Je viens de voir Iron Man, le dernier film de Jon Favreau, avec Robert Downey Jr dans le rôle titre, dans les salles depuis le 30/04/08.
Pour résumer, c'est l'histoire d'un industriel de l'armement de génie, kidnappé lors d'une démonstration de son tout nouveau produit en Afghanistan, et qui va construire une super armure pour échapper à ses ravisseurs.
Un blockbuster américain assez bien fait, mais sans originalité majeure, qui au vu de la dernière scène (restez jusqu'à la fin de générique !), appelle certainement une suite, voire plusieurs : du franchising comme savent le faire les Américains. Loin de moi l'idée de rédiger ici une critique, d'autant que je ne maîtrise certainement pas les codes de l'univers Marvel pour être 100% pertinent.
Cependant, en lien avec le thème du blog, quelques remarques à chaud (il ne s'agit pas ici d'une analyse exhaustive). Attention aux spoilers éventuels :
1 - De beaux gadgets, et de nombreux équipements militaires - ou civils - à venir ou à l'étude (ou dans les rêves les plus fous)
- Intelligence Artificielle extrêmement avancée, jouant le rôle d'assistant personnel, d'ingénieur, de responsable de production, pouvant piloter toute une gamme de robots / capteurs / armes en complète autonomie, d'analyser une situation tactique et bien sûr mener une conversation sur n'importe quel sujet
- missiles et munitions intelligents (capables de faire la différence entre civils innocents et méchants terroristes)
- armes tactiques à fragmentation de forte puissance ("mini-nukes")
- batteries miniatures permettant une autonomie quasi-illimitée d'unités sur le théâtre des opérations
- incapacitants non-létaux (utilisant des bandes de fréquences sonores spécifiques, un sujet bien d'actualité en ce moment)
- armes portatives, alliant puissance et mobilité, pouvant équiper un soldat et lui conférant plus de feu qu'un char ou qu'un avion de combat
- NCW poussé à l'extrême avec une intégration temps réel de capteurs radars / vidéo sur tout type de plate-forme jusqu'au centre de commandement (avec, comme d'habitude dans les productions américaines, des interfaces homme-machine totalement futuristes, à base d'hologrammes en 3D)
- mais aussi drones, véhicules furtifs, matériaux blindés ultra-résistants...
- ...sans oublier les exosquelettes, comme celui développé par Raytheon, au travers de leur projet ExoSkeleton
3 - Une réflexion du personnage principal, dans son costume d'industriel de la défense, sur la dissuasion (je ne me rappelle plus les phrases exactes) :
- A son père, qui a participé au Projet Manhattan (débouchant sur l'arme nucléaire américaine), et qui affirmait qu'une arme parfaite était une arme que l'on aurait pas besoin d'utiliser (principe de la dissuasion)...
- ...il réplique (de façon indirecte) qu'une arme parfaite est en fait une arme que l'on a besoin d'utiliser une seule fois (afin d'effrayer l'ennemi)...avant de faire la démonstration de son dernier missile capable d'anéantir une montagne
- Au-delà du bon mot, qu'en dire ? Certes, la bombe atomique, au coeur de la doctrine de dissuasion, a été utilisée une fois, et cela a suffi à montrer ses capacités de destruction.
5 - L'affirmation de la toute puissance de la technologie dans le jeu militaire. En droite ligne de la Revolution in Military Affairs et du Network Centric Warfare (déjà discutés sur ce blog), le film met en exergue l'utilisation tous azimuts de technologies, véritables facteurs clés de succès au cours des conflits, (certes il ne s'agit que d'un film, et non d'un support doctrinaire) et la fascination qu'elles exercent sur les militaires, notamment aux États-Unis.
6 - Comme souvent dans les films, une dépiction fantaisiste des processus de recherche et développement, notamment dans le secteur militaire. Un homme seul peut, en quelques jours, certes avec l'aide de son super ordinateur, concevoir, manufacturer, tester et mettre en service un équipement (son armure d'"Iron Man") mobilisant un spectre extrêmement large de technologies, dans de nombreux domaines scientifiques. Le passage du besoin opérationnel à la spécification, puis au prototype (au travers d'un outil de PLM faisant passer CATIA pour une antiquité) et enfin au produit final se fait de façon immédiate, continue, avec à peine un accroc comique lors des essais. Dans la vraie vie, les cycles de développement militaires sont extrêmement longs, avec un découplage de la phase de "recherche" (qui avance lentement)...et toute personne ayant vécu un programme vous dira que client, Maîtrise d'Oeuvre et exécutants tombent rarement d'accord du premier coup, que les phases d'intégration et validation sont très compliquées et rarement totalement satisfaisantes...
Bref, un moment de détente comme Hollywood sait en produire, avec des raccourcis pratiques pour l'histoire, et quelques éléments pouvant amener à réflexion sur le sujet militaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire