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Mon Blog Défense

jeudi 30 avril 2009

Mise à disposition par Microsoft de Windows 7 pendant que l'armée américaine distribue des iPod

Enfin, un successeur à Vista


Microsoft doit diffuser aujourd'hui une version de Windows 7, son prochain système d'exploitation, à sa communauté de développeurs, aucune date de sortie n'étant précisée pour le grand public. Mais cela devrait être au début de l'été prochain.

Windows 7 doit prendre la relève du très décrié et peu populaire Windows Vista, qui pourtant s'était fait attendre pendant de longues années, et dont le périmètre en termes de fonctionnalités nouvelles n'avait cessé de se réduire tout au long de son développement.

Au niveau modeste de mon blog, la forte persistance de Windows XP, le prédécesseur de Vista, sorti en 2001, est très sensible. Et pas seulement pour les entreprises et les administrations, qui sont rarement les premières à franchir le pas, mais également chez les particuliers. Le rapport est de l'ordre de 2,5 pour 1.

Windows 7, qui aurait pour le moment bénéficié de retours positifs, est en partie une tentative de Microsoft de se rapprocher fonctionnellement de ce qu'offre Mac OS X, le système concurrent d'Apple.

On ne relancera pas ici le débat sur la pertinence pour la France et son armée de s'appuyer sur un système d'exploitation propriétaire, américain qui plus est, et largement utilisé par l'OTAN. Ni sur l'opportunité d'investir dans des logiciels Open Source. Pour mémoire, le Général Desvignes, alors Directeur de l'Ecole Supérieure et d'Application des Transmissions (ESAT), et ancien chef des Services Centraux de la Sécurité des Systèmes d'Information, disait déjà en 2001 :
Dans les forces armées, Bill Gates règne aujourd’hui en maître

L'iPod Touch investit le terrain

Et pendant ce temps-là, Newsweek nous apprend que l'armée américaine va distribuer des iPod Touch d'Apple à ses soldats déployés en opérations extérieures. Ceci afin de les aider à mieux interpréter les données qu'ils reçoivent des drones, senseurs et autres satellites...Bien moins cher que les matériels militaires, très portable, apparemment assez robuste pour le désert d'Irak, l'appareil est très apprécié des soldats sur le terrain.

D'autant que la possibilité de développer des applications spécifiques (comme celles disponibles sur l'Apple Store) couvrant une palette quasi illimitée de fonctionnalités le rend très adaptable et évolutif. Il offre notamment des capacités de traduction et de sensibilisation à l'étiquette locale. Le partage de données facilité est également plébiscité. Dans une moindre mesure, ceci concerne également l'iPhone, le mobile d'Apple. Qui est quand même plus sexy que le TEOREM de Thales (même si bien sûr ce n'est pas la même chose).


Le TEOREM de Thales
Crédits : wifeee.fr

Une telle initiative (utilisation d'un produit grand public civil) constitue certes une rupture par rapport aux habitudes. Dans un contexte de dualité de plus en plus développée, elle pourrait préfigurer un mouvement de plus grande ampleur. Bien sûr, la question de la sécurité se pose. Il convient aussi de noter que les entreprises du secteur privé commencent aussi à s'emparer de l'iPhone (de leurs employés mais aussi de leurs clients), une véritable révolution dans le monde des Smartphones.

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mercredi 29 avril 2009

[Le B.A.-BA] : le brouillage

Le brouillage, à quoi ça sert ?

Le brouillage est un élément important, à la fois offensif et défensif, de la guerre électronique. Il consiste à empêcher ou perturber les émissions électromagnétiques ennemies. Il existe quasiment depuis les débuts de l'utilisation humaine des ondes. Il vise les radars, des systèmes de navigation et de guidage, ainsi que les communications radio et la télédiffusion.

En général, il est un préambule à d'autres actions. Quelques exemples :

  • le brouillage de radars de DCA permet de dégager des couloirs pour les chasseurs bombardiers
  • le brouillage des autodirecteurs des missiles permet de protéger l'aéronef brouilleur (tous les avions militaires disposent aujourd'hui d'un système d'autoprotection miniaturisé et intégré) et ainsi d'améliorer sa pénétration et sa persistance
  • le brouillage d'obus qui les fait exploser avant qu'ils aient atteint leur cible les rend moins meurtriers, et est notamment utilisé pour protéger les fantassins sur le champ de bataille
  • le brouillage des émissions des satellites GPS perturbe la navigation des véhicules qui les utilisent
  • le brouillage de stations de télévision (son inaudible, images brouillées) a des visées politiques et psychologiques (propagande), et est souvent couplé à des actions d'infiltration
  • le brouillage est également autorisé dans un contexte civil, notamment dans les cinémas et théâtres, pour empêcher l'usage intempestifs des téléphones portables
On le voit ici, le brouillage peut intervenir dans un contexte tactique comme stratégique, voire dans un contexte de déstabilisation.

Le brouillage, comment ça marche ?

Rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de donner ici un cours d'électromagnétisme. Il y a basiquement deux types de brouillages, mais les deux sont du ressort de la guerre électronique "active" car ils impliquent des émissions électromagnétiques.

1 - Brouillage par bruit

Il s'agit tout simplement d'émettre un signal assez puissant en continu ("bruit blanc") qui va masquer les signaux utiles en les saturant. L'opérateur du radar brouillé obtiendra un signal inexploitable. Ce type de brouillage ne présuppose pas une connaissance fine des émissions que l'on souhaite perturber, mais il faut quand même que les fréquences émises soit calées sur celles attendues par les récepteurs que l'on souhaite aveugler.

2 - Brouillage par déception

Plus subtil que le brouillage par bruit, il consiste non pas à aveugler les récepteurs ennemis mais à insérer de fausses informations de façon indétectable aux signaux électromagnétiques. Ceci nécessite bien évidemment de connaître précisément les émissions que l'on attaque, afin d'y introduire de légères modifications. Ceci est possible soit parce qu'on le connaît par avance (suite à des opérations d'écoute par exemple), soit en utilisant de façon combinée un récepteur qui va capter le signal et un brouilleur qui va le re-émettre après l'avoir altéré.

Le brouilleur SLQ-32 de Raytheon qui équipe l'US Navy

Crédits : Raytheon

Quelques remarques pour terminer

  • l'opportunité de brouiller doit être étudiée à l'aune du fait que si elle est efficace, et qu'elle empêche effectivement les émissions ennemies, cela signifie potentiellement la perte d'une source d'information importante
  • une action de brouillage, parce qu'elle implique des émissions électromagnétiques, peut être dangereuse, car le brouilleur peut être détecté au moyen d'écoutes. Il faut donc veiller à garder un matériel à la page, et surtout éviter de brouiller inutilement (notamment trop tôt)
  • il n'y a pas d'absolue garantie qu'un brouillage assure une protection complète, même avec des moyens très supérieurs à l'adversaire. L'exemple du F-117 abattu par les Serbes pendant la guerre du Kosovo en est un exemple frappant
  • il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers et croire qu'une réussite se reproduira éternellement. L'ennemi s'adapte, même avec des faibles moyens : il change de fréquence d'écoute, il émet moins longtemps, il met en oeuvre lui aussi des actions de contre-information...
La destruction (au moyen de missiles, de LASER...) est un autre moyen d'interdire l'utilisation du spectre électromagnétique à l'ennemi. Je l'aborderai certainement dans un prochain article, de mêmes que les contremesures possibles face à un brouillage.

***

Pour aller plus loin :

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mardi 28 avril 2009

Les forces terrestres : un livre d'introduction à la doctrine

Puisque le thème du mois d'avril proposé par l'AGS est "la ville sous le feu", on ne peut passer à côté d'un livre paru en 2007 et qui porte la vision officielle de l'Armée de terre : Les forces terrestres, dans les conflits aujourd'hui et demain.

Dans un style très descriptif mais néanmoins concis (un peu moins de 100 courtes pages), sont présentées les différentes phases d'une guerre (intervention, stabilisation, normalisation) ainsi que les points clés à considérer dans l'emploi des forces et la construction de la paix. Le message fort, et qui se vérifie dans les contextes asymétriques en Irak ou en Afghanistan, est que la dimension humaine a une importance majeure dans ces nouveaux types de conflits se déroulant au milieu des populations, dans des contextes urbains. La phase décisive est donc bien la stabilisation (assurer le retour à la paix et poser les bases d'une reconstruction de l'Etat), dont la durée est très allongée par rapport à une guerre conventionnelle.

Un ouvrage certes théorique, car doctrinaire, mais comportant néanmoins quelques exemples. Et qui, loin de la négliger pour autant, replace la technologie à sa juste place, c'est-à-dire un "multiplicateur d'efficacité", mais qui ne remplace pas l'individu dans l'appréciation de la situation tactique comme stratégique.

***
Plan semi-détaillé de l'ouvrage :

Première partie - Un nouveau visage pour la guerre

Chapitre 1 - Monde nouveau, nouveaux conflits
  1. Établir les conditions du succès stratégique
  2. La stabilisation, phase décisive des conflits d'aujourd'hui

  3. De la guerre symétrique aux conflits asymétriques

  4. De nouveaux adversaires
Chapitre 2 - un nouvel emploi de la force
  1. L'enchevêtrement des actions

  2. Dominer la ville et maîtriser les espaces

  3. Les populations au coeur des préoccupations

  4. Un emploi de la force centré sur le milieu terrestre
Chapitre 3 - Un nouveau rôle pour le soldat
  1. Soldat dans une société qui évolue

  2. Une aptitude au dialogue avec des interlocuteurs multiples

  3. Proximité et recul, ou l'équilibre nécessaire

  4. Rester avant tout un soldat

Deuxième partie - Conduire l'engagement pour gagner la paix

Chapitre 1 - Agir
  1. L'action interarmes au coeur du combat aéroterrestre

  2. Un cadre interarmées permanent

  3. La multinationalité, légitimité et contrainte
Chapitre 2 - Maîtriser


  1. Maîtriser la force

  2. Maîtriser la technologie

  3. Maîtriser le temps

  4. Maîtriser la violence
Chapitre 3 - S'adapter
  1. De la bataille aux conditions de la paix

  2. Face à l'asymétrie croissante
Chapitre 4 - Accompagner
  1. Désarmer les combattants

  2. Former les forces locales

  3. Soutenir la restauration de l'état
Conclusion - Gagner la bataille et conduire la paix

***

En conclusion, un ouvrage essentiel car il fixe certaines idées de base sur le déroulement d'un conflit et quelques facteurs clés de succès fondamentaux.

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lundi 27 avril 2009

Russie - Inde : double coopération aéronautique + un avenir pour le F-22 ?

Un avion de transport multirôle

RIA Novosti annonce le lancement par la Russie et l'Inde d'un programme de mise en œuvre d'un nouvel avion de transport multirôle (MTA) de moyenne capacité, suite à un accord signé en 2007. Le coût global du projet de développement, estimé aujourd'hui à 600 M$, est partagé de façon égale entre les deux pays. La Russie cherche à remplacer sa flotte vieillissante d'Antonov An-12, An-26 et An-32. Le MTA, pouvant supporter une charge de 20 tonnes (contre 37,5 tonnes pour l'A400M), devrait être opérationnel d'ici huit ans.


Des nouvelles de l'avion de combat de 5ème génération

Sur le front des avions de chasse, l'Inde travaille également avec la Russie sur une adaptation du Sukhoi T-50, cinquième génération censée initialement rivaliser avec le F22 Raptor américain, et qui verra ses premiers vols effectués dans le courant 2009 (selon les dernières annonces de l'armée russe). La version indienne, à deux sièges, plus légère et plus petite, devrait aussi être moins chère. Elle doit être opérationnelle d'ici à 2015. Il faut bien sûr rappeler ici que les MiG 29 et 35 sont encore en lice dans l'appel d'offres indien portant sur 126 avions de combat, dont le Rafale de Dassault a été éliminé.

Un avenir pour le F-22 ?

Puisqu'on parle du F-22, James Ludes, ancien membre de l'équipe de transition de Barack Obama, suggère de nouveaux débouchés en proposant, pour aller au-delà des 187 exemplaires produits, de l'exporter en Australie et au Japon. Le Raptor a été initialement conçu pour obtenir la supériorité aérienne face à des adversaires de taille...donc ce n'est pas en Irak ou en Afghanistan qu'il pourrait être utile. Non, James Ludes le voit plutôt dans un conflit face à la Chine, qui s'est dotée au cours des années (et qui continue à le faire) d'une flotte de plus en plus importante. En tant que partenaires stratégiques et stables des États-Unis dans la zone Asie-Pacifique, dénués de toutes velléités agressives, l'Australie et le Japon, selon Ludes, pourraient optimiser leur interopérabilité et leur coopération avec le géant américain, notamment dans le cadre d'opérations de coalition.

Bien sûr, pour le moment aucun des deux pays n'a exprimé son intention explicite d'acheter le chasseur furtif américain (140M$ l'unité pour l'USAF !), et la loi américaine interdit son exportation. Mais Ludes voit au-delà de ces obstacles, et avance l'argument des emplois sauvegardés.

Des F-22 Raptor en vol d'essai

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samedi 25 avril 2009

Quelques effets de la crise en Russie

Rosoborenexport, l'agence publique d'import/export d'armement russe annonce qu'elle compte vendre cette année pour près de 7G$, malgré la crise économique mondiale. Cependant, il semble que les difficultés de certaines entreprises entraînent certains retards dans la réalisation des programmes et les livraisons...avec un portefeuille de près de 27G$, il y a malgré tout de quoi voir venir.

Détail intéressant, l'entreprise indique également qu'elle compte, comme de nombreux concurrents étrangers, se positionner sur le marché des services et du maintien en condition opérationnelle, qui sont souvent des rentes très profitables, le client étant captif pendant toute la durée de vie de ses équipements. Autre innovation relative, l'éventualité, pour maintenir un niveau de demande élevé en cette période difficile, de prêts et d'annulation de dettes pour certains clients. Qui a dit que la défense n'était pas un domaine commercial comme les autres ;-) ?

Pendant ce temps, de plus en plus d'analystes doutent de la faisabilité et de la pertinence du plan d'allègement drastique des forces armées russes annoncé l'an dernier par le Ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov : 150 000 officiers (soit près de 115% des troupes actives) doivent être renvoyés à la vie civile. Un programme d'accompagnement censé coller à la réalité du marché du travail et comprenant une soixantaine de spécialités, de concepteur de sites Web à chef d'entreprise, doit être mis en oeuvre. Bien sûr, cette initiative rencontre une hostilité marquée dans les rangs, qui ont peur de rapidement se retrouver et durablement au chômage.

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vendredi 24 avril 2009

Des mini drones carburant à l'hydrogène

Protonex Technology, une startup américaine basée dans le Massachusetts, a annoncé qu'un robot tactique TALON (utilisé par l'armée et la police US, fabriqué par Waltham, une filiale du britannique Qinetiq) équipé d'une batterie hybride fondée sur une pile à combustible avait lors d'un test atteint une autonomie de 45km...soit trois fois la distance qu'il peut parcourir avec une batterie classique.


Un robot TALON
Crédits : engadget.com

Le concept de pile à combustible est porteur de nombreuses promesses, notamment, bien entendu, dans le domaine des transports et plus particulièrement de l'automobile, en remplacement des carburants fossiles. Reposant sur l'oxydation de dihydrogène (assez dur à obtenir et à stocker malgré son abondance sur notre planète), qui génère un courant électrique, elle est relativement propre, car ne rejetant que de l'eau.

Pour les militaires, ses applications sont principalement les robots et les drones aériens. La question de l'autonomie, mais également du poids et de la mobilité sont extrêmement prégnants. L'armée américaine possède plusieurs milliers d'UAV (drones aériens) dont certains, pesant parfois à peine 500g, sont transportables dans un sac à dos, montables et lançables à la main. Leur utilisation première est évidemment la reconnaissance, car ils sont équipés de caméras optiques ou infrarouge reliées à des systèmes terrestres. En moyenne, ils ont une endurance d'une à deux heures dans les airs (beaucoup moins que les géants du type Predator).

L'enjeu est de prolonger cette durée de vol, en s'assurant bien sûr que les équipements électroniques continuentà fonctionner, sans renoncer à une taille relativement réduite. Ce qui n'est pas chose aisée, un des écueils principaux étant le volume des réservoirs à hydrogène. Celui-ci est stocké sous forme de poudre, et libéré quand cette dernière est mélangée à de l'eau.

Cela permettrait une observation pendant une plus grande période et sur une superficie plus vaste, ce qui accroît par exemple la probabilité de reccueillir des informations utiles sur une cible potentielle ou sur l'environnement d'un convoi, afin de mieux anticiper une embuscade.

Des essais réalisés depuis l'an dernier avec des piles à combustible de Protonex sur des UAV Puma (1,5m de long, 3m d'envergure) d'AeroVironment ont permis d'atteindre des durées de vol de 9h, et des moyennes deux à quatre fois supérieures à celles obtenues avec des batteries traditionnelles.

Protonex travaille actuellement au recyclage de l'eau produite (réinjectée dans la pile) ce qui réduirait le poids global et allongerait donc encore le vol...de quoi mettre à profit les produits dérivés du (semble-t-il) très prochainement défunt Future Combat System.
Un UAV Puma équipé d'une pile à combustible
Crédits : Gizmag

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jeudi 23 avril 2009

[Le B.A.-BA] : l'arme nucléaire

Juste un court article pour lever une petite confusion sémantique que l'on entend et voit trop souvent : il n'y a pas d'un côté la "bombe atomique" (Bombe A) et d'un autre la "bombe nucléaire" (Bombe H).

La Bombe A est bien une arme nucléaire. Ce qui la distingue de la Bombe H est le principe de fonctionnement.

Fission nucléaire
La bombe atomique repose sur le processus de fission nucléaire. Cela se fait en réunissant une masse critique de matière fissile (uranium enrichi ou plutonium). Une explosion conventionnelle va comprimer cette matière et ainsi enclencher une réaction de fission en chaîne : les noyaux atomiques se scindent et libèrent des neutrons, qui eux-mêmes vont percuter d'autres noyaux qui vont à leur tour libérer des neutrons, et ainsi de suite. Cette fission va dégager une énergie considérable, bien supérieure à une réaction de niveau chimique (i.e. qui concerne les couches supérieures des atomes).
Les noyaux atomiques utilisés sont extrêmement lourds : ils ont un nombre de masse (nombre de nucléons, i.e. protons+neutrons composant le noyau) dépassant les 200, comme l'uranium 235 ou le plutonium 239.

De nos jours, les arsenaux nucléaires des pays développés ne comptent plus de Bombes A.

Le premier essai nucléaire américain en 1945, dit Trinity
Crédits : wired.com

Fusion nucléaire
La Bombe H, ou bombe à hydrogène, ou bombe thermonucléaire, fonctionne quant à elle par fusion d'isotopes (des isotopes sont des atomes ayant le même nombre de protons mais un nombre de neutrons différents) de l'hydrogène, comme
  • le deutérium : naturel, extrait de l'eau de mer
  • le tritium : radioactif, obtenu dans un réacteur nucléaire par bombardement de noyaux de lithium au moyen d'un flux neutronique
On note donc que contrairement à la Bombe A, ce sont des noyaux très légers.
Pour permettre la fusion, les noyaux doivent être portés à très haute température et très forte pression, ce qui est possible par utilisation d'une Bombe A qui sert à l'amorçage. L'énergie libérée par la fusion est bien supérieure à la fission, le souffle et les effets thermiques et radiologiques étant notamment plus importants. De plus, une Bombe H est plus "propre" qu'une Bombe A, car contrairement à la fission, la fusion en elle-même ne génère pas de matière radioactive.
La première bombe H, Ivy Mike, explosa dès novembre 1952 sur l'atoll d'Ewitenok, dans l'Océan Pacifique.

Tsar Bomba, la plus puissante Bombe H jamais créée
crédits : Techeblog

Le cas particulier de la Bombe N
La Bombe N ou bombe à neutrons est une bombe à fusion thermonucléaire dont les effets thermiques et le souffle sont atténués, mais qui va émettre, du fait de sa configuration particulière, de puissants rayons ionisants. Elle fut mise au point dès la fin des années 1950 par les Américains, les premiers essais ayant lieu en 1963 dans le désert du Nevada.

L'objectif initial des bombes à neutrons était la lutte anti-char dans les plaines d'Europe Centrale et Orientale. Et plus précisément la mort des soldats ennemis. En effet les tank blindés résistent relativement bien au souffle et à l'effet thermique des bombes nucléaires "classiques", ce qui permet, pourvu qu'une protection NBC adéquate soit utilisée pour les humains, un maintien des opérations dans les zones radioactives. Or les émissions radioactives de la Bombe N traversent les blindages, ce qui devait en faire une arme privilégiée contre les cibles blindées.

Les Bombes N peuvent également être utilisées dans le contexte de guerre électronique, car les flux neutroniques "cuisent" les composants électroniques, par exemple ceux des missiles nucléaires balistiques. Les USA ont ainsi déployé succinctement de telles armes dans le cadre de leur défense antimissile Sprint, avant les traités ABM dans les années 1970. En 2003, les dernières Bombes N américaines ont été démantelées. La France en produisit dans les années 1980, mais elles ont toutes été détruites. A l'heure actuelle, aucun pays ne semble en avoir déployé.

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mercredi 22 avril 2009

Dissuasion nucléaire : début de réponse du berger à la bergère

Début avril, la Federation of American Scientists (FAS) a publié un papier sur la dissuasion nucléaire américaine, intitulé From counterforce to Minimal Deterrence, dans lequel elle suggère, pour s'adapter aux objectifs de réduction des arsenaux réaffirmés par Barack Obama, de revoir sa doctrine d'emploi. Et préconise notamment de cibler des infrastructures économiques russes citées explicitement (voir sur Google Earth).

Il faut croire qu'à Moscou on a pris la chose personnellement, puisqu'Ilia Kramnik, "expert militaire" auprès de RIA Novosti, propose dans les colonnes de l'agence de presse étatique des pistes de réponse pour permettre à la Russie de se défendre en cas d'attaque nucléaire. Elles s'appuient principalement sur le maintien d'un important arsenal nucléaire russe, supérieur aux capacités d'interception américaines. Ceci passe par quatre axes à tenir au travers d'une position russe forte lors des négociations à venir sur la réduction des têtes et vecteurs.
  1. Définir un plancher suffisamment haut pour les potentiels nucléaires
  2. Limiter les stocks de matériels récupérables (ogives et missiles entreposés)
  3. Empêcher le développement des défenses anti-ICBM, ces missiles balistiques intercontinentaux. On pense bien sûr à la fameuse composante européenne (tcheco-polonaise pour être plus précis) du bouclier anti-missile américain
  4. Freiner le déploiement de missiles conventionnels de croisière à longue portée et haute précision pouvant être utilisés pour détruire les armes de destruction massive
Qui vivra verra la teneur des positions de chacun lors des négociations qui devraient avoir lieu prochainement, comme annoncé par Obama et Medvedev en marge du dernier G20 à Londres.

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[Le blog de la semaine] : Observatoire Français des Think Tanks

Cette semaine, on sort un peu de la blogosphère au sens strict avec l'Observatoire Français des Think Tanks (OFTT), association fondée en mai 2006 qui comme son nom l'indique propose un suivi et une analyse de l'univers de ce que l'on nomme parfois en France "cercles de réflexion". Bien évidemment, un nombre non négligeable de ces think tanks sont liés de près ou de loin au secteur de la défense. Parmi les plus connus de ces laboratoires d'idées aux objectifs plus ou moins transparents, on peut citer
  • Aux États-Unis : Rand Corporation, Hoover Institution, Brookings Institution, Carnegie, American Enterprise Institute, Center for Strategy and International Studies, Center for Defense Information, Center for Security Policy
  • En France : Fondation Prometheus, IFRI, IRIS, Institut Montaigne, Centre d'Analyse Stratégique
Le nouveau site Web de l'OFTT est très bien fait, complet et propose à la fois :
  • Une veille relative à l'actualité des think tanks
  • Des entretiens avec des acteurs du monde des think tanks
  • Des présentations de think tanks ou des articles de fond sur des sujets historiques, et même des synthèses
  • Des annonces et comptes-rendus d'évènements
  • Des pointeurs vers de nombreux think tanks de tous horizons et de pays divers
Fort d'un nombre de membres assez important, avec des profils variés, l'OFTT offre un panorama relativement exhaustif du phénomène think tank en France et à l'étranger.

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mardi 21 avril 2009

Real men have fabs

C'est un fait, les entreprises sont à la recherche de coûts de fonctionnement les plus bas possibles, afin d'être concurrentielles, d'augmenter leur marge et in fine de contenter leurs propriétaires. Et quand il s'agit de sociétés industrielles, cela passe souvent par une optimisation de la production, en professionnalisant la fonction achats, en améliorant les processus et bien sûr en relocalisant tout ou partie de leurs usines dans des pays à bas coûts...souvent en externalisant auprès de fournisseurs chinois, indiens, mexicains ou indonésiens.


Aucun secteur n'est épargné, quel que soit son niveau de technicité. On l'a déjà vu ici, les pays émergents incluent de plus en plus dans leurs appels d'offres majeurs des conditions de transferts technologiques. Et de leur côté, les fournisseurs tentés par une approche multidomestique ou plus simplement répondant à un besoin de cost cutting implantent des centres au même endroit que leurs nouveaux concurrents.

On a même vu et on continue de voir des entreprises se dire que finalement elles n'ont pas du tout besoin de conserver la fonction production en interne, et se concentrer sur la conception et la vente. Tout le monde se rappelle du rêve d' "entreprise sans usine" de Serge Tchuruk en 2001. Après tout, si l'objectif est d'optimiser la rentabilité (pour simplifier : bénéfices / capitaux propres), un des moyens peut être effectivement de diminuer le dénominateur de la fraction. On ne reviendra pas sur la situation actuelle d'Alcatel...

D'ailleurs cette expression n'était en fait qu'une traduction d'un concept venant des Etats-Unis et plus précisément de l'industrie des semi-conducteurs. On parle depuis les années 80 d'entreprise fabless (i.e. sans fabrication plant) pour désigner les sociétés qui sous-traitent totalement la fabrication des puces à des fonderies généralement localisées à Taiwan ou en République Populaire de Chine. Qui elles ne font a priori que de la fabrication. Quelques fabless connues : Qualcomm, NVIDIA, ATI Technologies. Le raisonnement qui les a poussées à se débarrasser de la production est assez simple : une usine de semi-conducteurs peut coûter plusieurs milliards de dollars, est assez complexe à gérer, et n'est pas forcément très rentable. Elles préfèrent donc renoncer aux investissements nécessaires, et aussi aux technologies associées à cette production. D'autres n'ont pas fait ce choix, préférant nager à contre-courant. C'est le cas notamment d'Intel, Motorola et AMD, qui sont restées verticales, c'est-à-dire qu'elles conservent le contrôle de l'ensemble du cycle de vie de leurs semi-conducteurs. C'est ce qui avait fait dire au milieu des années 90 à T.J. Rodgers, fondateur de Cypress Semiconductor, que "real men have fabs".

Or avec les besoins de puissance de calcul qui augmentent régulièrement, la loi de Moore est poussée dans ses retranchements. Et on se rend compte que la conception des puces doit prendre en compte de façon croissante la technique de fabrication, car celle-ci atteint des précisions quasi-quantiques. Ainsi, la double maîtrise conception+production (deux activités de plus en plus liées) devient un avantage sur la concurrence, car elle permet de diminuer fortement les déchets en usine.

Intérieur d'une fab
Crédits : BBC

Ce petit exemple peut être généralisé et extrapôlé à la plupart des secteurs industriels, et notamment la défense : le recours à des fournisseurs low cost peut être tentant pour répondre à des problématiques "court-terme" de réduction des coûts ou de débouchés commerciaux, notamment dans un contexte difficile. Mais les effets à long terme sur l'ensemble de la base industrielle de défense française et européenne sont-ils bien soupesés ?
  • Quid de la perte de certaines compétences qui sont ou pourraient devenir clés, au profit de pays et d'entreprises à qui l'on fournit des éléments qui leur permettent de devenir des concurrents sérieux ?
  • Comment conserver un avantage concurrentiel face à des entreprises qui montent en compétence technologique tout en ayant des coûts de revient plus faibles ?
  • L'industrie high-tech peut-elle encore se développer en Europe ?
  • Quel impact sur l'indépendance technologique et sur la puissance militaire et in fine politique, mais également sur les débouchés professionnels de nos futurs ingénieurs et chercheurs ?

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lundi 20 avril 2009

Des nuages dans le plan de vol de Dassault

Le Groupe Dassault, et notamment ses filiales Dassault Systèmes et Dassault Aviation, connait en ce moment quelques revers et difficultés.

***
Un (léger) bug logiciel
Dassault Systèmes vient d'indiquer que son chiffre d'affaires du premier trimestre 2009 serait inférieur de 6% aux objectifs (310 M€ contre 335M€). Il semble que le CA 2009 de l'éditeur de logiciel de conception et de gestion de cycle de vie produit soit lui aussi révisé à la baisse par rapport aux prévisions. La principale cause en est bien sûr la crise économique qui touche de plein fouet ses principaux clients, de Boeing à Nokia en passant par PSA, Renault, Sony ou...Dassault Aviation.

La conséquence en est l'annonce d'un renforcement du plan de réduction des coûts prévu pour 2009, ajoutant 80 à 90 millions aux 35 millions de l'objectif initial. A priori sans licenciements...

***

Annulations en série

Crise de l'aéronautique civile oblige, Dassault Aviation va devoir ralentir sa cadence de production de Falcon, car il semble bien que les jets privés ont du mal à s'écouler...Il est évident que les AIG ou autres Royal Bank of Scotland sont durs à remplacer, en termes de dépenses somptuaires. La direction se prépare à quelques années difficiles, même si, en attendant d'autres annulations potentielles, les livraisons 2009 devraient être en hausse par rapport à 2008.

Un échec de plus pour le Rafale
C'est devenu une habitude, le Rafale n'a pas été retenu pour l'appel d'offres indien portant sur l'achat de 126 avions de combat, d'un montant de 10G$. Il convient de noter que c'est d'autant plus un échec que par ailleurs Boeing, Lockheed, Saab, MiG et le consortium EADS -BAE Systems - Finmeccanica (Eurofighter) restent en lice pour la phase d'essais qui devrait débuter en mai.

Cependant, la situation globale de Dassault Aviation reste nettement plus enviable que celle de la plupart de ses concurrents, grâce notamment à un trésor de guerre fort respectable. En comparaison, Embraer ou Bombardier ont annoncé des milliers de licenciements.

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samedi 18 avril 2009

Disclaimer

Puisqu'on m'a déjà posé la question, je tiens à préciser que je n'ai aucun lien avec la société de conseil JGP Consulting basée au Royaume-Uni, et qui semble-t-il fournit (ou fournissait, son site n'ayant pas été mis à jour depuis 2005) des prestations dans le domaine de la défense, de la formation et du Web.

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vendredi 17 avril 2009

Nazisme et ésotérisme dans la bande-dessinée

Fan du Neuvième Art, je ne peux que constater que le mélange de Nazisme et d'ésotérisme, d'occultisme et d'un brin de science-fiction est une recette assez répandue pour constituer des intrigues mettant aux prises les héros (américains, britanniques...) avec des méchants particulièrement inquiétants.

Quelques exemples :

Je suis légion de Fabien Nury et John Cassaday

Mutafukaz de Run

Hellboy de Mike Mignola


Les comics américains, DC et Marvel, ont eu mis aux prises des super-héros fidèles à la bannière étoilée (dont le célèbre Captain America) à de sinistres affidés du régime nazi, comme Red Skull (dont on peut noter que ses version ultérieures seront communistes).

Bien sûr la bande-dessinée n'est pas le seul média concerné, et la saga Indiana Jones en est un exemple qui parlera à tout le monde : le IIIème Reich aurait eu un sérieux penchant pour le surnaturel et la magie noire, conjugué à son scientisme extrême, afin d'arriver à ses fins et dominer le monde.

En termes de scénario, l'association de la barbarie nazie et de forces obscures et maléfiques se comprend assez facilement.

Mais, au-delà de la Société de Thule et d'une certaine imagerie "païenne", nos amis historiens peuvent-ils nous éclairer sur les liens entre Nazisme et occultisme (pris au sens le plus large) ?

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jeudi 16 avril 2009

[Le blog de la semaine] : Gestion des risques et crises

Pour rebondir sur mon article consacré à la sécurité de l'information, dont la conclusion était en gros "le risque zéro n'existe pas", un très jeune blog découvert par l'intermédiaire de Pour Convaincre, "Gestion des risques et crises".

Principalement consacré aux "grandes" crises de types catastrophes naturelles, sanitaires, industrielles, il traite d'un sujet qui vu de ma petite fenêtre (qui sur certains sujets n'est pas si petite que ça) prend une importance de plus en plus marquée à tous les niveaux : état, entreprise, projet.

La fonction de "gestion des risques" (ou risk management en anglais) apparait en effet, au moins dans le secteur privé, de façon de plus en plus explicite et surtout, chose nouvelle, transverse. Ainsi, les directions générales s'aperçoivent qu'il est important de pouvoir disposer d'une vision exhaustive du portefeuille de risques auxquels leur entreprise est exposée, quel qu'en soit le type : industriel, image, fraude, concurrence, social, règlementaire, politique, sécurité...la forte internationalisation et la vitesse de circulation de l'information étant des facteurs de complication.

Bien sûr, tous les risques n'ont pas une probabilité de 100% de se produire, et leur impact potentiel n'est pas la fin du monde (à retenir : un risque se caractérise par une probabilité et une sévérité, ce qui permet de faire de jolies matrices de couleurs qui sont du plus bel effet, et dont les consultants raffolent nécessairement). Cependant, quand on les additionne (pour autant qu'on soit capable de les chiffrer), ils représentent souvent une fraction non négligeable du résultat opérationnel ou même du chiffre d'affaires d'une entreprise, et la mise en place et le suivi d'un plan d'actions multi-dimensionnel s'imposent :
  • comment diminuer la probabilité de survenance des risques ?
  • comment diminuer leur sévérité s'ils se produisent vraiment ?
  • que faire pour que les choses reprennent vite un cours normal en cas de crise majeure ?
A l'échelle d'une armée ou d'un état on monte encore au cran d'au-dessus en termes d'impacts.

Un blog qui vient donc combler un trou dans la blogosphère francophone (encore une fois, à ma connaissance), et dont on attend qu'en plus d'articles sur des évènements précis, il apporte son écot à la réflexion de fond.

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[Le B.A.-BA] : les services professionnels

C'est entendu, au vu de la proposition de budget de Robert Gates, les sous-traitants du DoD ont du souci à se faire. En effet, l'administration américaine prévoit la réinternalisation de nombreuses activités aujourd'hui confiées à des entreprises privées.

Mais quels genres de services professionnels sont aujourd'hui concernés par cette externalisation ? Essayons d'y voir un peu plus clair, en restant simple.

N.B. : la fourniture de services n'est évidemment pas le seul cas de recours à des fournisseurs du privé. On pense bien sûr à l'achat, pour le DoD, d'armements, de matériels de transports, de communication, qui ne relève pas des "services professionnels".

Pour simplifier, on peut considérer qu'il y a quatre catégories de prestations, et ceci s'applique à toutes les administrations, et mêmes aux entreprises privées :

L'équipement : tout ce qui touche à la fourniture (location, leasing), au déploiement, à l'installation, à la maintenance opérationnelle et à l'évolution de tous types d'équipements. Les principaux defense contractors s'y taillent la part du lion, y trouvant des prolongements naturels à la vente de leurs produits et systèmes.

Le facility management : tout ce qui concerne la fourniture, l'entretien et la maintenance des installations et bâtiments (gros ou petit oeuvre, électricité, plomberie, ménage, espaces verts, aménagement des bureaux, déménagements...). Par extension, cette catégorie peut inclure tout ce qui touche à la surveillance et au gardiennage, à l'accueil physique et téléphonique, la gestion du courrier...bref, tout ce qui concourt à fournir un environnement de travail adéquat et complet aux fonctionnaires.

La recherche et développement : recherche fondamentale et appliquée, mise en oeuvre de nouvelles technologies, développement expérimental et industrialisation. Le DoD est bien évidemment le plus gros client public de cette catégorie, loin devant les autres administrations.

La gestion et l'IT : concerne la fourniture de services d'assistance technique ou de conseil (sur toutes les fonctions : achats, finance, ressources humaines, qualité, systèmes d'information...) relatifs à l'organisation et au fonctionnement de l'administration. Ce type de services inclut également les prestations d'intégration . L'externalisation de processus entiers ou Business Process Outsourcing (la plupart du temps administratifs : comptabilité, paie, maintenance informatique) peut aussi être rattachée à cette catégorie, même si elle peut relever pour partie du facility management.
C'est sur ce type de services professionnels que l'administration Bush (mais également un nombre non nbégligeable de pays dans le monde) a le plus été favorable à l'externalisation.

Globalement, la tendance a été une très grosse augmentation du recours à des prestataires privés, sur l'ensemble de ces catégories, depuis la fin des années 1990. Le montant total pour l'administration américaine s'élevait ainsi à 233 milliards de dollars en 2007.


Pour aller plus loin, une étude du Center for Strategic & International Studies : Structure & Dynamics of the U.S. Federal Professional Services Industrial Base (1995-2007)

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mercredi 15 avril 2009

[Le B.A.-BA] : la sécurité de l'information

Nouvelle rubrique pour mon blog, que j'essaierai d'alimenter régulièrement : "le B.A-BA", qui se veut une introduction (et non une analyse encyclopédique) à certains concepts de base, notamment technologiques, liés de près ou de loin à la défense. On commence par un incontournable, la sécurité de l'information.

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On voit fleurir sur la blogosphère et dans les médias de nombreux articles sur la guerre de l'information, les cyberattaques, l'espionnage à l'ère numérique... So let's get back to basics.

Une information est une collection organisée de données qui a un sens et qui a donc une valeur (pas nécessairement pour tout le monde). Mon objectif est à la fois de m'assurer que je protège mon information, tout en tentant de compromettre celle de mes adversaires. Ceci est d'autant plus important de nos jours, alors que l'Internet représente un médium de plus en plus utilisé à l'échelle planétaire, et que parallèlement les forces armées s'appuient de façon croissante sur la quatrième dimension, la mise en réseau et l'échange d'informations.

***

La sécurité de l'information repose sur trois piliers qui constituent le fameux acronyme CIA :

Confidentiality : l'accès à l'information n'est possible qu'aux personnes autorisées. Différents niveaux de confidentialité peuvent être définis, donnant des accès différentiés en fonction de profils. Il s'agit donc de protéger la lecture et la diffusion de l'information.

Integrity : l'information ne doit pas être altérée par quelqu'un qui n'en a pas l'autorisation, volontairement ou accidentellement. Il s'agit donc de protéger l'écriture de l'information. L'intégrité doit être assurée d'un bout à l'autre de la chaîne, et ne concerne pas uniquement des attaques mais aussi les erreurs pouvant être commises par des opérateurs humains ou des dysfonctionnements d'origine matérielle/logicielle.

Availability (Disponibilité) : l'information doit être disponible et pouvoir être accessible pour les entités qui en ont besoin, au moment où elles en ont besoin. La disponibilité concerne à la fois les bases de stockage de l'information, les processeurs qui traitent l'information mais également l'ensemble du réseau qui la transmet. Il s'agit de lutter contre les interruptions de service, qu'elles soient causées par des évènements d'ordre
  • physique : catastrophes naturelles, bombardements, coupures d'électricité, pannes diverses...
  • numérique ou électromagnétique : attaques de type Déni de Service (DoS) ou brouillage
On peut également ajouter un quatrième élément, Accountability, qui permet de tracer toutes les modifications de l'information et donc notamment d'assurer la non-répudiation (ne pas pouvoir nier avoir accompli une action). Un exemple trivial en est la signature : si un chèque porte ma signature, en principe j'aurai du mal à contester l'avoir émis.

En synthèse, la sécurité doit pouvoir prévenir et faire face autant que possible non seulement à des attaques volontaires, mais également des accidents, des pannes et plus prosaïquement à des erreurs humaines.

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Différents moyens permettent de contribuer à assurer la sécurité de l'information.

Le C peut être atteint à l'aide de
  • dispositifs physiques : portes, cadenas, barrières, systèmes de surveillance, détecteurs de mouvement, gardiennage, coffres...
  • cryptographie (qu'elle soit symétrique ou asymétrique, distinction matière à un autre article) : consiste à protéger une information secrète au moyen de clés, et répond à la cryptanalyse, dont l'objectif est de percer ses défenses
  • parefeus et anti-virus, logiciels de supervision
  • maîtrise du spectre électromagnétique : cages de Faraday, compression des émissions, évasion de fréquence, protection TEMPEST
  • évidemment, le respect de procédures et de bonnes pratiques déjà discutées ici. On touche là à l'humain, probablement le maillon le plus incontrôlable de la chaîne de confidentialité.
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Court développement sur la cryptographie :


La cryptographie permet à un émetteur de transformer un message lisible en un ensemble de données illisibles pour ceux qui n'ont pas l'autorisation (chiffrement), mais également, à l'autre bout de la chaîne, de retransformer un message pour que son récepteur puisse le lire (déchiffrement).

Pour simplifier à l'extrême, elle repose sur deux éléments : l'algorithme, qui est la méthode de transformation de l'information, et la clé, qui est un paramètre (mot, nombre...) donné en entrée du chiffrement et du déchiffrement. Le niveau de sécurité dépend de la complexité de l'algorithme et de la longueur de la clé. Sans rentrer dans les détails, il existe des méthodes dites
  • symétriques : la clé est tenue secrète (partagée par l'émetteur et le récepteur) et est la même pour le chiffrement et le déchiffrement
  • asymétriques : il existe deux clés, une pour le chiffrement et une autre pour le déchiffrement, la première étant publique, la deuxième secrète et uniquement connue pour le récepteur. Ces méthodes sont très largement utilisées dans le civil, notamment pour le commerce électronique et la distribution de certificats numériques.
La cryptographie est une discipline très ancienne, l'exemple le plus simple et le premier enseigné aux étudiants étant le code Jules César, utilisé par son créateur sur les champs de bataille dans l'Antiquité. L'algorithme est simple : il s'agit d'un simple décalage des lettres de l'alphabet, la clé étant l'amplitude du décalage. Par exemple, avec une clé de 2, A devient C et Z devient B.

Cette méthode permet d'exposer un concept très important de la sécurité de l'information : la péremption. Bien sûr, le code Jules César, qui sert à transmettre les ordres de mouvements, est extrêmement "trivial", et les ennemis de l'Empire Romain peuvent, avec un peu de jugeote et de travail, le casser. Mais l'important n'est pas là pour ses utilisateurs : il s'agit uniquement de s'assurer que l'adversaire ne puisse déchiffrer les messages à temps.

Aujourd'hui, la cryptographie est au coeur de la sécurisation de la plupart des télécommunications militaires et civiles (notamment grâce à l'essor d'Internet).

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Concernant le I, la sécurité physique et la cryptographie peuvent également jouer un rôle : cette dernière permet notamment d'affirmer si un message a été altéré à réception, souvent grâce à des algorithmes asymétriques. Elle ne permet cependant pas de remédier à cette altération, ni de savoir d'où elle provient.

Dans le domaine des télécommunications, il existe également des méthodes de contrôle de l'intégrité des données échangées et de correction des erreurs.

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Enfin, le A est assuré par des dispositifs de type redondance, mise en place de systèmes tolérants aux pannes (i.e. capables de continuer à fonctionner, éventuellement en mode dégradé, quand un ou plusieurs de leurs composants tombent en panne), une surveillance régulière des bases d'informations, l'utilisation de logiciels anti-virus...

*

L'accès à l'information protégée se fait par des processus d'authentification (contribuant à la confidentialité, l'intégrité, la disponibilité et la non-répudiation). Celle-ci peut reposer sur trois grands types d'éléments :
  • ce que je possède : une clé, un badge
  • ce que je suis : biométrie
  • ce que je sais : un mot de passe, un code PIN
Souvent plusieurs de ces éléments sont utilisés en conjonction : un code PIN n'est utile que si on l'applique à la puce adéquate. Pour des exemples plus exotiques, se référer à n'importe quel film d'espionnage hollywoodien.

***

Quelques remarques en vrac pour finir :
  • Attention à ce que le dispositif de sécurisation ne soit pas plus coûteux que les conséquences les plus dramatiques de la non-confidentialité, non-intégrité ou indisponibilité
  • Une chaîne est aussi forte que le plus faible de ses maillons : ce n'est pas la peine de construire une porte blindée avec des verrous de sécurité si les murs autour sont épais comme du papier, pour parler de façon imagée
  • D'une manière générale, il est illusoire de penser que le simple fait de cacher l'existence d'un secret (la dissimulation) suffit à le protéger. Autrement dit, la stéganographie pure (i.e. sans complication de "type cryptographique") est à éviter en général.
  • Parfois, il n'est pas nécessaire d'avoir accès au contenu exact d'un message (et donc de le décrypter) pour en tirer des informations. Par exemple, le simple fait de détecter un signal et de localiser sa provenance peut être signifiant : ainsi, pendant la Première Guerre Mondiale, l'écoute de l'activité électrmagnétique des stations Zeppelin en Allemagne ont permis de prévoir les bombardements à venir sur Paris. Autre exemple, les "parasites" d'un signal émis depuis un appareil volant permettent de savoir s'il s'agit d'un avion ou d'un hélicoptère.
  • En guise de conclusion : il n'existe pas de système inviolable, infalsifiable et éternellement fiable
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Courte bibliographie :
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Autres propositions pour la rubrique B.A.-BA :
  • Aspects offensifs de la guerre de l'information
  • Approfondissement sur la cryptographie et ses applications
  • Guerre électronique (sujet très large) : écoutes, brouillage, guidage...
  • Nucléaire
  • Propulsion
  • Radio logiciel
  • Drones
  • Cybernétique
  • Systémique
Je suis preneur de toute idée, étant entendu que mon propre périmètre de compétences est restreint.

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mardi 14 avril 2009

Le Brésil à la recherche de transferts technologiques

Aujourd'hui s'ouvre le LAAD (Latin America Aerospace & Defense) 2009 à Rio de Janeiro. Le salon devrait bruisser de rumeurs et échos concernant l'achat prochain par le Brésil d'avions de chasse, pour lequel la compétition (Boeing, Saab, Dassault) est en cours.

Récemment, la signature d'un contrat avec DCNS pour la fourniture de quatre sous-marins Scorpène a montré que le géant d'Amérique du Sud, même si son budget de défense (comme celui de ses voisins) est inférieur à celui de pays d'autres régions du monde[1], tenait à son rang de puissance régionale montante.

Cependant les Brésiliens ont annoncé la couleur : moderniser leur armée n'est pas leur seul objectif, car ils souhaitent également, et même avant tout, revitaliser leur base industrielle de défense.

Menée entre les années 1960 et 1990 par le trio Embraer (aéronautique), Engesa (véhicules blindés et tanks), Avibras (artillerie, DCA, missiles), l'industrie publique brésilienne était dans les années 1980 l'une des premières exportatrices vers les pays en voie de développement. Depuis, Engesa et Avibras ont fait faillite (mais Avibras connaît actuellement une seconde vie), et Embraer, après sa privatisation, est devenu le numéro 3 mondial de l'aéronautique civile, derrière Boeing et Airbus. Ses Super Tucanos (avions légers d'entraînement et de contre-insurrection) équipent l'armée brésilienne ainsi que d'autres pays d'Amérique du Sud. Embarer est également partie prenante dans l'AMX (avion de chasse et d'attaque au sol) utilisé par le Brésil et l'Italie. Ses avions de transport (RJ-99 et C-390) sont en service au Brésil, au Mexique, en Grèce et en Inde.

L'accès au statut de grande puissance signifie une certaine indépendance vis-à-vis des autres grandes puissances, notamment pour ce qui concerne les secteurs considérés comme stratégiques : espace, nucléaire, aéronautique. Et ceci passe évidemment par des transferts de technologies à l'occasion de marchés passés avec des fournisseurs étrangers.

Comme le dit Peter DeShazo, du Center for Strategic and International Studies :
"They want higher levels of technology employed. They want as much as possible to possess the technology, to be able to develop it themselves, to the extent that it's possible, develop their own defense infrastructure."
Bien sûr cette stratégie brésilienne n'est pas unique : Chinois ou Indiens adoptent la même approche, troquant contrats de plusieurs milliards contre l'apport de technologies qui leur permettent une montée en compétence plus rapide et bien sûr, de venir concurrencer leurs propres fournisseurs, voire de déverser certaines technologies duales dans leur base industrielle civile.

D'ailleurs, pour en revenir aux Scorpène achetés à DCNS, il semble bien qu'un cinquième, en plus des quatre tournant au diesel, devrait être propulsé par un système nucléaire brésilien, son lancement opérationnel devant avoir lieu en 2025.

Ces transferts technologiques ont des bénéfices évidents pour les pays en bénéficiant. Mais si on retourne le problème, pour se pencher sur nos propres bases industrielles de défense, "obligées" de vendre leur savoir-faire, ne risquent-elles pas, à long terme, de s'en mordre les doigts ?


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[1] Tiercé dans l'ordre des plus gros budgets de défense en Amérique Latine pour 2008 :
  • Brésil : 20G$
  • Colombie : 5,5G$
  • Mexique : 3,8G$

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Deux livres sur l'Afrique

A signaler, deux livres de Philippe Hugon, directeur de recherches à l'IRIS, pour appréhender l'Afrique, ou plutôt les Afriques, tant il est vrai que le terme est souvent utilisé de façon excessivement englobante. Ouvrages courts et synthétiques, il sont idéaux pour une entrée en matière.


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Géopolitique de l'Afrique, Armand Collin, 2006

L'ouvrage aborde les problématiques économiques, politiques, culturelles et sociales de l'Afrique Subsaharienne. Il balaie également les enjeux auxquels sont confrontés les différents acteurs du continent : sécurité, défi alimentaire, place dans l'économie mondialisée...
A signaler, un bref aperçu des regards posés sur l'Afrique Noire depuis le XIXème siècle.

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L'économie de l'Afrique, Éditions la Découverte, 2009

Une analyse de l'Afrique au crible des outils de l'économiste : quelles relations avec l'extérieur , et notamment les autres pays émergents ? Quels facteurs de compétitivité ? Quel modèle de développement ? Comment tirer partie des matières premières ? Pourquoi une telle diversité dans le ? Quel rôle joue la dette africaine ? Quels effets pour les politiques d'ajustements structurels ?

Autant de questions auxquelles sont apportées des pistes de réponse...

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Prochainement, quelques livres pour aller plus loin.

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lundi 13 avril 2009

Amélioration des opérations d'armements : un article de l'IFRI à lire

A signaler, en cette période de discussions autour de la guerre asymétrique et de la prochaine loi de programmation militaire française , le dernier numéro de la collection Focus Stratégique de l'IFRI, intitulé "Achats en urgences contre programmation", par Louis-Marie Clouet, qui réunit les deux autour d'une même question :

Comment assurer l'agilité et l'adéquation de la fourniture d'équipements face aux nouveaux types d'engagements et de menaces auxquels est confrontée l'armée française ?

Bref, comment raccourcir le cycle de recueil des besoins opérationnels, validation, approvisionnement et intégration sur le terrain. Tout en s'interogeant sur l'opportunité de conserver une planification long-terme, et comment conjuguer les différents horizons temporels.

Sommaire de l'article :
  1. L'héritage de la Guerre Froide : la politique de grandeur par les armements
  2. Lourdeur et rigidité des "opérations d'armement"
  3. Fluidifier les opérations d'armement
En une trentaine de pages, l'auteur fait un petit retour en arrière depuis la deuxième moitié du XXème siècle, expose les principales faiblesses des processus d'armements actuels (notamment ce qui touche aux marchés publics) ainsi que des solutions partielles adoptées par les armées, et les impacts sur les industriels. Partielles, car en tout état de cause, il est impossible de se prémunir de façon absolue contre l'émergence soudaine de besoins nouveaux, inconnus jusqu'alors.

Les pistes de solutions proposées (modularité, conception itérative des systèmes, décloisonnement des différents maillons de la chaîne...) sont intéressantes, mais il est évident qu'il y a parfois loin de l'intention à la réalisation. (Ces histoires de modularité, évolutivité technologique et transversalité me rappellent d'ailleurs bien des initiatives...)

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vendredi 10 avril 2009

Permission pascale

Les quatre dernières semaines, mon blog a tourné sur le rythme d'enfer d'une publication par jour au moins.

C'est l'heure d'un petit break.

Bon week-end de Pâques et à la semaine prochaine.

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AAD : le premier salon Aerospace & Defense africain

Alors que doit avoir lieu la semaine prochaine le LAAD 2009 (Latin America Aerospace & Defense) à Rio de Janeiro, au Brésil, projetons-nous dans le futur, fin septembre 2010 au Cap, où se déroulera l'AAD 2010 (Africa Aerospace & Defence). Le point commun de ces deux salons de défense est qu'ils sont les seuls de ce calibre sur leurs continents respectifs.

L'AAD, biennal, n'est certes pas du même acabit que ses équivalents européens ou asiatiques. Un signe parmi d'autres : le coût de location de l'espace y est moins élevé que pour le Dubai Airshow (par exemple, 370$/m² contre 520$/m² pour la mise à disposition d'un espace "nu", ou 30k$ contre 60k$ pour un chalet).

Il convient également de noter que son site officiel n'est pas référencé en première position par Google avec une recherche "AAD 2010". Il est cependant un rendez-vous de référence en Afrique, accueillant des exposants du monde entier qui souhaitent atteindre le marché sud-africain mais également ceux des autres pays du continent : aéronautique, défense (air, terre, mer, espace) et sécurité civile. L'édition de 2008 affichait d'ailleurs une progression de fréquentation de 25% par rapport à celle de 2006 : 400 exposants et 13000 visiteurs "business", avec notamment 80 délégations étrangères (dont 20 ministres de la défense, principalement africains).

Quelques exposants de l'édition 2008 : EADS, Boeing, BAE Systems, Dassault Aviation, Lockheed Martin, Honeywell, MBDA, Embraer, Northrop Grumman, Rosoboronexport mais également des acteurs majeurs sud-africains comme Armscor ou Denel (tous deux appartenant à l'état).

Et quelques absents : Thales (présent au travers d'African Defence Systems, filiale sud-africaine), Raytheon, United Technologies, General Dynamics.

Ce n'est peut-être que de l'affichage, mais les organisateurs, s'ils reconnaissent sans peine la moindre importance de l'AAD par rapport aux grands évènements internationaux, promeuvent son côté plus intimiste et donc peut-être plus propice à des échanges concrets entre participants.

D'une manière générale, les intérêts de ce type de salons pour les industriels ne sont pas très originaux : présentation des produits et services, recueil d'information très blanche sur la concurrence, visibilité à la fois auprès des visiteurs (notamment acheteurs et prescripteurs potentiels) mais également plus large par le biais de la couverture médias...Donc on dépense un peu (voire beaucoup) auprès d'une agence de communication afin d'avoir le plus beau stand, on rôde son discours commercial, souvent à base de superlatifs technologiques, on sort ses plus beaux spécimens du catalogue, on se prépositionne auprès des médias et en avant !

L'AAD est en quelque sorte le bébé du Department of Defence et de l'industrie (largement publique) aerospace & defense sud-africains, et l'un de ses objectifs avoués est de promouvoir les exportations et le développement d'alliances ou de partenariats avec des groupes étrangers.

Sa localisation est assez logique : l'Afrique du Sud est une des premières économies africaines, et la plus active dans le domaine de la défense (à titre indicatif, un budget de défense autour de 3,5 milliards de dollars). Ce dernier point est en partie dû à son isolement pendant l'apartheid, qui l'a poussé à développer son armée et son industrie de l'armement. Ses infrastructures et son niveau de développement économique lui permettent d'accueillir de grands évènements internationaux : coupes du monde de rugby en 1995, de football en 2010, et donc l'AAD.

Evidemment, l'objectif pour 2010 est de poursuivre le développement du salon...qui pourrait fortement dépendre de l'évolution de la crise économique mondiale. Mais le timing est bon, puisque si l'on en croit le FMI, le retour à la normale devrait pointer son nez dans le courant de l'année prochaine.
***
Nota : une petite différence figure dans l'emploi de la forme britannique (logique, car langue officielle de l'Afrique du Sud), "Defence" pour l'AAD, alors que le standard international de facto est l'utilisation du "Defense" américain. Une exception notable est Eurosatory, le salon parisien.
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Voir aussi : quelques sites de salons aéronautiques et défense

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jeudi 9 avril 2009

The Weakest Link puissance 100

Ainsi donc, une nouvelle bourde entachant la lutte antiterroriste fait la Une au Royaume-Uni. Et en plus celle-ci émane d'un chef de Scotland Yard : Bob Quick, photographié avec des documents confidentiels, portant sur une opération visant 11 personnes, bien lisibles sous le bras ! Apparemment, cela a simplement précipité l'action des forces de l'ordre, sans la compromettre. Mais les conséquences auraient pu être autrement plus importantes pour la sécurité du Royaume-Uni que sa seule démission.

Et dire que pas plus tard que ce matin je m'étonnais des voir des gens lisant tranquillement de la documentation potentiellement sensible dans les transports en commun. Mais si même les chefs de l'antiterrorisme s'y mettent !

Comme quoi, tout peut se jouer à peu de chose. Evidemment, une erreur d'inattention, notamment dans un contexte de stress permanent, est toujours possible. Mais il est évident que le type d'information manipulée ici (identité des personnes visées par l'antiterrorisme) n'a pas à se retrouver dans la sphère OSINT. Les esprits les plus complotistes pourraient éventuellement se dire qu'il y a anguille sous roche...

Pour le moment, toujours pas de loi en vue outre-manche concernant une interdiction aux journalistes de prendre des photos d'officiels portant des documents sous le bras !

On ne soulignera jamais assez l'importance du facteur humain, qu'il soit actif ou passif, que ce soit dans une posture offensive ou défensive. Ceci est d'autant plus prégnant dans le contexte d'une société relativement ouverte où l'image et la diffusion de l'information ont acquis une telle importance.
***
Voir aussi :

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Retour sur le Journal intime d'un marchand de canons

J'ai lu très rapidement le livre de Philippe Vasset, donc comme promis voici quelques remarques. Pas de critique littéraire, pas de commentaires sur les affaires citées (car il faut conserver une part de suspense), mais plutôt une miscellanée de réflexions choisies sur certains points évoqués dans l'ouvrage.

Le plat de spaghetti des circuits de décisions

S'il y a clairement une spécificité des marchés de défense, notamment à l'export, c'est la complexité des processus de décisions relatifs à l'attribution des marchés. Processus qui ne sont pas toujours très formalisés ni rigoureux. C'est un des principaux enjeux du développement commercial que d'identifier avec précision parmi les officiels, civils et militaires, du pays prospecté, qui a la main sur quel budget et qui dispose de quel levier de décision. De telles informations ont une valeur inestimable, car elles peuvent permettre d'éviter de longues réunions ou présentations à un public plus ou moins concerné et intéressé, constitué de gradés ou d'obscurs conseillers techniques.

Celui qui saura avec précision
  • quelles sont les préoccupations majeures du pays en question : relations avec ses voisins influant sur ses priorités en termes de besoins, budget disponible, urgence de la demande...
  • qui sont ses concurrents, quels moyens ils mettent en oeuvre, quels sont leurs atouts et leurs faiblesses, qui a a priori la préférence du prospect (nécessite plus qu'ailleurs un bon aperçu des relations internationales)...
  • qui est LA personne à convaincre, à quels arguments elle est sensible (qu'ils soient liés à l'offre ou plus...personnels, sans nécessairement tomber dans l'illégalité)...
...partira avec un avantage sérieux. Tout ceci relève de l'intelligence économique, appliquée à un domaine où les contrats peuvent s'élever à plusieurs milliards d'euros, et où les relations internationales (dont les liens avec et entre les dirigeants politiques) ne sont jamais loin.

La spécificité de la défense réside dans le fait que pour le secteur privé, il y a rarement un tel niveau d'enchevêtrement de problématiques financières, politiques, technologiques et personnelles. Mais évidemment, disposer d'un plan de compte à jour, et notamment d'une cartographie des décideurs, y est tout aussi important, afin d'aller frapper à la bonne porte au bon moment.

Les réceptions des délégations étrangères

Étapes incontournables de la relation commerciale et du processus d'avant-vente (mais également d'après-vente, ou de la phase de réalisation), les réceptions de délégations étrangères sont monnaies courantes. Elles revêtent un aspect tout particulier dans le domaine de la défense, car au-delà des aspects commerciaux (encore une fois, aux montants potentiellement astronomiques) il s'agit également de cultiver les relations internationales. Et elles peuvent être un jalon important dans les prises de décisions. Drapeaux, menus aménagés, divertissements, salles de prière si nécessaire, tout est fait pour que les hôtes aient une bonne image de l'hospitalité à la française. Même si le rôle de chaque composant de la délégation n'est pas toujours très clair.

La proverbiale discrétion des ingénieurs français

Le livre mentionne la surveillance réciproque, voire l'espionnage auxquels se livrent les représentants de fournisseurs et de pays différents quand il se retrouvent à l'étranger, notamment quand le contexte politique international est flou. Chacun cherche à savoir ce que les autres font là, qui ils ont rencontré, à quel niveau d'avancement ils sont dans le processus de vente, voire dans quelle optique ils font du repérage...
Il est assez difficile de garder une confidentialité absolue, d'autant que comme le souligne le narrateur de Philippe Vasset, les Américains en particulier sont très forts. Et inévitablement, l'état des relations internationales peuvent donner des indices significatifs.

Cependant, j'aimerais revenir sur un point que j'ai déjà évoqué, à savoir le fait que les ingénieurs français sont souvent réputés pour manquer de discrétion, particulièrement lorsqu'ils sont à l'étranger. Il semble qu'ils soient particulièrement enclins à évoquer leur vie professionnelle dans des lieux et avec un niveau de détail peu adéquats :
  • transports en commun
  • terrasses de café
  • lobbies d'hôtels
  • allées d'un séminaire ou d'un colloque
Mais pas besoin d'aller à Caracas ou Washington : je suis souvent surpris de voir ces (jeunes pour la plupart) gens en train de lire dans le métro ou le bus, comme s'il s'agissait d'un roman de gare ou du journal du soir, le rapport d'activité de leur entreprise, une proposition commerciale en cours ou l'état d'avancement de tel ou tel projet chiffré à plusieurs millions...bien sûr tout n'est pas confidentiel, mais prudence est mère de sûreté !

Logique d'arsenal ?

Le narrateur du livre, commercial dans le domaine de la défense, se voit reproché par ses homologues d'autres secteurs le fait de ne pas être un vrai vendeur : c'est bien connu, les équipements militaires, c'est les politiques qui les vendent !

Certes, il est faux de dire que la défense est un domaine où s'appliquent les règles "normales" du marché : on l'a déjà dit et redit, les relations interétatiques y jouent un rôle prépondérant, ce qui explique que certains marchés sont fermés ou très difficiles à investir pour des industriels d'un pays donné (par exemple, on peut citer l'épisode des avions ravitailleurs américains...). Tout le monde a par ailleurs en tête les images de nos Présidents (mais c'est partout pareil) jouant leur rôle de VRP de luxe à l'occasion de leurs voyages à l'étranger.

Certes encore, étant donné que les clients sont des états, et que la mission "défense" de service public ne relève pas du secteur commercial, l'optimisation financière n'est pas toujours la première préoccupation sur ce marché (et encore heureux, serais-je tenté de dire). Et il est également vrai les achats, décidés par des politiques ou des militaires, avec souvent un fort lobbying des fournisseurs, ne font pas toujours suite à un besoin concret, ou du moins ne se font pas de façon cohérente avec les priorités les plus criantes.

On n'insistera pas par exemple sur les gabégies dénoncées par le Government Accountability Office américain concernant les dépenses inutiles et autres dépassements se comptant en centaines de milliards (!) de dollars.

Le renseignement, l'intoxication et la propagande peuvent jouer un rôle, à des fins de discréditer un adversaire potentiel, ou de recueillir des informations sur ses produits, son niveau d'avancement dans le processus commercial...Là encore, il s'agit de recourir à l'intelligence économique, mais dans des proportions et avec des sources plus larges que dans d'autres secteurs.

Cependant, on ne peut plus dire pour autant que la pure logique d'arsenal, hors de toute considération "commerciale", prévaut, et pour plusieurs raisons :
  • l'aspect "coûts" devient de plus en plus important pour les états, qui se mettent, et leur armée avec, à la rigueur budgétaire. Ainsi la recherche du mieux disant commence à entre dans les mœurs
  • avec le décloisonnement progressif (mais encore inégal et limité) des marchés nationaux, l'adéquation aux besoins opérationnels et la qualité des produits/services deviennent également des arguments de plus en plus importants
  • la dualité des technologies dans de nombreux domaines favorise l'entrée (en tant que sous-traitant ou fournisseurs de premier rang) sur le marché de défense d'acteurs venant du civil, donc rodées
  • en amont, les fournisseurs de défense, poussés notamment par la nécessité d'aller sur les marchés à l'export, se sont dotés depuis longtemps de directions marketing qui travaillent à la constitutions de réelles roadmaps (feuilles de routes) produits prospectives, signe d'une réelle normalisation sur ce sujet
  • le fait que les industriels de défense eux-mêmes sortent de ce seul marché, pour aller vers le civil, offrant de nouveaux débouchés (avec néanmoins une prédominance des marchés publics)
Bref, les aspects commerciaux (adéquation au besoin, aspects financiers...) s'immiscent au devant de la scène, et une certaine"normalisation" s'opère. Bien sûr, elle est limitée, et doit en partie le rester, car vendre une ogive nucléaire ou un sous-marin d'attaque n'est pas un acte anodin.

***
Autres éléments pouvant faire l'objet d'un prochain article :
  • les matériels évoqués, notamment les sous-marins Scorpène
  • Hugues de l'Estoile, un célèbre ingénieur de l'armement et marchand d'armes
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mercredi 8 avril 2009

[Le blog de la semaine] : Anglais militaire et aéronautique

Voilà un blog qui propose de joindre l'utile à l'agréable. Anglais militaire et aéronautique (prépa PLS) se propose, au travers d'informations sur la chose militaire et aérienne, d'aider à la préparation des CML (Certificat Militaire de Langue) pour la langue de Shakespeare, ultra dominante sur ce blog francophone.

Traitant d'aérodynamique comme d'histoire militaire ou même de NCW, il pointe également vers de nombreuses ressources : leçons d'anglais, sites bilingues ou dictionnaires/glossaires spécialisés.

La particularité pour l'anglais, langue officielle de l'OTAN oblige, étant que l'évaluation de son niveau fait l'objet du STANAG 6001, et donne donc lieu à l'établissement d'un Profil Linguistique Standardisé (PLS) constitué du trigramme PLS suivi de 4 chiffres, qui indiquent dans l'ordre :
  • la compréhension de la langue parlée
  • l'expression orale
  • la compréhension de la langue écrite
  • l'expression écrite
Petit test avant de partir : comment vous traduiriez Network Centric Warfare dans la doctrine française ?

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USA : un budget de défense 2010 à fort potentiel de rupture

Le secrétaire à la Défense américain, Robert Gates, a dévoilé ce lundi son projet de budget accordé au DoD pour 2010, et devant être bientôt défendu devant le Congrès. S'élevant à 534 milliards de dollars (hausse de 4% par rapport à 2008, hors dépenses de guerre), il provoque déjà des réactions parmi les élus et les industriels, car il suggère la remise en cause de plusieurs programmes majeurs.

Il a affirmé, ce qui pourrait tordre le cou à certains rêves de grandeurs :
Our conventional modernization goals should be tied to the actual and prospective capabilities of known future ... adversaries, not by what might be technology feasible
Si c'est une tendance lourde (mais il est évidemment trop tôt pour le dire), cela montrerait que certaines leçons ont déjà été tirées des illusions perdues du tout technologique et des dépenses sorties du chapeau, hors de toute rationalité liée à une doctrine d'emploi clairement établie. La priorité serait donc donnée aux problèmes plus immédiats et plus tangibles, un "tiens" valant mieux que deux "tu l'auras".

Ike Skelton, président républicain de la Commission des Armées de la Chambres de Représentants, a répondu dans un communiqué, avec en filigrane la puissance des lobbies (pourvoyeurs d'emplois de très nombreuses localités) auprès du Congrès sur les décisions d'investissements :
In the weeks ahead, my colleagues and I will carefully consider these proposals and look forward to working with Secretary Gates and Admiral Mullen as we prepare the fiscal year 2010 defense authorization act
***

Qui sont les principaux lésés par ses propositions ?

Le bouclier anti-missile devrait perdre environ 1,5G$, car pour Gates, les capacités de défense des USA sur ces aspects sont suffisants :
We're in a pretty good place in terms of -- with respect to the rogue missile -- rogue country missile threat
Bien sûr, Lockheed, Boeing et Northrop ne sont pas de cet avis, et mettent en avant les essais récents, iraniens et nord-coréens.

La production du F-22 Raptor de Lockheed-Martin devrait être limitée à 187 aéronefs, alors que sous l'administration Bush on parlait de besoins s'élevant à pratiquement 400...

Quelques 250 (parmi les plus anciens) chasseurs tactiques devraient être retirés du service : F-15, F-16, A-10...

Le programme VH-71 d'hélicoptères présidentiels (toujours Lockheed), dont les coûts s'élèvent à 13 milliards de dollars, devrait être annulé. Un nouveau programme, avec un nouvel appel d'offres, serait lancé dès cet été.

Un autre projet d'hélicoptère, le CSAR-X destiné aux opérations de sauvetage de l'USAF, pourrait tomber aux oubliettes. Du moins temporairement, car Gates pose la question d'un besoin interarmes.

Concernant le fameux New Generation Bomber, évoqué récemment ici, Robert Gates suggère de suspendre le programme jusqu'à ce que l'USAF ait publié des spécifications plus précises, normalement d'ici fin 2009. Pour rappel, Northrop Grumman d'un côté, et Boeing/Lockheed Martin d'un autre, travaillent déjà à la conception de maquettes.

Le programme Transformation Satellite (constellation de cinq satellites devant mettre en réseau de façon sécurisée le DoD, la NASA et l'Intelligence Community américaine, pour un coût estimé à 26G$, et promis à Lockheed ou Boeing) de l'USAF serait supprimer, au profit de l'achat de deux satellites de communications EHF (Extremely High Frequency)

Le FCS (Future Combat System) devrait être amputé du Manned Ground Vehicle (véhicules blindés légers), qui apparemment serait jugé inadapté aux situations opérationnelles vécues en Irak ou en Afghanistan. Le coût de ces MGV est de l'ordre de 87G$, principalement pour Boeing, mais une partie des technologies induites (communications, drones aériens, munitions intelligentes...) seraient préservées et livrées dès 2011.

L'USAF devrait se contenter d'un seul aéronef doté du Airbone Laser (et à des fins R&D), alors que deux étaient prévus. Réalisé à partir d'un Beoing 747 adapté, il devait représenter une composante essentielle de la défense anti-missile, en détruisant les vecteurs balistiques pendant la phase initiale de leur vol.

Le DDG-1000 (destroyer de 14 500 tonnes et 180 mètres de long) devrait être limité à 3 vaisseaux, et plus généralement le mode de fonctionnement des chantiers navals militaires américains serait remis en question

Le volume de recours à des prestataires de services extérieurs doit baisser de 37% à environ 25%. Des signes avant coureurs laissaient présager d'une telle décision, et notamment l'audit réalisé par le Government Accountability Office, évoqué ici récemment.

Quelques bénéficiaires de réallocations budgétaires

Le programme F-35 Lightning II devrait être accéléré et amplifié, bénéficiant des déboires du F-22. L'objectif serait d'environ 2400 aéronefs, pour l'USAF, la Navy et les Marines.

La réinternalisation massive devrait engendrer la création de plusieurs milliers d'emplois civils au sein du DoD.

L'US Navy devrait acheter 31 nouveaux F-18.

Les avions ravitailleurs devraient revenir sur le tapis dès cet été, mais Robert Gates propose un "split buy", ce qui reviendrait à contenter plusieurs fournisseurs aéronautiques...EADS parce qu'ils ont la meilleure offre et Boeing parce qu'ils sont américains ?

On le voit, ce sont des plates-formes très coûteuses (F-22, VH-71,DDG1000, GMV...) mais également des éléments centraux de la fameuse Transformation réseau-centrée qui font le plus les frais de cette proposition de budget. De nombreux programmes majeurs posent question dans leurs fondements mêmes (emploi, spécifications, horizon, adaptation à l'environnement...), et devraient être remis à plat, alors qu'ils ont déjà coûté des dizaines de milliards d'euros sur plusieurs années.

De même que seraient remises en cause quelques tendances accentuées par l'administration précédente, notamment le recours massif aux sous-traitants du privé. Clin d'œil de notre côté de l'Atlantique, les RGPP réalisées l'an dernier prévoyant d'augmenter le transfert à des sous-traitants de certaines activités aujourd'hui réalisées par des fonctionnaires civils et militaires.

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