J'en parlais il y a un mois, l'administration Obama était partie sur de nouvelles bases sur le dossier du bouclier antimissile et notamment de ses implantations européennes, en Pologne et République Tchèque.
La presse internationale (dont le New York Times et Kommersant) a annoncé hier que le président américain aurait fait une proposition à son homologue russe consistant à arrêter le projet si ce dernier apportait une aide sur le dossier du nucléaire iranien. Un échange de bons procédés en somme, d'autant qu'officiellement c'est bien pour se protéger des (potentiels) missiles balistiques du régime des mollahs, et non de ceux de son allié traditionnel russe, que le bouclier est censé être mis en oeuvre.
Hillary Clinton, la Secrétaire d'Etat, l'a d'ailleurs réaffirmé lors d'une allocution à Tel Aviv :
Concernant l'ABM [Anti Ballistic Missile - NdJGP] en Europe, nous avons toujours affirmé qu'il visait à intercepter des missiles susceptibles d'être tirés depuis l'Iran. Telle était notre position par le passé, et elle reste inchangéeBien sûr, on l'a dit et redit, la Russie voit ce bouclier comme une menace à sa propre sécurité. Et Medvedev s'est empressé de nier avoir reçu une telle offre d'Obama. Tout en reconnaissant que des contacts étaient en cours et que la volonté de dialogue des Etats-Unis sur le sujet constituait un pas dans le bon sens.
Mais pour la diplomatie russe, au moins en public, l'Iran et le bouclier sont deux sujets devant être traités de façon disjointe. Par contre, la Russie a répété qu'elle était prête à stopper le déploiement de ses Iskander (qui au vu de leur portée menaceraient directement, depuis l'enclave de Kaliningrad, une grosse partie du territoire polonais : voir l'infographie de RIA Novosti), si Washington y renonçait.
Tout ça alors que Robert Gates, ministre de la défense US, a minimisé la menace iranienne à court terme sur le plateau de Meet the Press sur NBC...
Ils sont loin d'avoir un arsenal, ils sont loin d'avoir une seule arme à ce stade, et donc il reste du temps...juste après une affirmation contraire d'Hervé Morin, son homologue français (qui reprenait le point de vue de l'amiral américain Mullen) :
La date à laquelle Téhéran sera capable de franchir le seuil nucléaire militaire est plus proche que ce que nous pensions il y a encore un an quand nous évoquions l'échéance de 2011Pendant ce temps, Téhéran dément :
Toutes ces déclarations concernant la production d'une bombe nucléaire sont dénuées de fondements. C'est sans fondement d'un point de vue technique et cela s'assimile à de la propagande.Et ElBaradei, chef de l'AIEA, appelle comme d'habitude à débloquer la situation.
Lier deux gros morceaux dans un seul dossier, essayer de faire bouger les lignes d'alliances habituelles et pousser la Russie à s'exposer en tant que médiateur : le premier mouvement d'envergure à l'international du nouveau président américain, dans un tel contexte, est certes audacieux, mais un succès pourrait avoir des répercussions énormes sur l'image des Etats-Unis dans le monde, notamment en Europe et en Russie.
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