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jeudi 1 mai 2008

Tension entre Géorgie et Russie : un révélateur pour l'OTAN et l'UE

Sans remonter jusqu'à l'incorporation de la Géorgie (70000 km², 4.7 millions d'habitants, capitale : Tbilissi) à l'Empire de Russie en 1801, une forte animosité existe entre les deux pays depuis la déclaration d'indépendance de la première le 9 avril 1991, peu avant l'effondrement de l'URSS, mais surtout depuis la Révolution des Roses en 2003.

Les velléités séparatistes de l'Abkhazie (8500 km², 200 000 habitants) et de l'Ossétie du Sud (3900 km², 70 000 habitants), deux régions géorgiennes - mais aux peuples non géorgiens - dont la Russie a reconnu (contrairement à l'ensemble du reste de la communauté internationale) l'indépendance de facto, constituent le point focal des désaccords.


Quelques évènements récents alimentent un regain de tension :

  • début avril 2008 : "promesse" par l'OTAN d'intégrer à terme la Géorgie (et l'Ukraine), très critiquée par la Russie
  • 18 avril 2008 : annonce par la Russie d'une coopération économique avec les autorités de fait d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, dénoncée par l'UE et l'OTAN
  • 20 avril 2008 : affaire du drone géorgien abattu au-dessus de l'Abkhazie, par un missile russe selon Tbilissi
  • 30 avril 2008 : annonce par la Russie d'envoi de troupes supplémentaires dans les 2 régions séparatistes, officiellement dans le cadre de la mission de paix confiée à la CEI au début des années 1990. Là encore, de vives critiques ont émané de la part de l'OTAN et de l'UE, par la voix de son Haut Représentant pour la Politique Etrangère et de Sécurité Commune (PESC), Javier Solana. La Géorgie parle elle "d'agression militaire de grande ampleur" et entrevoit une annexion de fait
J'en ai déjà discuté sur ce blog, la Russie n'est pas prête à abandonner sans se défendre son influence sur sa sphère traditionnelle, et notamment les pays d'Europe de l'Est les plus proches d'elle (une réminiscence du glacis du Pacte de Varsovie ?)...d'autant plus que cette perte d'influence semble se faire au profit de l'OTAN, et donc des États-Unis.

En face, cette crise sert de double révélateur :
  • pour l'OTAN "nouvelle formule", intégrant des anciens pays communistes, il est question de l'unité (derrière les USA) face à l'ennemi d'hier, qui sur ce type de sujet s'annonce au moins comme un "partenaire difficile" voire un "adversaire" dans le futur. Il est donc question de l'utilité et des raisons d'être elles-mêmes de l'Alliance.
  • pour l'UE, il s'agit du énième test de crédibilité en tant que puissance à la voix qui porte sur le terrain géopolitique. Pour cela, il faut une unanimité (au moins parmi les "grands" que sont le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne et la Pologne) et une volonté commune de s'affirmer et d'oser faire face à la Russie. On a vu dans un passé proche que certains gouvernants européens ont une fermeté à géométrie variable, notamment quand il s'agit de s'opposer à des partenaires économiques importants (clients potentiels ou fournisseurs d'énergie)
L'envoi de signaux tangibles, fermes et clairs à la Russie, ainsi que le projet de déploiement "d'experts" européens en règlement de conflits (notamment sur les aspects douaniers) sont deux initiatives, évoquées par J. Solana et les représentants géorgiens, qui, si elles se concrétisent, contribueraient à concrétiser une UE politique sur la scène internationale.

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