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mercredi 10 juin 2009

C'est quoi une entreprise française ?

Qu'est-ce qu'une entreprise française ? Ou plutôt, qu'est-ce qui fait la nationalité d'une entreprise, non pas en termes purement juridiques mais dans un contexte de "guerre économique" (malgré toute son imperfection). Dans un contexte comme celui d'aujourd'hui, avec des économies largement interpénétrées et des marchés (des débouchés et du travail) de plus en plus décloisonnés, ce n'est pas forcément si simple d'y répondre. L'article de ZI me rappelle qu'il y a quelques années j'avais posé la question à un parlementaire français très impliqué dans l'intelligence économique, et que ça réponse avait été pour le moins imprécise.

Plusieurs éléments entrent en jeu :
  • la structure capitalistique : qui sont les propriétaires, étatiques ou privés ? (à titre d'exemple, la part de capitaux étrangers dans le CAC40 est de l'ordre de 40%)
  • le top management : qui gère l'entreprise et prend de fait la plupart des décisions structurantes (avec un contrôle hétérogène de la part des actionnaires) ?
  • les employés : qui produit et fabrique ? Qui possède les compétences (techniques ou non) de fond ?
  • la localisation du siège social et des principaux sites de l'entreprise
L'identité des clients, des partenaires et des fournisseurs peuvent aussi avoir une influence sur les décisions stratégiques prises par l'entreprise et donc son "alignement" avec les préoccupations économiques (ou plus largement géopolitiques) de tel ou tel pays. Ainsi, pour prendre un exemple, un industriel de la défense qui dépend uniquement des commandes de la DGA n'est peut-être pas à considérer de la même manière que celui qui est très internationalisé et qui a par ailleurs de nombreux clients privés.

On ne peut pas considérer comme françaises les seules entreprises :
  • dirigées par un Polytechnicien ou un Enarque
  • dont l'Etat français est un actionnaire significatif
  • dont le siège se trouve dans une tour de La Défense ou dans un hôtel particulier du VIIIème arrondissement de Paris
Tous les facteurs énoncés ci-dessus (forcément non-exhaustifs), qui bien sûr sont liés les uns aux autres, jouent quand il s'agit de considérer l'indépendance technologique, la croissance économique, l'approvisionnement énergétique, l'alignement avec les besoins de défense ou plus simplement la sauvegarde d'un bassin d'emplois. Et donc les décisions prises et les actions enclenchées par le pouvoir politique, pour atteindre un but précis. Que ce soit en termes de subvention, de législation (fiscale, commerciale...), d' "action commerciale", de lobbying auprès d'instances de décisions supérieures, de politique éducative. Il est par ailleurs évident, mais pas forcément souhaitable au niveau global, que la "proximité" des dirigeants et propriétaires d'entreprises avec les politiques a une influence non négligeable sur les décisions prises par ces derniers. Le patriotisme des uns et des autres, bien réel ou de façade, entre également en ligne de compte, mais d'une manière générale il ne faut pas s'y fier de façon exclusive.

Comment considérer une entreprise dont le management est français, qui paie des impôts en France, mais quasiment tous les employés sont en Inde, ou (partiellement) à l'opposé une entreprise à capitaux étrangers mais qui emploie des milliers de personnes en France ? Les leviers dont disposent les décideurs politiques sont donc variables, de même que leur importance.

La "guerre économique" aux bornes d'une entreprise se comprend aisément, au niveau d'un pays, dans un contexte largement privatisé et mondialisé, c'est plus "flou".

Tout ceci est complexe et touche à de nombreux domaines plus ou moins connexes, qui ne peuvent être adressés. J'essaierai d'y revenir de façon plus ciblée.

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