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lundi 8 novembre 2010

"La géopolitique et le géographe" d'Yves Lacoste

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le dernier ouvrage d'Yves Lacoste, La géopolitique et le géographe, un livre d'entretien avec Pascal Lorot, président de l'Institut Choiseul et promoteur en France du concept de géoéconomie.


Un ouvrage donc très intéressant, qui revient notamment sur l'histoire de la géopolitique (et de la géographie), depuis Ratzel et Kjellén, en passant par Haushofer mais aussi... Elisée Reclus ou Vidal de la Blache, mettant en exergue les divergences entre Allemagne et France, y compris sur l'enseignement de la géographie. Il s'agit aussi en quelque sorte d'une autobiographie de Lacoste, puisque sont décrites de façon détaillée ses expériences de "géographie active" en Haute-Volta, au Vietnam, à Cuba ou en Kabylie. Mais également l'aventure de l'université de Vincennes, ses liens avec le PCF, le fameux "La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre", la création de la Revue Hérodote (le premier géographe ? Les historiens en furent pris de court !) ou sa rencontre avec Béatrice Giblin, fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique, et pionnière de la géopolitique interne, car "géopolitique" ne rime pas forcément avec "international".

Pour moi qui ne connais presque rien du monde universitaire, le livre est très éclairant sur les querelles de chapelles qui jalonnent l'histoire et l'évolution d'une "discipline" (terme en lui-même connoté), en l'occurrence la géographie (bordée par l'histoire), qu'elle soit physique ou humaine, voire... politique. Bien sûr, l'idéologie n'est jamais loin, que ce soit en raison du bouillonnement autour de la décolonisation, de mai 68, ou plus anciennement de l'utilisation faite par les Allemands de la "première" géopolitique. Sans parler du concept de "nation", éminemment géopolitique pour Lacoste.

Par contre, deux petits bémols :
  • j'ai trouvé un peu légers les développements liés à la situation mondiale actuelle, entre Chine, Inde, conflits irréguliers, terrorisme... ou immigration. Dommage, alors que par ailleurs sont indiqués dans l'ouvrage quelques clés du raisonnement géopolitique !
  • pareillement, le discours de Pascal Lorot autour de la géoéconomie, et notamment ses explications visant à la différentier de la "guerre économique" ou d'une simple branche de la géopolitique m'a semblé peu convaincant : il faut peut-être que je penche plus sérieusement sur cette discipline, car à ce stade je ne vois pas bien en quoi le préfixe "géo" est pertinent (fut-il virtualisé)... j'y reviendrai certainement

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2 commentaires:

égéa a dit…

Salut JG

Sur l'ouvrage fondateur "la géographie, ça sert, d"abord, à faire la guerre"), lire ce billet qui rend compte de sa relecture : http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2009/10/29/%22La-g%C3%A9ographie%2C-%C3%A7a-sert%2C-d%E2%80%99abord%2C-%C3%A0-faire-la-guerre%22-d-Yves-Lacoste
Oui, Si Lacoste a été très innovateur, il est moins convaincant dans ses ouvrages récents.
Enfin, je suis d'accord avec toi, P Lorot est le chantre de la géoéconomie qu'il a "lancée" il y a douze ou treize ans, mais beaucoup en sont revenus. Cela fait quelque temps que je refuse le terme car je le trouve faussement éclairant : séduisant au premier abord, et finalement assez creux.
égéa

JGP a dit…

Pour autant, il est clair que le sujet que se propose d'étudier la "géoéconomie" est d'une importance capitale.

C'est juste que je ne vois pas bien la spécificité et le contour exact de cette discipline (telle que décrite dans l'ouvrage sus-mentionné bien entendu).