Dassault Aviation (Rafale, Falcon) est en passe de devenir l'actionnaire industriel de référence de Thales, puisque des négociations exclusives sont en cours avec Alcatel-Lucent, équipementier télécoms en grande difficulté, en vue du rachat des 20,8% (pour un peu plus de 1,5 milliard d'euros) qu'il possède dans le groupe de défense . Ceci permettrait de porter sa participation globale à 26%.
Quelques réflexions sur cette étape supplémentaire dans la recomposition et consolidation du paysage de l'industrie de défense française et européenne :
Dassault semble donc réussir là où EADS (principalement intéressé par les activités d'électronique de défense de Thales) a échoué. La décision, prise cet été, marque la préférence de l'Elysée pour une entreprise française au détriment d'une franco-allemande, exposée aux tensions transfrontalières. Même si la volonté de l'Etat français a beaucoup compté dans ce rapprochement, il porte de forts avantages potentiels pour l'avionneur.
Qu'en dire d'un point de vue industriel ?
- Dassault Aviation sera en position de force au sein d'un groupe en forme, très internationalisé, chantre de la stratégie multi-domestique (alors que Dassault souffre un peu de sa "franco-francitude"), mais également très diversifié (50% défense, 25% aérospace, 25% sécurité) ce qui va notamment offrir de nouvelles opportunités à ces bureaux d'études
- Cette prise de participation marque une union entre un systémier (Thales) et un plateformiste, complémentarité essentielle au vu de la configuration du marché mondial de l'aéronautique et défense, avec de plus en plus de demandes, de la part des clients étatiques, de fournisseurs de taille mondiale capables de se positionner en maîtres d'oeuvre de programmes d'envergure colossale
- Dassault est-il intéressé par l'ensemble des activités de Thales ? On peut en douter, en pensant notamment au désintérêt historique de l'entreprise pour le secteur naval. Donc quid de la division navale (parts dans DCNS) ? A suivre, notamment à l'aune de la loi de programmation militaire, qui semble lui faire la part belle
- Le point précédent est à rapprocher des discussions en cours entre Thales et Safran concernant des cessions mutuelles d'actifs, principalement autour de l'optronique (pour faire simple, la rencontre de l'optique et de l'électronique : lasers, systèmes de reconnaissance, de détection infra-rouge, caméras...) et de la navigation inertielle (navigation aérienne à base de gyroscopes et d'accéléromètres, uniquement utilisée, du fait de son coût, par des militaires). Il s'agit pour les deux sociétés françaises, avec le début d'un positionnement cohérent pour Safran (issu pour rappel de la fusion de Sagem et SNECMA), d'éviter une concurrence frontale en se partageant intelligemment les tâches. Bref, là aussi il s'agit d'une affaire à suivre, mais selon des informations parues dans la presse, l'avionneur se serait engagé à ne pas bloquer le dossier
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