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Mon Blog Défense

vendredi 29 avril 2011

Café Stratégique du 24 mars (RAM) : quelques remarques personnelles

Je n'ai pas eu la chance d'assister au Café Stratégique du 24 mars dont l'invité était Laurent Henninger, venu parler des Révolutions dans les Affaires Militaires (RAM ou RMA pour les Américains).



Cependant, j'en ai eu quelques échos, notamment au travers du compte-rendu qu'en a fait Olivier Kempf (CR Café Strat : RAM (Henninger)). Ce qui amène les remarques suivantes :
  • Dans une démarche scientifique, une notion qui ne sert pas vraiment pour décrire le réel devient inutile et sort des équations (comme les orbes de Ptolémée). Est-ce la conclusion à laquelle on peut arriver concernant la RAM, si l'on s'en tient à parler de "mutations" ?

  • Olivier Kempf n'en fait pas explicitement état, mais l'un des fondements de l'argumentation de Laurent Henninger reposait sur le passage d'un "courage héroïque" antique à un "courage stoïcien", accompagnant sur le champ de bataille les fantassins désormais assujettis au feu. Ce "courage héroïque" fait clairement référence, car l’ethnocentrisme guette, aux hoplites grecs, dont les Spartiates sont la plus pure illustration. Ceci dit, il est loin d'être évident qu'à la même époque, les armées d'esclaves des empereurs perses, pour ne prendre que cet exemple, débordaient de ce "courage héroïque"...

  • Et aujourd'hui, est-ce qu'Al Qaida et plus largement le concept de martyr ne réintroduisent pas une dose de ce fameux "courage héroïque" ?

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mercredi 27 avril 2011

"La méthode Colbert ou le patriotisme économique efficace" d'Olivier Pastré

Je signale à mes lecteurs portés sur l'économie et l'industrie l'ouvrage d'Olivier Pastré, La méthode Colbert ou le patriotisme économique efficace, publié en 2006 aux éditions Perrin.


Comme son titre l'indique, il s'agit de montrer que Colbert et sa vision de l’État peuvent aider aujourd'hui la France à relever le défi de la mondialisation, avec une approche méthodique, propre à favoriser l'innovation et la mise en place d'une véritable politique industrielle. On reconnait là une partie du discours des tenants du "patriotisme économique", d’Éric Delbecque (qui cite d'ailleurs le présent ouvrage dans son Quel patriotisme économique ?) à Bernard Carayon (Patriotisme économique : de la guerre à la paix économique).

Les parallèles historiques avec le règne de Louis XIV invitent nos dirigeants à faire foin des réactions émotionnelles et des gesticulations démagogiques (affaires Mittal-Arcelor, Danone...) pour, sans recréer de ligne de Maginot, faire comme tous leurs petits camarades en mettant en place un cadre subtil au service de l'économie française. Car c'est un fait, de nombreux pays font du protectionnisme à la M. Jourdain, sans le crier sur tous les toits. Et pour Olivier Pastré, le seul moyen d'éviter la "djerbaïsation" de la France, c'est d'en faire un acteur de rang mondial dans la finance et la haute technologie (quitte à sacrifier la PAC). Ce qui passe à la fois par plus de rigueur budgétaire, mais aussi la fin du saupoudrage en ce qui concerne les pôles de compétitivité. L’État, pour gagner son rang d' "État Soleil", doit trouver le moyen de s'appuyer sur les corps intermédiaires (car il ne peut tout faire tout seul), établir les conditions d'un équilibre public-privé, valider l'échelon régional comme le plus pertinent pour l'ancrage économique mais également revaloriser l'immigration "équilibrée", un peu à la manière de Colbert et ses industriels hollandais.

On relèvera quelques perles savoureuses dans l'ouvrage : Nokia n'est pas "irrémédiablement" norvégien, la monnaie sous-évaluée de la Chine n'est pas le yen, le contraire de "win-win" n'est pas "loose-loose". Par ailleurs, ayant été écrit en 2006, il dépeint une Irlande idéalisée et a forcément un train de retard sur Euronext.

Ceci dit, le bilan relatif à Colbert est relativement lucide : ses échecs ou du moins ses faiblesses sur la politique sociale, les Compagnies, le positionnement industriel (il a tout misé ou presque sur le luxe, peut-on y voir un parallèle avec aujourd'hui ?), le simplisme de son mercantilisme, son obsession pou les Pays-Bas et donc son incapacité à envisager la montée en puissance de l’Angleterre.

Pour autant, les acquis de Colbert sont également mis en valeur, signe que l'ouvrage s'est assigné un objectif de réhabilitation historique : réhabilitation des villes, équilibre budgétaire, unification du royaume, mise en place d'un environnement économique et industriel propice à l'innovation et l'investissement, établissement des fondations de l'administration française et au-delà de l'Etat français (sous l'inspiration de Louis XIV).

En conclusion, Olivier Pastré vise à s'ériger contre les déclinistes qui sévissent sous nos latitudes, en montrant qu'une approche méthodique, dépassant les clivages politiciens (est-ce réaliste ?), et avant tout nationale, tant que l'Europe politique n'est qu'une illusion, est possible.

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lundi 25 avril 2011

Un entretien avec l'équipe de Parlons Défense

Marguerite de Durand, pour l’équipe de Parlons Défense, a accepté de répondre à quelques questions concernant le nouveau site « jeunes » du Ministère de la Défense et la page Facebook associée.

Quels sont les principaux constats sur le lien armée-jeunesse à l’origine de la création du portail Parlons Défense et de la page Facebook associée ?

Le projet « Parlons Défense » est né d’un constat fait par le ministère de la Défense : alors que les valeurs de la Défense sont fortement compatibles avec les idéaux de la jeunesse, les jeunes ont en grande majorité une image de la Défense négative et en partie stéréotypée, liée principalement à une méconnaissance des sujets de Défense comme de l’institution.

La DICoD [Délégation à l'information et à la communication de la Défense, NdAGS] a donc souhaité lancer une initiative qui aurait pour but de faire évoluer positivement cette vision : elle a choisi de le faire sur l’incontournable Facebook (97 % des 13-25 ans sont inscrits sur Facebook…), et a confié à spintank la conception et l’animation d’une action sur ce réseau social.


D’une façon plus générale le lien entre l’Armée française et les jeunes citoyens a-t-il des spécificités par rapport à ce qui peut exister chez nos voisins européens ? Quelle image ont les jeunes de notre armée ?

Le jeune citoyen français a forcément un contact avec la Défense, au cours du parcours de citoyenneté. Parcours qui comprend 3 étapes : un enseignement de Défense en 3e, le recensement à 16 ans, et surtout la JDC, Journée Défense et Citoyenneté.

Mais cette JDC est perçue par les jeunes comme essentiellement axée sur le recrutement et ne parvient pas ou peu à créer de lien particulier entre les militaires et les jeunes.

Elle ne suffit donc pas à l’image de l’armée, plutôt négative donc, puisque une étude réalisée pour la DICoD en 2010 montre que les jeunes perçoivent la Défense en majorité comme :

  • lointaine et distanciée- avec une actualité faite en dehors du territoire national ;
  • impénétrable, marquée par le culte du secret ;
  • peu attractive, associée à l’idée de la mort, de la difficulté physique et mentale par le manque de confort et l’excès de pouvoir.

Quelques points positifs émergent néanmoins puisque certains jeunes associent la Défense à la sécurité et la paix, à l’aide humanitaire et à la protection et aux valeurs de solidarité et de respect.


Quels sont les principaux objectifs poursuivis par le projet : recrutement, amélioration de l’image de l’armée, communication autour de la JDC, resserrement du lien armée-nation… ?

Le projet « Parlons Défense » souhaite reconnecter les jeunes et la Défense : en alliant pédagogie des sujets et discussion, et en allant sur un espace bien connu des jeunes, Facebook, il s’agit de faire passer la Défense d’un monde lointain à un monde proche.

« Parlons Défense » s’inscrit en plein dans le resserrement du lien armée-nation, et n’a aucune velléité de recrutement !


Quels sont les principaux indicateurs suivis pour mesurer le succès du projet ?

Le nombre de fans sur la page Facebook bien sûr, mais aussi la quantité et la qualité des échanges sur la page : la qualité de la participation est un bon indicateur d’intérêt et de compréhension – Or, c’est très encourageant car les échanges à ce jour sont quotidiens et demandent pour autant très peu de modération…


Comment ce portail s’insère-t-il dans la communication globale de l’Armée française vis-à-vis des jeunes citoyens, notamment la Commission armées-jeunesse ?

Comme vous le dites vous-même, Parlons Défense est un portail et a en cela un rôle de coordination et de diffusion de l’ensemble des productions du ministère à destination de la jeunesse.

L’équipe de Parlons Défense, coordonnée au sein de la DICoD, rencontre donc régulièrement les acteurs jeunesse du ministère pour récolter leurs travaux, diffuser leurs actualités, et, de manière générale, travailler ensemble sur la suite.


La page Facebook revêt naturellement un aspect participatif : les échanges se font-ils dans un seul sens ou alors attendez-vous des propositions de la communauté ainsi fédérée ?

Pour privilégier l’échange, le choix a été fait sur « Parlons Défense » de laisser la page Facebook ouverte à toutes discussions, dans la limite d’une charte de modération, bien sûr.

Les fans peuvent commenter les publications de « Parlons Défense », mais également poster leurs propres messages – textes, images ou vidéos – sur le mur ou encore lancer les discussions de leur choix dans l’onglet « Discussions ».

La communauté a donc tout loisir de proposer des sujets d’échange…


Y a-t-il des initiatives similaires à l’étranger qui ont servi d’inspiration, comme par exemple le site myfuture.com du DoD américain ?

Un benchmark à l’étranger a été fait en début de projet, surtout pour comprendre ce que faisaient les ministères de la Défense étrangers sur Facebook, mais on ne peut pas vraiment parler d’inspiration directe puisque les initiatives étrangères à destination des jeunes sont faites pour l’instant dans un but de recrutement plus que d’opinion.


Le projet « Parlons Défense » prévoit-il d’autres initiatives dans un futur plus ou moins proche ?

L’équipe de Parlons Défense croit au web mais également à l’échange terrain-web !

L’équipe sera donc présente sur le stand Défense de la DICoD au salon du Bourget [du 20 au 26 juin 2011, NdAGS] pour présenter à tous les jeunes visiteurs le projet : ceux qui le souhaiteront pourront prolonger leur visite sur Facebook.

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jeudi 21 avril 2011

Cafés Stratégiques : Joseph Henrotin et la résilience dans l'antiterrorisme

Pour leur septième édition, les Cafés Stratégiques invitent Joseph Henrotin, docteur en sciences politiques, rédacteur-en-chef de la revue Défense & Sécurité Internationale, membre- ondateur d'Alliancegeostrategique.org, chargé de recherches au Centre d'Analyse et de Prévision des Risques Internationaux (CAPRI) et à l'Institut de Stratégie et des Conflits (ISC). Avec son ouvrage « La résilience dans l'antiterrorisme », il est l’un des premiers auteurs francophones à travailler sur le concept de résilience entre-temps intégré au dernier Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale.



« "Savoir encaisser" des attaques terroristes n’est pas tout : il faut comprendre les circonstances dans lesquelles la résilience est amenée à jouer un rôle. C’est d’autant plus le cas que, dans la complexité de nos « sociétés-réseau », les réactions systématiques et prévisibles ne sont pas légion. Ce qui laisse, au demeurant, la possibilité de véritablement construire une résilience, entre autres sur base d’un certain nombre d’expériences. Il s’agit donc non seulement de comprendre le phénomène pour optimiser nos stratégies mais, également, de renforcer la probabilité d’émergence des résiliences sociétale et politique. Mais il s’agit aussi, en retour, d’utiliser la résilience comme un instrument stratégique permettant de participer à l’élargissement de la liberté de manœuvre des décideurs politiques » (source : RMES).

Venez donc nombreux et curieux le jeudi 28 avril 2011 à 19h au Café Le Concorde (239, bd Saint-Germain, à Paris, métro Assemblée Nationale).

Sur le même thème, voir ma courte fiche de lecture relative à l'ouvrage Les principes de la résilience en France.

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lundi 18 avril 2011

Citation de la semaine : Bernard Carayon, sur la "guerre entre amis"

Après une petite semaine de gel, l'activité reprend sur le blog. Et pour commencer, une petite citation issue du Patriotisme Economique de Bernard Carayon, qui cite lui-même Le Rêve américain en danger d'Edward N. Luttwak :

"Même s'ils ne pensent pas à rivaliser militairement, même s'ils coopèrent quotidiennement dans des dizaines d'organisations internationales ou de toute autre façon, les Etats demeurent profondément antagonistes". Luttwak promeut ainsi le concept de géo-économie qui remplace la guerre et les conquêtes territoriales par un appui stratégique aux firmes par et pour des conquêtes commerciales. A la guerre entre ennemis, s'est bien substituée la guerre entre amis. Les métaphores militaires ne sont pas neutres chez Luttwak : elles impliquent une mobilisation des moyens nationaux mais avant tout, une culture offensive de projection à l'international.



Cette thématique des liens entre "guerre" et "économie" m'occupe un peu en ce moment, pour des raisons sur lesquelles je reviendrai. On peut rétorquer que ni "la guerre entre amis" ni l'appui commercial par les Etats ne sont des nouveautés (je citais d'ailleurs récemment Colbert). Ou même que, n'en déplaise aux plus ardents défenseurs de la géo-économie (voir ma courte fiche de lecture de La géopolitique et le géographe, d'Yves Lacoste et Pascal Lorot), la géopolitique n'est pas morte !

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vendredi 8 avril 2011

Citation de la semaine : Jean-Baptiste Colbert, sur les coûts de la guerre

Jean-Baptiste Colbert, connu entre autres pour son souci de l'équilibre budgétaire, ne pouvait pas n'avoir rien dit du coût de la guerre :

Celui qui fait la guerre à meilleur marché est assurément supérieur à l'autre


Colbert, homme mesuré, en partie guidé par sa détestation de Louvois, n'aimait pas franchement la guerre, sauf si celle-ci s'inscrivait dans la défense des intérêts économiques du pays. Ainsi, admirateur (et envieux) du dynamisme entrepreneurial hollandais, il n'aurait pas été contre un assujettissement de cette nation de "bourgmestres".

Et je rappelle que Les guerres low cost, ouvrage collectif de l'Alliance Géostratégique, est toujours en vente !
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mercredi 6 avril 2011

A lire sur EGEA : Champion national français

Olivier Kempf analyse les conclusions d'un éditorial de Jean Pisani-Ferry (Le Monde Economie) sur la compétitivité comparée de l'Allemagne et de la France, y soulignant notamment l'importance du maillage de PME performantes à l'exportation chez nos voisins d'outre-Rhin.

Il s'agit d'un sujet sur lequel je serai amené à revenir dans les semaines à venir (avec notamment une "surprise" d'ici l'été).

En attendant je vous renvoie à un article que j'ai publié l'an dernier sur l'Alliance Géostratégique lors du mois consacré à l'Allemagne : Allemagne, Chine, France et Union Européenne.

J'y reprenais notamment une citation d'un patron français :

Les entreprises allemandes, quand elles viennent en Chine, ont recours à d’autres entreprises de leurs pays, par exemple pour la sous-traitance. Nous, les PME françaises, quand on demande de travailler avec les grands groupes, on est trop souvent regardé avec dédain. Le problème, pour résumer, c’est qu’on ne sait pas travailler ensemble. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir le chantier de l’ambassade de France à Pékin pour s’en convaincre !

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lundi 4 avril 2011

Souvenirs de Madrid...


Quelques photos autour d'un thème commun (lequel ?) prises à Madrid en février 2011...











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samedi 2 avril 2011

Trois alliés géostratégiques dans la Revue de Défense Nationale

Le numéro d'avril 2011 de la RDN (voir le sommaire) contient pas moins de trois articles de membres de l'Alliance Géostratégique :

  • Les guerres low cost - Stéphane DOSSÉ : Activité sous contraintes financières de plus en plus fortes, la préparation et la dotation des forces en moyens de combat doit se repenser. Les clés de ce qui pourrait être une révolution sont la concentration sur l’action opérationnelle, la préservation de la qualité du noyau essentiel et la limitation drastique de l’accessoire. L’adaptation permanente devient la règle.

  • La DAMB, l’Otan et le spatial - Olivier Kempf : L’auteur explore les relations complexes qui existent entre la défense antimissiles balistique et la stratégie spatiale. Il expose la réalité de la menace balistique et montre comment l’Otan s’est saisie de cet enjeu et a arrêté sa politique lors du récent Sommet de Lisbonne.

  • Entreprises militaires et de sécurité privées et réserve opérationnelle - Victor Fèvre : Comment articuler les entreprises militaires et de sécurité privées et la réserve opérationnelle ? C’est à cette question complexe que répond l’auteur qui examine les options et les limites, à la fois légales et pratiques, et propose différentes possibilités de mise en oeuvre.

Il contient également une critique de l'OTAN au XXIe siècle d'Olivier Kempf, que je me suis procuré mais que je n'ai pas encore lu (je me le réserve, vu son épaisseur, pour une période plus calme).

Les guerres low cost sont bien évidemment toujours en vente.

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