Je parlais récemment de l'utilisation du titre de "consultant" pour la promotion masquée d'idées passant pour neutres et objectives. Il se pourrait que la Chine, dont a vu quelle est au centre de questions relatives au cyberespionnage de masse, ait, depuis quelque temps, décidé de passer la vitesse supérieure.
Il est évident que l'internet chinois est soumis à un contrôle drastique. On ne développera pas ici les histoires concernant Google ou Yahoo, qui se sont pliés de bonne ou mauvaise grâce aux desiderata de Beijing. Mais au-delà du contrôle des flux d'informations par les organismes officiels, principalement matérialisé au sein du Golden Shield Project (projet global de censure et de surveillance, orchestré par le Ministère de la Sécurité Publique depuis une dizaine d'années), le gouvernement chinois a compris qu'il devait, face aux nouveaux usages du Web en pleine explosion adopter une approche un peu différente. Des sources évoquent l'existence d'une armée formée de particuliers, qui se chargerait de relayer les positions officielles sur les chats, forums internet et les plates-formes Web 2.0, notamment les blogs et les micro-blogs (de type Twitter). Et puisque chaque contribution pro-Beijing serait rétribuée, on a appelé ces zélés citoyens les Wumaodang (五毛党), wu mao représentant 50 centimes de yuan, soit environ 5 centimes d'euro. Favorisée par les évènements du Tibet, du Sichuan et les Jeux Olympiques de 2008, qui ont attiré les yeux du monde entier sur le pays, cette "organisation" existerait depuis 2005. Elle sévit principalement sur la Webosphère chinoise, y délivrant la bonne parole du Parti et combattant sans relâche toute velléité contestataire. Tous les sujets y passent : Tibet, Afrique, relations avec les USA, politique intérieure, santé publique...Parce que l'Internet n'est pas arrêté par la Grande Muraille, il semblerait également que la 50 Cent Army étende ses activités sur des sites en anglais. Selon certaines sources, elle compterait plusieurs centaines de milliers de membres, et il existerait même des sessions de recrutement et de formation quasi-officielles.
Le Web 2.0, dans son esprit, est fortement participatif et collaboratif, et son volume augmente à un rythme exponentiel, que ce soit au travers des blogs, des plates-formes d'échanges de vidéos ou des réseaux sociaux. Fatalement, les internautes, notamment les plus jeunes, y échangent des informations et des idées, avec potentiellement la Terre entière comme audience. Il est donc naturel qu'un régime autoritaire ayant un penchant paranoïaque comme le PCC, voyant l'impact et l'importance du cyberespace "public", cherche à y établir et diffuser sa propagande, tout en empêchant la propagation de toute information venant la contredire. Dans l'idée, on a déjà vu, notamment avec l'exemple de l'opération Plomb Durci, que le Web 2.0 devenait un terrain naturel de propagande. D'ailleurs, il semble que la Russie possède également ses brigades du Web.
La Chine, pays de la démesure, innove par l'ampleur (supposée) du phénomène. A plusieurs centaines de milliers, il est possible d'investir un grand nombre de sites, forums et communautés virtuelles pour tenter de formater, de façon proactive, une opinion publique qui sait se montrer (de plus en plus, du fat de l'ouverture économique ?) critique. Il ne s'agit donc pas uniquement de repérer et dénoncer les idées jugées déviantes, mais bien de se positionner en "faiseurs d'opinion". Et vu leur nombre, la réactivité est impressionnante : le temps de réponse à un évènement (une catastrophe naturelle, une révolte) est quasiment nul.
La 50 Cent Army est un exemple de ce que les Américains appellent l'astroturfing. Ce terme désigne une campagne politique ou marketing qui donne l'impression d'être spontanée et émanant de citoyens/consommateurs isolés et non-organisés, alors qu'en fait elle a été savamment orchestrée. Le terme provient d'AstroTurf, une marque de gazon artificiel, qui montre bien l'absence de naturel d'une telle approche. Si elle prend, son efficacité peut être redoutable, car il n'y a rien de tel que l'opinion "objective" d'une partie de la population, sur des sujets plus ou moins anodins, pour convaincre le plus grand nombre.
Bien sûr, il ne faut pas non plus croire qu'une telle démarche est certaine de réussir à créer une sorte de Big Brother 2.0. D'aucuns estiment, même si évidemment avec le temps les propagandistes deviennent de plus en plus fins et subtils, que les citoyens vigilants sont capables de les déjouer facilement. L'inventivité n'existe pas que du côté du PCC. En plus de ceux qui utilisent des réseaux sécurisés de type VPN pour communiquer, la jeune génération actuelle compte parmi ses rangs de nombreux Netizens (citoyens du Net) qui répondent, souvent par la satire, à la propagande officielle.
Tiens pour finir, une imagre d'une autre initiative chinoise tournant en dérision la cybercensure des officines gouvernementales.
Il est évident que l'internet chinois est soumis à un contrôle drastique. On ne développera pas ici les histoires concernant Google ou Yahoo, qui se sont pliés de bonne ou mauvaise grâce aux desiderata de Beijing. Mais au-delà du contrôle des flux d'informations par les organismes officiels, principalement matérialisé au sein du Golden Shield Project (projet global de censure et de surveillance, orchestré par le Ministère de la Sécurité Publique depuis une dizaine d'années), le gouvernement chinois a compris qu'il devait, face aux nouveaux usages du Web en pleine explosion adopter une approche un peu différente. Des sources évoquent l'existence d'une armée formée de particuliers, qui se chargerait de relayer les positions officielles sur les chats, forums internet et les plates-formes Web 2.0, notamment les blogs et les micro-blogs (de type Twitter). Et puisque chaque contribution pro-Beijing serait rétribuée, on a appelé ces zélés citoyens les Wumaodang (五毛党), wu mao représentant 50 centimes de yuan, soit environ 5 centimes d'euro. Favorisée par les évènements du Tibet, du Sichuan et les Jeux Olympiques de 2008, qui ont attiré les yeux du monde entier sur le pays, cette "organisation" existerait depuis 2005. Elle sévit principalement sur la Webosphère chinoise, y délivrant la bonne parole du Parti et combattant sans relâche toute velléité contestataire. Tous les sujets y passent : Tibet, Afrique, relations avec les USA, politique intérieure, santé publique...Parce que l'Internet n'est pas arrêté par la Grande Muraille, il semblerait également que la 50 Cent Army étende ses activités sur des sites en anglais. Selon certaines sources, elle compterait plusieurs centaines de milliers de membres, et il existerait même des sessions de recrutement et de formation quasi-officielles.
Le Web 2.0, dans son esprit, est fortement participatif et collaboratif, et son volume augmente à un rythme exponentiel, que ce soit au travers des blogs, des plates-formes d'échanges de vidéos ou des réseaux sociaux. Fatalement, les internautes, notamment les plus jeunes, y échangent des informations et des idées, avec potentiellement la Terre entière comme audience. Il est donc naturel qu'un régime autoritaire ayant un penchant paranoïaque comme le PCC, voyant l'impact et l'importance du cyberespace "public", cherche à y établir et diffuser sa propagande, tout en empêchant la propagation de toute information venant la contredire. Dans l'idée, on a déjà vu, notamment avec l'exemple de l'opération Plomb Durci, que le Web 2.0 devenait un terrain naturel de propagande. D'ailleurs, il semble que la Russie possède également ses brigades du Web.
La Chine, pays de la démesure, innove par l'ampleur (supposée) du phénomène. A plusieurs centaines de milliers, il est possible d'investir un grand nombre de sites, forums et communautés virtuelles pour tenter de formater, de façon proactive, une opinion publique qui sait se montrer (de plus en plus, du fat de l'ouverture économique ?) critique. Il ne s'agit donc pas uniquement de repérer et dénoncer les idées jugées déviantes, mais bien de se positionner en "faiseurs d'opinion". Et vu leur nombre, la réactivité est impressionnante : le temps de réponse à un évènement (une catastrophe naturelle, une révolte) est quasiment nul.
La 50 Cent Army est un exemple de ce que les Américains appellent l'astroturfing. Ce terme désigne une campagne politique ou marketing qui donne l'impression d'être spontanée et émanant de citoyens/consommateurs isolés et non-organisés, alors qu'en fait elle a été savamment orchestrée. Le terme provient d'AstroTurf, une marque de gazon artificiel, qui montre bien l'absence de naturel d'une telle approche. Si elle prend, son efficacité peut être redoutable, car il n'y a rien de tel que l'opinion "objective" d'une partie de la population, sur des sujets plus ou moins anodins, pour convaincre le plus grand nombre.
Bien sûr, il ne faut pas non plus croire qu'une telle démarche est certaine de réussir à créer une sorte de Big Brother 2.0. D'aucuns estiment, même si évidemment avec le temps les propagandistes deviennent de plus en plus fins et subtils, que les citoyens vigilants sont capables de les déjouer facilement. L'inventivité n'existe pas que du côté du PCC. En plus de ceux qui utilisent des réseaux sécurisés de type VPN pour communiquer, la jeune génération actuelle compte parmi ses rangs de nombreux Netizens (citoyens du Net) qui répondent, souvent par la satire, à la propagande officielle.
Tiens pour finir, une imagre d'une autre initiative chinoise tournant en dérision la cybercensure des officines gouvernementales.
Cao Ni Ma!
Crédits : wikipedia anglophone
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