Dis Tonton JGP, c'est quoi un consultant ?

En voilà une question qu'on me pose souvent, tant il est vrai que le terme "consultant" en lui-même est plutôt vague.

On en voit beaucoup sur les plateaux de télévision (et sur le Web), dans des émissions de société, de débats concernant de nombreux sujets, notamment liés de près ou de loin à la défense, qu'il s'agisse

• de géopolitique : de l'Irak à la Chine en passant par l'OTAN, la Russie, le pétrole ou l'eau...
  
• de sécurité intérieure : délinquance, trafics, mafia...
  
• de problématiques économiques ou industrielles : délocalisations, EADS, concurrence des pays émergents...
• de sciences et technologies : innovations, tendances...

Bref, il est rare qu'un sujet n'ait pas son ou ses "consultants" attitrés. Mais qu'est-ce qu'un consultant ?

C'est un concept un peu fourre-tout qui, en première (mais pas trop mauvaise) approximation, désigne une personne de l' "extérieur" que l'on (un gouvernement, une entreprise, voire un particulier) sollicite, pour son expertise et/ou son savoir-faire et/ou son entregent, pour aider à résoudre (complètement ou partiellement) un problème. L'extériorité signifie qu'en général (et ça vaut mieux, pour des raisons d'objectivité) le consultant n'a pas d'intérêt personnel dans la problématique sur laquelle il est sollicité.

Il ne s'agit bien sûr pas d'un titre officiel, et tout le monde peut être consultant. Loin de moi l'idée de brosser ici un panorama exhaustif, mais essayons d'y voir plus clair en ce qui concerne l'usage du terme, tout en restant volontairement approximatif.

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La première acception désigne les consultants indépendants ou exerçant au sein d'un cabinet de conseil (ou un département "conseil" d'une entreprise de n'importe quel domaine, ou même d'une administration). Un tel consultant pratique ouvertement sous cette appellation, soit régulièrement soit ponctuellement. Et il peut le faire dans un nombre extrêmement étendu de disciplines. Sans rentrer dans le détail (qui pourrait être le propos d'un autre article), on compte des consultants en stratégie (d'ailleurs militaire ou d'entreprise), en management (optimisation du fonctionnement) ou en technologie, mais également des juristes, médecins, experts en sécurité, armes, entraînement militaire...

Bref, tout professionnel d'un domaine donné peut intervenir en tant que consultant, même si certains le sont à plein temps.

Pour les grands cabinets de conseil, qu'ils s'appellent McKinsey, Accenture, Kroll ou Tata (je mélange volontairement des choux et des carottes), la défense est un secteur somme toute comme les autres, qui certes peut mobiliser des savoirs et savoir-faire spécifiques et représenter une part plus ou moins importante du portefeuille de clients.

Cette première famille (très large, trop large même, mais je simplifie à outrance, je l'ai déjà dit) de consultants intervient dans les médias, qu'ils soient spécialisés ou généralistes, même si on les voit rarement au 20h de TF1 ou dans une émission de société. Leur objectif est bien sûr d'y faire de la publicité pour eux-mêmes et/ou la marque pour laquelle il travaille, mais cela se fait en général de façon transparente et affichée. Et presque toujours avec l'accord de leurs clients.

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Ce qui nous amène à la deuxième acception de "consultant", plus hétérogène et floue (c'est dire), mais plus présente sur les plateaux de TV. Disclaimer : ce n'est pas ici un ensemble de personnes que je désigne, mais bien une utilisation particulière du terme.

Dans les programmes sportifs, les consultants sont d'anciens champions qui apportent leur légitimité et leur crédibilité, même si leur talent de présentateur ne saute pas toujours aux yeux : "consultant" y est synonyme d' "expert" ou "spécialiste" voire "ancien combattant". Dans le Financial Times, sur CNN ou chez Frédéric Taddei (exemples non nécessairement les plus significatifs), une part non négligeable de ceux qui arborent le label de consultant ont en fait d'autres titres plus ou moins officiels, que le mot magique sert à camoufler, atténuer ou au contraire à "rapprocher du sujet".

Bref, "consultant", surtout quand il est utilisé seul, n'est pas en lui-même signifiant (il est d'ailleurs parfois remplacé par "expert").

Le terme recouvre ainsi des réalités diverses :

• journaliste, ayant écrit 2-3 choses touchant de près ou de loin à la problématique débattue
• lobbyiste, avocat s'exprimant sans le dire au nom d'une entreprise, d'un gouvernement ou autre groupement d'intérêt
• membre d'un think tank ou analyste/chercheur de centres dont l'orientation n'est pas précisée
• patron d'officine de sécurité ou de renseignement
• écrivain ou auteur
• ...

En accolant à leur nom le qualificatif de consultant, on masque (sciemment ou non) leurs réelles motivations, en les parant de la noble casquette de "connaisseur objectif et neutre". On leur offre une tribune, non pas purement à des fins publicitaires, mais aussi et surtout qui leur permet de diffuser et défendre des idées sans en avoir l'air. Ils sont souvent sollicités pour exposer des faits, des chiffres, vulgariser ou se poser en arbitres de débats entre contradicteurs (politiques de bords opposés, entreprises et associations...). Rappelons-nous que l'un des objectifs de la propagande est de présenter son propre avis comme la vérité impartiale et factuelle.

Souvenons-nous du scandale qui a éclaté il y a un an environ aux Etats-Unis, quand il est apparu que de très nombreux consultants et analystes opérant dans les médias étaient en fait en service commandé pour l'administration Bush.

En conclusion, la prochaine fois que vous voyez un consultant cité dans un article ou invité sur un plateau de télévision pour disserter sur la politique, la défense ou l'économie, amusez-vous à deviner au nom de qui il le fait.

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Dans un prochain article je décrirai certainement quel type de consultant je suis au quotidien (sans trop én dévoiler bien sûr). Car il est vrai que la description figurant dans mon profil est assez évasive...

P.S. : je me rends compte qu'il y a effectivement beaucoup à dire sur ce sujet, et que la réponse à la question posée dans le titre n'apparaît pas nécessairement ici. J'y reviendrai donc.

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