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Mon Blog Défense

samedi 28 février 2009

De la furtivité des sous-marins

La collision, survenue début février, des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) Triomphant et Vanguard serait donc due au fait qu'ils ne soient pas mutuellement détectés...bref, les deux vaisseaux seraient donc bien furtifs, conformément à la mission qui leur est fixée (i.e. la dissuasion nucléaire, soit pour un SNLE le fait de pouvoir naviguer pendant de longues durées tout autour du globe le plus discrètement possible).

Mais qu'est-ce que la furtivité, appliquée à un sous-marin ?

La furtivité se définit pour un appareil (véhicule, missile...) comme le fait de laisser la plus petite signature (i.e. tout ce qui permet de le détecter et de l'identifier) sur les moyens de détection existants : oeil, radar, sonar, senseur infrarouge...

Pour un sous-marin, c'est bien évidemment la furtivité acoustique qui est primordiale. La furtivité électromagnétique étant obtenue par

  • le fait que l'eau de merne laisse pas passer les ondes électromagnétiques
  • un minimum de discrétion dans les remontées en surface, l'utilisation du périscope et les émissions radio
Il s'agit donc principalement de minimiser sa signature sonar, c'est-à-dire son écho. Ceci passe par plusieurs composantes :
  • l'utilisation pour la coque de revêtements (tuiles anéchoïques) qui vont absorber les sons et donc empêcher l'écho
  • l'optimisation du profil de la coque facilitant l'écoulement fluide de l'eau
  • le carénage des hélices afin d'atténuer les bruits de propulsion et l'optimisation de la forme des pâles permettant d'éviter au maximum la cavitation, c'est-à-dire la formation de bulles d'air, bruyante et néfaste pour les équipements (clin d'oeil à STP qui vient d'achever sa thèse sur le sujet)
  • le montage sur silent block (pièce permettant d'absorber les chocs) des éléments en contact avec la coque et susceptibles d'émettre des vibrations (appareils électriques notamment)
  • le refroidissement des appareils électroniques au moyen d'un circuit d'eau et non de radiateurs électriques
  • un monitoring permanent des émissions acoustiques sur l'ensemble du sous-marin
Le résultat est manifestement probant, puisque malgré l'ouïe très fine dont ils disposent, les deux SNLE ne se sont pas mutuellement détectés, probablement car leur signature est même inférieure au bruit de fond de l'océan.

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jeudi 26 février 2009

[Le blog de la semaine] : Le Front Asymétrique

Le Front Asymétrique est un blog qui comme son nom l'indique fait la part belle au suivi des insurrections, guérillas et autres groupes terroristes tout autour du globe.

Tenu par un jeune belge, Thomas Renard, consultant, journaliste free-lance (Le Soir, DSI), et membre du Réseau Multidisciplinaire d'Etudes Stratégiques (RMES), il est mis à jour sur une base quasi-quotidienne : 280 articles en un peu plus d'un an d'existence.

Le blog reprend certains rapports d'institutions officielles, d'analystes et chercheurs ou autres think tanks, mais offre aussi des points de vue et analyses plus personnels. Il présente régulièrement des revues de presse liées à son domaine, ainsi que des pointeurs plutôt bien fournis vers des sources, blogs ou sites plus traditionnels, en français et en anglais.

Des mots-clés tels que "Afghanistan", "Pakistan", "Irak", "Al-Qaïda", "Etats-Unis" mais également "France" ou "Allemagne" y apparaissent donc souvent.

Une bonne source d'information, très réactive et spécialisée, sur un aspect du thème défense décidément bien de notre époque.

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samedi 21 février 2009

L'Inde augmente son budget militaire de près de 25%

J'en parlais il y a presqu'un an : la tendance est à l'augmentation nette dans le budget militaire indien. La même tendance sera suivie cette année, et même accélérée. Une hausse de 23,7% (la plus forte depuis 1947) est prévue pour l'exercice fiscal 2009-2010, soit un total de 29 milliards de dollars.

La principale raison avancée est la détérioration des conditions de sécurité manifestée par les attentats de Bombay fin novembre 2008. La crise mondiale n'aura donc pas d'effet sur la nécessaire modernisation de l'armée indienne, à l'heure actuelle majoritairement équipée de matériel russe vieillissant (si ce n'est au contraire un effet amplificateur). Les industriels européens et américains sont évidemment sur les rangs pour profiter de cette manne (30 milliards d'ici à 2012 d'achat de matériels), même si les derniers tiennent la corde pour se tailler la part du lion. Ce qui bien sûr ne plaît pas au Pakistan, rival de l'Inde et ancien favori des États-Unis dans la région.

Mais attention, car l'Inde, comme d'autres pays émergents, exige en contrepartie des marchés de nombreux transferts technologiques. Et comme l'a affirmé Pradeep Kumar, Vice-Ministre de la Défense en charge de la production militaire, il n'est pas question de revenir sur l'interdiction de production locale aux entreprises possédées à plus de 20% par des investisseurs étrangers.

A noter qu'une part non négligeable de ce budget est affectée à la finalisation du projet ATV de construction de sous-marins nucléaires. L'Inde deviendra ainsi prochainement le quatrième pays (avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine, la France n'en étant plus depuis le désarmement du plateau d'Albion) à posséder une "Triade Nucléaire", soit une dissuasion ayant trois composantes :

  • Air : missiles de croisière
  • Terre : missiles balistiques
  • Mer : sous-marins nucléaires lanceurs d'engins

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Nouvelle rubrique : le blog de la semaine

Pour fêter, un peu en retard, le premier anniversaire du blog, je lance une nouvelle rubrique : chaque semaine, je présenterai un blog touchant de près ou de loin aux questions de défense. Il en existe de très nombreux, à la qualité et fréquence de mise à jour très variables. Certains sont très généralistes, un peu comme le mien, d'autres très focalisés sur des sujets spécifiques, qu'ils soient l'oeuvre de militaires, analystes, chercheurs, journalistes ou simple passionnés.

Commençons, pour cette inauguration, par un tir groupé : non pas un, ni deux, mais trois blogs défense francophones incontournables, qu'on ne présente plus (leur contenu parle de lui-même). Tenus par des journalistes spécialisés, il sont mis à jour quotidiennement (ou presque) et traitent de l'ensemble des thèmes liés au sujet, de la stratégie au plus opérationnel.

  1. Secret Défense, le blog défense de Libération, animé par Jean-Dominique Merchet, principalement centré sur l'armée française
  2. Défense ouverte, celui du Point, par Jean Guisnel, également professeur associé à Saint-Cyr, contenant en général des analyses détaillées et recourant souvent à des infographies
  3. Athéna et moi, de Joseph Henrotin, chercheur au Centre d'Analyse et de Prévision des Risques Internationaux et rédacteur en chef adjoint de DSI (Défense et Sécurité Internationale, rien à voir avec l'informatique de gestion)

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jeudi 19 février 2009

Du laisser-aller dans la conduite des programmes d'armement français

La Tribune, dans son numéro du 17 février, indique que le dernier rapport du Comité des Prix de Revient des fabrications d'Armements (CPRA) révèle de sérieuses lacunes dans le pilotage des programmes d'armement français, et notamment dans leur composante économique, qui "n'est pas toujours établie de façon exhaustive". Pour parler clairement, les coûts sont suivis de façon artisanale et peu rigoureuse, et une part importante des charges sont oubliées en cours de route...

Ceci est particulièrement fâcheux et problématique au vu de la durée, de la taille et de la complexité des programmes considérés (avions, navires, systèmes d'informations...), impliquant souvent des milliers de personnes et des dizaines de fournisseurs pendant plusieurs années.

Trois raisons principales sont évoquées :

  • la difficile (et donc parfois non-) inclusion des coûts dus à la participation des services de l'État
  • une mauvaise structuration interne des marchés passés auprès de fournisseurs externes, un recouvrement peu clair entre les très nombreux contrats
  • un outillage (indicateurs de suivi et moyens statistiques) défaillant, handicapant sérieusement les estimations prévisionnelles
S'y ajoutent des redondances entre entités de coordination, aux niveaux hexagonal et européen, mais également de sérieux problèmes dans les expressions de besoins, qui manquent de constance et de précision. Tout ceci s'applique pendant toute la durée de vie des systèmes et équipements, et particulièrement en phase de maintenance, ou quand il s'agit d'y apporter des évolutions majeures.

En bref, les chefs de programme se retrouvent comme des capitaines de cargos géants dans le brouillard, privés de radar et de longue vue, avec une idée vague du chemin restant à parcourir et de l'état de leurs réserves de carburant et 3 bulletins météo contradictoires...

La route sera longue avant d'arriver à une gestion de programme (et fonctions connexes : achats, contrôle de gestion...) réellement professionnalisée et à l'état de l'art ; même si les dérapages et autres approximations sont légion dans le privé comme le public, foi de consultant.

Les sommes concernées s'élèvent en centaines de millions d'euros. En ces périodes de plan de relance, de caisses vides mais également de RGPP impactant fort les budgets et surtout les humains, l'Armée Française ne peut plus se permettre ce genre de gaspillage.

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mercredi 18 février 2009

Madoff battu par l’armée américaine ?

Alors que le scandale Madoff, qui a privé, rappelons-le, la France du record du monde de la plus grosse fraude bancaire détenue jusque là par Jérôme Kerviel, n’a pas fini de livrer ses secrets, on apprend que des officiers de l’armée américaine pourraient avoir fait encore plus fort en Irak.

Selon un article publié par le journal britannique The Independent (plutôt marqué à gauche), les autorités US ont entamé une enquête sur le rôle supposé de haut gradés dans la disparition d’une somme pouvant atteindre 125 milliards de dollars ( !!!). Cet argent fait partie de l’effort fourni par l’Etat américain pour la reconstruction de l’Irak après la chute de Saddam Hussein en 2003.

Selon le gouvernement irakien, de tels détournements ne peuvent avoir eu lieu qu’avec l’aval ou la participation directe d’officiers supérieurs américains (ou leur extrême négligence), au vu de leur position d’influence actuelle. On se souvient qu’en 2004-05, l’ensemble du budget achat du Ministère de la Défense de l’Irak (soit 1,3 G$) était passé dans l’acquisition de quelques hélicoptères russes rongés par la rouille. A l’époque, des dirigeants irakiens avaient porté le chapeau, même si les militaires américains avaient la mainmise sur le Ministère…

Les enquêtes en cours connaissent un élan nouveau favorisé par la fin de la mandature Bush, qui a déclenché la guerre, et dont on se rappelle qu’elle a permis l’accès de nombreux affairistes plus ou moins honnêtes (et plus ou moins proches du pouvoir) à la manne irakienne, souvent sans aucun appel d’offres. L’article cité plus haut rappelle que jusqu’à présent, les seuls Américains (civils ou militaires) mis en cause pour des histoires de corruption ou de détournement l’ont été pour de faibles sommes (quelques milliers de dollars).

Tout ceci ne va certes pas relever le niveau d’adhésion à l’action américaine en Irak…

A un moment où par ailleurs, Obama vient d’annoncer que 17 000 hommes supplémentaires allaient être envoyés en Afghanistan d’ici à cet été (ils y sont 38 000 aujourd’hui), alors qu’un rapport de l’United States Institute of Peace y incite à un changement radical de stratégie.

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mardi 17 février 2009

Qui veut un débat sur le retour de la France au sein de l’OTAN ?

Alors que des voix s’élèvent pour qu’un vrai débat parlementaire, voire un référendum, aient lieu sur le sujet, quels sont en bref les arguments mis en avant des deux côtés ?

Pour un retour au sein du commandement intégré :

  • L’alignement derrière les Etats-Unis, qui pour certains (même si peu l’avouent) est la meilleure chose à faire pour une puissance moyenne comme la France, qui aujourd’hui n’a plus la capacité ni la vocation à mener seule de grandes opérations extérieures, nécessitant d’importants moyens politiques et logistiques

  • Le fait que, parce que la plupart des partenaires européens de la France (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne, Pologne) en font partie, cette dernière se trouve, en étant à l’extérieur, marginalisée dans la plupart des prises de décisions militaires importantes (Kosovo, Afghanistan…). Et ceci malgré son 5ème rang en termes de contribution financière (plus de 100 M€ annuels)…

  • La négociation de contreparties auprès des Américains censées favoriser le développement d’une défense européenne, mais garantissant également un certain nombre de postes à la France. Selon le blog Secret Défense de Libération, il pourrait s’agir d’au moins deux commandements, mais de second ordre : celui de l’Allied Command Transformation (pilotage des transformations de l’Alliance en termes de doctrine, organisation…) et un commandement régional à Lisbonne
  • Le fait que ce que regarde l'opinion internationale (principalement hors OTAN), c'est plus la position par rapport aux États-Unis que les problématiques internes
  • Un rééquilibrage de l'OTAN en faveur de l'Union Européenne

Contre un retour au sein du commandement intégré :
  • La perte de souveraineté de la France, qui par son positionnement relativement « indépendant » peut faire entendre une voix différente de celle des Etats-Unis et de l’OTAN. L’OTAN étant de facto sous le leadership politique, militaire et technologique des Américains, y entrer implique un alignement quasi complet sur eux et une certaine vassalité contre-productive…avec pour corollaire de plus fortes contraintes d’engagement qu’aujourd’hui en cas d’opération militaire alliée, mais également une plus grande influence externe sur les orientations long terme

  • De sérieux bâtons, quoiqu’en dise Nicolas Sarkozy, dans les roues d’une Défense Européenne indépendante des Etats-Unis. Au vu des difficultés actuelles (principalement d’ordres politique et diplomatique, même si de gros efforts restent à faire sur le plan industriel) que rencontre cet aspect de la construction européenne, il est vrai qu’il est aujourd’hui utopique d’imaginer une Europe intervenant sur un grand conflit international de façon unie et sans blanc-seing (même implicite) de l’ami américain. Cependant la construire en passant par le giron US semble une solution de facilité. Cet argument n’est pas partagé par tous, notamment les souverainistes, pour qui une plus grande coopération avec les partenaires européens est cependant préférable à l’alignement transatlantique.

  • Plus prosaïquement, cela mobilise des militaires (notamment des hauts gradés) et occasionne des coûts potentiellement supérieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui

En l’absence de débat, il semble que l’annonce se fera début avril lors du prochain sommet de l’OTAN, marquant le 60ème anniversaire de l’Alliance…on dit que Nicolas Sarkozy serait déjà en train de négocier un siège tout près de celui du Secrétaire Général Jaap de Hoop Scheffer, pour la photo.

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dimanche 15 février 2009

Lisez la propagande russe et chinoise !

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas parler spécifiquement de défense mais comme mon titre provocateur le suggère, vous conseiller de lire régulièrement un certain type de presse étrangère, nommément les dépêches des agences de presse sous contrôle des États chinois et russe, Xinhua et RIA Novosti.

Leurs sites possèdent une version française, et traitent de la plupart des sujets d'actualité, notamment internationaux, mais naturellement avec un tropisme vers leur pays respectif. Leurs dépêches, en général reprises par Google News, y sont traduites en plusieurs langues, dont l'anglais et le français (et le russe pour Xinhua et le chinois pour RIA Novosti).

Bien sûr, les opinions exprimées par les nouvelles de Xinhua ou RIA Novosti sont souvent orientées et alignées sur le discours officiel de l'État russe ou chinois, et en même temps légèrement édulcorées et plus ouvertes que les versions destinées à leurs populations (un peu, toutes proportions gardées, comme peut l'être CNN International). Ainsi ces agences sont des outils d'information à la fois dirigées vers l'intérieur et l'extérieur, où elles permettent d'appuyer et de diffuser la propagande étatique. Xinhua rapporte ainsi directement au Département de l'Information Publique du Parti Communiste Chinois alors que RIA Novosti est une entreprise d'État. Elles possèdent des réseaux de correspondants et de bureaux dans de nombreux pays (également utilisés, au moins dans le cas de Xinhua, pour remonter des informations au gouvernement), et sont au cœur de véritables "empires" médiatiques : journaux, chaînes de TV...

Mais pourquoi les lire ? Principalement, à mon sens, pour deux raisons connexes et complémentaires :

  1. Parce que nos médias hexagonaux et même occidentaux, malgré tout leur sérieux et leur professionnalisme, restent dans l'absolu partiaux et partiels dans leur couverture des évènements, et qu'il est toujours bon d'entendre un son de cloche un peu différent, même s'il peut heurter nos convictions (universalistes ou non)
  2. La Russie et la Chine étant deux puissances de premier plan au niveau mondial, ayant en cumulé 1.5 milliard d'habitants, il est incontournable, pour une bonne compréhension du monde et de ses enjeux, de connaître les points de vue et idées que leurs gouvernants promeuvent auprès de leurs populations (même si souvent cela reste assez policé) ou auprès de l'opinion mondiale. Effet collatéral, cela permet parfois de relativiser certains débats qui sont finalement très locaux à l'échelle du monde.
Alors bien sûr, il faut lire RIA Novosti et Xinhua avec du recul, tout en gardant bien à l'esprit ce qu'elles sont et le niveau de liberté de la presse en Russie et en Chine. Mais en réalisant aussi qu'elles ne sont quand même pas aussi caricaturales que la fameuse Central News Agency nord-coréenne.

Sur des sujets comme la Géorgie, les problèmes énergétiques, les JO ou la défense antimissile américaine, c'est une lecture qui s'avère très enrichissante.

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samedi 14 février 2009

La soif des images de guerre

Un des articles les plus de mon blog depuis début 2009 est celui, très succinct, consacré à la guerre des images sur le Web que se livrent les parties prenantes du conflit israélo-palestinien à l'occasion de l'opération Plomb Durci à Gaza.

Les requêtes pour l'atteindre depuis un moteur de recherche contiennent souvent, en plus de "Israël", "conflit" ou "Palestine", le mot-clé "image" (vous me direz que c'est logique et vous aurez raison). Je vois deux explications principales à ces recherches, en dehors de l'importance et de la gravité de l'évènement en lui-même :

  • le fait que les journalistes aient été tenus à l'écart du théâtre des opérations, privant ainsi l'opinion publique mondiale (ici plus modestement francophone, européenne et maghrébine) d'images, alors qu'elle avait été habituée ces dernières années à une couverture médiatique assez forte (mais le plus souvent "manipulée" et donc orientée). D'où une recherche sur le Web, qui contient, notamment grâce aux plates-formes de type Youtube ou Dailymotion, de plus en plus de vidéos réalisées au plus près du terrain, par des acteurs le plus souvent locaux (et donc à la qualité très variable), qui peuvent ainsi toucher une audience potentiellement mondiale
  • la publicité faite autour des vidéos diffusées par Tsahal et montrant ses attaques aériennes en "live". Le fait qu'il s'agisse d'images de première main, directement du "producteur" de l'évènement au "consommateur", sans intermédiaire journalistique, peut également jouer dans leur popularité, même si elles sont par nature totalement orientées et partiales
Plus récemment, ce sont les termes "crise" et "industrie de défense" qui sont montés en force...mais là pour les images, pas forcément besoin d'aller sur le Web !

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vendredi 13 février 2009

Virus informatique et négligence humaine au menu de la Marine Nationale

La lettre Intelligence Online a révélé la semaine dernière que l'Intranet de la Marine Nationale (Intramar) avait été affectée en janvier par le virus informatique Conficker, qui serait la cause de la plus grosse attaque contre les PC Windows depuis de nombreuses années : on parle de plus de 10 millions de machines infectées à travers le monde. Microsoft offre d'ailleurs 250 000 dollars à qui lui permettra d'identifier son auteur.

Conficker exploite une faille du système Windows, normalement corrigée par un patch (mise à jour) livrée par Microsoft en octobre 2008, mais apparemment cela n'a pas suffi pour protéger le système d'information de la Marine. Par mesure de sécurité, Intramar a été coupé pendant quelques jours, avec pour conséquence une immobilisation des Rafale de l'aéronavale. Ce que le Ministère de la Défense a ensuite démenti dans Le Monde, affirmant que les seuls effets avaient été quelques pannes et ralentissements.

Mais point de complot ourdi spécialement contre l'Armée Française : Conficker s'est tout simplement introduit sur Intramar au moyen d'une clé USB infectée. C'est donc directement une imprudence d'origine humaine qui est à l'origine de cette "attaque".

Cet épisode appelle quelques remarques succinctes :

  • on peut s'étonner (et en un sens déplorer) que l'Armée Française soit aussi dépendante de Windows de Microsoft pour ses systèmes d'information, alors que des alternatives Open Source crédibles existent (et que les initiatives du Ministère de la Défense en ce sens se font de plus en plus nombreuses).
  • sachant que la Marine Britannique avait subi la même infection à fin 2008, on aurait pu s'attendre à ce que des mesures de vérification et amélioration des patches Windows soient réalisées de façon préventive
  • il peut également paraître surprenant que la protection contre les risques portés par une simple clé USB (infection comme fuite de données) ne soient apparemment plus pris au sérieux, sachant que différentes solutions (plus ou moins drastiques et contraignantes) sont utilisées par de nombreuses entreprises
  • les mesures de remédiation en cas d'attaque sont souvent plus impactantes opérationnellement que ses effets directs ("le remède est pire que le mal"), mais après tout, la paralysie peut-être l'effet recherché, notamment lors d'un conflit
  • même avec des procédures strictes et des systèmes technologiquement performants, le risque zéro n'existe pas, notamment lorsque le facteur humain entre en piste (cf. pour rappel l'affaire des informations confidentielles sur Al-Qaïda égarées dans un train par un fonctionnaire britannique, relatée sur ce blog)
  • on voit ici apparaître une limite de la notion de Network Centric Warfare, pour laquelle la mise en réseau est au coeur de la puissance militaire : les différentes plates-formes (véhicules, systèmes d'armes, centres décisionnels...) y sont totalement dépendantes de l'état de ce réseau, et leur capacité d'action en cas de défaillance de celui-ci est sérieusement amoindrie
  • tout ceci pose de sérieuses questions sur le niveau réel de sécurité des réseaux informatiques militaires français, et leur capacité à faire face à des attaques autrement plus malveillantes que celle relatée ici

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dimanche 8 février 2009

Soixante ans après la Deuxième Guerre Mondiale, le retour des soldats allemands en France

Hervé Morin a annoncé hier à Munich (à l'occasion du sommet au cours duquel Joe Biden s'est exprimé sur le bouclier antimissile américain) l'installation d'un bataillon de la Bundeswehr, et plus précisément de la Heer (armée de terre) à Illkirch, près de Strasbourg, et donc tout proche de la frontière.

Comptant 600 à 700 hommes, il sera constitué de compagnies de reconnaissance, d'infanterie et de soutien. Il sera placé sous l'autorité de la Brigade Franco-Allemande (BFA), mise en oeuvre en octobre 1989 afin de promouvoir des rapprochements entre les deux pays en termes d'hommes, équipements et fonctionnement. La BFA compte aujourd'hui environ 2800 soldats allemands et 2300 français, stationnés dans le Sud de l'Allemagne. Elle est notamment intervenue à Sarajevo et à Kaboul.

Strasbourg, déjà siège de l'Etat-Major de l'Eurocorps (corps d'armée européen, comme son nom l'indique, dont fait partie la BFA), y voit, au-delà du symbole, une certaine compensation aux impacts de la nouvelle carte militaire, qui prévoit la fermeture de plusieurs casernes françaises dans la région et plus généralement dans l'Est.

D'autant que cette arrivée de soldats allemands en France s'accompagne du rapatriement du 16e bataillon de chasseurs de Sarrebourg (environ 1000 hommes) à Bitche (Lorraine), qui doit perdre son régiment d'infanterie.

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samedi 7 février 2009

La défense antimissile américaine poursuit son développement sous Obama

Joe Biden, Vice-Président américain, a indiqué aujourd'hui lors de sa première intervention en Europe, à Munich, que la poursuite du projet de bouclier antimissile était toujours d'actualité :

Nous allons continuer à développer nos défenses antimissiles pour contrer les capacités grandissantes de l'Iran, à condition que la technologie fonctionne et que le coût en vaille la peine
L'objectif affiché est encore la protection contre les missiles balistiques de l'Iran (ainsi que de la Corée du Nord et autres rogue states), qui vient de réussir son premier lancement de satellite le 2 février. Un satellite made in Iran, Omid ("Espoir") le bien nommé, dont la finalité annoncée est de couvrir une partie des besoins en télécommunications du pays. Des sources militaires US citées par les médias d'Outre-Atlantique insistent surtout sur le symbole que représente un tel lancement, qui a priori ne modifie pas l'équilibre des pouvoirs dans la région.

On se rappelle que Barack Obama s'était exprimé en faveur du bouclier pendant la campagne présidentielle, à condition qu'il soit faisable techniquement et financièrement supportable. Des voix s'élèvent depuis toujours pour questionner l'efficacité globale d'un système d'interception de missiles nucléaires depuis le sol, arguant notamment que la Missile Defense Agency (MDA) en charge du programme ne précise pas ses hypothèses en termes de contremesures (leurres principalement) adoptées par les fameux états voyous.

Le discours de Biden se veut cependant plus ouvert que celui de la précédente administration :
Nous le ferons en concertation avec nos alliés de l'Otan et avec la Russie.
Pas sûr que cela suffise à "rassurer" le géant russe, prêt à déployer ses Iskander (portée de 400 km, voir la photo du monstre) dans l'enclave de Kaliningrad et les pointer sur le site de Pologne qui doit accueillir à horizon 2014 les 10 missiles intercepteurs ; la République Tchèque devant de son côté héberger une station radar de tracking couplée aux batteries polonaises, sous réserve que son parlement entérine l'accord passé avec les Etats-Unis.

Bref, une affaire à suivre, et qui risque d'être, avec l'évolution de l'OTAN, au coeur des relations USA - Russie lors des prochaines années...qui l'est en fait depuis l'élection d'Obama, puisqu'au concert de félicitations du monde entier s'étaient jointes des déclarations très offensives de Medveded sur le sujet.

Et histoire de détendre l'atmosphère en ce début d'année, Joe Biden a également affirmé (sans surprise aucune) que les Etats-Unis ne reconnaîtraient pas l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.

A suivre également l'OTAN de l'ère Obama, que la France doit réintégrer pleinement : les "alliés" des Américains auront-ils un peu plus droit au chapitre, ou seront-ils laissés (avec une certaine complicité de leur part) dans leur rôle de suiveurs ?

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dimanche 1 février 2009

Dernières nouvelles d'Irak

Une fois n'est pas coutume, deux bonnes nouvelles d'Irak cette semaine :

  • le relatif bon déroulement des élections provinciales ce samedi, répétition générale des élections parlementaires au printemps 2010, et somme toute jalon important dans le reconstruction laborieuse du pays.

  • la non reconduite par le gouvernement irakien du contrat de la société de sécurité privée Blackwater (en gros, des mercenaires), présente en Irak pour appuyer l'armée américaine et ses alliés. On se rappelle notamment de la tuerie de septembre 2007, au cours de laquelle 14 (selon les Américains) à 17 (selon les Irakiens) civils trouvèrent la mort suite à une "bavure" de 5 agents de l'entreprise américaine. Les États-Unis, bien qu'ayant cédé à la demande irakienne, avouent ne pas savoir encore comment remplacer les milliers d'employés de Blackwater. Dyncorp (dont des agents ont été mêlés à des trafics d'armes en Bosnie-Herzégovine) et Triple Canopy (déjà impliquée dans quelques morts de civils en Irak) sont sur les rangs, à la demande du Département d'État, qui leur a soumis par anticipation un appel d'offres.
Je reviendrai à l'occasion sur le développement de ce type d'entreprise paramilitaire, acteurs au niveau global de la privatisation de la guerre.

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