Suite à la lourde défaite de l'Equipe de France face aux Pays-Bas, le 13 juin, lors de l'Euro 2008, les critiques ont fusé, dans les médias, les repas de famille, autour des machines à café ou au comptoir du PMU local :
- "La défense est trop vieille, elle ne peut pas suivre le rythme des attaquants adverses", alors que l'on vantait depuis quelques années la relative solidité de notre ligne Maginot bleue
- "L'attaque manque de précision et de réalisme" (note de JGP : je n'ai jamais bien compris cet usage du terme "réalisme", indiquant juste que l'équipe qui en fait preuve concrétise bien ses occasions de but), alors que l'on est censé disposer de "flèches offensives" et de "feux follets", capables de percer tous les blindages défensifs, que tout le monde nous envie
- "Il n'y a pas de patron ni de cohésion dans cette équipe", même si, avec la langue de bois sportive qui n'a rien à envier à celle des politiques, on nous explique que tout le monde est heureux, que les joueurs se parlent
- "Le jeu des Bleus est stéréotypé"
- "Sur le terrain personne n'organise le jeu", "le discours du sélectionneur n'est pas écouté", alors que nous avons de grands meneurs de jeu et que notre équipe a quand même atteint la finale de la dernière Coupe du Monde !
- la défensive doit être permanente, couvrir l'ensemble du territoire (on ne sait pas a priori d'où va venir la menace), et très réactive en cas d'attaque
- l'offensive doit être subite, jouer sur l'effet de surprise, être concentrée (en termes d'effet et de moyens) dans le temps et l'espace, et exploiter les points faibles de la défense
- la chaîne de commandement doit être sans parasites, les instructions cascadées vers le bas, avec néanmoins une grande autonomie laissée aux unités tactiques, sur le terrain
- une stratégie et une tactique nécessitent un alignement des moyens sur leurs objectifs et modalités (sans rire ?) : des défenseurs très endurants, très réactifs; des attaquants capables de vives accélérations, très précis dans le dernier geste; des animateurs offensifs capables de surprendre (danger de près, de loin...) et de déclencher des actions très rapidement à partir d'une position anodine
- ceux qui sont censés appliquer la tactique mise en place doivent accepter l'autorité de ceux qui la définissent, même si ces derniers doivent laisser au premier une marge de manoeuvre créative (ce qui suppose d'être capable d'en faire preuve)
- l'organisation tactique doit dissuader l'adversaire de se montrer très entreprenant. La dissuasion est à la base une posture défensive, qui se mue en offensive sitôt enclenchée...on pense bien sûr ici aux "contres", qu'à une époque l'équipe de France réalisait très bien grâce à ses joueurs de couloir
- dans un contexte asymétrique, face à une équipe qui refuse plus ou moins le jeu, ce n'est pas en se conformant à son schéma que l'on va la déstabiliser...
Bien sûr, dans le milieu du football, d'autres considérations entrent en ligne de compte, et elles peuvent être avoir énormément d'impact sur la composition de l'équipe, l'état mental des joueurs, l'organisation tactique : pression médiatique, financière, sponsors, égo des différentes parties prenantes...
A méditer, notamment à la lecture du Livre Blanc de la Défense, présenté normalement demain par Nicolas Sarkozy, juste avant France - Italie. Le Chef d'Etat Major de l'équipe de France aura-t-il d'ici là le temps d'adapter sa tactique ?Allez les Bleus !
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