Quel beau titre bien racoleur... L'interrogation ne concerne cependant pas "Internet" en lui-même mais plutôt l'article défini singulier " l' ".
Tout le monde a entendu parler des bisbilles entre les Etats-Unis et la Chine concernant Google, et, au-delà de cette affaire, du projet Jīndùn Gōngchéng (Bouclier Doré) de cette dernière, mixant surveillance et censure, à la fois technique et humaine. J'en parlais en mai 2009 (50 Cent Army contre Netizens), et Charles Bwele a bien fait le tour du sujet sur l'Alliance Géostratégique (Une cyberguerre froide dans la Cité Interdite).
Cependant, un autre évènement, passé relativement inaperçu, risque de porter plus en avant le cloisonnement au sein du réseau des réseaux. Comme le rapporte Le Monde, depuis septembre 2006, la Chine a choisi de s'affranchir largement de l'ICANN, l'organisme de droit californien chargé d'octroyer et de gérer les noms de domaines pour l'ensemble de la Toile. Au coeur de la gouvernance d'Internet, l'ICANN est souvent vu comme le symbole de l'impérialisme américain dans l'univers numérique. Beijing, souhaitant offrir la possibilité à ses internautes d'utiliser des noms de domaines écrits en caractères chinois, a donc commencé la mise en place d'un système "parallèle", largement indépendant du principal. Et la Chine s'en est donnée à coeur joie, (re)créant les suffixes .com, .cn, .net, et les noms de domaines .gov, .mil... (ça ne vous rappelle rien ?) ainsi qu'un nom de domaine pour chacune des provinces.
La Chine gère donc les redirections vers ces suffixes et noms de domaines enregistrées auprès d'elle en toute autonomie. Une des conséquences en est qu'un internaute chinois tapant en idéogrammes est limité au sous-réseau chinois, déconnecté de la Toile mondiale, et aux mains de Beijing : en entrant l'adresse d'un site, il arrive donc sur une version chinoise du site concerné, "préalablement aspiré, vérifié et remis en ligne par les autorités" comme le souligne l'informaticien Laurent Bloch. Et inversement, un site chinois souhaitant être atteignable depuis l'étranger doit obtenir une autorisation du Ministère de l'Intérieur afin que son nom de domaine (en caractères latins) figure dans la liste de ceux qui sont accessibles à l'extérieur.
La volonté d'affranchissement chinois de l'administration américaine s'accompagne donc d'un cloisonnement fort entre l'Internet mondial et cet Internet local chinois. Un exemple qui pourrait être suivi par d'autres pays qui ont un système d'écriture non latin en même temps qu'un régime versant dans l'autoritarisme, comme la Russie ou l'Iran.
Laurent Bloch parle donc d'un "schisme de l'Internet" comparable à celui qu'a connu le Christianisme au XIème siècle. Bien sûr pour les petits malins les barrières sont contournables. Cependant au niveau mondial la question de l'unité du réseau des réseaux est posée : l'économie de la planète et les échanges commerciaux et culturels se sont largement réorganisés autour de cette structure connectée de façon globale. Quel pourrait être l'impact d'une partition ? Y aurait-il un moyen de créer une super-couche de niveau supérieur pouvant reconnecter tous ces réseaux hétérogènes (un peu comme IP l'avait permis il y a plusieurs décennies) ? Une telle initiative sortirait cependant largement du cadre purement technique...
Cependant, un autre évènement, passé relativement inaperçu, risque de porter plus en avant le cloisonnement au sein du réseau des réseaux. Comme le rapporte Le Monde, depuis septembre 2006, la Chine a choisi de s'affranchir largement de l'ICANN, l'organisme de droit californien chargé d'octroyer et de gérer les noms de domaines pour l'ensemble de la Toile. Au coeur de la gouvernance d'Internet, l'ICANN est souvent vu comme le symbole de l'impérialisme américain dans l'univers numérique. Beijing, souhaitant offrir la possibilité à ses internautes d'utiliser des noms de domaines écrits en caractères chinois, a donc commencé la mise en place d'un système "parallèle", largement indépendant du principal. Et la Chine s'en est donnée à coeur joie, (re)créant les suffixes .com, .cn, .net, et les noms de domaines .gov, .mil... (ça ne vous rappelle rien ?) ainsi qu'un nom de domaine pour chacune des provinces.
La Chine gère donc les redirections vers ces suffixes et noms de domaines enregistrées auprès d'elle en toute autonomie. Une des conséquences en est qu'un internaute chinois tapant en idéogrammes est limité au sous-réseau chinois, déconnecté de la Toile mondiale, et aux mains de Beijing : en entrant l'adresse d'un site, il arrive donc sur une version chinoise du site concerné, "préalablement aspiré, vérifié et remis en ligne par les autorités" comme le souligne l'informaticien Laurent Bloch. Et inversement, un site chinois souhaitant être atteignable depuis l'étranger doit obtenir une autorisation du Ministère de l'Intérieur afin que son nom de domaine (en caractères latins) figure dans la liste de ceux qui sont accessibles à l'extérieur.
La volonté d'affranchissement chinois de l'administration américaine s'accompagne donc d'un cloisonnement fort entre l'Internet mondial et cet Internet local chinois. Un exemple qui pourrait être suivi par d'autres pays qui ont un système d'écriture non latin en même temps qu'un régime versant dans l'autoritarisme, comme la Russie ou l'Iran.
Laurent Bloch parle donc d'un "schisme de l'Internet" comparable à celui qu'a connu le Christianisme au XIème siècle. Bien sûr pour les petits malins les barrières sont contournables. Cependant au niveau mondial la question de l'unité du réseau des réseaux est posée : l'économie de la planète et les échanges commerciaux et culturels se sont largement réorganisés autour de cette structure connectée de façon globale. Quel pourrait être l'impact d'une partition ? Y aurait-il un moyen de créer une super-couche de niveau supérieur pouvant reconnecter tous ces réseaux hétérogènes (un peu comme IP l'avait permis il y a plusieurs décennies) ? Une telle initiative sortirait cependant largement du cadre purement technique...
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