A la Une

Mon Blog Défense

vendredi 29 février 2008

La tentation du civil des fleurons du militaire

Thales se porte bien en bourse. Le groupe français vient par ailleurs de remporter la mise en oeuvre du système de signalisation de la ligne de métro Seoul-Bundang. Bref, de bonnes nouvelles de la part d'un champion national de l'industrie de défense. Mais pour combien de temps encore ?


Ma question ne porte pas sur le fait que Thales reste tricolore ou un champion, mais bien sur le mot "défense".


Il y a 10 ans, Thomson-CSF (qui devait devenir Thales, pour certains suite à une croisière en frégate du côté de Formose) était un spécialiste français de l'électronique de défense. Aujourd'hui, cette activité ne recouvre plus que 50% de son chiffre d'affaires mondial (environ 12 milliards d'euros), au profit de l'aéronautique et de la sécurité, en très forte croissance.


Il en est de même pour Dassault, dont les résultats pour 2007 marquent une suprématie des activités civiles.


Grâce aux fameuses technologies duales (ayant à la fois des applications militaires et civiles), le savoir-faire acquis par ces fleurons se voir offrir de nouveaux débouchés, les rendant moins dépendants des commandes et autres demandes (projets de recherche sans intérêt commercial...) de l'Etat, qui est par définition un client spécial.


Mais dans le civil, moins "politique", moins "national" et "spécifique", plus industrialisé, plus concurrentiel, à la technologie évoluant parfois plus vite, la compétition est plus féroce, de même que les perspectives de croissance et de rentabilité.


Quelle conséquence pour les militaires français, si leurs fournisseurs traditionnels se recentrent sur le monde civil ?

Bien sûr, il n'y a pas de menace immédiate de voir l'ensemble des acteurs hexagonaux (ou européens) quitter le secteur de la défense, plombant ainsi la relative autonomie technologique et le pouvoir de prescription sur ses fournisseurs locaux (sur la R&D notamment) dont jouit la DGA.


Cependant, face à des acteurs civils, mondialisés, qui ne sont plus captifs d'un client presque unique, faire entendre sa spécificité est plus difficile. Les financements étatiques ne sont plus incontournables pour ces entreprises, qui peuvent autofinancer leur R&D.


La seule solution viable se situe à l'échelle européenne, au sein de l'Agence Européenne de Défense, qui doit permettre de mutualiser dans une structure simple les efforts des états et ainsi de peser face aux industriels, en orientant des études amont vers les besoins spécifiques des armées. Ceci doit nécessairement être accompagné par une veille technologique "tous azimuts", éventuellement, pour des raisons de faisabilité, segmentée entre états européens.

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine

mercredi 27 février 2008

Le Premier Ministre tchèque rebondit sur le bouclier anti-missile américain

Lors d'un discours prononcé en anglais aux Etats-Unis, Mirek Topolanek a réaffirmé la volonté de son pays d'accueillir des stations radar anti-missile américaines.

Les différents relatifs au site géographique à sélectionner semblent être applanis et des discussions en ce moment même avec le Président Bush doivent permettre de sceller un accord définitif.

Les Tchèques (et les Polonais) accusent directement les Russes, qui s'insurgent contre ce bouclier, de vouloir redéployer en Europe de l'Est leur sphère d'influence bien dégonflée ces dernières années.

Les discours politiques de Poutine et ses alliés, en ces temps d'élections (législatives fin 2007 et présidentielles très bientôt), vont clairement dans ce sens et agitent le spectre de la Guerre Froide.
Gesticulations purement populistes et électoralistes (voir notamment l'excellent documentaire diffusé le 26/02/08 sur Arte) ? Pas si sûr, d'autant que certains experts pensent à une nouvelle émergence sur la scène mondiale, à moyen terme, de grands états autoritaires, très militarisés et aggressifs (la Russie et la Chine, pour ne pas les nommer), ce qui signifierait par ricochet un retour en force de la guerre d'attrition en vogue au siècle dernier : déploiements capacitaires, course aux armements... Il est vrai que de nos jours, la "guerre asymétrique" a beaucoup plus la côte, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, de même que la "guerre de l'information" au travers des doctrines en vogue sous le nom de "Network Centric Warfare" ou "Opérations Réseaux Centrées" en France. Pour le moment, ces notions n'ont réellement été à l'oeuvre que contre des adversaires très inférieurs technologiquement et en nombre (Afghanistan, Irak, Serbie...), donc peut-on considérer qu'elles ont fait leur preuve ?

L'histoire n'étant qu'un éternel recommencement, à quand la prochaine crise des missiles de Cuba ?

Ah oui, et comme au bon vieux (O) temps, l'Union Européenne est spectatrice...

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine

lundi 25 février 2008

A l'Est rien de nouveau

Décidément, on peut vraiment se demander si la Guerre Froide est réellement finie.

Autre exemple du rafraîchissement, après l'épisode du missile écologique anti-satellite américain, les négociations entre Etats-Unis, Pologne et République Tchèque concernant l'installation de bases anti-missiles sur le sol de ces dernières (radars longue portée pour les Tchèques et Patriot pour les Polonais), débutées officiellement en 2007.

L'intention affichée par les Américains est de mettre en oeuvre l'élément européen de leur bouclier anti-missiles visant à se protéger des "états voyous", au premier rang desquels figure l'Iran.

Evidemment, tout ça ne fait pas plaisir à Moscou, qui y voit une menace contre la sécurité nationale russe, et qui n'aime évidemment pas que l'ennemi d'hier s'immisce dans sa sphère d'influence géographique "naturelle", et qui a donné de la voix fin 2007 : la Pologne a une frontière commune avec l'enclave de Kaliningrad et n'est séparée de la "métropole" russe que par la Biélorussie, qui pourrait accueillir , en écho, des batteries anti-missiles russes. En même temps, on voit mal l'Iran ou la Corée du Nord attaquer Varsovie ou Prague.

Le seul hic, c'est que les négociations achoppent en ce début 2008...les Polonais souhaitent, en échange de ce service rendu aux Etats-Unis (qui leur permet tout de même de rénover une partie de leur défense aérienne), une aide sur le long-terme de 20 milliards d'euros (qui iraient à au moins 75% gonfler le chiffre d'affaires de Lockheed Martin, Boeing, Northrop et autres fournisseurs américains), ainsi qu'un accord bilatéral de sécurité...

Cette histoire ne plait pas non plus à l'Union Européenne et à tous les partisans d'une défense commune. Mais voilà, au vu de leur histoire récente, les anciens pays du bloc de l'Est ayant rejoint l'UE ont tendance à plus faire confiance aux Etats-Unis pour ce qui relève de leur sécurité. Et ceci pèse sur les efforts de mutualisation et de coopération (militaire, technologique, économique) entrepris sur le Vieux Continent, qui n'a vraiment pas besoin de ça.

Avec le nouveau gouvernement élu en Pologne, voyons s'ils préfèreront le Rafale au F22-Raptor.

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine

vendredi 22 février 2008

La guerre des étoiles n'aura pas lieu (?)

Robert Gates, secrétaire d'état américain, s'est félicité de la destruction du satellite en perdition par un missile SM-3 de Raytheon au-dessus du Pacifique, y voyant un signe de l'efficacité du bouclier antimissile américain.

Par ailleurs, il est bon de rappeler que les fonctions et objectifs précis dudit satellite étaient et sont toujours classifiés, de même que son coût exact.

Moi qui pensais que l'objectif de cette interception était purement écologique...on se souviendra que l'an dernier, la Chine s'était attiré une salve de critiques après avoir détruit un satellite météo (peut-être parce qu'il n'annonçait que du mauvais temps ?) au moyen d'un missile faisant partie, lui, d'un dispositif clairement affiché comme anti-satellite. Certes, les Chinois avaient tiré sans prévenir personne.

Une réponse du berger à la bergère ? La peur du côté américain que la technologie portée par le satellite tombe entre de mauvaises mains ? Pour les 2 questions, les Américains ont répondu non (depuis les années 1980 tout le monde sait qu'ils sont capables d'atteindre un objet spatial avec un missile tiré depuis la surface terrestre).

Je suis au moins rassuré par le fait que les débris devraient se désagréger en entrant dans l'atmosphère...

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine

jeudi 21 février 2008

De la mobilité des chars...

Dans son excellent blog, le journaliste Jean-Dominique Merchet nous informe que l'armée de terre va se doter d'un nouveau véhicule à chenilles à "haute mobilité", le suédois Hagglund et le singapourien STK Bronco étant en lice sur ce marché.

On apprend aussi que les Britanniques, qui possèdent déjà de tels véhicules, trouvent que leur consommation est élevée. Ceci appelle 3 remarques principales :

1)La mobilité d'une unité militaire quelle qu'elle soit est égale à la mobilité de son élément le moins mobile. Mettre à niveau un maillon est insuffisant si les autres ne suivent pas.

2) Mobilité tactique ne signifie pas mobilité opérationnelle : certes les chenilles améliorent le passage de certains types de terrains, mais quid du ravitaillement dû à la forte consommation en carburant ? Perdre de l'autonomie, c'est pénaliser la chaîne logistique (sans parler du coût économique), exposer des éléments vulnérables, perturber le déroulement des opérations...

3) Certes cela n'est pas lié directement à l'article, mais on ne peut que déplorer que le marché européen des véhicules terrestres soit encore aujourd'hui si fragmenté. A quand une consolidation dépassant les clivages nationaux, comme dans l'aéronautique (peut mieux faire), les missiles ou l'espace (ce sujet sera développé ultérieurement) ?

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine

mardi 19 février 2008

Investissements Recherche et Développement de Défense : quelle doctrine pour l'UE ?

C'est un fait, le budget de R&D de défense des Etats-Unis est environ 6 fois supérieur à celui des 27 états de l'Union Européenne (67 milliards d'euros d'un côté contre 11 milliards d'euros de l'autre).

Cet écart reflète une divergence de vision stratégique :
-si les Etats-Unis refusent toute dépendance technologique, ont une démarche de R&D "tous azimuts" (l'ensemble des secteurs technologiques - systèmes d'information, satellites, drones, missiles, optronique...doivent être couverts) et parient sur les utilisations civiles des avancées initialement militaires...

-au niveau européen, malgré la création de l'Agence Européenne de Défense (chargée sommairement de promouvoir la coopération au niveau européen des politiques de défense, notamment dans leurs aspects capacitaires et technologiques), qui va dans le bon sens, la stratégie est moins formelle et beaucoup plus opportuniste...Hormis la France (et le Royaume-Uni qui a eux seuls représentent environ 75% des dépenses de R&D de l'UE !), les autres pays ont un niveau d'investissement plutôt faible, et il n'y a pas de positionnement clair et partagé faisant écho à celui des États-Unis.

Or la R&D est un aspect crucial de la préparation du futur pour les armées, et sans elle pas d'évolution des équipements, pas de vision prospective de "l'espace des possibles" qui influence nécessairement "l'espace des souhaitables".

Alors, quelle ambition et quels moyens pour la R&D de Défense européenne ?

Nous y reviendrons (ce sera un des sujets majeurs de ce blog, car il me tient particulièrement à coeur).

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine

En guise d'introduction

Bonjour à tous et toutes,

Ce blog se veut un lieu de partage de mes expériences et humeurs sur le secteur de la défense, à la fois dans ses aspects purement militaires (stratégie, doctrine) mais aussi économiques et techniques. Il a également pour objectif d'être un pointeur vers tous types de ressources utiles, avec notamment, si j'en ai le courage, des fiches de lecture de quelques ouvrages pertinents.

Il n'a bien sûr pas vocation à rivaliser avec les revues spécialisées, les instituts et autres centres d'analyse stratégique ou les experts technologiques.

Mes sujets de prédilection touchent aux concepts de guerre en réseau (ses attraits et ses limites), à la dissuasion (nucléaire, mais pas seulement), aux interactions entre le pouvoir politique et l'armée dans les processus de décision, à la place de la défense dans l'économie...

Bonne lecture, en espérant modestement que mes billets vous soient utiles, ou à défaut qu'ils attirent votre attention.

Tout commentaire sera naturellement TRÈS apprécié.

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine