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Mon Blog Défense

vendredi 26 février 2010

Blog au ralenti pour un mois environ

Alors que le blog a atteint son rythme de croisière (environ 250 visiteurs uniques par jour depuis début janvier et quelques 180 abonnés en moyenne au flux RSS), je vous informe qu'en raison de contraintes personnelles et professionnelles il va tourner au ralenti jusqu'à la fin du mois de mars.



J'espère pouvoir l'alimenter à raison de deux petits articles par semaine. Dans l'intervalle, je ne saurais que trop vous conseiller de (continuer à) lire les blogs de mon blogroll, et en particulier l'Alliance Géostratégique. Voire, pour les plus courageux et/ou inspirés, de contribuer au débat, que ce soit sur le sujet du mois (Les guerres low cost pour la fin février et...une surprise pour mars) ou tout autre thème lié à la défense, la sécurité ou la géopolitique.

C'est par ici que ça se passe :
  • contact@alliancegeostrategique.org
  • blog.jgp@gmail.com

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jeudi 25 février 2010

[Le blog de la semaine] : Historicoblog(3)

Suite des aventures du serial blogger Stéphane Mantoux, agrégé d'histoire et professeur en lycée : après Historicoblog, Historicoblog(2) et Ifriqiya, voici venu Historicoblog(3), créé mi-janvier.


The Battle of Glorietta Pass, Roy Andersen

Après un essai de blog spécialisé sur l'Afrique, le petit dernier a une ligne éditoriale plus conforme aux sujets de préoccupation de son auteur, à savoir l'histoire dans son acception la plus large, des extraits de la revue Champs de bataille (dont Stéphane Mantoux est un contributeur régulier) ainsi que de bons morceaux sur l'enseignement et l'éducation.

Pour le moment la régularité est au rendez-vous, avec plus de 30 articles depuis sa création. Pourvu que ça dure !

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mercredi 24 février 2010

Un article low cost sur les guerres low cost

En lien avec le thème du mois AGS, "les guerres low cost", je livre ici quelques réflexions un peu en vrac et brut de décoffrage.


1/ Certains l'ont déjà souligné, il peut paraître paradoxal de parler de guerre low cost alors que comme l'indiquent les chiffres du SIPRI, les budgets de défense et les ventes d'armements de par le monde sont en augmentation constante (y compris en tenant compte de l'inflation). Une première remarque : la défense ne se limite pas à la conduite de la guerre, même si, en prenant l'exemple de la France, l'on se restreint aux programmes "Préparation et emploi des forces" ou "Équipement des forces". Et inversement, les dépenses de guerre sortent largement du budget de la fonction défense (à qui, en tant que service public, il est demandé d'être efficace avant d'être efficiente).

2/ On voit ici apparaître, en chipotant un peu, la première tâche à accomplir : définir précisément ce que l'on appelle la guerre (définition juridique, opérationnelle...), ainsi que les différentes typologies de coûts que l'on souhaite traiter (humains, financiers, écologiques, politiques...). Une guerre low cost selon une dimension ne le sera peut-être pas selon les autres, et il est évident que celles-ci n'ont pas la même importance. Ainsi il sera plus cher (et long, et difficile opérationnellement, cf. certains conflits actuels) d'éviter au maximum toute victime collatérale que de bombarder tout azimut (en plus du fait que cela pourrait être contre-productif). Et puis tout le monde aura compris que l'on ne parle pas uniquement de réduire le coût pour son propre camp mais plutôt le coût complet de la guerre (le low cost a tendance à générer des externalités négatives).

3/ Lorsque la guerre est totale, l'essentiel n'est plus de réduire son coût, mais simplement de survivre. Pouvoir se poser la question du coût de la guerre, n'est-ce pas en soi un problème de "privilégié" ? Par contre dans l'autre sens, pas sûr que la question doive se poser dans les mêmes termes pour toutes les parties : selon que l'on est AQ ou la force conventionnelle d'un pays démocratique, on aura plus ou moins intérêt à ce que les victimes collatérales soient réduites.

4/ Le terme "low cost" a-t-il une acception absolue ? Historiquement, il s'est plutôt défini, dans le secteur du transport aérien notamment, relativement aux pratiques et aux niveaux de service existants : les acteurs low cost ont élagué le nice to have afin d'offrir à leurs clients ce que ceux-ci perçoivent comme le strict must have (quitte à facturer au prix fort l'optionnel). Mais le low cost d'aujourd'hui paraîtra peut-être excessivement élevé demain ou après-demain. Pourquoi est-ce important ? Tout simplement parce qu'il est une lapalissade de dire que la guerre est une activité éminemment coûteuse dans l'absolu. La réelle problématique consiste donc non pas à vendre une "guerre propre" ou "zéro mort" mais plutôt de réduire au maximum le coût nécessaire à l'atteinte d'un objectif donné. L'étalon semblant être, à tort ou à raison, la philosophie prévalant au milieu du XXème siècle, à l'époque du "combien de divisions ?".

5/ Y a-t-il un coût lorsque l'on est incapable de l'estimer ? Ou si l'on refuse de l'estimer ? Ou si on le cache ? L'article de P. Gian Gentile "les mythes de la contre-insurrection et leurs dangers : une vision critique de l'US Army" dans le dernier numéro de Sécurité Globale se veut la démonstration de l'opposition qui peut exister entre le storytelling et l'édification d'une "mythologie" à destination de l'opinion et la situation du terrain (cf. Lyautey et la conquête du Maroc). La vérité finit-elle toujours par triompher à notre époque hyperconnectée ? Dans le doute, mieux vaut mettre l'accent sur la perception de la réalité. Jouer sur la persuasion, tout autant que sur la conviction.

6/ Cost in the eye of the beholder. L'appréciation d'un coût va bien au-delà des simples chiffres et est forcément subjective. On voit, pour reprendre des termes en vogue, que la résilience des sociétés occidentales et européennes en particulier est moindre face aux pertes humaines (du moins en ce qui concerne leurs propres ressortissants) que dans d'autres parties du monde, peut-être plus "habituées" aux grandes catastrophes, épidémies, guerres...

7/ Je posais plus haut la question du périmètre du terme de "guerre". Un bon moyen de limiter son coût consiste tout simplement à réduire ce périmètre. Par des actions en amont, mixant hard et soft power (d'aucuns parlent de smart power), voire quelques opérations spéciales plus ou moins exposées médiatiquement et donc potentiellement maintenues hors du champ de la guerre.

8/ L'approche systémique et les cercles de Warden offrent une piste intéressante. Encore faut-il être capable d'identifier le centre de gravité de l'adversaire et d'être capable d'y porter un coup décisif. Comme le fait remarquer l'Armée de Terre dans sa doctrine, les guerres d'aujourd'hui nécessitent au moins pour tout ce qui est stabilisation-normalisation, en fort recouvrement avec l'intervention à proprement parler, une forte présence humaine sur le terrain, dans la durée. Y aura-t-il d'autres guerres du Kosovo pour illustrer de façon presque parfaite la notion de "coup au but décisif" ?

9/ Le mieux est l'ennemi du bien. Le système théoriquement le plus cohérent, le plus complet, automatisant le mieux la boucle OODA, permettant la meilleure situational awareness n'est pas forcément celui qui sur le terrain se révèlera le plus low cost... et le bilan ne sera pas forcément en sa faveur face à un système moins performant, mais énormément moins cher ? A quel endroit placer le curseur ? Où se situe la frontière du "coût marginal" supérieur à la valeur ajoutée de ce qu'il finance ? Les exemples de programmes issus de la RMA et de la Transformation abandonnés, tronqués ou enlisés (FCS, Transformation Satellite, JSF...) sont légion ; et pour qu'un équipement apporte de la valeur, il faut encore qu'il arrive jusqu'au terrain où il est censé opérer. Je ne sais plus qui expliquait qu'au train où vont les choses, même les États-Unis ne pourront s'offrir que quelques chasseurs d'ici quelques générations.

10/ Une piste à creuser, à contre-courant des tendances actuelles à l'hyper-technologisation voire même plus simplement à la modernisation, serait la rusticité retrouvée des équipements et des pratiques. Pas forcément/uniquement en s'inspirant des pratiques des insurgés, mais en appliquant cette rusticité à du matériel conventionnel : aéronefs (dont des drones), missiles...débarrassés du surplus électronique, peut-être moins précis mais en plus grand nombre...attention cependant à leur utilisation dans un contexte asymétrique.

11/ J'en ai déjà parlé, l'utilisation de technologies civiles (notamment dans l'électronique et le logiciel, qu'il s'agisse de COTS ou d'OSS), pour peu qu'elles obéissent aux contraintes spécifiques de l'utilisation militaire (conditions climatiques, réseaux ad hoc, sécurité...) permet une réduction du coût de possession, en évitant parfois de se lancer dans des programmes spécifiques dispendieux à l'issue hasardeuse (cf. les iPod de l'US Army), sans parler du temps nécessaire à leur mise en oeuvre. L'idée de l'USAF de bâtir des briques fonctionnelles de bas niveau, réutilisables et permettant de construire des matériels servant des objectifs variés va un peu dans ce sens car il s'agit ni plus ni moins de se doter d'un catalogue de COTS maison et d'éviter d'avoir à réinventer la roue chaque fois qu'un besoin opérationnel se présente. (Bien sûr du côté des guérillas, ce recours au matériel grand public ou civil est quasi obligatoire, et ce y compris pour les véhicules voire les armes (IED)).

12/ Puisqu'on a abordé le civil, la notion de gamme évoquée par Olivier Kempf est intéressante à plus d'un titre. Sans remonter au niveau le plus haut et le plus stratosphérique (gammes d'opérations voire de guerres), il peut être pertinent de se doter d'équipements permettant une différentiation de plusieurs niveaux de service qui n'ont pas les mêmes coûts ni la même efficacité. Au coeur d'un système, plus le couplage entre les éléments est lâche et les "échanges" entre eux sont standardisés, plus il est facile de remplacer un composant par un autre qui va remplir macrosopiquement a même fonction mais qui va le faire mieux, plus rapidement, plus précisément...et ainsi de jouer sur les niveaux de service et les gammes.

13/ En poussant encore plus loin le parallèle avec l'industrie, l'hyper rationalisation liée à la recherche du low cost a parfois des conséquences en sens contraire. Non seulement le low cost implique une standardisation de l'offre, qu'elle soit de base ou optionnelle (il gère très mal les exceptions), mais il peut rendre, même sans sacrifice sur la qualité, l'organisation "cassante" pour reprendre les termes de Robert Branche. Sans oublier que le low cost induit de fait de nombreuses externalités et coûts cachés qu'il s'agit de prendre en compte si l'on souhaite être rigoureux. Il faut savoir garder une marge de souplesse et de capacité d'improvisation...

14/ On présente parfois la lutte de David contre Goliath comme le parangon de l'asymétrie, le jeune berger ayant refusé l'épreuve de force brute en privilégiant la ruse et l'ingéniosité, pour pallier un déficit de puissance. J'y vois de façon plus large un des summums de la guerre conventionnelle (au sens premier de "convention", c'est-à-dire "accord"), chacun des deux camps ayant désigné un champion sur les épaules duquel repose l'issue de la bataille. En termes de coûts humains, une telle situation n'est pas loin de l'optimum (les connaisseurs objecteront certes que dans La Caste des Méta barons, le combat entre Tête d'acier et son père Aghnar se termine par le suicide collectif du camp du perdant).

15/ La guerre des robots peut se concevoir partiellement dans cette optique. Des éléments sacrifiables et largement autonomes peuvent, et pourront de plus en plus, remplir des fonctions ou missions et servir d'intermédiaires finalement peu coûteux (par rapport aux êtres humains). Mais la solution n'est que limitée dans le cas où seul un des camps est équipé. Quid de la guerre de l'image quand la bataille oppose ou semble opposer des hommes/femmes d'un côté et des Terminator de l'autre ? En parlant de ces robots plus ou moins autonomes et/ou pilotés depuis des stations terrestres ou navales, quid de l'abolition de l'arme aérienne en tant que composante indépendante ?

16/ La question des SMP, mais j'enfonce une porte ouverte, se place bien plus crucialement sur le terrain des images, du coût politique, que sur celui des capacités et des coûts financiers. Et on rejoint là la thématique du "coût invisible", puisque l'exposition des mercenaires est bien moindre que celle d'une armée conventionnelle.

17/ Finalement ces trois derniers points rejoignent la notion de proxy war. Ou quand il s'agit de faire faire la guerre par un tiers. Quitte à l'aider un peu, en l'armant (parfois malgré lui) ou en le conseillant (cf. à ce sujet Local, global et international : baisser le coût de la force par SD), voire en lui donnant une bonne raison de se battre. Sans nécessairement aller jusqu'aux proportions que cela a pu prendre durant la Guerre Froide, qui n'était pas un modèle de low cost.

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mardi 23 février 2010

Bientôt la fin de l'Internet ?

Quel beau titre bien racoleur... L'interrogation ne concerne cependant pas "Internet" en lui-même mais plutôt l'article défini singulier " l' ".

Tout le monde a entendu parler des bisbilles entre les Etats-Unis et la Chine concernant Google, et, au-delà de cette affaire, du projet Jīndùn Gōngchéng (Bouclier Doré) de cette dernière, mixant surveillance et censure, à la fois technique et humaine. J'en parlais en mai 2009 (50 Cent Army contre Netizens), et Charles Bwele a bien fait le tour du sujet sur l'Alliance Géostratégique (Une cyberguerre froide dans la Cité Interdite).

Cependant, un autre évènement, passé relativement inaperçu, risque de porter plus en avant le cloisonnement au sein du réseau des réseaux. Comme le rapporte Le Monde, depuis septembre 2006, la Chine a choisi de s'affranchir largement de l'ICANN, l'organisme de droit californien chargé d'octroyer et de gérer les noms de domaines pour l'ensemble de la Toile. Au coeur de la gouvernance d'Internet, l'ICANN est souvent vu comme le symbole de l'impérialisme américain dans l'univers numérique. Beijing, souhaitant offrir la possibilité à ses internautes d'utiliser des noms de domaines écrits en caractères chinois, a donc commencé la mise en place d'un système "parallèle", largement indépendant du principal. Et la Chine s'en est donnée à coeur joie, (re)créant les suffixes .com, .cn, .net, et les noms de domaines .gov, .mil... (ça ne vous rappelle rien ?) ainsi qu'un nom de domaine pour chacune des provinces.

L'ICANN, symbole pour beaucoup de l'impérialisme américain
crédits : Critical Internet Culture

La Chine gère donc les redirections vers ces suffixes et noms de domaines enregistrées auprès d'elle en toute autonomie. Une des conséquences en est qu'un internaute chinois tapant en idéogrammes est limité au sous-réseau chinois, déconnecté de la Toile mondiale, et aux mains de Beijing : en entrant l'adresse d'un site, il arrive donc sur une version chinoise du site concerné, "préalablement aspiré, vérifié et remis en ligne par les autorités" comme le souligne l'informaticien Laurent Bloch. Et inversement, un site chinois souhaitant être atteignable depuis l'étranger doit obtenir une autorisation du Ministère de l'Intérieur afin que son nom de domaine (en caractères latins) figure dans la liste de ceux qui sont accessibles à l'extérieur.

La volonté d'affranchissement chinois de l'administration américaine s'accompagne donc d'un cloisonnement fort entre l'Internet mondial et cet Internet local chinois. Un exemple qui pourrait être suivi par d'autres pays qui ont un système d'écriture non latin en même temps qu'un régime versant dans l'autoritarisme, comme la Russie ou l'Iran.

Laurent Bloch parle donc d'un "schisme de l'Internet" comparable à celui qu'a connu le Christianisme au XIème siècle. Bien sûr pour les petits malins les barrières sont contournables. Cependant au niveau mondial la question de l'unité du réseau des réseaux est posée : l'économie de la planète et les échanges commerciaux et culturels se sont largement réorganisés autour de cette structure connectée de façon globale. Quel pourrait être l'impact d'une partition ? Y aurait-il un moyen de créer une super-couche de niveau supérieur pouvant reconnecter tous ces réseaux hétérogènes (un peu comme IP l'avait permis il y a plusieurs décennies) ? Une telle initiative sortirait cependant largement du cadre purement technique...

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lundi 22 février 2010

Les raisons de la guerre en Afghanistan bientôt expliquées à l'opinion publique

En lien avec les très intéressantes discussions qui ont eu lieu sur l'Alliance Géostratégique (lire l'article et les commentaires) sur la situation en Afghanistan et les moyens d'atteindre la victoire, je signale que la Commission pour les relations parlementaires et publiques de l'Assemblée de l'Union de l'Europe Occidentale (AUEO) prépare un rapport intitulé "Afghanistan : expliquer à l’opinion publique les raisons d’une guerre".



Il doit être présenté lors de la prochaine session plénière de l'Assemblée qui aura lieu du 15 au 17 juin 2010 à Paris. J'espère sincèrement :
  1. que ce rapport analysera les causes du relatif manque de soutien des populations européennes à l'engagement actuel
  2. qu'il présentera des pistes de solutions originales et concrètes, qu'il ira au-delà du fond pour toucher la forme, i.e. quels canaux et quels types de messages pour toucher les populations ?
  3. qu'il sortira de la recherche de la "conviction" pure (même si l'intitulé du rapport souligne une volonté de rester dans la rationalité et la pédagogie) pour toucher à la "persuasion", souveraine dans le domaine politique (inutile de se cacher derrière son petit doigt)
  4. qu'il permettra aux décideurs eux-mêmes de faire le point et d'apprécier le rôle du théâtre afghan dans la War on terror à l'échelle planétaire, et d'en tirer des conclusions dans un sens ou dans l'autre sur l'engagement global (s'il prend comme hypothèse inamovible le fait que la guerre est bien menée -politiquement s'entend- et qu'elle avance bien sans en dresser un état des lieux, une partie de l'intérêt sera perdu à mon sens)
  5. que ses conclusions et recommandations pertinentes seront reprises par les gouvernants des membres de l'UE, ce qui constitue souvent un problème pour ce type de rapport, guetté par la syndrôme de l'archivage
Ceci paraît d'autant plus important et urgent que la semaine dernière le gouvernement néerlandais est tombé précisément sur un désaccord concernant l'engagement en Afghanistan. De quoi relativiser le terme de "guerre limitée" ?

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vendredi 19 février 2010

[Le blog de la semaine] : Stratégie de Guerre en Faveur de la Paix !

Cette semaine je signale le blog du bien nommé Stratégie Militaire intitulé Stratégie de guerre en faveur de la paix !.

L'auteur, qui se présente comme chercheur en stratégie militaire, histoire de la guerre et manoeuvre des conflits, y propose quelques (à peine plus d'une quinzaine depuis février 2009) articles dont certains sont plutôt roboratifs, mais heureusement bien structurés, sur son sujet de prédilection :
Ce Blog s’intéresse au domaine du Cyber Guerre, Stratégie Militaire, analyse Stratégique de l’Histoire de la Guerre, la Manœuvre de la Guerre, la relation Politiques et Economiques, la Guerre et la Paix, le métier de Défense la Guerre et la Paix...
Quelques exemples :
Le blog se complète bien de son site frère qui contient plusieurs dizaines de billets sur des sujets comme les RI, Clausewitz, la géopolitique, Beaufre, le Moyen-Orient, l'UE... avec bien sûr l'omniprésence du terme "stratégie".

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jeudi 18 février 2010

Al-Qaïda n'existe pas pour Alain Chouet


A voir, cette vidéo dans laquelle Alain Chouet, ancien chef du Service de renseignement de sécurité (DGSE), explique qu'Al-Qaïda a disparu dans les "trous à rats de Tora Bora", et que son spectre est depuis agité de façon bien pratique par les diverses parties prenantes...

Cela me fait penser indirectement à cette phrase de Verbal Kint dans Usual Suspects :
The greatest trick the Devil ever pulled was convincing the world he didn't exist
Je me demande quel serait l'effet sur la War on Terror si demain les Américains et leurs Alliés, ainsi qu'à leur suite les médias (au moins) occidentaux cessaient de mentionner purement et simplement le terme d'Al-Qaïda. Est-ce que les mouvements terroristes cesseraient de s'en réclamer (pour ceci il faudrait peut-être que l'utilisation de l'expression disparaisse des médias du monde entier) ? Est-ce que d'une guerre globale on passerait à plusieurs guerres locales ?

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mercredi 17 février 2010

Crowdsourcing contre menace chimique

Le US Department of Homeland Security et la NASA sont en train de développer des téléphones mobiles contenant des capteurs sensibles à certaines substances chimiques nocives, et notamment celles utilisées dans les attaques terroristes. Cell-All, c'est le nom de l'initiative, prévoit le déploiement de 40 à 60 téléphones d'ici la fin de l'année pour les besoins d'une maquette.



L'idée consiste en la mise en place d'un réseau de détecteurs mobiles, dont la densité suivrait celle de la foule, et donc serait plus importante dans les centres commerciaux, les transports, les stades... alors que la philosophie actuelle de protection contre les menaces chimiques repose sur un nombre restreints de senseurs fixes positionnés en des points clés des centres urbains.

Il s'agit donc réellement d'un projet de crowdsourcing, c'est-à-dire le fait de faire réaliser (en "sous-traitance") certaines tâches par un grand nombre de membres d'une communauté. Une façon distribuée de résoudre les problèmes. Ici c'est au sens littéral du terme (crowd = foule), alors qu'il est en général utilisé dans un contexte Web. La technique utilisée s'appuie sur des courants électriques faibles qui parcourent les capteurs, et dont l'intensité va être modifiée par certains composants chimiques, ce qui provoque le déclenchement d'une alarme sonore.

Les capteurs considérés font la taille d'un timbre-poste et peuvent donc s'intégrer facilement sur un téléphone mobile moderne. Ce n'est pas le cas des capteurs de substances biologiques, beaucoup plus complexes à réaliser : ils nécessitent plusieurs composants et souvent des fluides à réfrigérer. Un projet séparé est donc en cours afin de réduire le volume des systèmes actuels, qui vont de la lunchbox au semi-remorque, selon les substances traquées.

Bien sûr, des problèmes liés au respect des libertés sont levés par Cell-All : quelle information est collectée ? Qui y a accès ? Comment est-elle stockée ? Le tracking est-il permanent ? Une initiative du Homeland Security est nécessairement à surveiller sur le plan de la vie privée. Le spectre de Big Brother n'est jamais très loin. Les réflexions en cours évoquent, pour pallier ces difficultés, un système de souscription volontaire (i.e. les utilisateurs doivent activement s'inscrire et sont par défaut non-participants) ou une distribution limitée à des personnes sélectionnées (employés gouvernementaux, personnel de sécurité...).

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mardi 16 février 2010

CIA et langues étrangères : les chefs doivent montrer l'exemple

En mai dernier, la CIA lançait un plan quinquennal visant à améliorer drastiquement la maîtrise des langues étrangères par ses agents. Les objectifs, déjà évoqués ici, étaient principalement le doublement du nombre d'analystes et chargés de recherche parlant couramment au moins un langage étranger, et un effort particulier consenti sur certaines langues critiques comme l'arabe, l'ourdou ou le pashtoun. Tout ceci grâce notamment à une refonte des méthodes d'enseignement et certaines modifications des critères de recrutement.

Léon Panetta, directeur de la CIA
crédits : Washington Times

Un peu plus de six mois après le début de l'initiative, la CIA affiche ses premiers résultats :
  • la majorité des agents du National Clandestine Service (qui coordonne l'ensemble des opérations d'HUMINT à l'étranger) en formation linguistique le sont sur des langues critiques et la moitié des recrues récentes ont intégré un programme d'apprentissage
  • des outils de e-learning sont en cours de déploiement
  • en 2009, les recrutements ont permis une hausse de 9% des agents parlant couramment une langue étrangère
C'est un premier pas, même si les vrais résultats s'estiment sur le terrain, les avancées ci-dessus étant avant tout des moyens.

Mais ce n'est pas tout : des critères de maîtrise des langues étrangères vont être introduits dans les promotions aux plus hauts postes, c'est-à-dire au sein du Senior Intelligence Service (SIS). Et ceci à la fois pour les analystes et les agents de terrains. Comme le dit Leon Pancetta, directeur de la CIA :
I expect our SIS officers to lead the way in strengthening this critical expertise.
The stricter requirement for SIS promotion is meant to ensure that leadership on this vital initiative comes from the executive level. With an unwavering commitment from SIS officers—to both lead by example and to support language proficiency at all levels—we will reach not only our language goals, but our ultimate objective: an Agency that is better positioned to protect our nation in the years ahead
Des agents promus et qui en l'espace d'un an n'auront pas été en mesure de prouver leur niveau pourront être rétrogradés.

De quoi faire dire à la CIA "it's your language, it's our problem".

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lundi 15 février 2010

"Le Brésil est à la France ce que l'Australie ne sera pas à l'Espagne", par Thibault Lamidel (Deuxième Partie)

Suite à son article sur le partenariat franco-brésilien, Thibault Lamidel nous livre ici en comparaison une petite analyse sur le couple Espagne-Australie, avec en toile de fond l'influence américaine sur ces deux pays.


Le partenariat hispano-australien



Le couple royal espagnol en visite en Australie, en juin 2009


Paradoxalement, ou pas comme nous le verrons, notre étude sur les relations entre Espagne et Australie commence par un petit mot sur les États-Unis, avec lesquels la marine espagnole entretient des liens depuis les années 70 au moins. Un des exemples les plus illustratifs en est le porte-aéronef Principe de Asturias, issu de plans américains de porte-avions d'escorte (imaginé par l'amiral Zumwalt) rachetés par l'Espagne. Mais ce n’est pas un cas isolé. De ses F-18 Hornet en passant par ses Harrier ou ses hélicoptères Sikorsky. Ou encore les frégates O.H. Perry, également acquises auprès des USA pour sa marine. L’Espagne fait largement confiance au complexe militaro-industriel américain.

S'adresse-t-elle pour autant exclusivement au géant transatlantique ? Il faut mentionner tout de même la participation historique de l’Espagne à la constitution d’EADS via Casa. C’est en Espagne qu’est actuellement assemblé l’A400M. Les relations avec la France, en particulier, sont assez anciennes. On peut citer classiquement la vente de Mirage III et F1 et la construction locale de sous-marins Agosta. Mais le cas du Scorpène qui devait témoigner d’un approfondissement des liens sera plutôt le témoignage que le choix stratégique premier est en faveur de l'Amérique (à l’image d’autres nations européennes). L'Espagne a donc dorénavant un sous-marin de « conception nationale », le S80. Et c'est par l'Australie qu'elle a commencé a trouver des débouchés.


Un divorce lourd de sens


Il était convenu que les S-80 espagnols soit dérivés (dans une certaine mesure) du Scorpène, donc du partenariat politique entre la France et l'Espagne. Il n'en fut finalement rien puisque pour certains éléments stratégiques du navire le choix se porta sur des industriels américains. Comment DCNS pouvait-il avaler l'affront ? Ce n'est pas une simple question d'orgueil. L'Espagne a refusé le système français MESMA qui avait besoin de références supplémentaires pour s'imposer face aux Allemands principalement. C'était une réalité que Madrid a dû prendre en compte. Encore plus quand elle a choisi le Tomahawk américain face au Scalp naval qui en est le premier équivalent européen. C'est donc en plus d'une simple querelle commerciale et industrielle, une absence de participation espagnole à un partenariat de plus long terme.


Le tropisme australien


Il fut vite trouvé. L'Espagne participait en même temps que la France au programme de navire amphibie pour l'Australie. Ce genre de navire ne faisait pas partie des relations entre nos deux pays étudiés.

Certes. Mais le résultat fut surprenant. Alors que la France proposait la construction locale des deux navires, l'Espagne remporta le contrat avec construction en Espagne. L'explication couramment admise était que l'Espagne avait proposé son modèle de destroyer anti-aérien dans le cadre d'une offre globale regroupant les deux marchés.

Soit. Mais dans les détails la chose est troublante. La France proposait un navire qui faisait ses preuves et qui existait. L'Espagne n'avait rien de plus que des plans en trois dimensions alors qu'il est souvent admis qu'un armement virtuel n'a que peu de chance d'être choisi. Et pourtant, cela ne l'a pas empêchée de remporter la vente. La France ne pouvait proposer ses frégates Horizon à 800 ou 900 millions d'euros pièce. Bien que le prix soit à relativiser face à une construction d'une série portée de 2 à 5 navres. On ne sait même pas si l'offre fut faite.

Ce qui est certain, c'est que l'Espagne a joué finement. Plusieurs de ses ministres sont passés par l'Australie pour soutenir l'offre. Son croisement des deux marchés était également une très bonne idée.


L'Australie, pierre angulaire de l'intérêt des États-Unis dans le Pacifique


Il suffit de se pencher sur les contrats d'armement de l'Australie pour comprendre. Son choix, par exemple, de s'associer au programme JSF (les Australiens auraient aimer comme les Japonais disposer plutôt du F-22, les États-Unis ont souhaité privilégier le JSF et garder le Raptor pour leur avantage exclusif. Mais avec l’arrivée d’un chasseur russe tentant de devenir l’équivalent du F-22, le JSF fera-t-il le poids ?) permet d'avancer sans trop se tromper que le positionnement stratégique profond de l'Australie est du côté américain. C'est son choix. Elle a dû être aidée par son chef d'Etat britannique et son positionnement géographique surtout.

Mais cela pourrait également expliquer une partie du succès ibérique en Australie. Les États-Unis ont sûrement souhaiter privilégier l'Espagne. C'est un choix somme toute logique puisque les États-Unis dans leur position d'hyperpuissance doivent assurer leur leadership. C'est naturel, qui ne le ferait pas ? L'Amérique ne pouvait qu'utiliser la stratégie britannique dite « de l'équilibrage » qui consiste comme son nom l'indique à équilibrer les puissances sur le Vieux Continent. C'est avec raison qu'elle ne pouvait qu'aider l'Espagne à limiter le poids naval de la France. On peut donc estimer que les deux contrats australiens sont la résultante de cette volonté.

Pour les Etats-Unis c’est aussi un ensemble de partenariats qui s’inscrit dans le projet « d’arc des démocraties ». C’est le sénateur McCain, candidat républicain malheureux à la présidentielle américaine de 2008, qui a popularisé ce concept. Si l’on regarde une carte centrée sur un cœur asiatique autour du couple Russie/Chine, on peut observer que l’Australie et le Japon sont les avant-postes stratégiques de la puissance américaine dans le Pacifique. Mahan affirmait qu’il était vital pour les États-Unis de disposer d’un dispositif militaire dans les îles hawaïennes. Aujourd’hui ce rôle serait plutôt celui de l’Australie et du Japon, en première ligne face à la Chine. Pour ne pas laisser à cette dernière une hégémonie sur les routes commerciales du sud-est asiatique, le partenariat stratégique dit de l’arc des démocraties s’étend jusqu’à l’Inde. Singapour étant, comme toujours, une « base » faisant la liaison entre le premier dispositif et cette dernière.

Nous reviendrons plus longuement dans un autre article sur ce nouvel endiguement.


Les 12 apôtres et le facteur chance


L'Australie souhaite renouveler sa flotte de sous-marins. C'est un choix naturel s'il existe un consensus politique pour maintenir une telle capacité et donc la rajeunir quand le besoin est.

La position politique affirme que le sous-marin est important pour la défense du territoire maritime australien. Et que le développement de cette arme en Asie du Sud-Est ne peut pas laisser indifférente la marine royale australienne. Une étude est actuellement menée pour déterminer si le format à six sous-marins est suffisant. Les premiers résultats indiqueraient que pour continuer à peser sur mer il faudrait doubler ce nombre. Le choix de la propulsion nucléaire a été écarté.

C'est donc un marché de douze unités qui se dessine dans ce coin du monde. Les cartes sont posées. Les Français sont certes présents en Australie et ont même des participations locales (Thalès Australia). Mais si le postulat d'un équilibrage européen est bien vrai alors on peut douter des chances françaises de remporter ce contrat. La France, voire l'Allemagne, pourraient certainement s'en passer. L'Espagne n'a toujours pas eu de débouché pour son S-80. Après la rebuffade turque il lui faudrait une référence étrangère. Il ne lui reste donc que l'Inde (six nouvelles unités) et l'Australie. Bien que les Etats-Unis soit engagés en Inde ils ne peuvent peser sur la décision autant qu'ils le voudraient. L'Inde est dans la même position stratégique que le Brésil. Contrairement à l'Australie dont il est plus facile de guider les pas puisque cette dernière demande presque le chemin à suivre.


L'Histoire ne s'écrit pas, Elle écrit


Il faudrait pouvoir se pencher longuement sur l'état des forces sous-marines australiennes mais ce n'est pas l'objet de cet article. La flotte actuelle est composée de six sous-marins diesel-électrique de la classe Collins. Ils ont été construits localement à Port Adélaïde sous transfert de technologie suédoise de la firme Kockums. Ils ont été mis en service entre 1996 à 2003. Pour résumer la qualité du dispositif, il faut dire que c'est tout simplement une catastrophe. Tout ce qu'une flotte peut redouter, hors le naufrage (et encore...), s'est produit pour l'arme sous-marine australienne : recrutement déficient, matériel en panne, disponibilité défaillante... Une des causes admises en Australie en est l'état de l'industrie de défense locale.

Ce qui permet de basculer sur un questionnement. L'Australie propose un marché plus que durable de 12 unités. Ce qui permet bien des efforts pour abattre les difficultés les unes après les autres. Même s'il sera difficile de compenser toutes les faiblesses actuelles. Si l'industrie sous-marine australienne a besoin d'être réorganisée il faut une expertise. D'autant plus qu'elle n'a pas construit de sous-marin depuis des années. Et ceux qu'elle a construits sont « ratés ». Il faut pouvoir s'investir sur le long terme et avoir un produit lui-même exempt de « gros défaut ». Ce qui n'est pas le cas du S-80 puisqu'il ne navigue pas. Il naviguera sûrement lors de la formalisation du marché. Mais le fera-t-il sans défaut majeur ?

C'est là que le facteur chance intervient. La France a un produit de qualité. De plus, elle a l'habitude des transferts de technologies. Si l'exemple de l'Inde n'est pas brillant, en raison de problèmes typiquement indiens (la corruption et les lenteurs des procédures sont régulièrement dénoncés par tous), les références brésilienne et pakistanaise (pour les plus actuelles, l'Espagne étant aussi une référence française pour la génération précédente) font une très belle carte de visite que n'a et n'aura pas l'Espagne. Le chantier australien s'annonce difficile. Est-ce que le gouvernement australien, après une génération de matériel désastreuse, est prêt à revivre (peut-être) la même chose ?


Le choix de la République impériale américaine


L'Espagne sait avoir un positionnement pragmatique. Cela lui a permis de récupérer des marchés qui ne pouvaient l'être par Washington. Et que les USA ne voulaient pas voir échoir à d'autres, pour équilibrer leurs rivaux et fidéliser leurs alliés. C'est donc un creuset d'opportunités que l'Espagne a trouvé là et qu'elle n'aurait pas eu en faisant un autre choix stratégique.

Seulement, ce choix est à double tranchant. Là où on ne lui amène pas des opportunités, elle se trouve démunie pour en débusquer ailleurs. Et il faut presque que l'Espagne ait un feu vert pour trouver des marchés. Elle est comme suspendue au desiderata de l'impérium américain. Et en plus, l'Espagne a un catalogue somme toute limité. La France lui fournit le S80. Mais que peut-elle exporter d'autre ? Elle peut faire mal sur les navires de surface. Mais de l'aveu même de l'ancien PDG de DCNS ce sont des navires à moindre valeur ajoutée (par rapport à ce que peut rapporter comme bénéfice la vente d'un sous-marin). L'Espagne n'a donc que la navale de surface militaire pour se développer à l'export. Pas de char, pas d'avion, pas d'électronique. Elle n'ira pas bien loin toute seule.


En guise de conclusion


Nous avons donc vu deux choix stratégiques faits par la France et l'Espagne. Les « tailles » de nos deux pays ne sont pas les mêmes. Il faut bien l'avouer et le reconnaître.

Le choix espagnol serait pertinent s'il ouvrait la porte de « marché spéciaux » comme par exemple Taïwan. Un temps on présentait l'avènement du S80 comme une façon pour les Etats-Unis de fournir l'île nationaliste en sous-marins. Les Espagnols doivent l'espérer eux aussi. Aujourd’hui encore les Etats-Unis ont l'intention de signer un nouveau contrat d’armement incluant notamment des systèmes anti-missile Patriot mais toujours pas de sous-marin. Aucune réaction espagnole ou autre pour faire une proposition. La Chine « pèse ». En attendant, l'Espagne reste limitée par la faible profondeur de son catalogue de matériel à exporter. Et elle n'a pas encore prouvé qu'elle pouvait se créer des opportunités. Encore moins dans le cadre d'une stratégie bien définie. Et par son divorce avec la France elle s'est fermé des portes en Europe.

A contrario, la France a trouvé un partenariat plein d'avenir en Amérique latine qui pourra combler de façon aisée la déception espagnole. La stratégie d'indépendance technique et technologique lui donne les moyens de trouver des débouchés que d'autres ne peuvent se créer. Le Brésil en est un grand exemple. Ses relations avec les grandes et petites puissances émergentes ouvre le champ de ses possibilités.

Ce sont donc deux « mondes » qui s'affrontent. D'un côté le système d’alliance tissé par les Etats-Unis autour de ses fidèles alliés stratégiques. De l'autre les puissances émergentes, dont certaines ne s’interdisent pas d’entretenir des rapports fructueux avec Washington, qui sont soutenues activement par la France notamment pour tenter d’atténuer la puissance américaine. Ce n’est pas un choix uniquement fait par notre pays. A bien des égards on peut considérer que les politiques russe et allemande s’inscrivent dans la même démarche.

Toutefois, est-ce une politique durable ? Il faut voir que les puissances émergentes investissent aujourd’hui pour se mettre à niveau technologiquement en systématisant les acquisitions en transfert de technologie. Il est impératif de garder à l’esprit que ce n’est peut-être que la partie la plus plaisante d’un monde multipolaire que l’on cherche à atteindre. Certaines de ces puissances deviendront autonomes pour subvenir à leur besoin d’outils militaires de souveraineté. C’est toute la question du chasseur russe de cinquième génération par exemple où l’Inde est encore un partenaire secondaire. En ce sens où elle contribue surtout à adapter la machine à ses besoins (en biplace). Mais dans quel rapport de force la France pourrait-elle « demain » développer un tel chasseur avec le Brésil ?

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dimanche 14 février 2010

Afghanistan : à lire sur Alliance Géostratégique

Je vous conseille vivement l'article Afghanistan : chronique d'une défaite organisée de Charles Bwele sur Alliance Géostratégique. Avec un style assez provocateur, il met les pieds dans le plat et lance le débat, très bien alimenté par les commentaires des lecteurs du blog.


Un point de départ (assez pessimiste) à une réflexion plus large sur les raisons de l'engagement des Alliés et de la France sur ce théâtre, la réelle mesure des progrès, sa place dans la War on Terror, les moyens de triompher...capital en cette période d'opération Mushtarak.

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vendredi 12 février 2010

Le DGA n'a pas le temps...

Alors que le DGA s'est félicité cette semaine de l'année 2009 (commandes, crédits de recherche, export), il a tout de même souligné le problème récurrent des retards pris dans la livraison des programmes d'armements, aggravé par les urgences issues de l'engagement en Afghanistan. J'évoquais les soucis liés à la conduite de ces programmes il y a presqu'un an (Du laisser-aller dans la conduite des programmes d'armement français).


A l'export, ce sont les délais de réponse aux appels d'offres qui sont épinglés : ils sont deux fois plus longs que celui des entreprises britanniques, malgré des améliorations dans le processus de contrôle des exportations depuis 2006.

A voir également :

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jeudi 11 février 2010

L'Inde muscle sa défense insulaire face à la Chine

L'exercice naval Milan mené par la marine indienne autour des îles Andaman et Nicobar s'est achevé en début de semaine. Ayant mobilisé des navires de Singapour, du Sri Lanka, de Thailand, d'Australie, du Bangladesh, d'Indonésie, de Malaisie et du Myanmar, ainsi que des représentants de Brunei, du Vietnam, des Philippines et de la Nouvelle-Zélande, il est considéré comme un succès par P. Suresh, Commodore en charge des opérations :
The achievement of Milan is that our navy is capable of hosting an event of this nature, building friendship across the seas and to obtain more interoperability




Alors qu'il y a quelques semaines, Chine et Inde parlaient ensemble de leur sécurité, Milan s'inscrit dans le cadre d'un renforcement des bases indiennes de Nicobar et Andaman, justement dans l'intention de se défendre contre les ambitions chinoises. Et notamment la mise en oeuvre d'un "collier de perles" reliant la Chine à l'Est de l'Afrique, ayant pour effet plus ou moins direct une sensation d'étranglement de la part de l'Inde.

La zone, peuplée de plus de 500 îles ou îlots, est considérée comme stratégique. L'Inde y dispose déjà d'un commandement interarmes depuis 2001. L'initiative devrait lui permettre une "avancée" de plus de 1200km vers l'Asie du Sud et d'augmenter ses capacités de déploiement et de projection. Des Su-30MKI vont être positionnés sur place, et le nombre de terrains d'aviations opérationnels va être augmenté, de même que leur taille, afin de faciliter une plus grande variété d'opérations, y compris de chasse. Des UAV de courte et moyenne portées auront pour tâche de garder un oeil sur les bases militaires chinoises du Myanmar (îles Coco). Cependant il s'agira surtout de développer des capacités de combat amphibie : le décor est propice à l'entraînement au débarquement sur des plages ennemies et à la prise de contrôle d'environnement hostiles et exposés. Actuellement l'Inde dispose d'une seule brigade spécialisée dans le combat amphibie, stationnée sur la côte continentale.

Des systèmes NCW doivent également être mis en oeuvre afin d'améliorer la surveillance et la protection des chapelets d'îles.

Voir également :

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mercredi 10 février 2010

Herman van Rompuy futur chef des armées ?

Lors de la 46ème conférence sur la sécurité de Munich, le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a indiqué que la création d'une armée européenne sous contrôle du parlement était un objectif à long terme que devait poursuivre l'Union Européenne. Une nécessité même, afin que cette dernière puisse assumer son rang au niveau mondial.


Guido Westervelle
crédits : micebase.de

Malgré les avancées (ou régressions, selon le point de vue) contenues dans le Traité de Lisbonne entré en vigueur en décembre dernier, on en est loin. Le président du Conseil Européen et la nouvelle Haute Représentante pour les Affaires Étrangères sont pour le moment bien timides, mais c'est normal. Les possibilités de "coopération renforcée" dans le domaine de la défense sont clairement d'ordre inter-étatique, et dans la lignée d'une Europe faite de plusieurs cercles concentriques.

Les chiffres sur les effectifs ou les armements cumulés des États membres, rappelés par SD (Lisbonne : vers une armée de l'Union) contrastent eux avec la relative frilosité politique...

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mardi 9 février 2010

Pour l'OTAN, la nouvelle doctrine militaire russe ne reflète pas le monde réel

Crédits : kremlin.ru

La nouvelle doctrine militaire russe, approuvée le 5 février par le président Medvedev, présente l'OTAN, son élargissement, notamment dans des territoires de l'ex-bloc de l'Est, et plus généralement son expansin, comme la principale menace extérieure pesant sur la Fédération. Ainsi le chapitre 8 de la doctrine, intitulé "Principales menaces extérieures de guerre" (Основные внешние военные опасности), stipule-t-il, dans son premier article :

а) стремление наделить силовой потенциал Организации Североатлантического договора (НАТО) глобальными функциями, реализуемыми в нарушение норм международного права, приблизить военную инфраструктуру стран – членов НАТО к границам Российской Федерации, в том числе путем расширения блока;

La Russie fustige ainsi une tendance de l'OTAN à donner à ses fonctions une envergure mondiale, "en violation des normes du droit international", et à "rapprocher l'infrastructure militaire des pays membres des frontières russes, notamment par l'élargissement du bloc".

Quelques articles plus loin, mais toujours en bonne place et devant le terrorisme, figurent aussi "l'élaboration et le déploiement de systèmes de missiles de défense stratégique qui sapent la stabilité mondiale et perturbent l'équilibre des forces dans le domaine balistique nucléaire" ainsi que la "militarisation de l'espace extra-atmosphérique" :
г) создание и развертывание систем стратегической противоракетной обороны, подрывающих глобальную стабильность и нарушающих сложившееся соотношение сил в ракетно-ядерной сфере, а также милитаризация космического пространства, развертывание стратегических неядерных систем высокоточного оружия;
C'est évidemment l'ABM et ses prolongements européens qui sont visés ici. Un peu plus loin est également présentée comme un danger la prolifération nucléaire et des armes de destruction massive.

Peut-on y voir un écho lointain aux déclarations de la Chine qui, à la suite de l'annonce américaine de ventes d'armements en bonne voie auprès de Taiwan, avait déclaré que les États-Unis étaient une menace pour sa sécurité ?

En tout état de cause, et sans surprise, l'OTAN a réagi, par la voix de son Secrétaire Général, le Danois Rasmussen :
Je me vois dans l'obligation de constater que la nouvelle doctrine ne reflète pas le monde réel... L'Otan n'est pas l'ennemi de la Russie. Cette doctrine ne correspond pas à la réalité et se trouve en contradiction flagrante avec toutes nos tentatives d'améliorer les relations entre l'Alliance et la Russie
Cela passe selon lui notamment par une coopération accrue sur le dossier afghan :
J'ai appelé la Russie à s'engager plus en Afghanistan, lorsque je me suis rendu en décembre à Moscou (...) Je pense que nous avons les mêmes intérêts que les Russes à voir la situation s'améliorer en Afghanistan
Tout ceci intervient alors que Russie et Etats-Unis sont en train de négocier un nouvel accord sur la réduction des arsenaux stratégiques, et que la Roumanie vient d'accepter d'accueillir sur son sol des missiles intercepteurs de moyenne portée, éléments de la nouvelle configuration de la défense anti-missile américaine en Europe.

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lundi 8 février 2010

"Le Brésil est à la France ce que l'Australie ne sera pas à l'Espagne", par Thibault Lamidel (Première Partie)

Nous débutons une série de deux articles sur les cas de la France et de l'Espagne dans la vente d'armement. Ce genre de contrat commercial n'est rien d'autre, bien souvent, qu'une prolongation de leurs actions politiques et diplomatiques. Il sera tenté ici de montrer la différence entre un choix atlantiste et un choix, non pas strictement indépendant (qui l'est ?), mais tendant plus vers un monde « multipolaire ».

Il est proposé de s'intéresser à ces deux pays exportateurs de matériel militaire et au « client pivot » de leur stratégie. La rivalité entre l'Espagne et la France est d'autant plus saisissante qu'elles ont coopéré durant le programme Scorpène avant de se séparer dans de douloureuses conditions. Nous en évoquions déjà les causes dans un article sur la consolidation des industriels de défense terrestre en Europe :

Le sous-marin est conçu par la DCNS et ce qui deviendra Navantia. Les Espagnols sont passés de la réalisation de sous-marin français en transfert de technologie à la conception. Après les succès à l'export du sous-marin, il était question que l'Armada commande au moins 4 Scorpène. Il n'en fut rien, l'Etat espagnol prit la décision que le sous-marin serait de conception espagnole, avec un système de combat américain, une propulsion AIP américaine et des tubes de lancement de missiles de croisière américains (Tomahawk en lieu et place du Scalp naval). Ainsi est né le S80, et le divorce fut consommé.

Prenons un peu de hauteur afin d'analyser de façon plus globale les stratégies qui s'affrontent. Dans cette première partie nous nous attachons à l'axe franco-brésilien.


Le partenariat franco-brésilien

crédits : leprogres.fr


Une lente construction


Le prélude à la formalisation de la coopération stratégique a été la participation française dans Embraer, ainsi que les contrats d'exportations qui ont soutenu la montée en puissance d'Hélibras. La France contribuait déjà au développement de l'industrie aéronautique et de défense brésilienne par le biais de transferts de technologies. Nous sommes aujourd'hui bien devant un partenariat tout azimut puisqu'il touche à plusieurs domaines, aussi bien dans la défense que dans le civil.


Le cas du Scorpène


Pour le Scorpène l'apport espagnol a surtout été son « carnet d'adresses » en Amérique Latine. Cette zone était jusqu'alors une chasse presque exclusivement gardée par les Allemands dans le domaine des sous-marins. La coopération franco-espagnole a permis d'arracher une vente au Chili. Le contrat malaisien étant l'autre réussite du couple.

Cependant, une fois le divorce consommé, c'est la France seule qui signe le contrat au Brésil. Il est le fruit d'un partenariat stratégique âprement discuté entre les deux pays. Ce n'est que la suite logique du conseil franco-brésilien du 23 décembre 2008. Le contrat en question prévoyait non seulement de construire 4 sous-marins Scorpène en transfert de technologie au Brésil, mais surtout d'accompagner le Brésil dans la mise au point d'un sous-marin nucléaire d'attaque (SNA). La France fournit la coque, le Brésil le réacteur embarqué et les parties nucléaires, les deux parties travaillant à l'intégration de l'ensemble.

C'est un choix stratégique profond puisque depuis c'est la deuxième fois qu'une « puissance nucléaire historique » s'associe à un pays émergent pour lui fournir un instrument de souveraineté lié à la maîtrise de la technologique nucléaire. L'autre exemple étant la collaboration entre la Russie et l'Inde (expertise technique russe, une location de SNA soviétique et un Akula bientôt de nouveau en location pour la marine indienne).

Enfin, il convient d'ajouter que la marine brésilienne a présenté un plan ambitieux de développement naval (format plus ou moins équivalent à notre marine). C'est bien sûr une place de choix que notre pays s'est créé ici.


Le Rafale comme aboutissement


Hélicoptère, sous-marin... Il ne manquait plus qu'une réussite du côte des chasseurs. La France avait déjà vendu des Mirage 2000 au Brésil. Comme à l'habitude, tout pays ayant acquis des Mirage se voit proposer presque systématiquement le Rafale. C'est ce qui est chose faite lors du premier marché FX lancé par le Brésil pour renouveler son armée de l'air. Le marché FX1 périclite de lui-même par manque d'avancées. C'est le FX2 qui prend sa relève. Ce marché est un des plus disputés si l'on tient compte des négociations des deux FX dans leur ensemble qui durent depuis 2000 environ.

Cependant, la décision finale serait proche. Après de multiples rebondissements, le Brésil pourrait enfin choisir. Les concurrents étant le Rafale, le F-18 E/F Super Hornet et le JAS 39 Gripen/NG. Il a été affirmé en août 2009 par le président brésilien Lula que son choix, donc politique, était le Rafale en raison du partenariat et de l'engagement français maintes fois prouvés (contrairement à d'autres). Après la rebuffade de l'armée de l'air brésilienne, Brasilia a réaffirmé ces dernières semaines sa préférence via son ministre de la défense.

Revenons un peu sur ce choix brésilien. Au vu des concurrents retenus par le Brésil, il existe d’autres possibilités que la France. Il est plus évident de comprendre pourquoi la France a été retenue pour la vente de sous-marins : il n’existe que deux pays (aux dernières nouvelles) qui vendent leur savoir-faire technologique dans la construction de SNA. Mais dans l’aéronautique, pourquoi encore choisir politiquement la France ? Il faut savoir que malgré les apparences, le nombre de chasseurs proposés à l’export et en transfert de technologie ne sont pas légion. Si on rajoute le critère d’une certaine qualité éprouvée, on peut encore réduire cette liste. Il reste donc principalement les Suédois, Américains, Russes, Français et autre consortium européen qui détiennent la capacité de réaliser un chasseur dit moderne et qui puisse remplir toutes ses promesses (ou presque) au combat. Le problème bien connu étant que nos finalistes se partagent en deux camps distincts : celui de ceux qui transfèrent la technologie par opposition à ceux qui souverainement gardent le fruit de leurs recherches. D’un côté les Russes et les Français. Les consortiums européens par leur spécificité sont neutre. . . Là où la Suède ne l’est pas ! Cette dernière se dit prête à entrer dans le camp de ceux qui transfèrent. Cependant, la part importante de composants américains dans la constitution du Gripen pourrait être un frein à la vente. On cite souvent le cas du réacteur mais pour l’anecdote le Gripen peut aussi recevoir le réacteur du Rafale (M88) ou de l’Eurofighter (EJ2000). Et les États-Unis ? Ils disent transférer de la technologie (pour leurs alliés les plus méritant comme l’Angleterre ou le Japon) et même pratiquer de généreuses compensations industrielles mais la réalité est tout autre. Par exemple le Japon a conduit un deuxième programme pour réaliser un chasseur : le F2. Le problème étant que ce programme n’a fait que réinventer le F-16. . . Pour plus cher ! En Pologne, l’achat récent de F-16 a plus que déçu en compensation industrielle. Les exemples sont riches, trop riche pour le Brésil.

Il reste à attendre l'affirmation concrète de ce choix, et de voir si le pouvoir civil dictera bien sa décision à l'armée de l'air. Mais en cas de victoire du Rafale ce ne serait finalement pas une grande « surprise ». Après tout, il s'inscrit dans le cadre d'un partenariat de développement commun. Et l'offre commerciale française n'est pas le fruit d'une trouvaille « marketing », plus ou moins copiée sur l'offre d'un concurrent.

Enfin, ce marché, une fois signé (quel qu'en soit le vainqueur), n'apportera certainement que des questions. Une des plus importantes étant l'après Rafale. Il faut savoir que la Russie avait proposé un temps au Brésil de développer avec elle un chasseur de cinquième génération (qui a volé ce 29 janvier 2010). La Russie collaborant avec l'Inde pour le développement, il reste le besoin français, et peut être brésilien, d'imaginer l'avenir. A deux ?


Élargissement du partenariat


La candidature gagnante du Brésil aux J.O. qui a été soutenu aussi bien par Paris que par les capitales africaines illustre bien les conséquences lointaines du partenariat entre nos deux pays. Comme me le fait remarquer JGP, c’est peut être aussi l’illustration de ce que la France fait pour s’attirer les bonnes grâces de Brasilia pour l’achat de Rafale. Il a peut être raison. Que dire aussi d’un esprit de revanche vis-à-vis de la victoire londonienne ? La candidature brésilienne a remporté la mise face à la candidature de Chicago défendue par Barack Obama. . . L’occasion était si belle aussi.

Les négociations sur le climat avec la position commune franco-brésilienne en sont un autre exemple. Mais un exemple qui clot la frontière du potentiel du partenariat franco-brésilien. En effet, le Brésil a fini par rejoindre la position des Etats-Unis et de la Chine au dernier sommet de Copenhague. Il ne faut pas oublier que le Brésil est un pays émergent, et comme il a été vu lors du sommet, il a des besoins impératifs de se développer sans entrave. Des intérêts qui ne peuvent que différer de ceux de la France car les deux pays ne sont pas dans la même position industrielle.

Le partenariat franco-brésilien ne se limite pas à un partenariat souverain entre industries de défense. C'est un choix réfléchi de la France de soutenir un pays souhaitant structurer l'Amérique du Sud via un processus « à l'européenne ». Est-ce un choix diplomatique fait dans l'arrière-cour des États-Unis ? Si on était en pleine Guerre Froide, la réponse serait oui. Mais au contraire, si on relit le penseur naval américain, Mahan, la réponse est non. Pour ce dernier, la « défense » de l'aire stratégique des États-Unis implique une sûreté relative jusqu'aux côtes du Vénézuela. Une conception extensive au sud de l'Amazone n'était d'actualité qu'à l'époque des deux blocs.

Du côté français ce partenariat ne se limite déjà plus au seul Brésil. La France a renouvelé ses accords de défense avec le Chili et l'Argentine. Le choix de ces pays n'est pas anodin car, outre la tradition diplomatique, il s'inscrit dans la même démarche entamée avec le Brésil : donner une suite aux relations militaires passées et participer à la structuration de l'espace politique sud-américain.

Cette rénovation des relations avec l'Argentine et le Chili passe par de nouveaux projets. Au Chili la coopération navale se veut plus profonde. Les industriels se positionnent pour d'autres contrats et donner suite aux Scorpène. En Argentine se pose la même question mais pour le Super-Étendard.

Une industrie de la défense est balbutiante en Amérique du Sud. Le marché est assez restreint, ce qui pourrait pousser à des rapprochements inhérents à toute industrie qui doit se concentrer pour survivre. Par exemple la question des Scorpène pourrait poser des occasion de coopération entre le Brésil et le Chili. Par ailleurs, si le Brésil choisissait le Rafale il obtiendrait une ligne de montage (le contrat brésilien a un potentiel affiché de 108 machines). Des Rafale produits à la chaîne aux coûts brésiliens pourraient susciter des offres plus agressives. Par exemple à l'adresse de l'Argentine et du Chili pour renouveler pleinement leur flotte d'avion de chasse vers 2015-2020.


Un partenariat qui a plus d'avenir que de passé


Le partenariat franco-brésilien dans la défense est très riche et il n'a pas fini de se développer. La question de l'après Rafale ou de porte-avions brésiliens montrent bien le potentiel de la relation. La France ne vend pas seulement de la technologie. Elle vend de la souveraineté à l’instar de la Russie. Un avion de chasse est aussi bien un outil militaire que politique. C’est pourquoi l’intérêt du Brésil est d’avoir trouvé un pays qui peut lui fournir des « instruments de puissance » tel que le sous-marin nucléaire. C’est ce qui explique le potentiel de la relation puisque la France trouve là un moyen de financer ses ambitions dans certains domaines où un partenaire européen est introuvable par exemple.

Mais ce partenariat aura des limites stratégiques « naturelles». On imagine mal le Brésil avoir un unique fournisseur. C'est imaginable si ce dernier est le seul à fournir des instruments de souveraineté. Mais pour d'autres équipements moins stratégiques le Brésil ne se tournera pas toujours vers le même pays. En effet, autant que peuvent s'aimer la France et le Brésil les « Etats n'ont pas d'amis mais des intérêts ». Nos deux pays ne mettront pas tous leurs oeufs dans le même panier. Enfin, n’oublions pas que le Brésil a une double appartenance : il est autant une « puissance » (en devenir) qu’un pays émergent. L’affaire climatique en est un exemple.

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dimanche 7 février 2010

Rafale et aéronavale britannique

Le 19 janvier dernier, Thibault Lamidel écrivait, dans son article Rafale Marine Biplace, JSF et collision :
Il existe donc l'hypothèse de pouvoir vendre le Rafale aux Anglais. L'accord pourrait être aisé en proposant à ces derniers de produire leur Rafale marine localement. Et même, de produire les Rafale marine français. L'occasion serait trop belle de reproposer le Rafale N pour équiper les deux marines.

Hypothèse farfelue ?

Peut-être... Ou pas du tout. Cela l'est moins si le JSF continue à s'effondrer. La crise qui touche les forces armées britanniques est bien réelle. L'argument financier fera mouche. Il porte déjà d'ailleurs, la commande anglaise de F-35 ayant été ramenée de 150 à 132. Et ce serait même 50 aujourd'hui. L'argument capacitaire joue pour beaucoup aussi. Un nouveau « White paper » doit voir le jour au Royaume-Uni. Est-ce que la Royal Navy disposera d'un seul porte-avions ? Sera-ce un CATOBAR ? Cette hypothèse est sérieusement envisagée par les Anglais puisqu'elle a même était chiffrée à 1 milliards de livres pour la "refonte" (alors même que les navires ne sont pas encore construits).
Mais si jamais la Royal Navy disposait d'un seul porte-avions, CATOBAR qui plus est, elle aurait les mêmes problèmes que notre marine pour entretenir son outil. Le soutien mutuel passerait par une coopération cordiale. Alors, quid du Rafale dans ces différentes hypothèses ?
Dans le "Livre Vert" de la défense publié par les Britanniques ces derniers jours, marqué par un contexte budgétaire serré, la coopération avec la France est mentionnée afin de leur permettre de participer à des guerres dans le futur. Ceci a notamment été commenté sur Zone d'Intérêt (Le Royaume-Uni s'interroge sur un partenariat de défense avec la France).

Le HMS Queen Elizabeth, prévu pour 2015

Le portail des sous-marins va plus loin en mentionnant une possible modification des porte-avions britanniques, en rappelant que le JSF version B pourrait faire les frais des recherches d'économies, pourquoi pas au profit...du Rafale :
Parmi les mesures d’économie envisagées, le gouvernement britannique pourrait abandonner l’idée d’acheter des JSF (F-35) version B (décollage vertical et appontage court).

Dans cette perspective, des sources expliquent que, parmi les mesures envisagées, la Royal Navy devrait faire appel à des avions de la marine nationale française pour armer ses porte-avions.
Pour rappel, le F-35 B avait été choisi par le MoD (Royal Navy et RAF) en 2002, ce qui suppose une version STOVL du porte-avions.

Mais la capacité CATOBAR (décollage assisté par catapulte, appontage à l'aide de brins d'arrêt) est prévue dans les spécifications, l'objectif initial étant de faire un navire "future proof". F-35 C, Rafale Marine et Typhoon, à décollage conventionnel, sont donc potentiellement concernés.

La version C du F-35 peut être privilégiée par le Royaume-Uni. Elle dispose d'une plus grande capacité d'emport et d'un plus grand rayon d'action que la B, et peut donc permettre une réduction du nombre d'unités commandées. D'ailleurs durant l'été dernier, la possibilité avait été évoquée dans la presse d'outre-Manche, le chiffre de 25M$ d'économie étant avancé pour chaque aéronef conventionnel.

Cependant en période de disette le choix du CATOBAR n'est pas évident, car les coûts opérationnels en sont plus importants. L'autre désavantage est que le Royaume-Uni et son industrie sont moins impliqués sur cette version du F-35 que sur la B.

Finalement, certains voient dans ces références au Rafale une sorte d'épouvantail agité par Lockheed Martin pour mettre un peu de pression sur les Britanniques et leur BID, sur le mode "la survie de votre industrie de défense en dépend".

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samedi 6 février 2010

Wikio : Alliance Géostratégique continue sa marche en avant

Bonne surprise que le classement de Wikio pour le mois de février 2010 :
  • Mon propre blog monte au 1689ème rang général, et au 700ème rang de la catégorie "Divers"
  • Alliance Géostratégique se classe 743ème au général (et 257ème des "Divers"), ce qui à ma connaissance en fait le premier dans le domaine géopolitique/sécurité/défense, devant Secret Défense, de Jean-Dominique Merchet, qui est 747ème.
Pour rappel, le classement est fait en fonction du nombre de liens entrants vers des articles de chaque blog, et il n'existe pas à l'heure actuelle de catégorie "Géopolitique". Wikio dit recenser plus de 330 000 blogs.

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vendredi 5 février 2010

1515 et les grandes dates de l'histoire de France

Récemment je vous parlais de l'Introduction à l'histoire de notre temps de René Rémond. Je soulignais qu'il contenait finalement peu de dates et de repères chronologiques, se concentrant sur les enjeux, causes et conséquences des grands évènements de notre histoire depuis l'Ancien Régime.


Pour le compléter, je ne saurais que recommander 1515 et les grandes dates de l'histoire de France, rédigé, sous la direction d'Alain Corbin, par une cinquantaine de nos plus grands historiens contemporains : André Kaspi, René Rémond, Jacques Le Goff, Emmanuel Leroy Ladurie, Marc Ferro, Pierre Nora...

De la fondation de Marseille en 600 avant JC au Traité de Versailles en 1919, les principales étapes de notre histoire sont retracées sous la forme de synthèses de quelques pages, précédées d'une illustration issue d'un aide-mémoire chronologique de l'entre-deux-guerres.

L'entreprise est à saluer, et l'ouvrage à picorer, sans forcément respecter la chronologie !

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jeudi 4 février 2010

Prolifération nucléaire : cherchez l'erreur

Clin d'oeil : sur la "Proliferation Map" du site Missile Defense Advocacy figurent toutes les puissances nucléaires actuelles ou pour lesquelles il existe de fortes suspicions de programmes nucléaires militaires. Toutes ? Non, il en manque une, et non des moindres...


Autre remarque, le site, dont l'objet figure explicitement dans le titre, fait référence, de façon anachronique, à la Triade nucléaire française...qui n'est plus d'actualité depuis plus de 10 ans et la fin du démantèlement du Plateau d'Albion.

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