins explosifs), qui peuvent même contenir des produits toxiques, comme du chlore. Il existe encore des radiocommandes BDIED portées par des kamikazes (ce type de dispositif permet de déclencher la charge si le kamikaze est tué ou s’il change d’avis au dernier moment). Les insurgés ont aussi pour habitude de piéger des maisons HBIED, la tactique consiste à tirer sur descombattants armés puis d’attendre qu’ils prennent d’assaut la position, une fois qu’ils ont pris la maison, la charge est déclenchée. L’explosion amplifiée par l’effondrement du bâtiment laisse peu de chance à ceux qui se trouvent à l’intérieur. En fait, les IEDs peuvent revêtir de multiples formes, et ces dernières sont par ailleurs évolutives.

L’IED présente sûrement le meilleur exemple d’asymétrie, et on peut les retrouver sur tous les théâtres d’opération, plus facilement encore quand nous sommes en présence d’acteurs disposant de moyens très limités, qui trouvent dans les IEDs une réponse à leurs carences techniques. Comme l’a fait remarquer le général Vincent Desportes dans son livre La guerre probable, tandis que les dépenses dans la lutte contre les IEDs des Etats-Unis ont coûté plus cher que le projet Manhattan (programme de recherche nucléaire entre 1942 et 1945), à l’opposé Al-Qaïda et tout autre acteur non étatique serait probablement financièrement incapable de s’offrir des F-22. Que ce soit en Irak ou en Afghanistan, la guérilla a trouvé des moyens plus discrets pour cacher les IEDs aux yeux de soldats qui les cherchent de plus en plus prudemment : ils les cachent dans les carcasses des animaux, les camouflent comme des roches ou les colorent afin qu’ils soient indifférenciables d’un morceau de béton. Ils les cachent aussi dans des charrettes, des boîtes de peinture, des sacs-poubelles et des bouteilles en plastique. Tous les moyens, en particulier les plus rudimentaires et de ce fait quasi invisibles, sont bons.


AGS : Quelle a été jusqu’ici leur influence sur les approches (de niveaux stratégique et tactique) de contre-insurrection en Irak et en Afghanistan ?


B.C. : Elle est importante, mais s’inscrit dans une prise de conscience plus générale du phénomène de guerre asymétrique, qui était totalement négligé il y a encore quelques années.La généralisation de l’utilisation des IEDs explique en partie la tactique américaine, qui consiste à détruire des bâtiments qui peuvent abriter des combattants hostiles plutôt que de prendre le risque de tomber dans un piège.

A partir de quelques paradoxes simples, la plupart des principes de la guerre conventionnelle sont remis en cause dans le manuel de contre-insurrection utilisé en Irak à partir de 2007 :

- « Parfois, plus vous protégez votre force, moins elle est sécurisée » ;

- « Parfois, plus la force est utilisée, moins elle est efficace » ;

- « Parfois ne rien faire est la meilleure solution » ;

- « Certaines des meilleures armes des soldats chargés de la contre-insurrection ne tirent pas » ;

- « il vaut mieux un résultat moyen obtenu par les forces locales qu’un bon résultat par nos troupes » ;

- « une tactique efficace une semaine ne l’est pas nécessairement la suivante. Le fonctionnement dans une province ne garantit pas son succès dans une autre ».

On voit très nettement dans ces différents points que, sans être nommés, les IEDs ont fortement déterminé les changements dans les modes opératoires. Désormais, les forces armées des grandes puissances s’engageront sur des théâtres extérieurs en tenant compte de la très probable utilisation d’IEDs par leurs adversaires.


AGS : Peut-on dire aujourd’hui que l’armée américaine et ses alliés ont largement pris la mesure des IEDs ?


B.C. : Oui, et le cas de l’Irak est ici particulièrement significatif. Les IED sont considérées comme une telle menace que cela a poussé les Américains à créer une nouvelle organisation inter armée, la JIEDDO (Joint IED Defeat Organisation). La JIEDDO disposait d’un budget de 4,4 milliards de dollars en 2008 pour réfléchir à des parades efficaces. Mais si les parades existent, elles sont chères et souvent difficiles à utiliser. Par exemple, les véhicules MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) coûtent plus de 100.000 dollars à transporter depuis les Etats-Unis vers un théâtre d’opération comme l’Irak ou l’Afghanistan. Mais les Américains ont besoin de six mois entre le moment où un type d’IED est constaté et le moment où le système est fixé sur les véhicules en Irak. Dans une période de paix, il s’agit d’une vitesse remarquable, mais en ce qui concerne l’Irak, en six mois un autre type de menace a déjà émergé avec l’apparition de nouveaux IEDs. Ces engins sont ainsi presque toujours en avance sur les moyens pour y faire face. Néanmoins, les forces américaines ont réalisé les achats de véhicules MRAP et les opérations de renseignements nécessaires pour obtenir la baisse considérable de soldats tués par des IEDs en 2008. Il y a donc eu de réels progrès.

Les militaires américains étudient aussi comment faire face aux attaques au chlore. Le site près de Falloujah, où les forces américaines ont trouvé des cylindres de chlore destinés à des attaques futures, abritait aussi un camion et trois autres véhicules en cours de préparation pour être transformés en bombes, ainsi que des roquettes, des mortiers et autres munitions, a dit le général Odierno.Le général William Caldwell, porte-parole militaire américain à Bagdad, a qualifié cette stratégie de « tentative vraiment primaire d’accroître la terreur en prenant et en mélangeant des produits chimiques ordinaires avec des engins explosifs ». Là aussi, le problème a été identifié.

Globalement, il y a une réelle prise de conscience du phénomène, qui est associée aux efforts de contre-insurrection. Les réponses ne sont pas toujours appropriées et efficaces, mais il y a eu un réel progrès.


AGS : Quid de la « bombe radiologique » : son utilisation est-elle envisagée par certains groupes terroristes ? La menace est-elle à prendre au sérieux ?


B.C. : La possibilité pour des groupes non étatiques de disposer de missiles balistiques étant, pour l’heure, quasi nulle, et leur maniement n’étant pas accessible à tous, l’utilisation d’armes nucléaires par des terroristes n’est possible que de façon totalement asymétrique et à l’aide de moyens techniquement limités. Dès lors, se trouve posée la question de la menace de la « valise » nucléaire, à savoir le transport sur un lieu défini d’une charge nucléaire, de manière à produire des effets dévastateurs à moindre coût. Un tel scénario, dont la possibilité reste cependant très réduite, constitue la menace la plus réelle en matière de terrorisme nucléaire, car elle est la plus facilement réalisable. De même, elle permettrait de provoquer un effet de surprise, là où un missile balistique aurait de grandes chances d’être intercepté avant d’atteindre son objectif. A cet égard, une arme radiologique représente un défi de taille, d’abord en raison de la plus grande simplicité à déclencher l’explosion (il s’agirait d’utiliser n’importe quel type d’explosif, avec des effets de dissémination des matières radioactives provoquant l’effet escompté) ; ensuite en raison de la plus grande simplicité à se procurer les matériaux permettant de mettre au point une telle bombe sale. Il n’y a pas besoin d’une grande quantité de matériaux fissiles, et leur qualité importe peu. Des déchets radioactifs sont même tout aussi nuisibles. De même, il ne s’agit pas d’une bombe atomique, mais d’un engin explosif auquel sont associés des matériaux radioactifs. Le risque est donc réel, et est d’ailleurs pris très au sérieux. Parmi les différentes initiatives permettant d’identifier les risques et de réduire les possibilités d’accès à des matériaux sensibles (auxquels on peut ajouter des agents biologique sou chimiques), la résolution 1540 du Conseil de Sécurité de l’ONU s’efforce, depuis sa signature en 2004, de lutter contre la prolifération des acteurs non étatiques, en mettant l’accent sur la nécessité de protéger les sitesles plus sensibles. Les centres de retraitement et de stockage des déchets radioactifs sont bien entendu sur la liste. Quant à savoir si de telles armes intéressent les groupes terroristes, il est difficile d’apporter des réponses catégoriques, mais pour de multiples raisons évoquées ici, les bombes radiologiques présentent pour ces organisations un attrait certainement plus grand que les armes nucléaires « classiques ».

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vendredi 11 décembre 2009

Bilan de novembre du blog

Un peu en retard de phase, quelques chiffres sur le mois de novembre :
Merci à tous mes lecteurs mais également à tous les blogueurs qui m'apportent du trafic !

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