Je signale à mes lecteurs portés sur l'économie et l'industrie l'ouvrage d'Olivier Pastré, La méthode Colbert ou le patriotisme économique efficace, publié en 2006 aux éditions Perrin.
Comme son titre l'indique, il s'agit de montrer que Colbert et sa vision de l’État peuvent aider aujourd'hui la France à relever le défi de la mondialisation, avec une approche méthodique, propre à favoriser l'innovation et la mise en place d'une véritable politique industrielle. On reconnait là une partie du discours des tenants du "patriotisme économique", d’Éric Delbecque (qui cite d'ailleurs le présent ouvrage dans son Quel patriotisme économique ?) à Bernard Carayon (Patriotisme économique : de la guerre à la paix économique).
Les parallèles historiques avec le règne de Louis XIV invitent nos dirigeants à faire foin des réactions émotionnelles et des gesticulations démagogiques (affaires Mittal-Arcelor, Danone...) pour, sans recréer de ligne de Maginot, faire comme tous leurs petits camarades en mettant en place un cadre subtil au service de l'économie française. Car c'est un fait, de nombreux pays font du protectionnisme à la M. Jourdain, sans le crier sur tous les toits. Et pour Olivier Pastré, le seul moyen d'éviter la "djerbaïsation" de la France, c'est d'en faire un acteur de rang mondial dans la finance et la haute technologie (quitte à sacrifier la PAC). Ce qui passe à la fois par plus de rigueur budgétaire, mais aussi la fin du saupoudrage en ce qui concerne les pôles de compétitivité. L’État, pour gagner son rang d' "État Soleil", doit trouver le moyen de s'appuyer sur les corps intermédiaires (car il ne peut tout faire tout seul), établir les conditions d'un équilibre public-privé, valider l'échelon régional comme le plus pertinent pour l'ancrage économique mais également revaloriser l'immigration "équilibrée", un peu à la manière de Colbert et ses industriels hollandais.
On relèvera quelques perles savoureuses dans l'ouvrage : Nokia n'est pas "irrémédiablement" norvégien, la monnaie sous-évaluée de la Chine n'est pas le yen, le contraire de "win-win" n'est pas "loose-loose". Par ailleurs, ayant été écrit en 2006, il dépeint une Irlande idéalisée et a forcément un train de retard sur Euronext.
Ceci dit, le bilan relatif à Colbert est relativement lucide : ses échecs ou du moins ses faiblesses sur la politique sociale, les Compagnies, le positionnement industriel (il a tout misé ou presque sur le luxe, peut-on y voir un parallèle avec aujourd'hui ?), le simplisme de son mercantilisme, son obsession pou les Pays-Bas et donc son incapacité à envisager la montée en puissance de l’Angleterre.
Pour autant, les acquis de Colbert sont également mis en valeur, signe que l'ouvrage s'est assigné un objectif de réhabilitation historique : réhabilitation des villes, équilibre budgétaire, unification du royaume, mise en place d'un environnement économique et industriel propice à l'innovation et l'investissement, établissement des fondations de l'administration française et au-delà de l'Etat français (sous l'inspiration de Louis XIV).
En conclusion, Olivier Pastré vise à s'ériger contre les déclinistes qui sévissent sous nos latitudes, en montrant qu'une approche méthodique, dépassant les clivages politiciens (est-ce réaliste ?), et avant tout nationale, tant que l'Europe politique n'est qu'une illusion, est possible.
Les parallèles historiques avec le règne de Louis XIV invitent nos dirigeants à faire foin des réactions émotionnelles et des gesticulations démagogiques (affaires Mittal-Arcelor, Danone...) pour, sans recréer de ligne de Maginot, faire comme tous leurs petits camarades en mettant en place un cadre subtil au service de l'économie française. Car c'est un fait, de nombreux pays font du protectionnisme à la M. Jourdain, sans le crier sur tous les toits. Et pour Olivier Pastré, le seul moyen d'éviter la "djerbaïsation" de la France, c'est d'en faire un acteur de rang mondial dans la finance et la haute technologie (quitte à sacrifier la PAC). Ce qui passe à la fois par plus de rigueur budgétaire, mais aussi la fin du saupoudrage en ce qui concerne les pôles de compétitivité. L’État, pour gagner son rang d' "État Soleil", doit trouver le moyen de s'appuyer sur les corps intermédiaires (car il ne peut tout faire tout seul), établir les conditions d'un équilibre public-privé, valider l'échelon régional comme le plus pertinent pour l'ancrage économique mais également revaloriser l'immigration "équilibrée", un peu à la manière de Colbert et ses industriels hollandais.
On relèvera quelques perles savoureuses dans l'ouvrage : Nokia n'est pas "irrémédiablement" norvégien, la monnaie sous-évaluée de la Chine n'est pas le yen, le contraire de "win-win" n'est pas "loose-loose". Par ailleurs, ayant été écrit en 2006, il dépeint une Irlande idéalisée et a forcément un train de retard sur Euronext.
Ceci dit, le bilan relatif à Colbert est relativement lucide : ses échecs ou du moins ses faiblesses sur la politique sociale, les Compagnies, le positionnement industriel (il a tout misé ou presque sur le luxe, peut-on y voir un parallèle avec aujourd'hui ?), le simplisme de son mercantilisme, son obsession pou les Pays-Bas et donc son incapacité à envisager la montée en puissance de l’Angleterre.
Pour autant, les acquis de Colbert sont également mis en valeur, signe que l'ouvrage s'est assigné un objectif de réhabilitation historique : réhabilitation des villes, équilibre budgétaire, unification du royaume, mise en place d'un environnement économique et industriel propice à l'innovation et l'investissement, établissement des fondations de l'administration française et au-delà de l'Etat français (sous l'inspiration de Louis XIV).
En conclusion, Olivier Pastré vise à s'ériger contre les déclinistes qui sévissent sous nos latitudes, en montrant qu'une approche méthodique, dépassant les clivages politiciens (est-ce réaliste ?), et avant tout nationale, tant que l'Europe politique n'est qu'une illusion, est possible.
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