La Tribune, dans son numéro du 17 février, indique que le dernier rapport du Comité des Prix de Revient des fabrications d'Armements (CPRA) révèle de sérieuses lacunes dans le pilotage des programmes d'armement français, et notamment dans leur composante économique, qui "n'est pas toujours établie de façon exhaustive". Pour parler clairement, les coûts sont suivis de façon artisanale et peu rigoureuse, et une part importante des charges sont oubliées en cours de route...
Ceci est particulièrement fâcheux et problématique au vu de la durée, de la taille et de la complexité des programmes considérés (avions, navires, systèmes d'informations...), impliquant souvent des milliers de personnes et des dizaines de fournisseurs pendant plusieurs années.
Trois raisons principales sont évoquées :
- la difficile (et donc parfois non-) inclusion des coûts dus à la participation des services de l'État
- une mauvaise structuration interne des marchés passés auprès de fournisseurs externes, un recouvrement peu clair entre les très nombreux contrats
- un outillage (indicateurs de suivi et moyens statistiques) défaillant, handicapant sérieusement les estimations prévisionnelles
En bref, les chefs de programme se retrouvent comme des capitaines de cargos géants dans le brouillard, privés de radar et de longue vue, avec une idée vague du chemin restant à parcourir et de l'état de leurs réserves de carburant et 3 bulletins météo contradictoires...
La route sera longue avant d'arriver à une gestion de programme (et fonctions connexes : achats, contrôle de gestion...) réellement professionnalisée et à l'état de l'art ; même si les dérapages et autres approximations sont légion dans le privé comme le public, foi de consultant.
Les sommes concernées s'élèvent en centaines de millions d'euros. En ces périodes de plan de relance, de caisses vides mais également de RGPP impactant fort les budgets et surtout les humains, l'Armée Française ne peut plus se permettre ce genre de gaspillage.
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