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lundi 3 janvier 2011

Byzance: L'Empire Romain d'Orient par Jean-Claude Cheynet

Profitant des vacances pour combler une partie de mes lacunes en histoire, j'ai compulsé avec beaucoup d'intérêt Byzance : L'Empire Romain d'Orient (Armand Collin, 2007, 192 pages) par Jean-Claude Cheynet, historien spécialiste de l'Empire Byzantin.


L'ouvrage est découpé en trois grandes parties :
  • L'Empire Romain d'Orient (330 - 718)
  • L'Empire Médiéval (718 - 1204)
  • De l'Empire à la Ville-Etat (1025 - 1453)

De Constantin Ier et l'inauguration de Constantinople en 330, jusqu'à la chute finale face aux Ottomans en 1453, en passant par Justinien II, Héraclius, Basile II, Manuel VIII Paléologue, les Croisades, les fréquentes querelles internes, les sièges de Constantinople, les luttes face aux Perses, Arabes, Slaves, Seldjoukides, Ottomans (et autres peuples issus de la steppe), Latins, les bisbilles entre Venise et Gênes... plus de 1000 ans d'histoire sont ainsi passés en revue.

Au-delà des aspects chronologiques (légers sur l'époque "médiévale", entre 800 et 1100), l'ouvrage détaille dans des chapitres séparés, pour les différentes époques (avec parfois des chevauchements compliquant la compréhension du béotien), les aspects démographiques, sociologiques, économiques, politiques, fiscaux, protocolaires et religieux. Ces derniers sont particulièrement développés :
  • Sont notamment détaillés les relations - et leurs évolutions - entre empereur et patriarche(s) et entre chrétiens "romains" et "orthodoxes", même si l'évocation des schismes (hormis celui de Photius en 867) est plutôt succincte.
  • La christologie trouve quant à elle une place de choix, entre arianisme, nestorianisme et monophysisme, au travers notamment des conciles de Nicée, Constantinople ou Chalcédoine et leurs suites (églises syriaque, copte, arménienne)
  • Sont décrits les iconoclasmes du VIIIème et IXème siècle
Bref, j'ai appris énormément de choses, même si l'accumulation
  • de tribus et autres "nations" (cf. plus haut, en ajoutant notamment les Avars, Mongols, Ghassanides, Francs, Vandales, Petchénègues, Bulgares, Hongrois, Arméniens, Mamelouks, Danishmendides et j'en passe)
  • de villes et régions européennes et asiatiques (Cilicie, Phrygie, Thessalie, Epire, Antioche, Monts Athos, Trébizonde, Nicée, Andrinople, Dyrrachion, Mistra, Césarée, Varna, Nicolopolis, Skopje...)
  • d'empereurs, patriarches et dirigeants d'autres sociétés
  • de noms de familles et dynasties byzantines (Doukas, Phocas, Comnènes, Paléologues, Anges...)
  • de titres (archonte, exarque, drongaire, mégaduc, higoumène, domestique, protovestiaire, basileus, éparque...) et dignités (césar, sébaste, patrice, magistre...)
  • sans oublier la foultitude de termes grecs (pronoia, pakton, oikos, doulos, chorion, chrysobulle, dynatos...) utilisés notamment pour la description des dimensions administratives, protocolaires et fiscales...
...rend fréquents les retours en arrière ainsi que la consultation du glossaire et des quelques cartes fournies en fin de chapitres (on en voudrait d'ailleurs plus pour bien comprendre les dynamiques d'extension - rétractation territoriales). D'autant plus que la plupart des termes changent de sens au cours du temps (rappelons que plusieurs siècles sont embrassés en moins de 200 pages) ; et que l'auteur a dans les chapitres "non chronologiques" tendance à déflorer des noms, lieux, évènements, avant de les avoir couverts d'un point de vue historique, voire à évoquer une personne donnée sans la présenter (dates extrêmes, filiation, titre exact) ou un évènement sans donner sa date. Pour un lecteur néophyte, cela rend la compréhension parfois difficile.

Quelques remarques pour finir :
  • il est intéressant de noter que sur des évènements identiques (par exemple les conquêtes arabes ou ottomanes), Jean-Claude Cheynet met beaucoup plus l'accent sur les facteurs internes à l'Empire Byzantin (querelles dynastiques, tensions interconfessionnelles, volontés d'autonomie des provinces...) qu'un John Keegan, spécialiste de l'histoire militaire, dans son Histoire de la guerre, qui lui met en avant les aspects civilisationnels et guerriers.

  • Marc Ferro, dans son Des Grandes Invasions à l'an mille, présente les querelles iconoclastes comme l'une des causes majeures des conquêtes arabes initiales aux dépens de l'Empire Romain d'Orient... alors que chronologiquement, la plupart de celles-ci ont été réalisées dès le VIIème siècle, sous les premiers califes, soit avant le premier iconoclasme

  • Le quatrième de couverture commence ainsi : "L'Empire Romain d'Orient a vu les jours sur les rives du Bosphore, lorsque Constantin, premier empereur romain chrétien, fonda la nouvelle Rome, Constantinople, plus tard appelée Byzance". Il me semble qu'il y a ici une petite erreur : la cité impériale a été fondée par les Grecs plus de 5 siècles avant JC, et s'appelait originellement Byzance. Le nom de Constantinople lui fut donné postérieurement, en 330 lors de l'inauguration par Constantin Ier. Par contre, il est vrai que le terme d' "Empire Byzantin" a été forgé a posteriori, au XVIème siècle, par l'historien Hieronymus Wolf, et que les Romains d'Orient ne s'appelaient pas eux-mêmes "Byzantins"

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