Pour tous ceux qui ont fait un peu d'automatique, le concept de rétroaction (ou feedback en anglais) n'a pas de secret.
Il signifie qu'un système va utiliser son output ou grandeur de sortie ("résultat") comme input ou grandeur d'entrée ("paramètre"), notamment à des fins de correction. Rosenblueth, Wiener et Bigelow (qui font partie des pères de la téléologie et de la cybernétique, ce dernier ayant travaillé avec John von Neumann sur le premier ordinateur) en donnent la définition suivante dans leur article fondateur Behavior, Purpose and Teleology :
The term feed-back is also employed in a more restricted sense to signify that the behavior of an object is controlled by the margin of error at which the object stands at a given time with reference to a relatively specific goalAinsi, l'objet s'est vu définir un but (par exemple un cap), il va agir pour atteindre ce but (par exemple orientation et mouvement), mesurer en sortie l'écart à ce but (par exemple l'écart angulaire par rapport au cap) et réinjecter cet écart en entrée pour le corriger. Quand il y a comme ici régulation, on parle de rétroaction négative : il s'agit de stabiliser le système. Au contraire, quand le phénomène de sortie est amplifié, il y a rétroaction positive, au risque d'emballer le système. Il y a équilibre quand le feedback n'a aucun effet, ni positif ni négatif.
Ainsi la rétroaction lie l'effet à sa cause, de façon "continue" et avec plus ou moins de retard.
La boucle de rétroaction est utilisée dans de nombreux domaines : biologie (par exemple homéostasie cellulaire), économie et finance, électronique, industrie (par exemple les servomoteurs)... Parce qu'elle est fondamentale dans tout processus de décision, elle est également au coeur de la cybernétique et de la systémique.
Un exemple de boucle de rétroaction très connue est la boucle (ou cycle) OODA, à savoir Observation, Orientation, Décision, Action. Définie par le colonel John Boyd, pilote de l'USAF et stratège militaire.
Boucle OODAUn exemple de boucle de rétroaction très connue est la boucle (ou cycle) OODA, à savoir Observation, Orientation, Décision, Action. Définie par le colonel John Boyd, pilote de l'USAF et stratège militaire.
crédits : mindsim.com
De manière schématique, on peut illustrer l'OODA comme suit :
Bien sûr, la boucle OODA, principalement appliquée au niveau stratégique, peut également l'être à un niveau opérationnel et tactique, par exemple lors d'un combat aérien. Et c'est bien logique, puisque John Boyd était lui même pilote de F-86 pendant la Guerre de Corée.
On voit clairement que des notions comme le NCW, le C4ISTAR et les avancées technologiques en termes de drones, de capteurs et de spatial sont là pour optimiser cette boucle de rétroaction.
Maintenant que les préliminaires sont posés, je reviendrai certainement plus en profondeur sur la cybernétique ou la téléologie.
- Le renseignement militaire collecte les observations (au moyen de sources variées : capteurs optiques/IR/radar sur différents supports, hommes, informatique...) sur la base d'objectifs généraux
- Puis avec le commandement il va sélectionner les informations les plus pertinentes, c'est-à-dire orienter et prioriser toutes les actions qui vont suivre. Cette phase d'orientation, car elle lance réellement la boucle, est cruciale, et repose énormément sur la représentation du monde et les schémas mentaux de ceux qui la réalisent.
- Le commandement (quel que soit son niveau) prend alors, sur cette base, des décisions qui sont la traduction des orientations en ordres précis (ce qui est forcément plus facile à dire qu'à faire, car il s'agit en particulier de bien s'assurer de l'alignement des ordres avec les orientations).
- Les ordres sont ensuites exécutés par les unités opérationnelles, c'est la phase d'action
- La rétroaction intervient au travers des rapports de mission (succès ou échec ?) et autres observations réalisées lors de la phase d'action, qui vont à leur tour influer sur les orientations et les décisions : la boucle est bouclée
Bien sûr, la boucle OODA, principalement appliquée au niveau stratégique, peut également l'être à un niveau opérationnel et tactique, par exemple lors d'un combat aérien. Et c'est bien logique, puisque John Boyd était lui même pilote de F-86 pendant la Guerre de Corée.
On voit clairement que des notions comme le NCW, le C4ISTAR et les avancées technologiques en termes de drones, de capteurs et de spatial sont là pour optimiser cette boucle de rétroaction.
Maintenant que les préliminaires sont posés, je reviendrai certainement plus en profondeur sur la cybernétique ou la téléologie.
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