Chose promise, chose due, même si une semaine après sa parution, tout a déjà été dit (enfin, ce qui peut l'être à ce stade) à propos du dernier Livre Blanc de la Défense, sorte de schéma directeur pour les quinze prochaines années.
Le précédent, datant de 1994, introduisait une rupture assez franche dans la stratégie française (et ce qui faisait sa spécificité) en vigueur depuis les années 50-60 : emphase sur les capacités de projection, reconfiguration importante de la dissuasion nucléaire avec l'arrêt des essais "réels" et le désarmement du plateau d'Albion.
Celui-ci, comme déjà discuté ici, met en avant de "nouvelles" menaces, de types différents (étatiques, terroristes, criminelles...), très disséminées, "floues" ou virtuelles...bref, globalisées comme l'économie, dans un contexte de prolifération. Tout ceci bien sûr rapproche les considérations de sécurités intérieure et extérieure, mais s'accompagne d'une redéfinition de l'espace "stratégique" de la France, s'étendant (ou plutôt se contractant) dans un arc allant de l'Europe à l'Asie.
Si la dissuasion nucléaire reste prioritaire, quoique réduite dans sa composante aéroportée, et que la menace balistique est considérée comme majeure, l'accent est mis sur le renseignement (spatial, informatique), mais aussi les nouvelles formes de combats, notamment les théâtres urbains. En somme, un Livre Blanc fortement teinté de Network Centric Warfare et de Guerre de l'Information, sur fond de conflit asymétriques (mais en gardant la porte ouverte aux conflits "classiques"). Tout ceci dans un but d'efficience des moyens engagés, par une meilleure connaissance tactique et stratégique, et donc un contournement des règles de la "guerre d'attrition" classique. Certains gradés sous couvert d'anonymat dénoncent le recours à des "gadgets", masquant les lourdes réductions d'effectifs. Concernant ces dernières, on ne sait pas encore exactement quelles bases seront touchées, et si elles impacteront principalement les personnels civils (ouvrant la voie à une externalisation poussée auprès d'industriels privés) ou militaires (et donc par ricochet diminuant les besoins en services). On sait cependant que les forces projetables seront ramenées de 50000 à 30000 soldats. Tout ceci suscite une grande inquiétude dans les milieux militaires (d'ailleurs une autre idée de post que je dois exploiter : les militaires sont-ils sarkozystes ?), en attente de la nouvelle carte qui devrait être dévoilée par Hervé Morin le 3 juillet.
Concernant les programmes en cours, certains vont être étalés, notamment les frégates FREMM, les missiles SCALP ainsi que les Rafale. Priorité est donnée, au détriment de la quantité, au bon maintien en condition opérationnelle des équipements (pour rappel, 200 milliards d'euros sur les 377 milliards prévus jusqu'en 2020). Juste une remarque : où se situe le lourd char Leclerc dans ce réajustement stratégique ?
On peut voir derrière tout ceci, comme certains une logique avant tout, voire quasi exclusivement, budgétaire, habillée d'éléments de doctrines en vogue. Même si les économies dégagées, selon le Ministre de la Défense, seront réinvesties dans la Défense. Il convient de rappeler que de nombreux généraux ont exprimé leur mécontentement quant à la composition du comité en charge de la rédaction du Livre Blanc, trop "civil" (i.e. étranger à la chose militaire) à leur goût.
Nicolas Sarkozy, en présentant le Livre Blanc, a appelé de ses voeux une consolidation industrielle au niveau européen (mais en commençant par l'Hexagone), sur les secteurs terrestre (Nexter et Panhard en France), spatial (Thales Alenia Space et Astrium chez nous) et l'aéronautique, ce qui devrait favoriser l'émergence de vrais champions de taille mondiale et pérenniser l'indépendance technologique européenne. Bien sûr, en termes d'emplois, les gains ne seraient pas immédiats, les doublons étant actuellement assez importants entre les différentes entités concernées. Il est également intéressant de noter que de nombreux industriels de la défense ont adapté (une partie de) leur business model en se positionnant comme "fournisseurs de services" et moins comme "fournisseurs d'équipements / systèmes" : ceci permet de s'adapter plus facilement aux contraintes budgétaires fluctuantes de leurs clients publics.
Le Président de la République a également évoqué le retour de la France (mais de façon sélective, par exemple en excluant les aspects nucléaires) au sein du commandement intégré de l'OTAN (en avril 2009, pour les 50 ans de l'Alliance ?), en affirmant que cela pouvait permettre d'avancer sur le sujet de la Défense européenne. Notamment en établissant un meilleur équilibre des responsabilités entre Américains et Européens au sein de l'organisation atlantiste, base d'un positionnement stratégique pour l'UE. Au sein de l'OTAN, le leadership est clairement US, qui ont par ailleurs, comme base de leur doctrine, le "zéro dépendance" (technologique ou politique). De plus les États-Unis sont très réticents, même au sein de coalitions (Irak, Afghanistan), à abandonner leur position "d'initiateurs des orientations stratégiques", ou même à accepter des initiatives stratégiques d'autres parties prenantes. Ils sont meneurs et non suiveurs, et l'OTAN est clairement dans leur sphère d'influence (et Moscou ne s'y trompe pas)...d'ailleurs, pour eux, c'est le "with us or against us". Cela changera-t-il si Barack Obama est élu, rien n'est moins sûr.
Bref, il est évident que la Défense Européenne, pour des raisons de divergences politiques et industrielles, est difficile à mettre en place. L'alignement avec Washington et la réintégration à l'OTAN paraissent comme un choix de facilité à court/moyen terme pour le positionnement de la France sur la scène internationale (derrière le leadership américain). Mais au-delà de la moindre ambition française, redevenue une puissance moyenne "ordinaire", cela peut également, à plus long terme, impacter lourdement notre autonomie et la pérennité de notre industrie de défense (et bien sûr, par ricochet, sur tout un ensemble de domaines technologiques de pointe).
mardi 24 juin 2008
Retour à froid sur le Livre Blanc de la Défense
vendredi 20 juin 2008
Les entreprises du secteur défense parmi les préférées des ingénieurs jeunes diplômés
En cette période d'actualité chargée pour la défense (Livre Blanc, Dassault qui a presque exporté son Rafale, EADS et ses déboires avec la Cour des Comptes américaine...), changeons un peu de sujet.
Le Figaro a publié cette semaine son classement annuel des entreprises préférées des jeunes diplômés, séparant les "futurs managers" (issus des écoles de commerce) et les "futurs ingénieurs" (issus des écoles...d'ingénieurs).
Trois entreprises du secteur de la défense, mais également très présentes sur des activités connexes (aéronautique, spatial, sécurité...) figurent parmi les 10 premières du classement "ingénieurs". Il s'agit dans l'ordre d'EADS (1ère), Thales (2ème) et Dassault Aviation (5ème).
Bien sûr il y a un monde entre l'image que les jeunes diplômés ont des différentes entreprises et du monde du travail d'un côté, et la réalité (des métiers, des possibilités d'évolution, du nombre de postes disponibles...) de l'autre.
Cependant, le premier critère de choix cité est l'intérêt des missions, et force est de constater que le secteur Aerospace & Defense offre en France des perspectives intéressantes, de par sa relative vitalité en R&D, son rang au niveau mondial et bien sûr son aspect "high-tech" à la pointe de ce qui peut se faire (que ce soit sur le logiciel, l'électronique, les télécoms, le matériel, la cryptographie, la mécanique...).
Certes, les SSII risquent encore, en 2008, d'embaucher de nombreux jeunes talents (même si leur rang dans le classement du Figaro est beaucoup moins flatteur), pour des raisons de salaires (même s'il ne s'agit que du sixième critère cité par ordre d'importance) mais aussi et surtout de postes ouverts. Sachant que pour leurs développements, en régie ou au forfait, les industriels de la Défense ont de toute façon recours de façon intensive aux prestataires...plus ou moins spécialisés, standardisation et dualité des technologies aidant. Et de plus en plus, situés hors de France (Maghreb, Europe de l'Est, Inde...), notamment sur des tâches à peu de valeur ajoutée, mais cela pourrait changer.
Il serait également intéressant d'accéder au classement par école ou groupe d'écoles. Car on observe de plus en plus, pour les écoles du "Groupe A" (Polytechnique, Centrale Paris, Mines Paris, Télécoms, Ponts, Supélec, Supaéro...), un tropisme vers les métiers de la finance et du conseil, bien plus rémunérateurs que l'industrie en général, et la défense en particulier. N'est-il pas dommage (et dommageable) que les esprits scientifiques les plus prometteurs s'éloignent, souvent de façon définitive, des métiers de l'ingénierie ?
Disposer d'apport fréquent de "sang neuf" est un aspect vital, notamment dans un secteur très technologique, où malgré la longueur des cycles de vie des produits, surviennent des innovations et des ruptures assez fréquemment. L'attractivité vis-à-vis des jeunes ingénieurs est un levier majeur de compétitivité et de pérennité, qui doit contribuer au maintien et au développement de l'indépendance technologique de la France et de l'Europe grâce à un effort important en R&D. A condition que les budgets suivent, mais ceci est une autre histoire.
mardi 17 juin 2008
Post obligé sur le Livre Blanc de la Défense
Que dire des annonces de Nicolas Sarkozy faites aujourd'hui, lors de sa présentation du Livre Blanc de la Défense version 2008 ?
13 ans après le début de Vigipirate, 7 ans après les attentats du 11 septembre, ça y est, le terrorisme est considéré comme un grave danger contre lequel l'armée doit pouvoir lutter, et coopérer avec ses homologues à l'échelle planétaire...mais vaut mieux tard que jamais.
Le renseignement, particulièrement spatial, mais ce n'est plus un scoop depuis longtemps, devrait bénéficier de moyens importants dans les années à venir. De même que les moyens de protection du territoire, que ce soit contre les missiles balistiques ou contre la menace NRBC (Nucléaire, Radiologique, Bactériologique, Chimique).
Mais tout ceci, comme on le sait depuis les RGPP, s'accompagnant d'une réduction des effectifs militaires, de 271 000 aujourd'hui à 225 000 environ dans 6-7 ans :
- 131 000 pour l'armée de terre
- 55 000 pour l'armée de l'air
- 44 000 pour la marine
Signe que la guerre de l'information, et notamment la guerre informatique, prend de l'ampleur, au moins dans les plans des Etats-majors, la volonté de se doter d'une "cyber-capacité offensive" de grande ampleur, à l'image de celle dont disposent depuis peu les Américains.
Est réaffirmée par le Président la volonté, déjà discutée sur ce blog, de refondre le lien entre la France et l'OTAN, et plus précisément pour l'édification d'une défense européenne, ce qui peut sembler paradoxal.
Reste à voir comment cela (hormis les réductions d'effectifs) va être intégré aux lois de programmation militaire...
PS : en ce moment, je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire ici. Normalement dès ce weekend je devrais trouver la disponibilité pour rédiger un article plus en profondeur sur le contenu du Livre Blanc...
lundi 16 juin 2008
Offensive et défensive : parallèle avec la football - istique européenne
Suite à la lourde défaite de l'Equipe de France face aux Pays-Bas, le 13 juin, lors de l'Euro 2008, les critiques ont fusé, dans les médias, les repas de famille, autour des machines à café ou au comptoir du PMU local :
- "La défense est trop vieille, elle ne peut pas suivre le rythme des attaquants adverses", alors que l'on vantait depuis quelques années la relative solidité de notre ligne Maginot bleue
- "L'attaque manque de précision et de réalisme" (note de JGP : je n'ai jamais bien compris cet usage du terme "réalisme", indiquant juste que l'équipe qui en fait preuve concrétise bien ses occasions de but), alors que l'on est censé disposer de "flèches offensives" et de "feux follets", capables de percer tous les blindages défensifs, que tout le monde nous envie
- "Il n'y a pas de patron ni de cohésion dans cette équipe", même si, avec la langue de bois sportive qui n'a rien à envier à celle des politiques, on nous explique que tout le monde est heureux, que les joueurs se parlent
- "Le jeu des Bleus est stéréotypé"
- "Sur le terrain personne n'organise le jeu", "le discours du sélectionneur n'est pas écouté", alors que nous avons de grands meneurs de jeu et que notre équipe a quand même atteint la finale de la dernière Coupe du Monde !
- la défensive doit être permanente, couvrir l'ensemble du territoire (on ne sait pas a priori d'où va venir la menace), et très réactive en cas d'attaque
- l'offensive doit être subite, jouer sur l'effet de surprise, être concentrée (en termes d'effet et de moyens) dans le temps et l'espace, et exploiter les points faibles de la défense
- la chaîne de commandement doit être sans parasites, les instructions cascadées vers le bas, avec néanmoins une grande autonomie laissée aux unités tactiques, sur le terrain
- une stratégie et une tactique nécessitent un alignement des moyens sur leurs objectifs et modalités (sans rire ?) : des défenseurs très endurants, très réactifs; des attaquants capables de vives accélérations, très précis dans le dernier geste; des animateurs offensifs capables de surprendre (danger de près, de loin...) et de déclencher des actions très rapidement à partir d'une position anodine
- ceux qui sont censés appliquer la tactique mise en place doivent accepter l'autorité de ceux qui la définissent, même si ces derniers doivent laisser au premier une marge de manoeuvre créative (ce qui suppose d'être capable d'en faire preuve)
- l'organisation tactique doit dissuader l'adversaire de se montrer très entreprenant. La dissuasion est à la base une posture défensive, qui se mue en offensive sitôt enclenchée...on pense bien sûr ici aux "contres", qu'à une époque l'équipe de France réalisait très bien grâce à ses joueurs de couloir
- dans un contexte asymétrique, face à une équipe qui refuse plus ou moins le jeu, ce n'est pas en se conformant à son schéma que l'on va la déstabiliser...
Bien sûr, dans le milieu du football, d'autres considérations entrent en ligne de compte, et elles peuvent être avoir énormément d'impact sur la composition de l'équipe, l'état mental des joueurs, l'organisation tactique : pression médiatique, financière, sponsors, égo des différentes parties prenantes...
A méditer, notamment à la lecture du Livre Blanc de la Défense, présenté normalement demain par Nicolas Sarkozy, juste avant France - Italie. Le Chef d'Etat Major de l'équipe de France aura-t-il d'ici là le temps d'adapter sa tactique ?Allez les Bleus !
jeudi 12 juin 2008
The Weakest Link
A l'heure de la guerre de l'information, où la technologie est utilisée de façon de plus en plus poussée à la fois pour la protection mais aussi l'acquisition de données plus ou moins confidentielles, le maillon faible, car le plus difficile à maîtriser, est souvent humain.
La nouvelle rapportée par la BBC en est un bon exemple : un fonctionnaire du Cabinet Office a égaré par mégarde un document sensible sur Al-Qaïda dans un train de banlieue. Même si les journées de travail peuvent être chargées dans la fonction publique et qu'il y a sûrement du rab pour le soir, on peut sérieusement s'interroger sur l'opportunité de lire de tels documents hors du bureau, en public.
De quoi rappeler que certes le SIGINT ou autre IMINT sont nécessaires et apportent énormément (défensivement et offensivement), mais on ne peut passer à côté de l'HUMINT, ou aspect "humain" du renseignement, notamment quand les ennemis se placent sur ce terrain. Evidemment c'est moins "high-tech", moins flashy, et moins "exact"...mais parfois beaucoup plus dévastateur.
Et ceci est valable pour le renseignement d'Etat mais aussi pour la sécurité des entreprises : quelle que soit la pertinence et le coût des outils technologiques mis en place, il est souvent possible de les contourner, même sans penser à mal, de l'intérieur. La sécurité est donc, même passivement, l'affaire de tous (et même des agents d'entretien).
Et encore, on a de la chance que TEMPEST (technique permettant de convertir des rayonnements électromagnétiques, émis par exemple par un ordinateur, en données intelligibles) ne soit pas encore, comme le prévoient certains futuristes, utilisable pour "lire les pensées" d'autrui. Si cela arrive un jour, il faudra porter des cages de Faraday autour de la tête, ce qui sera passablement seyant.
Tout ça me fait penser à l'époque où j'étais à l'école, un fonctionnaire de la DST faisait le tour des amphis de France (et j'espère que cette initiative s'est développée) pour sensibiliser les futurs cadres (notamment les scientifiques) aux bonnes pratiques de l'intelligence économique...car si les ingénieurs français sont renommés pour leur bon niveau technique, ils sont aussi connus pour laisser échapper assez facilement, volontairement ou non (conversation à la terrasse d'un café, dossier lu dans un train, ordinateur laissé en évidence dans une chambre d'hôtel...) des informations sensibles.
lundi 9 juin 2008
Dépenses militaires mondiales : +45% en dix ans
Selon le SIPRI Yearbook 2008, les dépenses militaires totales se sont élevées à 1339 G$ en 2007, soit une augmentation de 45% depuis 1998 (et +6% par rapport à 2006).
Au-delà de l'incertitude (déjà discutée ici) qui peut exister sur les budgets de défense de certains pays, notamment la Chine, le rapport du SIPRI indique que ce sont les pays d'Europe de l'Est qui ont le plus renforcé leurs dépenses (+162% sur dix ans).
Les Etats-Unis représentent à eux seuls 45% des dépenses militaires globales, alors que le Royaume-Uni, la France, la Chine et le Japon comptent pour 4-5% environ chacun. Cependant, les tendances pour ces différents pays ne sont pas les mêmes, puisque le budget (officiel) chinois a été multiplié par trois en 10 ans...
2007 est l'année où le plus grand nombre de pays ont vu leurs dépenses d'armement progresser.
Les facteurs explicatifs avancés par le SIPRI concernent un niveau de perception des menaces plus élevé, les efforts nécessaires aux participations à des opérations de paix, un relèvement des objectifs de politique étrangère dans les différents pays ainsi que l'augmentation des conflits armés, ou la disponibilité des ressources économiques...Mouais, disons que ces facteurs ne s'appliquent pas de la même manière pour l'ensemble des pays; à voir sur le plus long terme.
Le rapport contient d'autres données intéressantes, sur lesquelles je reviendrai bientôt.
lundi 2 juin 2008
L'OTAN et Indiana Jones ressuscitent-ils la Guerre Froide ?
Vladimir Poutine, ancien du KGB, premier ministre russe mais toujours dans son costume de président, l'affirme dans Le Monde :
"Elargir l'Otan, c'est ériger de nouvelles frontières en Europe, de nouveauxUne réponse, déjà exprimée récemment, devant les candidatures de la Géorgie et de l'Ukraine à une entrée dans l'Alliance...et il y a quelques années, quand d'anciens pays du Bloc de l'Est en sont devenus membres, presque simultanément à leur intégration à l'Union Européenne. Ou même, sujet déjà traité ici, dans le cadre de la polémique sur les éléments du bouclier anti-missile américain sur le point d'être déployés en Pologne et en République Tchèque.
murs de Berlin, invisibles cette fois mais pas moins dangereux"
Vladimir Poutine se pose ouvertement la question de savoir contre qui l'Otan continue à se développer aujourd'hui, alors que la menace soviétique, selon ses propres mots, "n'existe plus". Et alors qu'on parle beaucoup de menace asymétrique, de lutte contre le terrorisme, il est vrai que la logique de Bloc "fermé" peut paraître anachronique (notamment si l'on croit vraiment aux conclusions du futur Livre Blanc). Mais pas celle de coopération internationale concernant les sujets de défense. Certes l'OTAN est une héritière de la Guerre Froide, tant elle fédère derrière les USA les autres pays membres.
Mais Poutine a beau jeu de critiquer l'initiative menée par les Etats-Unis, alors que ce qui chagrine vraiment la Russie, c'est de voir sa sphère traditionnelle d'influence se réduire. En attendant, elle continue, à tort ou à raison, de s'opposer aux sanctions contre l'Iran, ou à ne pas reconnaître l'indépendance du Kosovo. En clair, elle tente de faire Bloc contre le "nouveau" Bloc de l'Ouest qu'elle dénonce. Qui vivra verra le contenu du prochain Livre Blanc, certainement publié autour de 2020 : un retour à la guerre d'attrition et à la course capacitaire ?
Bref, dans le même temps, le Partic Communiste de la Fédération de Russie s'élève contre le dernier opus d'Indiana Jones, situé en 1957, et qui voit le courageux aventurier américain aux prises avec des méchants "commies" qu'on croirait issus directement d'un Rocky ou Rambo des années 1980. Ainsi Andrei Andreyev déclare à l'Associated Press :
"It is very disturbing if talented directors want to provoke a new Cold War."
Ce à quoi Steven Spielberg avait déjà trouvé la réponse :
"When we decided the fourth installment would take place in 1957, we had no
choice but to make the Russians the enemies. World War II had just ended and the
Cold War had begun. The U.S. didn't have any other enemies at the time."
Bizarrement, même si dans le film transpire une sorte de parodie de ces histoires opposant des patriotes US oeuvrant pour le salut du monde libre face à des soviétiques mégalomanes et caricaturaux qui se substituent ainsi aux Nazis des trois premiers épisodes, on ne peut s'empêcher d'y voir une facilité. Mais après tout, ça fait partie du charme d'Indiana Jones, qui nous avait également, dans les Aventuriers de l'Arche Perdue, montré un personnage français sous son meilleur jour.
PS : Mon modeste blog personnel ne prétend absolument pas atteindre le même niveau, ni la même réactivité ou fréquence de publication que les blogs consacrés à la Défense de Libération ou du Point. J'écris quand je le peux (en ce moment plus que d'habitude), sans souci de coller à l'actualité ou à l'évènement du jour.