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Mon Blog Défense

lundi 31 mai 2010

Coupe du monde de football : les équipes africaines et leurs sélectionneurs

Six équipes africaines prendront part à la Coupe du monde de football qui débute la semaine prochaine : l'Algérie, le Nigéria, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Cameroun et l'organisateur de la compétition, l'Afrique du Sud, qui jouera dans le groupe de la France.

Un constat s'impose : à l'exception de l'Algérie, toutes les équipes africaines ont un sélectionneur non seulement étranger, mais carrément non-africain
  • Nigéria : Lars Lagerbäck (Suède)
  • Ghana : Milovan Rajevac (Serbie)
  • Côte d'Ivoire : Sven-Göran Eriksson (Suède)
  • Cameroun : Paul Le Guen (France)
  • Afrique du Sud : Carlos Alberto Parreira (Brésil)

Roger Milla à la Coupe du monde 1990

Est-ce significatif ou surprenant ? Après tout, même l'Angleterre, qui figure parmi les favoris, a un sélectionneur non anglais, italien en l'occurrence. Cependant, parmi les 5 confédérations qui regroupent l'ensemble des fédérations nationales du globe (UEFA pour l'Europe, CAF pour l'Afrique, AFC pour l'Asie et l'Océanie, CONCACAF pour l'Amérique du Nord, centrale et les Caraïbes, CONMEBOL pour l'Amérique du Sud), c'est un cas unique cette année. Même les pays asiatiques, qui ont par le passé eu recours à des sélectionneurs européens, ont en 2010 des nationaux à la tête de leur équipe.

Si l'on revient aux éditions précédentes, on se rend compte qu'en 2006, seul l'Angola avait un sélectionneur local (Luís Oliveira Gonçalves), alors que les quatre autres engagés du continent étaient menés par des Européens :
  • Roger Lemerre pour la Tunisie
  • Henri Michel pour la France
  • Radomir Dujkovic pour le Ghana (notez la filière serbe)
  • Otto Pfister pour le Togo
En 2002, c'était plus équilibré, les équipes d'Afrique du Sud et du Nigéria étant dirigées respectivement par Jomo Sono et Festus Onigbinde. Les meilleurs parcours d'équipes africaines en Coupe du monde sont ceux des Lions Indomptables du Cameroun en 1990 (coachés par le Soviétique Valeri Nepomniachi et comptant dans leurs rangs l'emblématique Roger Milla, attaquant de 38 ans) et des Lions du Sénégal en 2002 (dirigés par le Français Bruno Metsu), qui ont tout deux atteint les quarts de finale.

La plupart des noms figurant ci-dessus sont ceux de "sélectionneurs professionnels", ayant dirigés plusieurs équipes nationales, pas toujours celle de leur propre pays. On note que de nombreux sélectionneurs français sont à la tête d'anciennes colonies, liens historiques et linguistiques obligent.

D'une manière générale, il est courant dans l'univers du sport que des ressortissants de pays "avancés dans la discipline" soient sollicités par des nations qui n'ont pas la même maturité et donc le même réservoir de compétences. Ce dernier est d'abord alimenté par les structures (clubs, championnats, fédération) locales, qui permettent aux entraîneurs de se révéler, après avoir émergé des rangs des joueurs professionnels (bien qu'un bon entraîneur n'a pas toujours eu une grande carrière de joueur, et inversement). L'établissement et la professionnalisation de ces structures ne se font pas en un jour, et nécessitent certains moyens financiers sur la durée, afin d'en assurer la pérennité.

Rien de bien original, dans le domaine industriel il se passe la même chose : un pays émergent a d'abord besoin d'investisseurs et d'experts étrangers dans un secteur donné, puis par le biais de transfert de compétences sa base industrielle propre se développe jusqu'à ce qu'il soit autonome et concurrence même ses anciens fournisseurs.

Dans le football, de nombreux pays africains peuvent s'appuyer sur un intérêt marqué du public, qu'il s'agisse des clubs ou de l'équipe nationale, d'un bon taux de croissance économique et de l'intérêt croissant pour le continent (avec une distribution très inégale, bien entendu) de la part de grands acteurs mondiaux (les fameux partenaires ou sponsors). Cependant, cela ne semble pas pour le moment se traduire dans la nationalité des sélectionneurs (mais cette répartition est-elle significative ?) des plus grandes équipes. Ceci peut-il s'expliquer en partie par le fait que la plupart des joueurs prometteurs (notamment en Afrique subsaharienne) partent très tôt pour les championnats européens où ils ont très peu de chance de reconversion après leur première carrière, voire naissent carrément en Europe (en France notamment, cf. par exemple Frédéric Kanouté) ou y arrivent très jeunes avec leur famille ?

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vendredi 28 mai 2010

Machiavel, sur les mercenaires (2)



Encore un petit extrait du Prince de Machiavel :

Les capitaines mercenaires, ou sont d'excellents hommes de guerre, ou non ; s'ils le sont, tu ne peux te fier à eux, car toujours ils aspireront à leur propre grandeur, ou en t'opprimant toi qui es leur patron, ou en en opprimant d'autres contre ton intention ; mais si le capitaine n'est pas habile homme, il te mène à ta perte, pour l'ordinaire.
[...]
Et par expérience on voit les seuls princes et républiques armés faire de très grands progrès, et les armes mercenaires ne faire jamais que du mal ; et il est plus difficile d'amener à obéir à un de ces citoyens une république armée de ses propres armes, qu'une qui est armée d'armes étrangères

Pour information, la présente citation est issue de la traduction d'Yves Lévy.

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jeudi 27 mai 2010

Machiavel, sur les mercenaires (1)


Dans Le Prince, voici ce que Machiavel dit de l'utilisation de mercenaires :




Les mercenaires et auxiliaires sont inutiles et dangereuses : et qui tient son Etat fondé sur les troupes mercenaires n'aura jamais stabilité ni sécurité; car elles sont sans unité, ambitieuses, indisciplinées, indidèles; vaillantes avec amis; avec les ennemis, lâches; point de crainte de Dieu, point de foi avec les hommes; et l'on ne diffère la défaite qu'autant que l'on diffère l'assaut; dans la paix on est dépouillé par eux, dans la guerre par les ennemis.


La raison en est qu'ils n'ont d'autre amour ni d'autre raison qui les retienne au camp qu'un peu de solde, ce qui n'est pas suffisant à faire qu'ils veuillent mourir pour toi. Ils veulent bien être tes soldats tant que tu ne fais pas la guerre, mais la guerre venu, ou s'enfuir ou s'en aller.

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mercredi 26 mai 2010

Puissance maritime

Olivier Kempf pose la question sur son blog :

une puissance est-elle forcément maritime ?

Trafalgar


Cela me rappelle la citation de Richelieu, dans son Testament politique :

La puissance des armes requiert on seulement que le roi soit plutôt fort sur la terre ; mais elle veut en outre qu'il soit puissant sur la mer.
On se souvient que le cardinal, à l'époque de la constitution du premier espace colonial français, et donc des débuts de l'ouverture à une certaine forme de mondialisation, fut le premier à centraliser les décisions maritimes, à créer une marine de guerre suite au siège victorieux de La Rochelle... Un peu tombée en arrière plan sous Mazarin, la marine française connaîtra un nouvel essor avec Colbert qui verra bien le lien entre puissance maritime et finance.

Napoléon, depuis Saint-Hélène, avouera presque deux siècles plus tard, certainement encore chatouillé par les misères infligées par un Horatio Nelson à la flotte française :

J'ai passé tout mon temps à chercher l'homme de la marine

Pour une petite réflexion sur le rôle joué par la Royal Navy dans la puissance du Royaume-Uni au XIXème siècle, pays maritime s'il en est, je renvoie à Res Militaris de Michel Goya (chapitre "Pour le meilleur et pour l'Empire") qui rappelle notamment cet extrait de Rule Britannia! :

Rule, Britannia! Britannia, rule the waves

Voir également les articles du blog consacrés à la marine.

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lundi 24 mai 2010

Petite absence

Pour raisons personnelles, le blog sera en jachère ou tournera à l'extrême ralenti sur les deux semaines qui viennent.

Comme d'habitude, je vous renvoie à ma blogroll pour vous tenir au courant des sujets qui agitent la blogosphère francophone de défense.

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vendredi 21 mai 2010

Colloque CID-HEC-ENA : quelle compétitivité stratégique pour la France au XXIème siècle

Le Collège Interarmées de Défense, HEC et l'ENA organisent un colloque sur la compétitivité stratégique de la France au XXIème siècle. Il aura lieu le 26 mai toute la journée à l'Ecole Militaire.


En voici le topo :

Organisé pour la première fois conjointement entre les écoles de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), d’HEC (école des Hautes Etudes Commerciales) et du CID (Collège Interarmées de Défense, anciennement Ecole de Guerre), le colloque de stratégie, qui se tiendra à l’Ecole Militaire, a pour thème : « quelle compétitivité stratégique pour la France au XXIème siècle ? ».

Face à un monde devenu plus instable et imprévisible, un bilan de la situation de la France est nécessaire pour identifier les choix possibles dans un environnement qui se façonne autour d’une impérative compétitivité stratégique. Alors que les modèles de puissance évoluent, quelles orientations la France peut-elle suivre afin de maintenir en cohérence sa situation, son potentiel et le monde tel qu’il se présente ?

L’objectif de ce colloque est de réunir les futurs décideurs des domaines de la Défense, de la haute administration et de l’entreprise pour les faire réfléchir ensemble aux enjeux de demain.


La journée sera ouverte par Alain Juppé et close par Pierre de Villiers, major général des armées. Entre les deux auront lieu quatre tables rondes :
  • Les fondements de la puissance
  • Nouvelles conflictualités et sécurité globale
  • Universalité ou spécialisation ?
  • Quelle place pour la société française ?

Plus de renseignements sur www.quellestrategiedactionpourlafrance.fr.

Même si le site indique que les inscriptions sont closes, on m'indique à l'oreillette que quelques retardataires seront acceptés, alors dépêchez-vous !

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L'Inde et le sport

C'est un fait, les BRIC montent en puissance sur la scène internationale dans tous les domaines. Mais alors que Beijing a organisé les JO d'été en 2008, que Sotchi aura ceux d'hiver en 2014, que le Brésil organisera la Coupe du Monde de football en 2014 et Rio les JO en 2016, et que les trois pays collectionnent les trophées dans un grand nombre de disciplines (avec certes des spécialités plus ou moins marquées) l'Inde est curieusement un peu en dehors du sport mondial :
  • aucune star ni performance dans les sports les plus médiatiques : football, tennis, athlétisme, basketball, gymnastique, ski, patinage, rugby, boxe...
  • absence dans l'accueil des plus grandes manifestations, notamment les JO
La première médaille d'or en individuel aux JO remonte seulement à 2008, en tir au pistolet à 10 mètres !

Abhinay Bindra, premier médaillé d'or individuel indien aux JO
crédits : binbrain.com

Il faut dire que le pays s'intéresse surtout au cricket (qui, bien que très populaire dans de très nombreux pays, paie un peu son invisibilité en Occident hors de l'Angleterre et de l'Australie) et au hockey sur gazon, sport olympique au contraire du premier. Ou comment le Commonwealth survit notamment grâce au sport...

L'Inde voit l'importance prise par le sport dans le soft power, de même que l'impact en termes économique et financier (aidée en cela par le secteur privé, qu'il soit indien ou non). Il faut dire qu'une population de plus d'un milliard d'habitants ne peut pas laisser indifférentes les différentes instances du sport mondial ou les grands sponsors... Un peu comme ce qu'il s'est passé avec le football et l'Asie de l'Est dans les années 1990, jusqu'à la Coupe du Monde 2002.

Dehli prend donc le virage sportif, avec notamment l'arrivée de la F1 en 2011 (une écurie indienne, Force India, basée en Angleterre, existe depuis 2008) ainsi qu'une candidature annoncée pour les JO d'été de 2020. En attendant, le cricket se professionnalise, avec la création de l'Indian Premier League en 2008... déjà au coeur de scandales de corruption et de bisbilles diplomatiques avec le Pakistan, autre géant de ce sport, héritage britannique oblige.

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jeudi 20 mai 2010

Erdogan peut-il sauver la Grèce ?

En fin de semaine dernière, le premier ministre turc Erdogan s'est rendu à Athènes avec une dizaine de ministres et des chefs d'entreprises pour avancer sur le rapprochement des deux anciens ennemis, qui, faut-il le rappeler, sont tous deux membres de l'OTAN.


Fatalement, en cette période de graves troubles financiers pour le pays de Papandréou, la question de son budget militaire, le plus haut de l'UE relativement à son PIB, est sur la table. D'autant que Dominique Strauss-Kahn a prévenu : le prêt du FMI implique quelques coupes dans les dépenses de défense. N'en déplaise à la France ou à l'Allemagne. D'autant plus que la première justification en est justement la situation de tension avec la Turquie, qu'il s'agisse du conflit territorial sur la mer Egée ou de Chypre. Bien sûr, on ne voit pas bien la Grèce faire des efforts en ce sens si les Turcs ne montrent pas des signes allant dans le même sens.

Aucun engagement chiffré n'a été pris sur le sujet la semaine dernière, cependant les deux dirigeants veulent croire que le rétablissement d'une relation plus saine et moins crispée, avec plus d'intégration économique, apaisera le climat et conduira à une réduction du budget militaire de part et d'autre. Ainsi Erdogan a déclaré :
L'évolution des relations gréco-turques va renforcer le climat de confiance et de stabilité, et finalement la conséquence naturelle pourrait être la réduction des armements
La position relative de l'AKP et de l'armée turque sur le sujet pousse certains à penser que c'est cette dernière qui met en exergue les incidents en mer Egée avec un "ennemi" externe pour appuyer et justifier son rôle politique en interne. On pourrait donc penser que leur essoufflement, qu'il soit plutôt bon au mauvais au niveau global, pousse en faveur d'une normalisation des relations avec la Grèce.

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mercredi 19 mai 2010

Défense aérienne : la Russie aurait 30 ans de retard sur les USA

Tranchant avec le ton résolument optimiste des autorités russes ces dernières semaines (cf. notamment mon article sur les S-300 et les S-400), deux généraux en retraite ont récemment fustigé l'état actuel de la défense aérienne et plus globale de l'industrie russe de défense :

1 - Anatoli Kornukov, ancien chef d'état major de l'armée de l'air russe, a évoqué la proche mise à la retraite des S-300, alors que le déploiement des S-400 se fait attendre. Le maintien en conditions opérationnelles des avions de chasse est un autre problème : ils restent de plus en plus cloués au sol en raison de manques de pièces de rechange.

Anatoli Kornukov avec Vladimir Poutine en 2000
crédits : wikipedia

Pour le général, alors qu'à l'époque soviétique la défense antiaérienne était capable d'abattre 98% des aéronefs ennemis entrant sur le territoire national, ce taux serait aujourd'hui tombé à 20%. Il ajoute même que la Russie aurait du mal à détruire un missile de courte portée lancé par l'Iran ou la Corée du Nord.

L'effondrement de l'industrie de défense serait en grande partie responsable d'un retard de 25 à 30 ans sur les Etats-Unis, qu'il sera très difficile à rattraper, en raison de la perte de maîtrise de nombreuses technologies clés et de la perte de personnel très qualifié.

2 - Anatoli Sitnov, ancien responsable des achats d'armements au ministère de la défense russe, évoque quant à lui le nombre de 300 technologies dans les domaines de l'aéronautique et de la défense aérienne qui feraient défaut à la Russie. L'industrie russe de défense serait ainsi très souvent en échec sur le développement de nouvaux équipements, comme le graphite résistant à la chaleur permettant de construire des missiles plus rapides.

Pour Sitnov, le retard pris en matière de technologie spatiale est criant :
Qui domine l'Espace, domine le monde. Quand nous testions des lasers spatiaux de combat, on nous a dit que l'Espace devait rester libre d'armes, et nous avons cessé ces essais. Or, les Etats-Unis, les ont commencés et ils continuent de tester ce type d'armement
En filigrane, il émerge une critique de la politique de réformes menée par Poutine et Medvedev, qui selon Kornukov et Sitnov ont affaibli la coordnation entre les différentes acteurs du monde de la défense.

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mardi 18 mai 2010

Une histoire populaire de l'Empire Américain

Un tel titre annonce la couleur, forcément un peu rouge. Je voudrais signaler l'adaptation en bande-dessinée du best seller d'Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis (paru pour la première fois en 1980).



Au passage, le titre a donc changé et a perdu sa neutralité. De quoi s'agit-il ? Tout simplement d'un retour sur l'histoire des États-Unis depuis la fin du XIXème siècle, plus précisément 1890 et la bataille de Wounded Knee. Cependant, la parole y est donnée aux sans-grades, aux acteurs modestes des différents évènements ayant jalonné la centaine d'années ainsi parcourues : Indiens, soldats afro-américains, mineurs ou ouvriers, suffragettes, militants pacifistes, indépendantistes cubains, philippins....et surtout Howard Zinn lui-même, professeur à Harvard et ancien pilote-bombardier de l'USAF pendant la Seconde Guerre Mondiale, ayant notamment participé au bombardement au napalm de Royan en janvier 1945.

La BD ne reprend pas l'intégralité du livre dont elle est adaptée, mais se concentre sur des épisodes et des personnages considérés comme clés...il en résulte parfois une impression d'accumulation d'exemples, cependant l'ouvrage parvient plutôt bien à resituer la petite histoire dans la grande.





Le propos est orienté et clair : la plupart des guerres sont menées au nom de l'impérialisme (ou des impérialismes en concurrence), profitent à une petite minorité qui s'enrichit sur le dos du plus grand nombre, et sont utilisées pour resserrer la nation autour d'un ennemi commun, mettant ainsi sous contrôle les luttes internes. Sont ainsi fustigés les concepts de "porte ouverte" ou d' "assimilation bienveillante", de "théorie des dominos", de même que les discours éthiques mis en avant par les dirigeants américains.

Le propos est parfois caricatural, mais l'évocation d'épisodes historiques qui ne sont pas tous passés à la postérité vaut le détour.

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lundi 17 mai 2010

L'Afrique et la montée en puissance du Brésil

Après la Chine (La Chine, une puissance néocoloniale en Afrique subsaharienne ?), je consacre un petit article au Brésil dans le cadre du thème du mois de l'Alliance Géostratégique, "Les influences étrangères en Afrique" : L'Afrique et la montée en puissance du Brésil.



Le nouveau géant d'Amérique du Sud, comme ses compères les autres BRIC, s'affirme de plus en plus hors de ses frontières. Sous l'impulsion de son président Lula, il cherche à renforcer ses liens avec plusieurs pays africains, avec une approche qui n'est ni celle des Occidentaux (Européens ou Américains) ni tout à fait celle des Chinois. En mettant notamment en avant son excellence dans le secteur de l'agroalimentaire et sa position au sein de la Communauté des pays de langue portugaise.

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samedi 15 mai 2010

Dissuasion nucléaire sans Hiroshima et Nagasaki ?


Je n'ai pas vu Iron Man 2, sur les écrans depuis fin avril, mais je me souviens que dans le premier opus, le personnage principal, Tony Stark, fabricant et marchand d'armes, avait la réflexion suivante : l'arme parfaite n'est pas une arme que l'on n'a pas besoin d'utiliser, mais plutôt une arme que l'on utilise une seule fois, et qui effraie tellement les ennemis que ceux-ci renoncent à combattre.

La dissuasion nucléaire s'est développée durant la Guerre Froide, soit après l'unique (mais double) utilisation de la bombe atomique à ce jour sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 par les États-Unis. Certains voient cependant dans ce geste, et notamment la deuxième bombe, le 9 août, un message envoyé à l'URSS plus qu'au Japon, commençant de fait la Guerre Froide avant 1947 (doctrine Truman, plan Marshall et Kominform). La mainmise des Soviétiques en Europe de l'Est commence à se dessiner dès 1945, et les Américains s'inquiètent de leur possible expansionnisme en Extrême-Orient. Le Japon aurait peut-être capitulé sans Nagasaki, du fait de l'entrée en guerre, la veille, de l'URSS.

Quoi qu'il en soit, on peut se demander restrospectivement quelle est la place de ces deux "démonstrations" meurtrières dans l'édification et l'évolution des doctrines de dissuasion nucléaire.

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vendredi 14 mai 2010

[Le blog de la semaine] : Optronique et Défense

Plus qu'un blog, c'est un véritable site thématique que je signale cette semaine.

Optronique et Défense a pour objectif, comme son nom l'indique, de décrire les liens et interactions entre ces deux domaines : très concrètement, il aborde des sujets comme les capteurs, les leurres, les jumelles, la dissuasion nucléaire ou l'acquisition de cible. Car pour rappel, en simplifiant à l'extrême, l'optronique c'est un peu quand l'électronique rencontre l'optique.

Le pod de désignation laser Damoclès de Thales
crédits : ausairpower

Les articles sont découpés en deux : les systèmes optroniques et les études amont. Le site, en cours d'enrichissement, dresse également un panorama des principaux acteurs (étatiques, industriels, laboratoires...) du secteur.

A lire et à ajouter à sa blogoliste pour se tenir au courant, sans se perdre dans les détails techniques, d'une thématique au coeur de la guerre technologique d'aujourd'hui et de demain.


Voir également : [B.A.-BA] : le C4ISTAR

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jeudi 13 mai 2010

Ma bibliothèque : quelques ouvrages qui valent le détour

Chers lecteurs, vous l'avez peut-être déjà remarqué, mon blog comporte depuis quelques jours une page supplémentaire intitulée "Ma bibliothèque", accessible depuis le menu de droite, tout en haut.

Il s'agit d'une liste, non pas figée mais bien vivante, d'ouvrages que j'ai lus et qui me semblent mériter votre attention. Je n'ai pas souhaité la limiter au domaine défense/sécurité/géopolitique. Elle s'étend donc un peu dans toutes les directions, de l'histoire à la fiction en passant par la bande-dessinée, des grands classiques aux plus "populaires".

Pour le moment, elle est très réduite et sera alimentée au fur et à mesure selon mes souvenirs et mes lectures. De même, la classification actuelle est très simple, voire simpliste, et sera affinée avec le temps, quand le besoin s'en fera sentir.


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mercredi 12 mai 2010

"Corvette Hermès, BATSIMAR et stratégie des moyens maritimes" par Thibault Lamidel



Ces derniers temps on fait la promotion massive du lancement de la frégate Aquitaine, tête de série du programme FREMM (Frégates Européennes Multi-Missions). Il est étonnant de célébrer un échec financier. Pour rappel, le prix unitaire a presque doublé (de 380 à 630 millions d’euros) pour un nombre de navires ramené de 17 (ou 19 selon l’époque) à 11. Il faut tout de même remarquer qu’en plein choc financier, où tout coule, personne ne pointe ce genre de dérapage (alors que le programme BPC avait été exemplaire, ou presque). La DGA nous expliquera que l’on ne sait ni lire, ni compter… On lui répondra pour couper court au débat qu’on s’étonne très sincèrement qu’elle traverse les « ratés » de conduite de programme, dont elle a la charge, sans être inquiétée le moins du monde (NH90, A400M, FREMM, Horizon…) !


Donc nous voici avec le début de la fin d’un programme FREMM. Les frégates devraient se construire les unes après les autres. La Marine devrait disposer d’un renouvellement partiel de ses frégates. Il restera à remplacer les La Fayette vers 2020 – 2025 (non, le programme FREMM n’aurait pas pu les prendre en compte…). Et il faudra cacher vers 2015 – 2017 que les deux FREDA (Frégate Européenne de Défense Aérienne, version AA du programme FREMM) coûteront aussi cher que les Horizon 3 et 4.


Un malheur n’arrivant jamais seul, cette cérémonie de « révélation » (pas de la catastrophique gestion des programmes, juste de la coque…) a permis de montrer l’état d’avancement du nouveau projet de DCNS : fournir une corvette de classe Gowind baptisée Hermès à la Marine Nationale pour trois ans. Pourquoi une telle proposition sur fonds propres ? L’entreprise souhaite se placer sur le marché que va créer le programme BATSIMAR. Les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) sont aussi sur les rangs avec la Vigilante 1400 CL79. Et je m’étonne que les Constructions Industrielles de Méditerranée (CNIM) ne se fasse pas plus remarquer après leur spectaculaire engin de débarquement LCAT.

Les questions sont de savoir : quel est ce programme BATSIMAR ? Il pose la question des moyens, et donc, ne peut être que critiqué dans les circonstances actuelles. Il faudrait d’ailleurs, pour comprendre ce programme, ressortir quelques constats de stratégie navale qui servent encore. Et peut être voir que le problème est peut être bien plus grand qu’un simple programme d’armement. Enfin, je dirais si je suis pour ou contre la prétention de DCNS, et à travers elle, l’existence actuelle de BATSIMAR.


BATSIMAR


Un acronyme pour remplacer les « Bâtiments de Surveillance et de d’Intervention Maritime ». De quoi parle-t-on ? Le Sénat nous répond en 2009 (http://www.senat.fr/commission/fin/pjlf2009/np/08/082.html) :

« La Marine Nationale dispose actuellement d'une vingtaine de patrouilleurs [10 P400, l’Albatros, Arago, 3 OPV54, Grebe, Sterne et deux patrouilleurs Athos d’après la nomenclature de netmarine en 2008] répartis pour moitié en métropole et outre-mer. Âgés pour la plupart de plus de vingt ans, ils seront remplacés à terme par un bâtiment de surveillance et d'intervention unique «BATSIMAR» [qui] devrait commencer en 2012 [plutôt 2015 dorénavant].

« Pour tenir compte de la nature des missions (lutte contre les trafics, police des pêche, lutte contre la pollution, secours maritimes), des besoins croissants de surveillance et d'intervention dans les zones exclusives économiques (ZEE) , de la nécessité d'agir souvent loin de nos côtes, le plus en amont possible des menaces et de s'affranchir au mieux des contraintes météorologiques, qui limitent l'action des petits bâtiments, la marine a exprimé le besoin d'un bâtiment de haute mer, endurant et autonome, capable d'une vitesse de transit suffisante, apte à accueillir des commandos et à mettre en œuvre les moyens habituels d'intervention (hélicoptère ou drone et drome [ensemble des embarcations d’un navire]).

« Pour satisfaire ces exigences, ces bâtiments devraient déplacer environ 1000 tonnes, ce qui est sensiblement supérieur à la plupart des patrouilleurs actuels et comparable avec les avisos A69 en service. Ceux-ci, après une réduction de leurs capacités militaires, pourront être utilisés comme bâtiment de sauvegarde maritime en attendant la livraison des BATSIMAR.

« Le tonnage d'un bâtiment n'entre que pour une partie dans son prix d'acquisition Comme l'ont montré les programmes récents BPC ou Dupuy de Lôme, un bâtiment plus gros n'est pas forcément plus cher à l'achat et peut s'avérer plus économique en entretien, sa taille facilitant les opérations de maintenance (facilité de démontage et d'échange standard, réduction des coûts de main d'œuvre). »


Crédit : DCNS


Critiques de BATSIMAR


La définition du programme n’a pas beaucoup évolué. Et pourtant, dès 2009, des choses se sont passées. Par exemple, les frégates La Fayette sont passées du second au premier rang. Et les avisos A69 (actuellement transformés pour terminer leur carrière en patrouilleurs hauturiers) du premier au second rang. A ce jeu des chaises musicales, il faudrait pouvoir s’y retrouver : les avisos seront-ils remplacés par des navires issus de BATSIMAR ? Répondons par oui. Et pourquoi ? Le Sénat a la parole : « ils [les patrouilleurs] seront remplacés à terme par un bâtiment de surveillance et d'intervention unique ». A ce moment là, il reste un épineux problème : quel avenir pour les frégates de surveillance Floréal ? Ce sont de « gros P400 » ou autre chose dont le rôle est à définir ? Le Sénat et le Livre Blanc ont la parole : « … ». Merci… La définition matérielle du programme est donc bien maigre. Le programme FREMM aurait pu être l’occasion de régler le sort des avisos, Floréal et LaFayette. Le remplacement de ces dernières laisse songeur. Mer et Marine avait pu poser la question en son temps : Et si on remplaçait les La Fayette par des FREMM ?


Le problème est de taille pourtant. Car là où BATSIMAR cible 18 navires, la réalité est que, pour les missions dites de « police », la Marine compte environ une trentaine de navires (autour de 34). Et c’est sans compter sur les moyens de la gendarmerie maritime (et des Douanes) !


Le débat sur la sauvegarde des ZEE est presque « secret ». Il faut compter ce programme BATSIMAR d’un côté, et la volonté de créer une fonction « garde-côtes » de l’autre. In fine, certains (dont moi) avancent qu’il faudrait donner à la Marine le « monopole de l’intervention en Mer ». Et donc placer tous les navires effectuant de telles interventions sous son autorité. D’où la création d’une fonction, et non pas la création d’un corps de garde-côtes. Les préfets maritimes coordonneraient les interventions en Mer mobilisant plusieurs administrations (non, je ne dévoile pas à l’avance la création de GIR maritime).


Pour revenir à la partie matérielle du programme, il y aurait donc le besoin de faire une distinction claire et nette entre frégate de combat et patrouilleur hauturier, et entre patrouilleur hauturier et côtier.


La stratégie navale ? Frégate et Croiseur ?


De quoi parle-t-on au juste ? On parle de navires qui vont faire respecter l’autorité de l'État français sur « ses » mers, ses territoires maritimes. On est dans une mission de souveraineté maritime. Ou, pour parler stratégie navale, on pourrait parler de « domination maritime ». La France doit faire reconnaître cette domination. Cela rappellera peut-être à certains les tactiques de blocus. Quand Nelson (ou tout autre amiral anglais de la Royal Navy) faisait le blocus d’un port français, il utilisait deux types de navires. Les frégates ou croiseurs qui devaient patrouiller devant le port pour interdire toute sortie et tenir le blocus. Au large, la flotte de guerre se tenait prête sur toute alerte venant d’une frégate à intervenir pour écraser la flotte bloquée.


Pour la souveraineté de l'État en mer, nous sommes un peu dans la même logique. La France fait le blocus de ces zones à tout profit économique étranger. Elle doit donc avoir des frégates ou des croiseurs (au sens anglais du terme donc, « to cruise » ou croiser…) pour patrouiller sur ces zones. Ces navires doivent avoir un armement de souveraineté. C’est-à-dire qu’un navire civil ne doit pas pouvoir lui contester le monopole de la force française sur les ZEE françaises. Seul un navire militaire doit pouvoir le faire. De là, on devrait pouvoir faire la différence entre un navire de combat et un navire de patrouille. A ce moment là, on devrait pouvoir définir où se trouvent les Floréal.


Mais le problème est un tantinet plus complexe. Il faut voir la France comme un archipel : métropole, Antilles, Réunion, Kerguelen, Îles Éparses, Clipperton… Il y a donc ces « îles » à protéger, autour desquelles patrouiller… Et toutes les étendues maritimes dépourvues de terre ! Il faut donc pouvoir faire de la patrouille côtière qui nécessite peut être une certaine agilité. Et de la patrouille dite hauturière, d’endurance.


CNIM, concepteur du LCAT, a constitué tout une gamme de navire autour de son concept de catamaran (le site CNIM renvoie à l’article de Mer et marine). Dont le Multi Purpose Vessel qui, en l’état des informations, est à cheval sur le programme BATSIMAR et sur celui de remplacement des BATRAL (voir netmarine). Peut-être vers une offre ?


La nécessité d’une stratégie navale et maritime


Le programme BATSIMAR voit le verre à moitié vide ou à moitié plein. Presque la seule moitié des « patrouilleurs » de la Marine sont concernés. Sans compter qu’on ne définit pas le besoin de patrouilleur côtier. Le livre blanc de la Défense et de la Sécurité Nationale parle d’une « fonction garde-côte » dont l’une des options serait la mainmise de la Marine Nationale sur tout ce qui vogue en Mer. Et encore mieux, l’une des nouvelles tendances doctrinales dans la guerre navale est la « guerre littorale ». Ce qui voudrait dire que certains navires dédiés à des missions de police pourraient servir éventuellement à des missions de guerre. C’est encore une chose à définir.


A l’heure qu’il est, le Portugal fait étudier son dossier pour agrandir son domaine maritime selon les modalités définies par la convention de Montego Bay. Le gain pourrait être de 2 millions de km². La Russie et la Norvège ont récemment réglé un différent concernant une « zone grise ». En toile de fond, c’est la bataille pour le contrôle de l’Arctique qui se poursuit. La France mène discrètement une campagne similaire à celle du Portugal pour étendre ses possessions autour des Kerguelen. Pourquoi une telle frénésie ? Il est vrai qu’il est plus facile d’étendre son domaine sur mer que sur terre.


Mais pourquoi donc ? Peut être parce que les mers renferment des richesses convoitées depuis plus d’un siècle : pétrole, minerai, gaz, ressource halieutique… Et que même l’exploitation de ces richesses est sujette à création de richesse : flotte de commerce, arsenaux, chantiers, pêche, prospection minière, tourisme, écoles maritimes… Et pour les sauvegarder, il faut contrôler la mer.


Il faut donc définir la stratégie générale : pourquoi a-t-on besoin d’une Marine ? Il faudra rappeler que c’est pour protéger nos intérêts économiques. Et quels sont ces intérêts.


Il faudra parler de la « stratégie des moyens » : quel volume de moyen ? Quelle organisation ?


En fait, c’est toute la puissance de la « Mer » qu’il faudrait pouvoir dompter. De la Marine de Guerre à la plaisance. Et ce ne serait pas de trop, après un « livre bleu », que de recréer le « Ministre de la Mer ». Une personne qui ferait la passerelle entre les différents ministères et administration, qui coordonnerait la stratégie générale. Oui, vraiment, tout reste à faire ou à refaire…


Pour ou contre la corvette Hermès ?


Cette corvette coûterait environ « 30 millions » d’euros. C’est un chiffre « nu » (peut être sans armement) et non-officiel. Mais, c’est peu de dire que cela tranche avec le prix d’une frégate (de 400 à 800 millions d’euros) ! Si on suit le programme BATSIMAR il faudrait 540 millions d’euros pour les 18 navires ciblés pour le renouvellement envisagé.


Personnellement, je suis un très grand adepte de Colbert. L’un de ses plus grands succès a été de standardiser les classes de navires. C’était l’esprit du programme FREMM où l’on visait presque la frégate unique. Alors, logiquement, je viserais le patrouilleur hauturier unique. Donc, pour remplacer les 34 patrouilleurs (ceux précités plus les avisos et les Floréal), je le ferais faire par un modèle unique (et dans le cadre d’une distinction réfléchie entre patrouille hauturière et côtière). Donc 34 navires Gowind (ou autre modèle restant dans cette gamme de prix) pour un coût d’un milliard d’euros environ.


L’intérêt serait de disposer d’un grand nombre de navires pour tenter d’assurer enfin la présence de l’Etat en mer. Il faut voir que ce serait, par exemple, 34 plate-formes pour hélicoptères et commandos à travers la planète, ce qui n’est pas rien en cas d’urgence (piraterie) ! C’est aussi la sauvegarde de richesse dont le bénéfice est difficilement chiffrable. Ce qui l’est, en revanche, ce sont les gains qu’entraînerait une classe unique de patrouilleurs : diminution du coût d’achat, des frais de développement, du nombre de marins (inhérente à un navire plus moderne, pas à un modèle unique), diminution des frais d’entretien (une seule chaîne logistique), de formation… .


D’ailleurs, revenons sur le nombre de marins constituant l’équipage. Hermès, 30 marins… Et la proposition des Construction Mécanique de Normandie, Vigilante 1400 CL78, c’est 20 marins ! Une différence de 10 postes sur 18 navires c’est bien 180 postes de différence. C’est presque deux équipages de FREMM… Sans compte que pour les curieux qui iront là (http://www.cmn-group.com/pageLibre000111e8.html), la Vigilante semble plus performante en tout point. Une différence de prix ? Le prix d’achat ne constitue pas grand chose face au coût de l’équipage (environ 40% du coût d’utilisation). Une chose dont certains ont toujours évité de parler, c’est que le programme FREMM « s’autofinançait » en partie par la simple suppression de postes qu’entraînait le changement de navire. Ce pourrait être la même chose pour les patrouilleurs.


Alors, dans l’état actuel des choses, si l’on continue vers la stratégie de « micro-flotte » et la multiplication du nombre de classes différentes, je suis contre. Si l’on ne considère pas mieux la taille de l’équipage, je suis contre ! A un navire-fonction, une classe unique ! Une classe de porte-avions, une classe de frégates, une classe de sous-marins et une classe de patrouilleurs ! Rien de plus, rien de moins. Cette psychorigidité a apporté beaucoup en son temps à Colbert. Et je pense qu’une partie des dérapages financiers de la Marine vient du manque de rigueur dans la conduite des programmes et la multiplication du nombres de classes de navires. Le prix réel de la FREDA viendra bientôt apporter sa réponse. Si elle est aussi chère qu’une Horizon, elle sera inutile. Si c’est un gain d’avoir une FREMM AA, alors on pourrait aller plus loin que deux exemplaires.


In fine, il faudrait peut être un statut naval…

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mardi 11 mai 2010

Le pentecôtisme, bras armé de l'impérialisme américain en Afrique subsaharienne ?

Toujours dans le cadre du thème du mois de l'Alliance Géostratégique, je signe un article sur le développement assez spectaculaire du pentecôtisme, courant de la mouvance évangélique issu des Etats-Unis, sur le continent noir.

Avec pour problématique principale sa possible utilisation par l'Oncle Sam à des fins géopolitiques, dans une zone marquée par des luttes d'influence entre puissances, occidentales ou non, mais également par la forte progression de l'islam.

C'est à lire sur le site d'AGS : Le pentecôtisme, bras armé de l’impérialisme américain en Afrique subsaharienne ?

J'en reproduis cependant le texte ci-dessous, une fois n'est pas coutume.

*

Le pentecôtisme, courant de l'évangélisme issu des États-Unis et connu pour ses manifestations liturgiques de masse très démonstratives, mais également ses méthodes fortement matérialistes, connaît un fort développement en Afrique Noire, comme dans le reste du monde.

Associé à l'image de Simone Gbagbo ou à une certaine extrême droite américaine (proche de l'ancien président George W. Bush), il est souvent vu comme un instrument de l'impérialisme US, chargé de propager à coup de prosélytisme leurs valeurs et leur vision du monde. Cependant, sur le terrain, le pentecôtisme africain obéit à des dynamiques un peu plus complexes que cette vue manichéenne ne pourrait le laisser penser.


Une implantation centenaire

Le pentecôtisme naît au début du XXème siècle aux États-Unis (en 1901 dans une église blanche du Kansas et en 1906 dans une église noire de Los Angeles) et au Royaume-Uni, d'une dissidence au sein d'églises réformées. Son dogme est fondé sur une interprétation littérale de la Bible, mais ce qui le différencie des autres mouvements protestants est l'importance accordée au « baptême par le Saint-Esprit », manifesté par les charismes (ou dons de Dieu aux croyants) et le lien direct et intime entre Dieu et le croyant.

Très vite, des missionnaires pentecôtistes arrivent en Afrique anglophone, par le biais de la colonisation britannique, notamment en Afrique du Sud, au Liberia et au Burkina Faso. Ceci est facilité par la création, dès 1914, des Assemblées de Dieu, fédération de communautés pentecôtistes américaines, disposant d'une puissante branche missionnaire qui fait de l'Afrique de l'Ouest son terrain privilégié d'évangélisation. Des Assemblées équivalentes apparaissent en Europe de l'Ouest et du Nord au milieu du XXème et vont envoyer des missions en Afrique Centrale. Ceci va résulter en la création d'églises nationales africaines autonomes, qui elles mêmes vont évangéliser les pays voisins. En parallèle, vont apparaître des églises totalement indépendantes et de taille très variable, comptant parfois quelques fidèles autour d'un pasteur.

Après une période d’ « institutionnalisation », un renouveau pentecôtiste est perceptible dès les années 1970, suivant celui observé en Amérique du Sud, d'abord marqué au sein des pays anglophones (Nigeria, Ghana) puis francophones (les deux Congo). Enfin, plus récemment, et avec moins de succès, le pentecôtisme tente de pénétrer les pays musulmans comme le Sénégal et le Maghreb.

Aujourd'hui répandu à travers tout le continent, principalement dans les zones urbaines, il n'est cependant majoritaire nulle part, et sa répartition reste très inégale. Malgré la difficulté à obtenir des chiffres, de par la disparité même du mouvement, sa porosité avec les autres croyances évangéliques et protestantes et l'absence d'autorité centrale, certains estiment qu'il y a plus de 100 millions de pentecôtistes en Afrique Noire. Le Nigeria étant, derrière le Brésil, la Corée du Sud et les États-Unis, le pays comptant le plus d'adeptes. Au niveau mondial, il s'agit de la branche de la chrétienté connaissant aujourd'hui la plus forte croissance (prosélytisme oblige), et en serait, derrière le catholicisme, la seconde plus grande dénomination.

Une certaine adéquation au moule anglo-saxon

Dans nombre de ses caractéristiques, le pentecôtisme promeut des valeurs en rupture avec la tradition africaine et compatibles avec la vision anglo-saxonne du monde.

L'image la plus connue est celle de manifestations de masse dans des mega-churches ou des stades remplis de fidèles en transe, galvanisés par un prêcheur « télévangéliste », qui pratique en direct des guérisons miraculeuses, véritables batailles contre le Malin. De vrais «shows à l'américaine » dans lesquels la « machine narrative » tourne à plein. Ces « délivrances », extrêmement spectaculaires et violentes, consistent à extraire du corps du pauvre sujet les forces diaboliques, sources de tous ses problèmes. La puissance de conviction de tels actes fait que de plus en plus d'églises pentecôtistes, même initialement réticentes, l'intègrent à leurs rituels... Il ne s'agit là qu'un des exemples de la forte dimension « marketing » du mouvement, par ailleurs passé maître dans l'utilisation des médias, marqué également par des dérives mercantiles de la part de nombreux pasteurs, plus hommes d'affaires qu'hommes de Dieu, qui confondent le denier du culte et leur compte en banque, qui roulent en 4x4, portent des montres en or et collectionnent les costumes sur mesure.

Plus fondamentalement, le pentecôtisme (ou du moins une grande partie des églises s'en réclamant) promeut la réussite financière et matérielle et l'initiative personnelle. C'est ce que l'on appelle la « théologie de la prospérité » teintée de libéralisme et issue, sans surprise, des États-Unis. La situation favorable d'un individu y est vue comme résultant des grâces divines, ce qui rencontre à la fois un écho favorable auprès des populations pauvres aspirant à une vie meilleure et des plus riches, qui y trouvent là une justification bien pratique de l'ordre social établi, voire de l'augmentation des inégalités. En poussant plus loin, cela justifie également l'enrichissement personnel du pasteur que nous évoquions il y a quelques lignes. Certains en concluent que le pentecôtisme est un « supermarché de la foi ».

Elisabeth Dorie-Aprill et Robert Ziavoula, dans leur article « La diffusion de la culture évangélique en Afrique Centrale », citent ainsi un pasteur aux accents néo-wébériens :

Dieu ne parle que de vous enrichir, c'est ce qu'il a dit à Abraham : "enrichissez-vous!" Mais comment on peut s'enrichir en restant comme ça là ? (...) Quand vous lisez la Bible de A à Z ce n'est que l'idée de la construction.[...] D'ailleurs les pays anglo-saxons qui sont protestants, ils ont mis l'accent sur le travail.

Cette promotion des valeurs entrepreneuriales est finalement très en accord avec les messages que des institutions comme la Banque Mondiale ou le FMI peuvent véhiculer. D'ailleurs, les Assemblées de Dieu font directement référence, dans leurs brochures, à la mauvaise santé économique de l'Afrique, dont les causes sont bien connues :

guerres fratricides..., mauvaise gestion de certains dirigeants..., aspects négatifs du colonialisme et du marxisme, dette extérieure toujours croissante à cause des importations de produits manufacturés, agriculture souvent rudimentaire.

Au niveau social et sociétal, en promouvant un lien intime entre Dieu et le croyant, le pentecôtisme met en avant l'individualisation et l'individualisme au détriment des traditions locales. Sont introduites de nouvelles logiques de solidarités entre les individus, détachées des contraintes familiales et de la communauté existante. La famille, quant à elle, est resserrée à son acception nucléaire. En ce sens, le pentecôtisme (finalement comme toute religion prosélyte) implique une acculturation du croyant qui rejoint ses rangs, en l'enjoignant de rompre avec le passé pour conjurer les maux qui le rongent.

Une montée en puissance politique

Jusqu'à très récemment, les églises pentecôtistes africaines ne se souciaient pas de politique. Cependant, souvent par intérêt (pour convertir, moraliser ou pour assouvir une ambition personnelle du pasteur), cet état de fait a changé dès les années 1990. Ainsi le pentecôtisme s'est rapproché des cercles du pouvoir. L'exemple de la Côte d'Ivoire est particulièrement parlant. Il a longuement été commenté dans la presse francophone, notamment pour l'impact supposé que les conseillers religieux du couple présidentiel auraient eu dans la relation avec la France.

La conclusion du dernier discours sur l'état de la nation de l'ancien président béninois, Mathieu Kérékou, en décembre 2005, est particulièrement éloquente :

En ce moment crucial où la tendance est aux invectives, aux provocations, aux appels à peine voilés à la violence, j’exhorte tous nos compatriotes a plus de retenue, car ceux qui pactisent avec le diable ne seront sûrement pas capables d’éteindre le feu de la haine qu’ils auront inconsciemment allumé. Quant à mon Gouvernement, les générations montantes et futures retiendront que la mission est accomplie et bien accomplie. C’est sur ces mots de foi et d’espérance en l’avenir radieux pour notre cher et beau pays, le Bénin, que je termine mon message sur l’état de la Nation devant la Représentation Nationale. Que Dieu bénisse le Peuple béninois et ses Dirigeants !

L'action dans le champ politique se fait, comme l'explique Cédric Mayrargue (Les dynamiques paradoxales du pentecôtisme en Afrique subsaharienne), à la fois

· par le haut : conversion des élites (à titre d'exemple, Thomas Yayi Boni, successeur de Kérékou, est un pentecôtiste converti d'origine musulmane), fidèles nommés à des postes clés, postes de conseillers pour les pasteurs...

· par le bas : ouverture d'écoles, de cliniques, de centres sociaux, création d'ONG, autant de nouveaux outils de prosélytisme

Cet investissement, sans surprise, permet de peser sur les politiques publiques. Cédric Mayrargue donne l'exemple de l'abandon de la campagne « Abstain, Be Faithful, Use Condoms » en Ouganda grâce à l'appui de l'épouse « born again » du président, Janet Museveni. On peut également citer la stigmatisation des « non-chrétiens » et des « nordistes » en Côte d'Ivoire. Ou la participation de l’ancien président de Zambie, Frederick Chiluba, à des « croisades » et conventions pentecôtistes.

Des influences extérieures

La diffusion des valeurs pentecôtistes, au-delà de la période initiale décrite plus haut, est accompagnée de l'extérieur. Ainsi les Assemblées de Dieu américaines, ainsi que d'autres, fournissent des moyens financiers à certaines églises locales. De même, elles alimentent les pasteurs en matériel : brochures, vidéos...Les best-sellers des télévangélistes américains sont disponibles dans toutes les « bonnes » librairies, tout comme des programmes TV made in USA tournent en boucle sur certaines chaînes de télévision. Certains prêcheurs américains, tels des stars du rock, effectuent de véritables tournées en Afrique, remplissant les stades et écoulant leurs produits dérivés.

Les Assemblées de Dieu comptent, comme d'autres institutions évangéliques et pentecôtistes, aujourd'hui encore plusieurs centaines de missionnaires qui font en permanence le tour du monde dans le but d'apporter la bonne parole. De même, les églises anglo-saxonnes ont mis sur pied de nombreuses ONG à vocation humanitaire, comme Samaritan's Purse, qui travaillent sur le terrain africain avec les pentecôtistes locaux.

Origine américaine, promotion de valeurs anglo-saxonnes, intégration du politique, investissement du champ social, soutiens extérieurs, évangélisme offensif, prosélytisme auprès de populations musulmanes (et parfois conflits interconfessionnels ouverts, comme au Nigéria) : il n'en faut pas plus pour que surgisse le spectre d'infiltration à des fins géopolitiques. Et cela va plus loin qu’une simple « américanisation » de la chrétienté africaine.

Il faut dire que les évangélistes américains, associés aux néo-conservateurs, promeuvent un christianisme radical, ultraconservateur et très offensif allant de pair avec une vision simpliste du « bien » et du « mal », et n'ont pas hésité à parler de « croisade » dans le cadre de la guerre d'Irak. Il convient également de rajouter que, notamment en Afrique du Sud, le pentecôtisme a frayé avec l'extrême-droite, qui a alimenté son fond théologique (voir Paul Gifford, The Complex Provenance of Some Elements of African Pentecostal Theology). Et si l'on inclut les Églises sionistes (présentes en Afrique du Sud depuis la fin du XIXème) à l'équation, on a de quoi alimenter le feu conspirationniste pendant des décennies.

D'autant que certaines rumeurs concernant des opérations montées par les services secrets américains vont bon train. Même s'il est avéré que des initiatives de recensement d'églises dans plusieurs pays africains sont lancées et financées depuis les États-Unis, il n'y a cependant pas, comme pour l'Amérique du Sud, de théories très structurées relatives à l'appui direct de sectes évangéliques visant à contrer des influences néfastes, communistes ou autres. On se souvient que, dans les années 1980, Ronald Reagan avait très peur de l'infiltration marxiste et de la théologie de la libération au sein de l'Eglise catholique en Amérique Latine. Et donc, naturellement, Washington voyait d'un bon œil le développement de concurrents moins rouges. Cependant, comme le montrent David Stoll (Is Latin America Turning Protestant? The Politics of Evangelical Growth) et David Martin (Tongues of Fire: The Explosion of Protestantism in Latin America), il n'y a pas eu de soutien direct de la part des États-Unis.

Nous allons le voir, il faut relativiser l'influence nord-américaine dans la propagation du pentecôtisme africain, largement marqué par des dynamiques propres au Continent Noir.

Le pentecôtisme autochtone, entre culture populaire et mondialisation

Nous l'avons déjà évoqué, il y a en Afrique un nombre incalculable d'églises pentecôtistes. Certaines rassemblant des millions de fidèles, d'autres quelques uns à peine. Certaines sont issues des missions occidentales, mais de plus en plus sont celles qui ont éclos de façon locale. Certaines existent depuis près de cent ans, d'autres apparaissent et disparaissent en un clin d'œil. Et dans leur immense majorité, elles sont indépendantes, à la fois les unes des autres, mais également de leurs homologues nord-américaines, brésiliennes ou européennes, même si des liens (surtout moraux et confessionnels) peuvent exister. L'absence d'autorité centrale renforce la mobilité théologique des différents mouvements.

La mobilité concerne également l'allégeance des fidèles. La fragilité de la plupart des églises, l'absence d'exclusivisme (contrairement à d’autres sectes) et la porosité entre les mouvements y sont pour beaucoup. De même que la très forte concurrence qui existe en Afrique subsaharienne : le paysage religieux y est marqué par une extrême complexité, entre le catholicisme, les nombreuses sectes protestantes (évangéliques ou non), l'islam et les cultes locaux toujours actifs, sans oublier les syncrétismes occidentalo-africains, comme le kimbanguisme au Congo, qui compte entre 3 et 4 millions de fidèles. Cette double mobilité est un sérieux frein à toute tentative de mainmise extérieure globale. Le développement actuel du pentecôtisme en Afrique est dû, plus qu’aux influences extérieures, au terreau propice (difficultés économiques, aspiration au développement) et à l’établissement de ce que l’on peut appeler une culture populaire. Où quand l’expérience et la pratique passent avant le fond théologique.

Comme le souligne Cédric Mayrargue, les églises pentecôtistes les plus dynamiques aujourd'hui sont autochtones et sont menées par des pasteurs locaux, comme la Redeemed Christian Church of God (dont le pasteur, Enoch Adejare Adeboye, a été nommé homme le plus puissant d'Afrique par Newsweek) ou la Deeper Life Bible Church nigérianes, le Christian Action Faith Ministries ou l’International Central Gospel Church ghanéens, la Family of God zimbabwéenne. Ces églises ont su traverser les frontières et se doter d'une ambition universelle, drainant chaque semaine des milliers de fidèles lors de « croisades » dans des stades ou sur des places publiques.

Leur présence dépasse aujourd'hui les frontières africaines. La Church of Pentecost ghanéenne est ainsi implantée au Royaume-Uni, en France, aux États-Unis, en Ukraine et en Inde. Les flux ne sont plus simplement dirigés dans le sens Nord-Sud mais s'orientent désormais selon un axe Sud-Sud et même Sud-Nord, notamment grâce aux diasporas. Cela ne concerne pas uniquement les transferts d'argent, mais aussi et surtout le fond religieux : l'Afrique participe activement à la production liturgique et théologique du pentecôtisme, notamment grâce aux interpénétrations avec la culture et d'autres religions locales. Où le Continent Noir n'est plus seulement importateur mais aussi exportateur d'influence, une marque de plus de son intégration à la mondialisation actuelle.

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Pour aller plus loin :

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lundi 10 mai 2010

Parler de la guerre, cela implique-t-il nécessairement d'être belliciste ?

Il arrive que l'on me demande, au vu notamment du sujet du présent blog, si j'aime la guerre. La réponse est claire : non, je n'aime pas la guerre. Pour reprendre les mots de Frédéric Encel (L'art de la guerre par l'exemple) :
nous estimons en âme et conscience que les combats entre petits soldats de plomb sont préférables - en ce qu'ils n'entraînent point de souffrances ni de désolations - aux combats réels.


Alors pourquoi en parler ?

Déjà, je tiens à repréciser que mon blog est consacré à la défense (de plus en plus, je le constate, aux relations internationales au sens large, et donc à tout le spectre du smart power, pour reprendre un terme à la mode) et non pas strictement à la guerre ou aux armements.

Ensuite, parler d'un phénomène, l'étudier, le décrire ou le commenter, ne signifie en aucune manière l'approuver ou le préconiser. Il se trouve que la guerre semble être une constante (ou du moins, un fait fortement récurrent) dans l'histoire de l'humanité, ce qui ne laisse de m'interpeler. De plus, je l'ai assez souvent indiqué, elle touche, au-delà de la stratégie, à quantité de domaines (économie, industrie, politique, géographie, philosophie, technologie, sociologie, architecture, écologie, démographie, culture...) qui, à des degrés divers, m'intéressent. La chose militaire est au coeur de nos sociétés, de nos civilisations, c'est un fait, que l'on le veuille ou non, et ceci quel que soit l'état du fameux lien "armée-nation". Car après tout, nous ne sommes jamais aussi forts que quand il s'agit de générer des externalités (pris dans une acception plus étendue que le champ économique) aux quatre coins du monde, même quand nos dirigeants ou nos médias n'en rendent pas compte, et si nous, Européens, avons eu tendance à évacuer la guerre de notre univers mental (et en un sens, c'est une bonne chose).

Quant à savoir si les conflits armés sont inhérents à notre espèce et donc inéluctables, j'avoue que la question me dépasse. Relire Gaston Bouthoul et le remettre au goût du jour devrait apporter quelques réponses, mais c'est un autre débat. De même que le fait de savoir si telle ou telle guerre est "juste", ou si la guerre en général peut être juste.

J'en appelle aux deux plus grands théoriciens de la guerre, j'ai nommé Sun Zi et Carl von Clausewitz, qui, pour avoir disserté dessus en long, en large et en travers, n'en demeurent pas moins mesurés à son sujet.

Voilà ce que dit le premier dans son Art de la Guerre (traduction du Père Amiot) :
Sans bataille, immobiliser l’armée ennemie, voilà qui est l’excellent. En agissant ainsi, la conduite du général ne différera pas de celle des plus vertueux personnages ; elle s’accordera avec le Ciel et la Terre dont les actions tendent à la production et à la conservation des choses plutôt qu’à leur destruction. Jamais le Ciel n’approuva l’effusion du sang humain : c’est lui qui donne la vie aux hommes ; lui seul doit être le maître de la trancher. (article III)

En règle générale, faire la guerre n'est pas le bon. Seule la nécessité doit la faire entreprendre. Quelles que soient leur issue et leur nature, les combats sont funestes aux vainqueurs eux mêmes. Il ne faut les livrer que si la guerre ne peut être autrement menée. (article XII)
Quant au second, voici ce qu'il dit dans son De la guerre :
à l'origine, la stratégie ne vise la victoire - le succès tactique - que comme moyen ; en dernière analyse, elle a pour fin les objets qui doivent mener directement à la paix.
Bref, s'intéresser à la guerre et à ses modalités ne signifie pas être belliqueux ni encourager ses semblables à s'entretuer.

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samedi 8 mai 2010

Commémorations du 8 mai

Aujourd'hui ont lieu les commémorations, non pas de l'armistice (négociation politique fixant le résultat de la guerre, que l'armée soit en état de combattre ou non), mais de la capitulation allemande sans condition, le 8 mai 1945.

Plusieurs journaux se font prendre au piège sémantique, comme La Dépêche et Midi Libre.

Cependant, le 8 mai 1945, c'est également le début des massacres de Sétif et Guelma en Algérie, point de départ de l'insurrection indépendantiste. Hors-la-loi, le dernier film de Rachid Bouchareb consacré à ces événements, est au coeur d'une petite polémique, le service historique du secrétariat d'État à la défense ayant relevé des inexactitudes et autres anachronismes (cf. l'article du Point Le rapport de l'armée qui accable le film de Rachid Bouchareb).


Fêtes johanniques d'Orléans
crédits : wikipédia

Le 8 mai ont également lieu, depuis 1430, les fêtes johanniques d'Orléans, commémorant la délivrance par Jeanne d'Arc et son armée de la ville assiégée par les Anglais.

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