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Mon Blog Défense

lundi 31 août 2009

[Le B.A.-BA] : Efficacité et efficience

Quittons un peu la sphère technologique. On voit souvent les deux termes "efficacité" et "efficience" utilisés de façon plus ou moins interchangeables dans les médias ou sortant de la bouche des hommes et femmes politiques.

Pour autant ils ne sont pas synonymes. Et surtout, ils n'ont pas le même niveau d'importance ou de priorité.

Efficacité

L'efficacité indique le niveau d'atteinte d'un objectif. Pour cela, il faut bien sûr deux préalables indispensables :
  • que l'objectif ait été défini
  • que l'on soit capable de mesurer son atteinte
Ainsi donc l'efficacité n'est pas absolue mais relative à un ou des buts que l'on s'est fixés. La définition des objectifs doit se faire de façon cohérente aux différents niveaux (politique, stratégique, opérationnel, tactique) et selon les différentes composantes. La question de la mesure "objective" est souvent problématique : parfois le binarisme est possible (Est-ce que j'ai gagné la guerre grâce à la stratégie mise en œuvre ? Est-ce que le raid aérien a permis la destruction de l'usine d'armement ?), parfois il faut recourir à des indicateurs plus élaborés. Et souvent, il est difficile de quantifier de façon absolue... d'autant que la subjectivité rentre en ligne de compte, tout autant que la variation des horizons temporels.

Évidemment, une action peut avoir été efficace, mais globalement inutile ou contre-productive. Mais ceci est une autre histoire, qui a trait à la pertinence de la définition des objectifs et de l'alignement stratégique...

Efficience

L'efficience est, il me semble, un néologisme d'inspiration anglo-saxonne ("efficiency"), voire pour certains un barbarisme, qui désigne, dans l'atteinte des objectifs, le degré d'optimisation des moyens employés. En effet, pour un même niveau d'efficacité, on peut avoir été plus ou moins économe en moyens. Souvent, in fine, ces moyens sont d'ordre financiers. Et il est logique que l'on se préoccupe de faire aussi bien ou même mieux avec moins, pour autant que cela soit possible. L'efficience permet, au-delà des aspects budgétaires, d'allouer à chaque activité les moyens technologiques, matériels et humains qui lui sont strictement nécessaires, et de réaffecter l'excédent plus agilement à d'autres tâches.

Un exemple classique est le fait de vouloir éviter l'overkill, ou plus généralement l'effet "marteau-pilon pour écraser une mouche". On en entend également parler pour tout ce qui touche au fonctions de soutien et de logistique, notamment dans le cadre des RGPP et du débat sur la privatisation d'une partie des activités assurées aujourd'hui par des militaires et fonctionnaires.

Ainsi schématiquement efficience = efficacité / {moyens mis en oeuvre}

Et là je dis attention.

Même si la formule ci-dessus n'est pas purement mathématique, il est entendu que pour faire croître un ratio, on peut soit augmenter le numérateur, soit diminuer le dénominateur.
  • Quand on est dans un contexte purement financier (i.e. dans lequel les indicateurs sont tous in fine traduits en argent sonnant et trébuchant), comme pour simplifier celui de l'entreprise privée, on peut à la rigueur considérer les deux approches comme relativement équivalentes. De même, pour préserver l'efficience (et la rentabilité) une diminution de l'efficacité (par exemple, un chiffre d'affaires en baisse) peut être "compensée" par une diminution des moyens en conséquence. Il y a en quelque sorte interchangeabilité (avec toutes les réserves nécessaires)...
  • En revanche, dans le cas de la défense (ou plus largement de tout service public) le problème est différent : si les moyens doivent être adaptés aux objectifs et l'efficience recherchée, il ne doit pas y avoir "symétrie" et interchangeabilité entre efficacité et moyens mis en oeuvre. L'efficacité doit avoir un ascendant clair, et être quasiment de nature axiomatique. L'optimisation des moyens ne doit venir qu'en second. Pour le dire autrement, tant que les questions d'efficacité ne sont pas traités, il ne sert à rien, à part sur des sujets périphériques, de parler d'efficience. Et il va sans dire qu'optimiser les moyens utilisés pour faire quelque chose qui ne marche pas est contre-productif

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vendredi 28 août 2009

Vingtième édition du Festival International de Géographie

Avis aux amateurs : la 20ème édition du Festival International de Géographie aura lieu à Saint-Dié (Vosges) du 1er au 4 octobre 2009.



Le thème en sera la géographie des mers, après "Entre guerres et conflits, la planète sous tension" l'année dernière. Comme tous les ans devraient être proposés des conférences, tables rondes et débats, mais aussi des animations, un salon du livre, des cafés géographiques, des expositions et des projections de films/documentaires et également un salon de la gastronomie.

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mercredi 26 août 2009

Obama veut revoir les restrictions à l'exportation d'armement

Mi-août, le président Barack Obama a annoncé qu'il avait demandé au US National Security Council et au US National Economic Council une analyse en profondeur de l'actuel système de contrôle des exportations américaines. Ceci inclut notamment les restrictions portant sur les technologies et matériels sensibles touchant de près ou de loin à la défense (notamment dans le domaine dual), en particulier :
  • l'US Munitions List, qui va du missile balistique à des rivets ou écrous
  • des technologies initialement militaires mais qui sont maintenant largement diffusées dans le civil, comme certains récepteurs GPS...
L'objectif est clair : il s'agit de simplifier les procédures de transmission de licences et de lever certaines restrictions (imposées par l'ITAR), afin de permettre aux industriels US d'investir de nouveaux marchés, délaissés aux profits de leurs concurrents, qu'ils soient européens, japonais ou chinois.

Bien sûr, la réaction de la Corporate America est enthousiaste, comme le montrent par exemple les déclarations de Marion Blakey, présidente de l'Aerospace Industries Association :
The economic and security challenges our country faces continue to grow more complex, and we must have a modern export control system that protects U.S. technology while allowing us to cooperate and trade with our close allies and partners
Les avocats de la réforme du système actuel soulignent certes sa complétude et sa robustesse mais mettent également en avant le fait qu'il a été défini dans un contexte de Guerre Froide, et que la relative ouverture du marché depuis une vingtaine d'années fait qu'il devient un handicap pour l'industrie américaine. D'autant que, comme je l'avais indiqué brièvement il y a quelques mois à l'occasion d'un article sur le programme spatial chinois, les restrictions ont incité, voire imposé, le développement par d'autres puissances (Europe et Chine notamment) de capacités autonomes, et par la suite leur expansion sur le marché mondial. Bien sûr, il ne s'agit pas non plus d'autoriser tout transfert d'équipement ou de technologie sans droit de regard...

Depuis une dizaine d'années, de telles mesures de réforme ont souvent été annoncées , parfois entamées, et classées sans suite, ce qui incite Bill Reinsch, président du National Foreign Trade Council à la prudence :
Export control reviews are frequently announced, occasionally begun, and never completed. The really good news will be when it is finished

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lundi 24 août 2009

Pôles de compétitivité : du nouveau

En mai dernier j'écrivais un petit article sur les pôles de compétitivité français lancés en 2005 et leur évaluation alors en cours.

Depuis, quelques évènements notables ont eu lieu :
  • Dix nouveaux pôles vont être lancés dans le domaine des "écotechnologies". L'appel à projets sera clos début octobre et la procédure de sélection sera la même que celle utilisée pour les labellisations précédentes. Ceci portera à plus de 80 (!) le nombre total de pôles sur le territoire français. Avec un tel chiffre, on peut légitimement se demander si l'on peut encore parler de "pôle", et on ne peut que relever l'absence de la rupture dans l'aménagement du territoire promise par la création du concept il y a 4 ans. L'actuel ministre de l'industrie, Christian Estrosi, a d'ailleurs invité les pôles existants à se coordonner autour de "projets communs".
  • L'avenir des 13 pôles actuels jugés peu performants lors de l'évaluation du printemps dernier n'a pas été décidé et devrait être tranché à l'automne, à l'occasion d'une seconde évaluation qui devrait être déterminante (sans parler de la volonté politique qui semble avoir fait défaut, d'où cette non-décision)
  • Le financement de 1,5 milliard d'euros sur 3 ans a été reconduit, ce qui est beaucoup et à la fois peu, notamment en cette période où l'on nous parle de l'importance de la relance au travers de projets industriels et innovants
  • Les résultats du huitième appel à projets ont été annoncé mi-août : 93 projets de R&D, issus de 48 pôles de compétitivité, vont être aidés par les collectivités territoriales et le fond interministériel à hauteur de 109 millions d'euros. Le prochain appel à projets sera lancé à l'automne prochain
Voir également : Un livre sur les pôles de compétitivité

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samedi 22 août 2009

Une exposition à voir au Château de Versailles

Pour celles et ceux qui en ont l'occasion, je conseille vivement l'exposition "La guerre sans dentelles" qui a lieu jusqu'au 9 septembre dans la Galerie des Batailles du Château de Versailles.

En voici la description sur le site officiel du Château :
Dans le cadre d’une remise en perspective du Musée de l’Histoire de France, l’exposition La guerre sans dentelles confronte peintures et photographies sur le thème de l’image de guerre. Des clichés emblématiques de la photographie de guerre et du photojournalisme prises dans le monde entier sont confrontés aux scènes de batailles de la galerie. Cette confrontation invite le visiteur à mener une véritable réflexion sur la force et le statut de l’image.
La monumentale Galerie des Batailles rassemble des peintures illustrant les batailles les plus emblématiques livrées par les armées françaises de Clovis à Napoléon. Le rapprochement avec quelques unes des photos de guerre les plus célèbres (et d'autres inconnues) de ces cent dernières années (Grande Guerre, Guerre Civile d'Espagne, 2ème Guerre Mondiale, Vietnam, Afghanistan, Centrafrique...) est particulièrement pertinent, notamment dans les parallèles qui sont faits sur les efforts de propagande à destination de l'opinion publique et l'implication croissante des populations civiles dans les conflits.

La mort d'un républicain espagnol saisie en direct par Robert Capa, une des photos de guerre les plus discutées de ces dernières décennies
crédits : T7

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vendredi 21 août 2009

L'USAF étudie l'opinion grâce à Twitter

Tout le monde se souvient du survol au printemps dernier de New York et de la Statue de la Liberté par Air Force One accompagné de deux chasseurs F-16, qui avait à l'époque inquiété de nombreux Américains, certains y voyant déjà un nouveau 11 septembre.

L'Associated Press rapporte que l'US Air Force, par le biais de sa Combat Information Cell, aurait analysé les contenus des sites Web 2.0 Twitter, Youtube ainsi que divers blogs afin de mesurer l'impact dans l'opinion américaine de cet évènement et de fournir des recommandations pour gérer de telles situations.

Les résultats de cette analyse ont été plutôt catastrophiques, relevant un emballement très rapide, des réactions extrêmement furieuses, une panique généralisée localement et sur la Toile, des développements d'hypothèses les plus folles et désastreuses, et une impossibilité pour l'armée et le gouvernement à vite reprendre la main au niveau de la communication. Ceci dit, il est également indiqué que le soufflé est retombé plutôt vite sur le Web communautaire, la faute ou grâce à l'épidémie de Grippe A qui commençait à faire sérieusement parler d'elle.


Air Force One survolant la Statue de la Liberté
crédits : AP

Selon les documents officiels mentionnés par Associated Press, le Pentagone juge les réseaux sociaux virtuels à la fois bénéfiques et porteurs de risques. Et ceci à la fois dans leur utilisation par le grand public mais également par des militaires ou fonctionnaires, souhaitant partager avec leurs familles et amis, mais pouvant aussi provoquer des fuites d'information, non pas tant confidentielles que non maîtrisées. Le corps des Marines a ainsi interdit la connexion de ses employés (depuis leurs ordinateurs professionnels) aux sites communautaires (MySpace, Facebook, Twitter, Youtube...). Des consignes plus larges invitent à ne pas non plus s'y connecter sous des pseudonymes et surtout à ne pas communiquer si cela ne fait partie de leurs attributions. Comme l'indique Paul Bove, un spécialiste des médias numériques de l'USAF :
We always tell people, 'Stay in your lane and don't talk about something that you're not qualified to talk about
***

Voir aussi :

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mercredi 19 août 2009

Des images du Su-47 Berkut, chasseur russe expérimental

RIA Novosti offre sur son site quelques images du Sukhoi Su-47, dont le premier vol a eu lieu en 1997 et qui doit être une des stars du MAKS (l'Airshow de Moscou) 2009 qui a lieu depuis hier et jusqu'au 23 août. Il en existe aujourd'hui un seul exemplaire à l'état de prototype.


Cet avion expérimental pourrait servir de base au prochain chasseur multirôles de 5ème génération qui devrait prochainement équiper l'armée russe. Ceci est bien sûr à mettre au conditionnel, dans la mesure où Sukhoi développe le T-50 conjointement avec l'Inde et que Mikoyan (MiG) a lui aussi un projet en cours. Sukhoi pense d'ailleurs à une éventuelle commercialisation directe du Su-47.

Une de ses principales caractéristiques du Su-47 sont ses ailes en flèche inversée (vers l'avant). Son cahier des charges initial indiquait qu'il était conçu pour être plus performant technologiquement que les avions actuels et notamment le F-22 Raptor.

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lundi 17 août 2009

Les UFO vont-ils tomber du ciel ?

Alors qu'une alerte a été levée par le Government Accountability Office américain il y a de cela quelques mois sur la constellation GPS (j'en parle ici, et ), Defense News rapporte ces jours-ci que celle des satellites UHF (Ultra-High Frequency) pourrait rencontrer des problèmes conséquents dès 2010 :
U.S. troops and intelligence operatives working in some of the world's most remote regions might have to cope with satellite communications dead zones starting in mid-2010 because of a mix of satellite development delays, aging satellites and a decision by the military not to launch more backup transmitters and receivers, defense officials and analysts said.

At the moment, the United States cobbles together communications coverage for "disadvantaged" or "special" subscribers using eight Ultra-high Frequency Follow-on (UFO) satellites and additional UHF capacity on other spacecraft. Users connect by stopping to set up small, tripod-based satellite antennas connected to their radios.

The Navy now calculates that there is a 70 percent chance that in May 2010 the UFO constellation will reach an "unacceptable level of availability."


Un satellite UFO
crédits : Boeing

Là encore, les enjeux sont de taille, notamment du fait des théâtres asymétriques irakien et afghan, pour lesquels seulement 20% des besoins de communications tactiques seraient couverts, alors que 80% de la bande passante leur sont dédiés ; et les causes largement communes, même si à des difficultés techniques des programmes de remplacement (sachant quand même que la constellation actuelle repose sur des technologies largement dépassées aujourd'hui, qui ne permettent notamment que quelques centaines d'utilisateurs simultanés) s'ajoutent des décisions politiques...

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samedi 15 août 2009

De l'importance du réseau pour la résonance

L'indicateur qui m'intéresse le plus sur mon blog, au-delà du nombre de pages lues/visites /... est le ratio de visiteurs qui empruntent les liens hypertexte qui y figurent (dans les articles ou sur les menus de droite), et surtout ceux pointant vers les blogs "amis". Et à vue de nez cet indicateur est en progression constante, ce qui évidemment me fait plaisir, car cela contribue à faire de mon blog, à sa très modeste échelle, un petit portail vers une part non négligeable de la blogosphère francophone de défense. Et ainsi donner un peu plus de résonance à des articles qui m'apprennent beaucoup de choses sur plein de sujets et m'inspirent d'ailleurs pas mal.

Exemple le plus typique, le "nouveau" (en tout cas selon les outils analytiques que j'utilise) visiteur qui accède à mon blog via Google et une recherche de type "blog défense" (il se trouve que, hasard ou coïncidence, j'arrive dans les tous premiers résultats), et c'est une espèce assez répandue (signe que le lectorat global a encore une bonne marge de progression), et qui va ensuite aller voir les 4 ou 5 premières lignes de ma blogoliste...

Donc en bref :
  • Amis blogueurs : tenez à jour vos blogolistes, n'hésitez pas à référencer les articles pertinents de vos camarades (il y aurait d'ailleurs pas mal de choses à dire sur la façon dont est évaluée l'influence d'un blog, en complément de ce que j'avais dit ), regardez d'où viennent vos visiteurs et où ils vont une fois qu'ils sont arrivés chez vous
  • Amis lecteurs : n'hésitez pas à suivre les liens qu'on se donne la peine de semer, ça la vaut souvent (la peine), et si d'ailleurs vous avez des bonnes idées à partager, lancez-vous (et dans ce cas appliquez également le point précédent)
Voir aussi :
***

Autre chose, l'autre jour j'ai eu l'heureuse surprise, en regardant France 24 (la voix télévisuelle de la France à l'étranger, enfin à peu près) depuis l'autre bout du monde, de voir un reportage sur le sort de Clotilde Reiss faire explicitement référence au blog Un Oeil sur l'Iran, qui figure dans ma blogoliste et qui ne chôme pas depuis juin dernier.

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jeudi 13 août 2009

Ruses et stratagèmes de l'histoire

Parce que le thème d'août de l'AGS est lié à la créativité dont peut faire preuve l'être humain confronté à un adversaire plus fort, plus puissant ou mieux armé, et parce qu'il est encore temps pour nombre d'entre nous d'en passer (du temps) sur la plage ou dans un hamac, je conseille la lecture de Ruses et stratagèmes de l'histoire, de Daniel Appriou, aux éditions Acropole, paru en 2007.


Sur un peu plus de 200 pages, sont évoquées, sous forme de nouvelles de quelques pages, quelques unes des ruses les plus connues, mais également quelques trouvailles plutôt originales, utilisées dans des conflits depuis l'Antiquité jusqu'à la Deuxième Guerre Mondiale. Sont bien sûr mentionnés le Cheval de Troie, les Horaces et les Curiaces, l'intoxication antérieure au débarquement de 1944 ou de nombreux exemples de false flag, et notamment Otto Skorzeny et son Opération Grief, dont j'ai déjà parlé ici.

Où l'on se rend compte que la ruse, la créativité et l'astuce peuvent, à tous les niveaux du conflit (de ceux qui font rentrer dans l'Histoire, la légende, ou bien qui relèvent plus de l'anecdote), faire pencher la balance...mais pas toujours, la force brute ayant aussi souvent le dessus !

Si je cite ici cet ouvrage, c'est bien parce qu'il est selon moi idéal pour une lecture estivale, légère et rapide. Pour un approfondissement sur les différents exemples cités, ou une réflexion sur les doctrines sous-jacentes, il faudra se référer à d'autres volumes plus fouillés. De même on peut regretter la focalisation exclusive sur l'histoire occidentale.

***

Voir également :

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mardi 11 août 2009

[Le blog de la semaine] : Avions et fusées, Theatrum Belli et Mara Jade Skywalker

Je profite d'une accalmie sur le front des vacances (!) pour mettre à jour ma blogoliste :
  • j'y ajoute deux blogs défense bien établis d'un coup, Theatrum Belli et Mara Jade Skywalker
  • je retire donc, puisqu'il a disparu de la toile, Historicoblog(2). Je rappelle juste que son auteur tient depuis 3 mois Ifriqiya, blog spécialisé sur la défense, la sécurité et plus largement la politique en Afrique
  • je signale l'arrivée d'un tout nouveau blog dédié à l'aéronautique et l'espace, Avions et fusées, dont le premier message date d'hier. Bon courage et longue vie à lui !

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lundi 10 août 2009

Eloge du spécialiste

Sur son blog Soliloques, Von Mestein se livre à un Éloge du généraliste, soulignant qu'un spécialiste a souvent le défaut de n'envisager un problème qu'à l'aune de sa spécialité, en oubliant consciemment ou non les autres aspects dudit problème.

Je souhaiterais non pas remettre en question cette opinion mais donner un éclairage un peu différent et complémentaire, issu de mon expérience dans diverses situations (étant moi-même un "généraliste" ayant eu maille à partir avec de nombreux spécialistes de tous domaines).

Tout d'abord, je suis d'accord pour dire qu'il est dangereux de ne voir un sujet que sous un angle précis sans prendre de hauteur. Et je suis également de l'avis qu'il est tout à fait naturel que le tenant d'une discipline tire la couverture à lui en expliquant que son domaine est prépondérant dans ou permet à lui seul l'explication de tel ou tel phénomène.

Il est évident que dans notre monde actuel, tout problème est multifacettes : un décideur (qu'il soit commandant militaire, gouvernant politique ou chef d'entreprise) ne peut à lui seul maîtriser l'ensemble de ces facettes. Un de mes vieux professeurs avait coutume de dire que Bergson était certainement le dernier "génie universel", capable de comprendre l'état de l'art de tous les domaines scientifiques (au sens large) de son époque. Que cela soit vrai ou faux, cette idée illustre le fait que l'époque du chef omniscient est révolue, si tant est qu'elle ait jamais existé. Et il est illusoire de penser que même un bon généraliste pourra se muer en spécialiste d'un sujet donné si le besoin s'en fait sentir (idée que l'on entend ici ou là...). Il faut être capable, pour prendre des décisions pertinentes, d'une vue synthétique de chaque dimension d'un problème, chose plus facile à dire qu'à faire (et qui suppose bien entendu d'avoir au préalable identifié de façon exhaustive et traité lesdites dimensions)... mais l'aspect "synthétique" ne suffit pas en lui même : il faut en premier lieu que cette synthèse se fonde sur une analyse approfondie et exacte (i.e. spécialisée).

La question ne repose pas tant dans la nature "spécialiste" d'un individu, mais plutôt dans sa capacité à prendre du recul sur une situation donnée et d'avoir conscience de sa complexité et de ses dimensions multiples. Autrement dit, être spécialiste (ou expert) d'un domaine n'empêche pas intrinsèquement d'être un bon généraliste. Et n'avoir aucune spécialité n'est pas non plus un gage de capacité à envisager de façon systémique une problématique : ne pas être spécialiste ne signifie donc pas automatiquement être généraliste. On compte ainsi nombre de généralistes auto-proclamés qui ne font en fait que donner des opinions superficielles de façon désordonnée sur tout un tas de sujets qu'ils ne maîtrisent pas (on peut évoquer de façon connexe l'opinion selon laquelle un bon technicien est forcément un mauvais manager, alors qu'un bon manager serait nécessairement un non-technicien). Je ne reviendrais pas ici sur les dérives potentielles de la "pensée PowerPoint", déjà évoquée par ailleurs (ici ou ).

Et soyons clairs : comme l'indique Von Mestein, les spécialistes sont nécessaires pour aller au fond des choses. Sans spécialistes (ou travaux de spécialistes) pour l'appuyer, un généraliste aura du mal à produire de lui-même un point de vue argumenté et précis, et il perdra donc sa raison d'être. Et il est également une lapalissade de dire que l'on s'adresse avant tout à un spécialiste pour exploiter ses compétences relatives à sa spécialité.

Tout ça pour dire quoi ?
  • Etre généraliste, ça ne se décrète pas et ce n'est pas mutuellement exclusif d'une spécialisation, i.e. d'une expertise sur un ou plusieurs sujets donnés. Plutôt que d'une opposition entre généraliste et spécialiste, il y a plutôt complémentarité : un système s'envisage certes globalement, mais sa compréhension fine passe aussi par l'analyse de ses composants. La littérature au sein de la blogosphère est déjà abondante à ce sujet
  • Nous avons besoin de spécialistes, qu'il s'agisse d'ingénierie, d'humanités, de finance...i.e. de personnes connaissant l'état de l'art sur un domaine très ciblé et visant à repousser les limites de cet état de l'art
  • Nous avons besoin de ponts entre les spécialistes (et de nombreux spécialistes sont capables de les créer eux-mêmes), afin d'éviter le cloisonnement entre spécialités et d'introduire un souffle "généraliste"
  • Nous avons aussi besoin de généralistes, capables non pas forcément de se substituer aux spécialistes (au risque de me répéter : être généraliste ne signifie pas être capable de devenir rapidement spécialiste) ou de se placer au-dessus d'eux (d'ailleurs un spécialiste peut endosser le costume de généraliste), mais d'adresser des situations nouvelles, complexes et multidimensionnelles, voire de faciliter le dialogue entre spécialistes en s'assurant de l'équilibre "systémique" entre les différentes spécialités concernées

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Voir également :

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vendredi 7 août 2009

Monde Chinois : la puissance militaire chinoise

SD, du blog Pour Convaincre, nous conte depuis quelque temps par le menu le contenu de La Guerre hors Limites, écrit en 1999 par les colonels de l'Armée Populaire de Libération Qiao Liang et Wang Xiangsui.


Pour une mise à jour, dix ans plus tard, sur la situation de la défense chinoise, qui permet notamment de juger de l'influence de l'ouvrage cité ci-dessus, le lecteur pourra se référer au dernier numéro de la revue Monde Chinois, contenant un dossier consacré à la puissance militaire chinoise, avec notamment :
  • une (courte) analyse du Livre Blanc de la Défense chinois, publié en janvier 2009
  • une étude de la stratégie de dissuasion chinoise
  • un point de vue sur la "non guerre" pratiquée par la Chine, qui est en fait une redéfinition des limites de la guerre, bien au-delà du champ militaire
  • un état des lieux de l'industrie de défense chinoise
  • un aperçu de la montée en puissance de la Chine dans le domaine de la cyberguerre
  • une revue critique du concept du "collier de perles", notamment au travers du prisme des relations entre la Chine, l'Inde, et les différents pays concernés (du Pakistan à l'Île Maurice en passant par la Birmanie, le Sri Lanka ou les Maldives)


En résumé, un bon panorama montrant que si elle connaît une modernisation doctrinaire et technologique ainsi qu'une augmentation de ses moyens, la défense chinoise est également marquée par une remise au goût du jour de l' "armée de paysans" chère à Mao Zedong. Par le biais d'une intrication toujours plus grande du civil et du militaire, par l'alignement de tous les pans de la société (économie, social, technologie, éducation, culture...), par la promotion plus ou moins officielle d'initiatives "asymétriques" de la part de ses citoyens et entreprises, la stratégie de la Chine s'affranchit (ou tente de le faire) des limites classiques de la guerre, auxquels tous ses éléments, à tous les niveaux, doivent prendre part.

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mercredi 5 août 2009

De l'importance du changement de nom

Ainsi donc, Thomson ne veut plus s'appeler Thomson. L'entreprise française qui fabrique des systèmes vidéos a annoncé fin juillet être sauvée de la faillite grâce à un accord avec ses créanciers. Mais elle souhaite par la même occasion changer de nom, au motif que son coeur de métier ayant évolué : "Thomson", trop associé à ses activités historiques, est un frein à la création d'une nouvelle dynamique.

Un changement de nom est un évènement lourd dans la vie d'une entreprise, et pourtant les exemples sont légion, rien qu'au sein du CAC40 : Veolia, Total, EADS, Capgemini, BNPParibas, Alstom...

Suite notamment à une fusion, une cession, un repositionnement stratégique, l'attaque de nouveaux marchés à l'étranger,une volonté de rompre avec une certaine image, voire une contrainte juridique, il est utilisé pour transformer et remettre au goût du jour la marque (ou les marques) de l'entreprise. D'un autre côté, se doter d'une nouvelle identité coûte, pour une grande entreprise, plusieurs millions d'euros, sans compter sur le fait que c'est toute une notoriété à reconstruire auprès des clients et partenaires, voire du grand public.

Il n'y aurait pas de lien direct avec le secteur défense si l'autre branche historique de Thomson SA ("créée" par nationalisation en 1982 de Thomson-Brandt et Thomson-CSF, déjà regroupées depuis 1967 sous le nom de... Thomson-CSF), Thomson-CSF, n'avait pas changé de nom en 2000 pour Thales.

A l'époque, la privatisation (1998) et la différenciation d'avec les activités "grand public" (i.e. Thomson Multimédia puis Thomson), le rapprochement avec Dassault Electronique et Racal, et plus globalement le besoin d'expansion à l'international, mais aussi quoiqu'on le dise, l'affaire des frégates de Taiwan, furent les facteurs ayant pesé dans la balance.

Il faut noter que les deux autres champions français (ou en partie français) du secteur défense, EADS et Nexter, ont également des noms de création récente, mais pour des raisons un peu différentes :
  • pour le premier, car il est la fusion de trois entreprises européennes (DASA, CASA et Aérospatiale Matra)
  • pour le second, car après un important plan de restructuration, amenant les effectifs de plus de 6000 à 3500, il fallait donner un nouveau souffle à Giat Industries, la conduisant à renommer ses activités opérationnelles, et conservant son nom historique uniquement pour la holding financière

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lundi 3 août 2009

[Le B.A.-BA] : missile balistique et missile de croisière

Je reçois pas mal de visites d'internautes qui cherchent "missile balistique" sur Google, donc en avant pour un petit article.

Tout d'abord, définissons ce qu'est un missile. Il s'agit d'un projectile doté de trois éléments :
  • un propulseur, qui va le faire se mouvoir (fusée, réacteur)
  • un système de guidage (laser, radio, infrarouge, vidéo, fil, gyroscopes...)
  • une charge (explosive ou non)

Missile balistique

Un missile balistique, c'est quoi ? Tout simplement un missile dont une partie de la trajectoire est balistique. Nous voilà bien avancés...surtout pour ceux qui n'ont pas suivi une série scientifique au lycée. Un corps suit une trajectoire balistique si les seules forces auxquelles il est soumis sont son poids (du fait de la gravité) et la résistance du fluide dans lequel il se trouve (donc ici les frottements de l'air, parallèles à sa trajectoire).

Un tel missile peut être lancé depuis un sous-marin, un silo terrestre ou un camion. La première phase du vol d'un missile balistique, la propulsion, ne l'est pas (balistique). Le carburant, solide ou liquide, est consommé et permet au missile d'atteindre rapidement une grande vitesse. Une fois cette courte étape réalisée, le missile entre en vol balistique, et va monter à une altitude très élevée : en général extra atmosphérique, c'est-à-dire plus de 100 km, sauf pour les missiles balistiques à faible portée. Cette phase est la plus longue du vol, et peut durer plusieurs milliers de kilomètres pour les missiles intercontinentaux. Enfin, la dernière phase du vol est la rentrée dans l'atmosphère, où le missile va subir de forts frottements, et la chute sur la cible. La durée de cette phase est de l'ordre de grandeur de celle de propulsion. Un missile balistique va donc avoir une trajectoire en cloche.

Corollaire important : si en phase balistique le missile n'est soumis qu'à des forces externes (gravité, friction), il est donc impossible de modifier sa trajectoire au-delà de la phase de propulsion.

J'en ai déjà un peu parlé, les missiles balistiques vont du tactique SRBM (soutien à l'artillerie sur un théâtre d'opérations, avec une portée de quelques centaines de kilomètres) aux fameux intercontinentaux ICBM (qui parcourent des milliers de kilomètres), généralement dôtés d'une charge nucléaire, relevant à ce titre des forces stratégiques de dissuasion. Il faut noter que la technologie utilisée pour un ICBM est du même type que celle des lanceurs spatiaux, comportant ainsi plusieurs étages.

Le premier des missiles balistiques fut le V2 allemand. Aujourd'hui de nombreux pays en possèdent, notamment l'Iran avec son Shahab-3 ou la Corée du Nord avec son Taepodong, sans oublier la France et ses Pluton, Hadès (tactiques) et M-41/M-51 (équipant les SNLE). La famille des SS-9/SS-18 russes peut avoir une portée de 16 000 km.


Un ICBM SS-18 en phase de propulsion
crédits : Kosmotras


Missile de croisière

Contrairement à un missile balistique, un missile de croisière n'a pas une trajectoire en cloche et va effectuer la totalité de son vol à une altitude relativement basse, par le biais de son système de propulsion actif pendant tout ce vol mais aussi à la portance. Celle-ci est la force perpendiculaire (donc vers le haut pour un déplacement horizontal) au mouvement d'un mobile placé dans un fluide, qui fait par exemple que les avions volent grâce à leurs ailes.

Le système de propulsion d'un missile de croisière est en général composé d'un moteur à réaction. Après son lancement, depuis la terre (infrastructure fixe ou véhicule), un navire, un sous-marin, un aéronef, le missile est autonome, se dirigeant de façon inertielle et/ou au moyen d'autres capteurs (GPS, TERCOM - topographie...). Attention cependant, malgré son intelligence, le missile de croisière n'est pas un drone (UAV), car le véhicule est intégré à la munition, et donc sacrifié à chaque mission.

Il existe des missiles de portées et de vitesses différentes (subsoniques ou supersoniques). Ils peuvent être équipés d'une charge conventionnelle ou nucléaire (en général pour la composante aéroportée de la dissuasion). C'est notamment le cas de l'ASMP (Air Sol Moyenne Portée) de l'armée française (Super Étendard, Mirage 2000 N et bientôt Rafale).


Un ASMP sur un Mirage 2000N
crédits : aviation-francaise.com

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samedi 1 août 2009

Bilan du mois de juillet

La barre des 4000 pages vues par mois s'approche, mais elle n'est pas encore franchie !


X-Seed 4000, un projet futuriste japonais de gratte-ciel culminant à 4km
crédits : futura-sciences.com

Tous les chiffres sont en légère hausse par rapport à juin :
  • 3956 pages vues (3300 en juin)
  • 2561 visites (2400 en juin)
  • 1895 visiteurs uniques (1850 en juin)
Au niveau du flux RSS, 80 "abonnés quotidiens", principalement via iGoogle, NewsGator ou Netvibes.

Environ 35% des visites du mois de juillet proviennent de Google (dont la moitié par le biais de la recherche d'images), 45% sont des accès directs et les 20% qui restent arrivent via d'autres sites, et notamment les blogs amis parmi lesquels EGEA, Pour Convaincre, Zone d'Intérêt, Défense en Ligne et Mars Attaque, ainsi que récemment Blogosphère de Défense et de Sécurité.

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