Alors que les pôles de compétitivité lancés (et même labellisés) en 2005 ont fait l'objet récemment d'une évaluation par les députés en vue d'un réajustement (à l'heure où j'écris ces lignes, 12 sont en "repêchage"), je vous conseille vivement un livre sur le sujet publié par le CEPREMAP (Centre pour la Recherche Économique et ses Applications) début 2008.Cet ouvrage fait le point sur les forces et faiblesses de l'approche des pôles de compétitivité, à l'opposé de l'équité sous-tendue par une démarche d'aménagement du territoire, et qui repose sur l'argument selon lequel un regroupement géographique de petites et grandes entreprises (mais également de laboratoires et universités) du même domaine permet une amélioration de leur productivité (on pense à l'exemple célèbre de la Silicon Valley).
S'appuyant sur l'étude des prédécesseurs des pôles de compétitivité, les SPL ou systèmes productifs locaux, mis en place en France durant les années 1990, les auteurs montrent que si ces clusters (nom anglo-saxon) permettent des gains (dont les mécanismes sont analysés), ceux-ci n'ont pas l'ampleur annoncée par les plus fervents promoteurs de l'initiative. Et une amélioration marginale requiert des efforts colossaux en termes de concentration géographique. Les acteurs du marché n'ayant pas un comportement optimum, l'intervention publique joue un rôle non négligeable dans la constitution de ses pôles. Cependant, un pôle de compétitivité ne se décrète pas ex nihilo par pur volontarisme politique (plus ou moins électoraliste), notamment dans un pays comme la France où les travailleurs sont peu mobiles. D'autant qu'en général, les entreprises intègrent de façon naturelle leur localisation (et donc le rapprochement géographique éventuel avec des partenaires) dans leur stratégie globale. Ce qui signifie très concrètement qu'une part non négligeable des pôles labellisés existaient déjà officieusement.
Un ouvrage parfois un peu technique mais somme toute plutôt pédagogique, qui montre clairement que l' "effet cluster" est de toute façon secondaire par rapport à d'autres composantes : stratégie de l'entreprise, organisation interne, efficacité et efficience des processus.
S'appuyant sur l'étude des prédécesseurs des pôles de compétitivité, les SPL ou systèmes productifs locaux, mis en place en France durant les années 1990, les auteurs montrent que si ces clusters (nom anglo-saxon) permettent des gains (dont les mécanismes sont analysés), ceux-ci n'ont pas l'ampleur annoncée par les plus fervents promoteurs de l'initiative. Et une amélioration marginale requiert des efforts colossaux en termes de concentration géographique. Les acteurs du marché n'ayant pas un comportement optimum, l'intervention publique joue un rôle non négligeable dans la constitution de ses pôles. Cependant, un pôle de compétitivité ne se décrète pas ex nihilo par pur volontarisme politique (plus ou moins électoraliste), notamment dans un pays comme la France où les travailleurs sont peu mobiles. D'autant qu'en général, les entreprises intègrent de façon naturelle leur localisation (et donc le rapprochement géographique éventuel avec des partenaires) dans leur stratégie globale. Ce qui signifie très concrètement qu'une part non négligeable des pôles labellisés existaient déjà officieusement.
Un ouvrage parfois un peu technique mais somme toute plutôt pédagogique, qui montre clairement que l' "effet cluster" est de toute façon secondaire par rapport à d'autres composantes : stratégie de l'entreprise, organisation interne, efficacité et efficience des processus.
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A noter qu'un autre rapport de 2008, plus optimiste (notamment en ce qui concerne l'implication des PME-PMI), des cabinets de conseil CM International et Boston Consulting Group, a servi de base à l'évaluation réalisée par l'Assemblée Nationale. Ses principales recommandations au niveau national (cf. rapport où elles sont explicitées) sont les suivantes :
- Consolider et inscrire dans la durée la dynamique positive de coopération autour del’innovation engagée depuis 2005 grâce aux pôles de compétitivité
- Responsabiliser plus fortement les acteurs des pôles de compétitivité en évoluant vers une logique de contractualisation et de contrôle a posteriori, dans un environnement local simplifié (Etat et collectivités territoriales)
- Réaffirmer l'engagement de l'Etat autour des pôles de compétitivité et en développer la dimension de pilotage stratégique du dispositif
- Maintenir les financements de projets collaboratifs de R&D et poursuivre l'optimisation des circuits de financement des projets en renforçant leur cohérence globale
- Intégrer plus fortement la politique des pôles de compétitivité dans l’ensemble des politiques de recherche et d’appui à l’innovation
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Plusieurs pôles de compétitivité concernent plus particulièrement le secteur défense :
- Aerospace Valley : naturellement basé dans le Sud-Ouest, réunissant la plupart des leaders mondiaux de l'aéronautique (EADS, Boeing, Thales, Dassault...) et des centres de recherche de premier plan (ONERA, CNES...)
- System@tic : situé en région parisienne, représentant l'équivalent de 100 000 emplois, il est consacré à la conception et à la fabrication de systèmes dit "complexes", mobilisant des Technologies de l'Information et de la Communication. Près de 80 grands groupes en font partie, notamment Thales, Alcaltel, Airbus, HP, SAFRAN, STMicroelectronics, Altran...il réunit également de nombreux établissements d'enseignement supérieurs prestigieux : Polytechnique, ENSTA, Ponts, ENS, HEC, ESSEC, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines...
- Solutions Communicantes Sécurisées : comme son nom l'indique, il traite de tout ce qui touche aux réseaux et communications sécurisés. Basé en PACA, il réunit des acteurs comme Thales, Amadeus, Altran, Atos, IBM ou l'INRIA
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Pour aller plus loin :
- Le site officiel des pôles de compétitivité
- L'observatoire des pôles de compétitivité de l'Ecole des Mines de Paris
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