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Mon Blog Défense

lundi 31 janvier 2011

Projection- Débat AGS sur le film documentaire Bassidji

Alliance Géostratégique animera le débat qui suivra la projection du film documentaire Bassidji, le vendredi 4 février 2011 (20h à 23h), à la salle de cinéma La Clef, en présence du réalisateur Mehran Tamadon et de Vincent Eiffling, chercheur et animateur de Chroniques Persanes.

Frontière entre l’Iran et l’Irak

Le débat sera orienté sur les relations de la population et de l’Etat iranien au monde. Les aspects sociétaux internes seront aussi quelque peu développés.
Pour comprendre l’Iran, Mehran Tamadon s’est immergé au coeur du mouvement des Bassidji, fervents soutiens de la République islamique. Entre le réalisateur jouant sa naïveté d’étranger, et ces miliciens dogmatiques, un dialogue inédit se noue, sans tabou et non dénué d’humour…


Pour plus d’informations :
- dans le Figaro
- dans Le Monde
- dans Libération
- dans Studio Ciné Live

Tarifs :
- Plein tarif : 7 €
- Tarif réduit : 5,50 € (chômeurs, carte vermeil, étudiants)


Cinéma La Clef 34 rue Daubenton 75005 Paris – Station « Censier-Daubenton » (ligne 7), sortie « Rue Daubenton ».

Crédits photos : Aloest production

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vendredi 28 janvier 2011

Deux nouveaux membres pour l'Alliance Géostratégique

Vous êtes peut-être déjà au courant, mais je signale que l'Alliance Géostratégique compte deux nouveaux membres depuis le début de la semaine :



  • CIDRIS - Cyberwarfare : comme son nom l'indique, ce blog, tenu par Arnaud Garrigues, se focalise sur le cyberespace et les conflits qui s'y déroulent, avec des articles sur un rythme quasi quotidien

  • Géopolitique du Proche Orient : le blog de Jean-Baptiste Beauchard couvrant cette région du monde à l'actualité et l'histoire assez chargées, entre Israël, le Liban, l'Iran ou la Turquie notamment ; et ce, sur les dimensions politique, défense ou sociétales


Bienvenue à tous les deux, et que leur intégration contribuent à accroître le rayonnement de l'Alliance !

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mercredi 26 janvier 2011

Un réserviste à Sandhurst, témoignage de Victor Fèvre

Victor Fèvre, animateur de RDO et membre de l'Alliance Géostratégique, est le premier membre de la réserve opérationnelle à avoir suivi la formation d'officier de réserve britannique à l'Académie royale militaire de Sandhurst.


crédits : wikipedia

Son témoignage est en ligne sur le site de la Revue Défense Nationale. Il y décrit de façon détaillée le stage Territorial Army Commission Course, équivalent de notre Formation Initiale d'Officier de Réserve, et se livre à une comparaison entre les deux.

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Galileo : test de volonté politique de l'UE face à la Chine

Alors que Wikileaks a révélé qu'un patron allemand avait qualifié le projet Galileo d' "idée stupide" et qu'il faut au futur (?) GPS européen près de 2 milliards d'euros de financement en plus, pour une mise en route encore retardée, les négociations en cours avec la Chine sur les fréquences ont valeur de test.


J'en parlais déjà il y a quelque temps, la bande de fréquence que comptait s'arroger l'UE (après négociation avec les USA) pour le Public Regulated Service, réservé aux usages militaires, intéresse aussi les Chinois. Le chevauchement entre les deux systèmes ne perturberait pas leur usage au quotidien, mais rendrait impossible un brouillage sélectif de l'un sans que l'autre ne soit affecté...

La Commission Européenne se montre très pessimiste sur l'issue des discussions en cours, qui pour le moment sont dans une impasse. Elle en appelle à une mobilisation dans le même sens des leaders politiques de l'UE, afin d'apporter plus de poids en faveur de Galileo dans la véritable course au système de navigation qui se joue ces années-ci. Une unité qui trancherait avec les petites phrases ou les guéguerres visant à favoriser tel ou tel champion national. En face, inutile d'insister là-dessus, la Chine n'a pas à composer avec un quelconque problème de volonté politique. Pas plus d'ailleurs que la Russie, dont le Glonass, priorité du gouvernement de Poutine, doit retrouver sa pleine mesure dès 2012 ; contre 2014-2015 pour le Beidou de l'Empire du Milieu, et... peut-être 2020 pour Galileo !

Alors que l'UE parle de lever l'embargo sur les armes qui frappe la Chine depuis Tiananmen, et que celle-ci se montre désireuse de financer les états européens croulants de dettes, ce dossier est un révélateur des nouvelles positions, de force et de faiblesse, sur l'échiquier mondial. Pour l'Europe, le risque est réel de devoir se contenter d'une quatrième place, voire plus car Japon et Inde prévoient de mettre en oeuvre des systèmes régionaux à moyen-terme.

Au-delà de l'inconvénient économique (chaque année de retard réduisant de 10 à 15% les bénéfices escomptés, selon la Commission), il s'agirait d'un déclassement technologique et d'une perte de leadership dans un domaine d'excellence traditionnel de l'Union Européenne, et de la France en particulier.

A lire également :

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mardi 25 janvier 2011

The Human Security Report Project : The Shrinking Costs of War

A lire, un rapport publié début 2010 et intitulé "The Shrinking Costs of War" (la réduction des coûts de la guerre) par l'institut de recherche indépendant canadien The Human Security Report Project, qui cadre parfaitement avec le sujet du premier numéro des Cahiers de l'Alliance Géostratégique, Les Guerres Low-cost (quoi, vous n'étiez pas encore au courant ?).



Les principaux messages de cet ouvrage, qui s'attache aux soixante dernières années, sont les suivants (pas de scoops mais quelques affirmations contre-intuitives... et parfois sujettes à débat) :
  • les guerres sont de moindre envergure et plus localisées que par le passé
  • contrairement à une idée reçue les coûts humains des guerres sont moindres aujourd'hui que pendant la Guerre Froide
  • le "conflit moyen" des années 2000 tue 90% de personnes en moins que le "conflit moyen" des années 1950
  • la mortalité en temps de guerre (maladies, malnutrition, blessures consécutives aux conflits eux-mêmes), a connu une tendance à la baisse (même si une telle mortalité indirecte est toujours extrêmement difficile à estimer)
  • le taux de mortalité dans les pays pauvres est plus faible en temps de guerre qu'en temps de paix
  • les efforts de santé publique faits en temps de paix permettent la réduction de la mortalité en temps de guerre
Les auteurs du rapport dressent une critique des chiffres avancés par l'International Rescue Committee relativement au conflit en République Démocratique du Congo, avançant que le chiffre de 5,4 millions est bien trop élevé (mettant en cause le taux de mortalité de référence en Afrique subsaharienne utilisé, bien trop bas selon eux, ainsi que la représentativité des zones choisies pour l'étude de l'IRC).

Bref, un rapport plutôt optimiste et positif, qui bizarrement est passé plutôt inaperçu... la faute à Wikileaks ?

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lundi 24 janvier 2011

Journée d'étude "Murs, frontières et robots" à l'Ecole Militaire

Je vous signale la tenue de la journée d'étude "Murs, frontières et robots : en quoi les nouvelles technologies conduisent-elles ou non au renouvellement de la problématique des frontières ?" le mercredi 9 février 2011 à l'Ecole Militaire (Paris), à partir de 9h.



Y prendront la parole des intervenants de Thales, Cassidian, de l'Armée française, des chercheurs et autres spécialistes, comme notamment Joseph Henrotin (L'utilisation par les militaires de technologies robotiques pour la mise en œuvre et la surveillance de frontières, et enjeux stratégiques pour demain). Stéphane Taillat y sera modérateur.

La brochure de l'évènement est ici.

Présentation de l'organisateur :
La fermeture des frontières contemporaines se caractérise aujourd’hui par l’édification de murs et/ou clôtures. Ces fermetures volontaires des frontières sont édifiées par l’un au moins des acteurs étatiques concernés au nom de la sécurité de son territoire et d’une dissuasion renforcée vis-à-vis de migrants potentiels. Or, ce processus s’accompagne le plus souvent de la mise en place dispositifs High-tech de plus en plus coûteux. Ces dispositifs de vision, de repérage des individus par d’autres moyens (thermiques, capteurs, sensors, etc.), sont complétés par des moyens nouveaux mis en œuvre sur certaines frontières sensibles comme Israël/Palestine et Etats-Unis/Mexique. Les drones font partie de ces nouveaux équipements qui témoignent de la technologisation des frontières, même dans des pays (comme les Etats-Unis) qui ne sont pas en guerre avec le(s) pays limitrophe(s). L’usage des robots et de technologies intelligentes renouvelle-t-il la problématique des frontières contemporaines? Cette journée d'études sera d'apporter un éclairage sur cette question en croisant les approches industrielles, militaires et universitaires.

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samedi 22 janvier 2011

"Les cahiers d'AGS n°1 : Les guerres low cost" dans toutes les bonnes librairies


"Proxy wars", "SMP", "réserve", "storytelling", "drones" ou "gammes de la guerre" : voilà quelques un des thèmes développés par plusieurs membres de l'Alliance Géostratégique dans notre premier ouvrage collectif, que vous pouvez retrouver dès à présent dans toutes les bonnes librairies.

Il est également en vente sur le site de l'éditeur ou sur les principales boutiques en ligne :
Faites votre choix, et encore merci d'aider de petits jeunes qui débutent !

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vendredi 21 janvier 2011

Prévalence du diplôme : le mythe de la spécificité française

C'est quelque chose que l'on entend souvent : "il n'y a qu'en France que les employeurs donnent autant d'importance au diplôme, sans se soucier des compétences réelles" ; en louant en parallèle le pragmatisme et l'ouverture des anglo-saxons qui EUX savent voir au-delà d'un bout de papier, obtenu grâce à l'intégration d'une prestigieuse grande école à l'âge d'à peine 20 ans (et tout le monde sait bien qu'on n'y fait pas grand chose, dans ces grandes écoles).



Une étude montre qu'aux États-Unis, dans les domaines très sélectifs (conseil en stratégie, banque, cabinets d'avocats), la discrimination sur le diplôme est au moins aussi forte que chez nous. Et ce, pour la même raison : le recruteur croulant sous les candidatures prend comme un acquis le fait que la sélection optimale s'est déjà faite à l'entrée à la fac, plusieurs années auparavant. Comme le dit Tom Bartlett :
When you read the accounts of recruiters at these firms, you get a sense of why they might choose these metrics. They have multiple stacks of resumes. They meet hundreds of applicants at career fairs. Rather than scrutinizing anyone’s resume it’s easier just to limit the pool to the top three or four universities. Do you really want to pore over the transcript of that kid from the University of Michigan? Wouldn’t it be easier just to call the Harvard grad? In essence, what they’re assuming is that the admissions offices at the super-elite schools have already picked the best of the best.
On peut y ajouter l'importance des réseaux d'anciens. Toujours est-il que ce ne sont pas les performances aux examens qui font la différence :
Educational credentials were the most common criteria employers used to solicit and screen resumes. However, it was not the content of education that elite employers valued but rather its prestige. Contrary to common sociological measures of institutional prestige, employers privileged candidates who possessed a super-elite (e.g., top four) rather than selective university affiliation. They restricted competition to students with elite affiliations and attributed superior abilities to candidates who had been admitted to super-elite institutions, regardless of their actual performance once there.

Bref, notre système éducatif n'est peut-être pas si spécifique que cela, même s'il est vrai que nos "petites" grandes écoles ont la particularité de ne pas être rattachées à des universités.


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mercredi 19 janvier 2011

Un article low cost sur les guerres low cost

En lien avec le thème du premier numéro des Cahiers AGS, "les guerres low cost", je livre ici quelques réflexions un peu en vrac et brut de décoffrage, abordées de plus ou moins près dans les articles de notre opus collectif.


1/ Certains l'ont déjà souligné, il peut paraître paradoxal de parler de guerre low cost alors que comme l'indiquent les chiffres du SIPRI, les budgets de défense et les ventes d'armements de par le monde sont en augmentation constante (y compris en tenant compte de l'inflation). Une première remarque : la défense ne se limite pas à la conduite de la guerre, même si, en prenant l'exemple de la France, l'on se restreint aux programmes "Préparation et emploi des forces" ou "Équipement des forces". Et inversement, les dépenses de guerre sortent largement du budget de la fonction défense (à qui, en tant que service public, il est demandé d'être efficace avant d'être efficiente).

2/ On voit ici apparaître, en chipotant un peu, la première tâche à accomplir : définir précisément ce que l'on appelle la guerre (définition juridique, opérationnelle...), ainsi que les différentes typologies de coûts que l'on souhaite traiter (humains, financiers, écologiques, politiques...). Une guerre low cost selon une dimension ne le sera peut-être pas selon les autres, et il est évident que celles-ci n'ont pas la même importance. Ainsi il sera plus cher (et long, et difficile opérationnellement, cf. certains conflits actuels) d'éviter au maximum toute victime collatérale que de bombarder tout azimut (en plus du fait que cela pourrait être contre-productif). Et puis tout le monde aura compris que l'on ne parle pas uniquement de réduire le coût pour son propre camp mais plutôt le coût complet de la guerre (le low cost a tendance à générer des externalités négatives).

3/ Lorsque la guerre est totale, l'essentiel n'est plus de réduire son coût, mais simplement de survivre. Pouvoir se poser la question du coût de la guerre, n'est-ce pas en soi un problème de "privilégié" ? Par contre dans l'autre sens, pas sûr que la question doive se poser dans les mêmes termes pour toutes les parties : selon que l'on est AQ ou la force conventionnelle d'un pays démocratique, on aura plus ou moins intérêt à ce que les victimes collatérales soient réduites.

4/ Le terme "low cost" a-t-il une acception absolue ? Historiquement, il s'est plutôt défini, dans le secteur du transport aérien notamment, relativement aux pratiques et aux niveaux de service existants : les acteurs low cost ont élagué le nice to have afin d'offrir à leurs clients ce que ceux-ci perçoivent comme le strict must have (quitte à facturer au prix fort l'optionnel). Mais le low cost d'aujourd'hui paraîtra peut-être excessivement élevé demain ou après-demain. Pourquoi est-ce important ? Tout simplement parce qu'il est une lapalissade de dire que la guerre est une activité éminemment coûteuse dans l'absolu. La réelle problématique consiste donc non pas à vendre une "guerre propre" ou "zéro mort" mais plutôt de réduire au maximum le coût nécessaire à l'atteinte d'un objectif donné. L'étalon semblant être, à tort ou à raison, la philosophie prévalant au milieu du XXème siècle, à l'époque du "combien de divisions ?".

5/ Y a-t-il un coût lorsque l'on est incapable de l'estimer ? Ou si l'on refuse de l'estimer ? Ou si on le cache ? L'article de P. Gian Gentile "les mythes de la contre-insurrection et leurs dangers : une vision critique de l'US Army" dans le dernier numéro de Sécurité Globale se veut la démonstration de l'opposition qui peut exister entre le storytelling et l'édification d'une "mythologie" à destination de l'opinion et la situation du terrain (cf. Lyautey et la conquête du Maroc). La vérité finit-elle toujours par triompher à notre époque hyperconnectée ? Dans le doute, mieux vaut mettre l'accent sur la perception de la réalité. Jouer sur la persuasion, tout autant que sur la conviction.

6/ Cost in the eye of the beholder. L'appréciation d'un coût va bien au-delà des simples chiffres et est forcément subjective. On voit, pour reprendre des termes en vogue, que la résilience des sociétés occidentales et européennes en particulier est moindre face aux pertes humaines (du moins en ce qui concerne leurs propres ressortissants) que dans d'autres parties du monde, peut-être plus "habituées" aux grandes catastrophes, épidémies, guerres...

7/ Je posais plus haut la question du périmètre du terme de "guerre". Un bon moyen de limiter son coût consiste tout simplement à réduire ce périmètre. Par des actions en amont, mixant hard et soft power (d'aucuns parlent de smart power), voire quelques opérations spéciales plus ou moins exposées médiatiquement et donc potentiellement maintenues hors du champ de la guerre.

8/ L'approche systémique et les cercles de Warden offrent une piste intéressante. Encore faut-il être capable d'identifier le centre de gravité de l'adversaire et d'être capable d'y porter un coup décisif. Comme le fait remarquer l'Armée de Terre dans sa doctrine, les guerres d'aujourd'hui nécessitent au moins pour tout ce qui est stabilisation-normalisation, en fort recouvrement avec l'intervention à proprement parler, une forte présence humaine sur le terrain, dans la durée. Y aura-t-il d'autres guerres du Kosovo pour illustrer de façon presque parfaite la notion de "coup au but décisif" ?

9/ Le mieux est l'ennemi du bien. Le système théoriquement le plus cohérent, le plus complet, automatisant le mieux la boucle OODA, permettant la meilleure situational awareness n'est pas forcément celui qui sur le terrain se révèlera le plus low cost... et le bilan ne sera pas forcément en sa faveur face à un système moins performant, mais énormément moins cher ? A quel endroit placer le curseur ? Où se situe la frontière du "coût marginal" supérieur à la valeur ajoutée de ce qu'il finance ? Les exemples de programmes issus de la RMA et de la Transformation abandonnés, tronqués ou enlisés (FCS, Transformation Satellite, JSF...) sont légion ; et pour qu'un équipement apporte de la valeur, il faut encore qu'il arrive jusqu'au terrain où il est censé opérer. Je ne sais plus qui expliquait qu'au train où vont les choses, même les États-Unis ne pourront s'offrir que quelques chasseurs d'ici quelques générations.

10/ Une piste à creuser, à contre-courant des tendances actuelles à l'hyper-technologisation voire même plus simplement à la modernisation, serait la rusticité retrouvée des équipements et des pratiques. Pas forcément/uniquement en s'inspirant des pratiques des insurgés, mais en appliquant cette rusticité à du matériel conventionnel : aéronefs (dont des drones), missiles...débarrassés du surplus électronique, peut-être moins précis mais en plus grand nombre...attention cependant à leur utilisation dans un contexte asymétrique.

11/ J'en ai déjà parlé, l'utilisation de technologies civiles (notamment dans l'électronique et le logiciel, qu'il s'agisse de COTS ou d'OSS), pour peu qu'elles obéissent aux contraintes spécifiques de l'utilisation militaire (conditions climatiques, réseaux ad hoc, sécurité...) permet une réduction du coût de possession, en évitant parfois de se lancer dans des programmes spécifiques dispendieux à l'issue hasardeuse (cf. les iPod de l'US Army), sans parler du temps nécessaire à leur mise en oeuvre. L'idée de l'USAF de bâtir des briques fonctionnelles de bas niveau, réutilisables et permettant de construire des matériels servant des objectifs variés va un peu dans ce sens car il s'agit ni plus ni moins de se doter d'un catalogue de COTS maison et d'éviter d'avoir à réinventer la roue chaque fois qu'un besoin opérationnel se présente. (Bien sûr du côté des guérillas, ce recours au matériel grand public ou civil est quasi obligatoire, et ce y compris pour les véhicules voire les armes (IED)).

12/ Puisqu'on a abordé le civil, la notion de gamme évoquée par Olivier Kempf est intéressante à plus d'un titre. Sans remonter au niveau le plus haut et le plus stratosphérique (gammes d'opérations voire de guerres), il peut être pertinent de se doter d'équipements permettant une différentiation de plusieurs niveaux de service qui n'ont pas les mêmes coûts ni la même efficacité. Au coeur d'un système, plus le couplage entre les éléments est lâche et les "échanges" entre eux sont standardisés, plus il est facile de remplacer un composant par un autre qui va remplir macrosopiquement a même fonction mais qui va le faire mieux, plus rapidement, plus précisément...et ainsi de jouer sur les niveaux de service et les gammes.

13/ En poussant encore plus loin le parallèle avec l'industrie, l'hyper rationalisation liée à la recherche du low cost a parfois des conséquences en sens contraire. Non seulement le low cost implique une standardisation de l'offre, qu'elle soit de base ou optionnelle (il gère très mal les exceptions), mais il peut rendre, même sans sacrifice sur la qualité, l'organisation "cassante" pour reprendre les termes de Robert Branche. Sans oublier que le low cost induit de fait de nombreuses externalités et coûts cachés qu'il s'agit de prendre en compte si l'on souhaite être rigoureux. Il faut savoir garder une marge de souplesse et de capacité d'improvisation...

14/ On présente parfois la lutte de David contre Goliath comme le parangon de l'asymétrie, le jeune berger ayant refusé l'épreuve de force brute en privilégiant la ruse et l'ingéniosité, pour pallier un déficit de puissance. J'y vois de façon plus large un des summums de la guerre conventionnelle (au sens premier de "convention", c'est-à-dire "accord"), chacun des deux camps ayant désigné un champion sur les épaules duquel repose l'issue de la bataille. En termes de coûts humains, une telle situation n'est pas loin de l'optimum (les connaisseurs objecteront certes que dans La Caste des Méta barons, le combat entre Tête d'acier et son père Aghnar se termine par le suicide collectif du camp du perdant).

15/ La guerre des robots peut se concevoir partiellement dans cette optique. Des éléments sacrifiables et largement autonomes peuvent, et pourront de plus en plus, remplir des fonctions ou missions et servir d'intermédiaires finalement peu coûteux (par rapport aux êtres humains). Mais la solution n'est que limitée dans le cas où seul un des camps est équipé. Quid de la guerre de l'image quand la bataille oppose ou semble opposer des hommes/femmes d'un côté et des Terminator de l'autre ? En parlant de ces robots plus ou moins autonomes et/ou pilotés depuis des stations terrestres ou navales, quid de l'abolition de l'arme aérienne en tant que composante indépendante ?

16/ La question des SMP, mais j'enfonce une porte ouverte, se place bien plus crucialement sur le terrain des images, du coût politique, que sur celui des capacités et des coûts financiers. Et on rejoint là la thématique du "coût invisible", puisque l'exposition des mercenaires est bien moindre que celle d'une armée conventionnelle.

17/ Finalement ces trois derniers points rejoignent la notion de proxy war. Ou quand il s'agit de faire faire la guerre par un tiers. Quitte à l'aider un peu, en l'armant (parfois malgré lui) ou en le conseillant (cf. à ce sujet Local, global et international : baisser le coût de la force par SD), voire en lui donnant une bonne raison de se battre. Sans nécessairement aller jusqu'aux proportions que cela a pu prendre durant la Guerre Froide, qui n'était pas un modèle de low cost.

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lundi 17 janvier 2011

Les cahiers d'AGS : n°1 Les guerres low cost

L'argent reste le nerf de la guerre. Les États et les acteurs irréguliers cherchent à optimiser leurs moyens, en définissant ce qui relève de l'essentiel et ce qui relève du superflu. Une approche Low cost de la défense semble ainsi émerger actuellement dans de nombreux pays.

L'Alliance géostratégique lance sa première publication avec Les guerres low cost. Des membres d'AGS, dans ces premiers cahiers ont réfléchi sur le sujet, au premier semestre 2010, selon une approche pluridisciplinaire. Les différents textes n'ont pas pour but de construire un concept ou une théorie définitive. Ils cherchent, tout en restant accessibles au public non spécialisé, à favoriser le débat sur les questions de défense par des analyses de la situation et quelques propositions.

Commander votre eBook pour 10 euros 50 seulement, sur le site de l'éditeur. Le livre sera disponible le 24 janvier 2011, dans les librairies, et dès maintenant chez l'éditeur (l'Esprit du livre) et les sites de vente en ligne.

Un site dédié a été ouvert. Des articles complémentaires seront mis en ligne.

Présentation de l'éditeur :

Hier, la guerre était une activité de luxe et risquée. Rien n’a changé ou presque. Ce « presque » est ce qui a été nommé « les guerres low-cost ».

Outre l’affrontement des volontés, la guerre est aussi un transfert de richesses et une extraordinaire destruction de ressources. Il devient aisé de comprendre que des stratégies et des tactiques low-cost puissent être mises en oeuvre pour dépenser moins et gagner plus. Les organisations non étatiques, par la force des évènements et des ressources, se sont adaptées selon cette logique.

Et si progressivement le politique ne pouvait plus se permettre de sacrifier des hommes pour des opérations militaires qui ne sont plus systématiquement soutenues par la population ?

La technologie réellement maîtrisée et suffisante pourrait permettre de baisser les coûts dans de nombreux domaines, en réservant les hautes technologies aux domaines permettant d’avoir une supériorité presque certaine, au moins pendant quelques années.

Le coût de la guerre est soumis au filtre médiatique, à l’effet potentiellement très amplificateur. L’émergence de la guerre au sein des populations s’avère à la fois un des « symptômes » du déclin provisoire du concept d’État, au plan international, et de la limitation des moyens financiers et humains nécessaires pour mener une guerre industrielle de grande ampleur.

L’adaptation demeure une alternative au déclin relatif ou absolu de forces armées ne disposant plus des moyens de mener une guerre industrielle coûteuse dans la durée.

Au-delà de pistes de réflexions, ce recueil explorant l’idée de low-cost appliqué à la défense pose l’équation particulièrement difficile à résoudre : « Comment conserver l’essentiel, sans négliger la préparation de l’avenir ? »

Bon de commande

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samedi 15 janvier 2011

Tunisie : réflexions intéressantes de Stent

A lire, le petit billet Tunisie, le premier imprévu stratégique de 2011 de Stent (La Plume et le Sabre) sur les évènements de ces jours-ci, avec lequel je suis d'accord sur les points suivant :
  • l'absence de cause à effet entre l'issue et la posture de la communauté internationale (notamment occidentale d'ailleurs), cf. l'Iran ou même la Côte d'Ivoire
  • la pertinence limitée du terme de "surprise stratégique" dans ce cas
  • le désavantage qu'aura toujours le camp "réactionnaire", quelle que soit l'orientation socio-politique de la "révolution"
J'y ajouterais une réserve sur l'impact de la mobilisation numérique par le biais de Twitter notamment, un peu trop montée en épingle, largement supplantée par l'action bien réelle sur le terrain (et les sacrifices de chair et de sang de la population), et son relais dans les médias traditionnels comme Al-Jazeera. Où quand le choc des images passe devant le poids des mots.

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vendredi 14 janvier 2011

J-10

J-10 !

Mais le voile sera levé bien avant (on me dit que c'est une question d'heures...)

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Photos de Côte d'Ivoire

A voir sur ActuDefense, les photos de Romain Mielcarek, prises ces jours-ci en Côte d'Ivoire : Crise(s) Ivoirienne(s) et ONUCI.

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mercredi 12 janvier 2011

Espionnage industriel chez Renault et Chine : pensées partielles

De la Chine, encore... on va finir que le Péril Jaune est le sujet central de ce blog.



Ceci dit, on ne peut que rapprocher cette affaire d'espionnage chez Renault d'autres éléments de l'actualité, ou déjà discutés ici :

  • Nous devancerions donc la Chine et la Russie en termes de dégâts provoqués pour l'économie de notre premier partenaire commercial. Coïncidence, alors que le journal norvégien ayant sorti l'information nous apprenait peu de temps auparavant que l'Allemagne était justement en train de développer son système de satellites espions avec les États-Unis, au grand dam de la France ; qui, au travers d'Astrium, est tout de même le partenaire naturel du pays d'Angela Merkel dans l'aérospatial. Bref, se rappeler que le tampon Wikileaks ne dispense pas d'un certain recul ni du besoin de manier l'information avec des pincettes

  • Quoi qu'il en soit, je n'arrive pas retrouver la référence mais j'ai entendu récemment (source Wikileaks aussi ?) que les Chinois considéraient la France comme un pays béni pour l'espionnage, en raison d'un niveau de corruption assez élevé, rendant l'extraction de secrets industriels assez facile pour une puissance disposant d'une bonne trésorerie. De fait, et une affaire comme Karachi est là pour nous le rappeler, le degré de corruption perçu en France reste haut

  • Même si l'économie est un jeu à somme positive, cela ne signifie pas que toutes les issues sont profitables à tous ni mêmes que tous les joueurs recherchent ce type d'issues. De fait, l'espionnage industriel et le pillage de savoirs et savoir-faire sont communs, même s'ils sont rarement aussi glamour qu'un film hollywoodien. Le maillon humain, "aidé" ou non, est souvent le plus fragile, et l'occasion fait le larron. Que l'affaire soit mise autant en avant par Renault, voilà qui donne une indication sur le niveau des information perdues

  • A moyen terme, étant donné que les données concernées dans le cas de Renault concernent des brevets en cours de dépôt (autour des batteries électriques), il sera intéressant de voir si en Chine, qui a monté un consortium de constructeurs dans la course au véhicule "propre" où elle figure comme un outsider, vont apparaître des composants utilisant les technologies développées par Renault

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lundi 10 janvier 2011

Fin de Pour Convaincre et (re)lancement de Lignes Stratégiques

SD, membre de l'Alliance Géostratégique, qu'il avait intégrée en même temps que moi à l'époque du premier élargissement en octobre 2009, a annoncé la fin de son blog Pour Convaincre, la vérité ne peut suffire. Il était d'ailleurs l'un des premiers à apparaître dans ma rubrique "Le blog de la semaine" en mars 2009 ([Le blog de la semaine] : Pour Convaincre).



Cependant, il restera présent sur la toile puisqu'il reprend Lignes Stratégiques, un essai de blog de fiches de lecture que nous avions lancé il y a un an afin de constituer un réceptacle commun à AGS, projet qui n'a pas trop abouti. Etant donné qu'il s'agira de "commenter des ouvrages de stratégie (de fond) non liés a priori à l'actualité", il se pourrait que j'y contribue de temps en temps, étant donné que les livres que je lis sont rarement liés à l'actualité du jour.

Bon courage donc pour la suite sur la blogosphère francophone de défense.

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vendredi 7 janvier 2011

Lisez la propagande russe et chinoise ! (bis)

Alors que Le Monde publie une enquête intitulée Le monde selon Xinhua (je n'ai pas retrouvé l'article sur leur site) décrivant les objectifs ambitieux assignés par Beijing à l'agence de presse phare de l'Empire du Milieu, je reproduis ci-dessous un billet que j'avais rédigé début 2009.

***

Lisez la propagande russe et chinoise !


Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas parler spécifiquement de défense mais comme mon titre provocateur le suggère, vous conseiller de lire régulièrement un certain type de presse étrangère, nommément les dépêches des agences de presse sous contrôle des États chinois et russe, Xinhua et RIA Novosti.

Leurs sites possèdent une version française, et traitent de la plupart des sujets d'actualité, notamment internationaux, mais naturellement avec un tropisme vers leur pays respectif. Leurs dépêches, en général reprises par Google News, y sont traduites en plusieurs langues, dont l'anglais et le français (et le russe pour Xinhua et le chinois pour RIA Novosti).

Bien sûr, les opinions exprimées par les nouvelles de Xinhua ou RIA Novosti sont souvent orientées et alignées sur le discours officiel de l'État russe ou chinois, et en même temps légèrement édulcorées et plus ouvertes que les versions destinées à leurs populations (un peu, toutes proportions gardées, comme peut l'être CNN International). Ainsi ces agences sont des outils d'information à la fois dirigées vers l'intérieur et l'extérieur, où elles permettent d'appuyer et de diffuser la propagande étatique. Xinhua rapporte ainsi directement au Département de l'Information Publique du Parti Communiste Chinois alors que RIA Novosti est une entreprise d'État. Elles possèdent des réseaux de correspondants et de bureaux dans de nombreux pays (également utilisés, au moins dans le cas de Xinhua, pour remonter des informations au gouvernement), et sont au cœur de véritables "empires" médiatiques : journaux, chaînes de TV...

Mais pourquoi les lire ? Principalement, à mon sens, pour deux raisons connexes et complémentaires :

  1. Parce que nos médias hexagonaux et même occidentaux, malgré tout leur sérieux et leur professionnalisme, restent dans l'absolu partiaux et partiels dans leur couverture des évènements, et qu'il est toujours bon d'entendre un son de cloche un peu différent, même s'il peut heurter nos convictions (universalistes ou non)
  2. La Russie et la Chine étant deux puissances de premier plan au niveau mondial, ayant en cumulé 1.5 milliard d'habitants, il est incontournable, pour une bonne compréhension du monde et de ses enjeux, de connaître les points de vue et idées que leurs gouvernants promeuvent auprès de leurs populations (même si souvent cela reste assez policé) ou auprès de l'opinion mondiale. Effet collatéral, cela permet parfois de relativiser certains débats qui sont finalement très locaux à l'échelle du monde.
Alors bien sûr, il faut lire RIA Novosti et Xinhua avec du recul, tout en gardant bien à l'esprit ce qu'elles sont et le niveau de liberté de la presse en Russie et en Chine. Mais en réalisant aussi qu'elles ne sont quand même pas aussi caricaturales que la fameuse Central News Agency nord-coréenne.

Sur des sujets comme la Géorgie, les problèmes énergétiques, les JO ou la défense antimissile américaine, c'est une lecture qui s'avère très enrichissante.

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mercredi 5 janvier 2011

Chine - UE : quelques lignes sur la fin potentielle de l'embargo sur les armes

Ainsi donc, l'UE pourrait lever l'embargo sur l'exportation d'armes à destination de la Chine imposé depuis 1989 et les évènements de Tiananmen ; c'est en tout cas ce que recommande un rapport de Catherine Ashton, selon lequel il serait un frein à la coopération sino-européenne en termes de sécurité.


Ceci amène quelques réflexions :
  • On ne peut s'empêcher de rapprocher cette information de la volonté affichée par Beijing de moderniser son armée très rapidement et de façon autonome. Alors que la Chine paraît avoir définitivement renoncé, même pour la galerie, au pur "soft power" et commence à montrer régulièrement les crocs (dans le Pacifique e sur la scène mondiale), elle affirme enfin de façon ouverte que oui, si son budget militaire augmente régulièrement et fortement depuis plus de 10 ans, c'est pour être en mesure de faire la guerre.

  • Modernisation autonome ne signifie pas en autarcie, même si Beijing insiste sur le développement d'une industrie nationale de l'armement forte, dans "toutes les directions stratégiques", par ses propres moyens. Ainsi en témoigne la montée en puissance très rapide, volonté politique et capacités de financement aidant, dans le secteur spatial, les télécommunications, les technologies de l'information ou l'aéronautique (les essais de son chasseur de 5ème génération seraient en cours). Cependant, pour gagner un peu de temps, le transfert technologique, que les Occidentaux (notamment les Européens) ne sont pas vraiment en mesure de refuser, quitte à le payer au centuple dans quelques décennies, est une solution qui se systématise ; au Brésil, en Russie et en Inde également. D'autant que la Chine sait s'approprier les savoir-faire même par des circuits détournés, en contrevenant allègrement aux règles de l'OMC, à laquelle elle appartient pourtant (La justice, une arme de la guerre économique)

  • Nous l'avons déjà évoqué, la Chine, même après Deng Xiaoping, n'a pas renoncé à l'approche du "grand bon en avant" maoïste pour rattraper le retard technologique considérable qu'elle a accumulé au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Certes la configuration est très différente de celle des années 1950 : cette posture volontariste est permise par la poigne de fer exercée par le PCC, qui sait instrumentaliser le nationalisme en interne, par la forte croissance économique que connaît le pays mais également par les inégalités de développement criantes mettant à disposition du régime des centaines de millions de travailleurs, étudiants et citoyens

  • Par le passé, les restrictions à l'exportation dans le domaine défense ont montré à ceux qui les pratiquaient qu'elles pouvaient motiver les "victimes" à développer par elles-mêmes leurs propres capacités. C'est le constat que font les USA relativement à ITAR, qui a boosté la R&D, et par suite, l'industrie, en Europe et en Chine dans le secteur aérospatial (Obama veut revoir les restrictions à l'exportation d'armement). Et c'est un argument (un peu paradoxal au passage) utilisé par les Chinois pour la levée de l'embargo européen : ils affirment ainsi que s'il est maintenu, ils développeront leurs propres armes plus rapidement.

  • Puisqu'on parle des USA, rappelons que Robert Gates doit rendre une visite à son homologue Liang Guanglie la semaine prochaine, afin de reprendre une coopération militaire suspendue entre les deux premières puissances mondiales depuis un an et l'affaire du "package" de 6 milliards de dollars d'armement que Washington serait prêt à vendre à Taiwan (Taiwan vaut-elle une guerre froide ?). Il est évident que les Etats-Unis, de même que le Japon, sont contre la levée de cet embargo ; il n'est pas plus surprenant que le Royaume-Uni soit en Europe le pays le plus réticent.

  • Il est par ailleurs nécessaire de relier la levée possible de l'embargo au contexte de crise financière et de faible croissance économique que connaissent un grand nombre de pays européens, et pas seulement les PIGS. Et alors que la plupart des analystes prévoient déjà qu'en 2011 la zone Euro restera un îlot de quasi non-croissance, la Chine a directement proposé son aide aux états désireux de trouver des financements à des taux raisonnables. Sans parler des débouchés économiques (à court-terme) que cela pourrait représenter. Bien évidemment, les officiels de l'UE nient le rapport avec la choucroute, et affirment que les seules contreparties à la levée de l'embargo concernent les droits de l'homme, les relations avec Taiwan et les libertés civiles en Chine.

Deux enseignements possibles :
  • La Chine vit comme une humiliation cet embargo, indigne de sa nouvelle position sur l'échiquier mondial (inutile de rappeler l'importance culturelle de "la face" dans l'Empire du Milieu) malgré sa dénégation de son propre statut de superpuissance
  • La Chine est impatiente (cf. le billet d'Olivier Kempf sur Le temps court de la Chine) et a encore besoin de technologie étrangère pour moderniser rapidement son armée, peut-être plus qu'elle ne souhaite l'affirmer haut et fort

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lundi 3 janvier 2011

Byzance: L'Empire Romain d'Orient par Jean-Claude Cheynet

Profitant des vacances pour combler une partie de mes lacunes en histoire, j'ai compulsé avec beaucoup d'intérêt Byzance : L'Empire Romain d'Orient (Armand Collin, 2007, 192 pages) par Jean-Claude Cheynet, historien spécialiste de l'Empire Byzantin.


L'ouvrage est découpé en trois grandes parties :
  • L'Empire Romain d'Orient (330 - 718)
  • L'Empire Médiéval (718 - 1204)
  • De l'Empire à la Ville-Etat (1025 - 1453)

De Constantin Ier et l'inauguration de Constantinople en 330, jusqu'à la chute finale face aux Ottomans en 1453, en passant par Justinien II, Héraclius, Basile II, Manuel VIII Paléologue, les Croisades, les fréquentes querelles internes, les sièges de Constantinople, les luttes face aux Perses, Arabes, Slaves, Seldjoukides, Ottomans (et autres peuples issus de la steppe), Latins, les bisbilles entre Venise et Gênes... plus de 1000 ans d'histoire sont ainsi passés en revue.

Au-delà des aspects chronologiques (légers sur l'époque "médiévale", entre 800 et 1100), l'ouvrage détaille dans des chapitres séparés, pour les différentes époques (avec parfois des chevauchements compliquant la compréhension du béotien), les aspects démographiques, sociologiques, économiques, politiques, fiscaux, protocolaires et religieux. Ces derniers sont particulièrement développés :
  • Sont notamment détaillés les relations - et leurs évolutions - entre empereur et patriarche(s) et entre chrétiens "romains" et "orthodoxes", même si l'évocation des schismes (hormis celui de Photius en 867) est plutôt succincte.
  • La christologie trouve quant à elle une place de choix, entre arianisme, nestorianisme et monophysisme, au travers notamment des conciles de Nicée, Constantinople ou Chalcédoine et leurs suites (églises syriaque, copte, arménienne)
  • Sont décrits les iconoclasmes du VIIIème et IXème siècle
Bref, j'ai appris énormément de choses, même si l'accumulation
  • de tribus et autres "nations" (cf. plus haut, en ajoutant notamment les Avars, Mongols, Ghassanides, Francs, Vandales, Petchénègues, Bulgares, Hongrois, Arméniens, Mamelouks, Danishmendides et j'en passe)
  • de villes et régions européennes et asiatiques (Cilicie, Phrygie, Thessalie, Epire, Antioche, Monts Athos, Trébizonde, Nicée, Andrinople, Dyrrachion, Mistra, Césarée, Varna, Nicolopolis, Skopje...)
  • d'empereurs, patriarches et dirigeants d'autres sociétés
  • de noms de familles et dynasties byzantines (Doukas, Phocas, Comnènes, Paléologues, Anges...)
  • de titres (archonte, exarque, drongaire, mégaduc, higoumène, domestique, protovestiaire, basileus, éparque...) et dignités (césar, sébaste, patrice, magistre...)
  • sans oublier la foultitude de termes grecs (pronoia, pakton, oikos, doulos, chorion, chrysobulle, dynatos...) utilisés notamment pour la description des dimensions administratives, protocolaires et fiscales...
...rend fréquents les retours en arrière ainsi que la consultation du glossaire et des quelques cartes fournies en fin de chapitres (on en voudrait d'ailleurs plus pour bien comprendre les dynamiques d'extension - rétractation territoriales). D'autant plus que la plupart des termes changent de sens au cours du temps (rappelons que plusieurs siècles sont embrassés en moins de 200 pages) ; et que l'auteur a dans les chapitres "non chronologiques" tendance à déflorer des noms, lieux, évènements, avant de les avoir couverts d'un point de vue historique, voire à évoquer une personne donnée sans la présenter (dates extrêmes, filiation, titre exact) ou un évènement sans donner sa date. Pour un lecteur néophyte, cela rend la compréhension parfois difficile.

Quelques remarques pour finir :
  • il est intéressant de noter que sur des évènements identiques (par exemple les conquêtes arabes ou ottomanes), Jean-Claude Cheynet met beaucoup plus l'accent sur les facteurs internes à l'Empire Byzantin (querelles dynastiques, tensions interconfessionnelles, volontés d'autonomie des provinces...) qu'un John Keegan, spécialiste de l'histoire militaire, dans son Histoire de la guerre, qui lui met en avant les aspects civilisationnels et guerriers.

  • Marc Ferro, dans son Des Grandes Invasions à l'an mille, présente les querelles iconoclastes comme l'une des causes majeures des conquêtes arabes initiales aux dépens de l'Empire Romain d'Orient... alors que chronologiquement, la plupart de celles-ci ont été réalisées dès le VIIème siècle, sous les premiers califes, soit avant le premier iconoclasme

  • Le quatrième de couverture commence ainsi : "L'Empire Romain d'Orient a vu les jours sur les rives du Bosphore, lorsque Constantin, premier empereur romain chrétien, fonda la nouvelle Rome, Constantinople, plus tard appelée Byzance". Il me semble qu'il y a ici une petite erreur : la cité impériale a été fondée par les Grecs plus de 5 siècles avant JC, et s'appelait originellement Byzance. Le nom de Constantinople lui fut donné postérieurement, en 330 lors de l'inauguration par Constantin Ier. Par contre, il est vrai que le terme d' "Empire Byzantin" a été forgé a posteriori, au XVIème siècle, par l'historien Hieronymus Wolf, et que les Romains d'Orient ne s'appelaient pas eux-mêmes "Byzantins"

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