mercredi 31 mars 2010
Dissolution de l'Union de l'Europe Occidentale
Obama peut-il vendre la guerre d'Afghanistan à l'opinion publique européenne ?
Partant du constat que la chute du gouvernement néerlandais a démontré la faiblesse du soutien des populations européennes en faveur de l'engagement de l'ISAF, le rapport préconise une action de communication offensive s'appuyant sur
- la popularité du président Obama en Europe de l'Ouest
- la préoccupation des Français pour le sort des réfugiés et des civils
- celle des Allemands pour le coût perçu des opérations et leur incompréhension de l'intérêt de ces dernières pour leur pays
mardi 30 mars 2010
[Le blog de la semaine] : Ultima Ratio
lundi 29 mars 2010
Café des idées de l'Observatoire Français des Think tanks - quelques réflexions sur le blogging
Loin de moi l'envie d'en faire un compte-rendu, mais j'ai souhaité retranscrire quelques citations captées en vol :
- Le blog serait le "dernier lieu où on peut se battre en duel" (JPB), nécessaire car le débat d'idées ne peut se faire sans prise de risque. Si je suis réservé sur l'aspect duel, je suis tout à fait d'accord sur l'importance de la pensée unique et de la simple répétition d'idées communément admises. Le blog offre la possbilité de tester "gratuitement" des opinions ou des constructions mentales, alors autant ne pas se priver...même si pour moi la polémique n'est pas un but en elle-même.
- "Certains ouvrent des blogs pour occuper l'espace, sans volonté de partage" (JPB). On ne peut pas reprocher à quelqu'un d'ouvrir un blog pour partager ses idées. Mais ce qui est en cause ici, c'est plutôt le fait d'ouvrir un blog à des fins de diffusion d'une sorte de bruit, en faisant semblant de participer à un débat alors qu'ils émettent à sens unique. Pour tous ceux qui veulent échanger, la mise en réseau et l'ouverture sont capitales. La circulation d'idées se fait de blog à blog par la magie des rétroliens, permettant ainsi la multiplication des audiences. Je me demande par ailleurs si par rapport à d'autres médias grand public, la différence entre audience et influence n'est pas spécifique pour les blogs. Ne serait-ce que par la conjonction de l'aspect communautaire et de l'effet des rétroliens. Alors bien sûr, je parle ici d'influence dans le microcosme de la blogosphère, quant à l'opinion ou aux décideurs, c'est autre chose...attendons l'avènement au pouvoir de la Génération Y.
- Concernant justement cette influence, les invités ont émis deux idées : la première part du constat que globalement, l'audience de la plupart des blogs est "très limitée par rapport à d'autres médias" (FL). Il est vrai que quelques (dizaines de) milliers de pages vues chaque mois, c'est peu face aux principaux sites d'information, à la TV voire aux journaux et magazines papier. Par ailleurs, il apparaît que très peu de blogs sont devenus réellement influents (hors du microcosme s'entend) de façon intrinsèque : souvent, c'est leur auteur qui est déjà célèbre avant leur création. La seconde est que finalement, les blogueurs sentent souvent que le blog est une première étape, un tremplin, mais que la concrétisation d'une influence naissante doit se faire dans le monde réel : rencontres, associations, publications papier... Juste une remarque : il est vrai que pour le moment peu d'articles de blogs sont considérés comme des "documents de référence". Ceci est pour partie lié la primauté toujours prégnante du livre, encore le principal réceptacle de la majorité des idées des gens influents
- La forme qu'il offre est un "intermédiaire entre l'oral pur et l'écrit", et un "espace de digestion de l'immédiateté" (JPB), en réponse à une question sur la contradiction apparente entre la nécessaire maturation des idées requise par l'écriture et la forme du blog, censé être alimenté au quotidien, assez rapidement, de façon très réactive... je ne partage pas complètement ce paradoxe, dans le sens où quand on écrit, on le fait quand même avec des idées qui ont pu avoir le temps de mûrir en amont. Sans oublier le syndrôme "j'ai mis six mois à écrire cet article en vingt minutes". Et puis on peut toujours revenir sur un article pour le compléter, l'amender, le corriger au cours du temps...plus difficile à faire sur d'autres supports médiatiques
- "Un blog sans commentaires perd la moitié de son intérêt" (CG), mais "l'anonymat pose un problème" [FL]. Si je suis d'accord avec la première affirmation (après tout, le participatif est l'essence du 2.0), je suis, quant à mon propre blog, plus réservé sur la seconde. Et pas seulement parce que je suis moi-même anonyme. Relativement épargné par tout ce qui touche aux attaques personnelles et autres remarques stériles, je suis principalement intéressé par le fond des sujets, qui peut tout à fait être apporté par un lecteur anonyme. Même si fatalement, l'échange n'est pas ainsi facilité.
vendredi 26 mars 2010
La frappe préemptive française et la réponse immédiate américaine, par Thibault Lamidel
L’action de l’Administration Obama pour la « dénucléarisation du monde » va commencer à produire ses premiers effets. Le président américain devrait annoncer une nouvelle doctrine nucléaire et, plus qu’une baisse impressionnante de l’arsenal américain (toujours dans le cadre d’un accord START on espère), un remodelage complet de la dissuasion nucléaire étasunienne. Ainsi c’est une véritable transformation de la dissuasion qui pourrait s’opérer avec le retrait des bombes nucléaires tactiques en Europe par exemple et la fin des armes nucléaires anti-bunker (mini-nuke). En lieu et place le choix serait fait de continuer dans la voie de la « réponse immédiate ». Comprenez, des SNLE de classe Ohio qui verraient leurs missiles dotés d’une charge conventionnelle et pouvant frapper n’importe quel point du globe (ou presque) en moins d’une heure avec une précision accrue. Une première opération de ce genre a déjà eu lieu, avec la reconversion de quatre Ohio en « SSGN » (Ships Submersible Guides missiles Nuclear power ou sous-marin croiseur lance-missile). Ces derniers disposent en lieu et place de leur missiles Trident de 154 Tomahawk et d’installations pour commandos.
Une opération préemptive consiste en une action immédiate sur la base de preuves indiquant qu'un ennemi est sur le point de frapper. L'action est donc légitime : la préemption est très proche de la notion de légitime défense autorisée aux États par l'article 51 de la Charte des Nations Unies. En revanche, une opération préventive implique des actions entreprises pour empêcher une menace future plausible mais hypothétique, c'est-à-dire sans preuve et sans légitimité.
C’est ainsi que le général d’armée de l’air, Hervé Le Riche, alors Major général des armées, définissait la différence entre ces deux thèmes dans une interview au mensuel DSI (rapporté par le blog Secret Défense de Jean-Dominique Merchet : http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2007/10/les-frappes-pre.html).
à une réponse ferme et adaptée de notre part. Et cette réponse peut être conventionnelle. Elle peut aussi être d'une autre nature.
Nous sommes en mesure d'infliger des dommages de toute nature à une puissance majeure qui voudrait s'en prendre à des intérêts que nous jugerions vitaux. Contre une puissance régionale, notre choix n'est pas entre l'inaction et l'anéantissement. La flexibilité et la réactivité de nos forces stratégiques nous permettraient d'exercer notre réponse directement sur ses centres de pouvoir, sur sa capacité à agir. Toutes nos forces nucléaires ont été configurées dans cet esprit. C'est dans ce but, par exemple, que le nombre des têtes nucléaires a été réduit sur certains des missiles de nos sous-marins.
Ce qui est porté à l’attention du lecteur aujourd’hui est la possibilité de toucher à la capacité à agir. Ce discours s’inscrit bien dans un « certain » rapprochement doctrinal avec la pensée américaine (dans le sens de l’action préventive, cela rappellera les débats sur le nucléaire tactique). Le Président ne l’a pas dit mais on ne peut s’empêcher de penser à, par exemple, un tir nucléaire atmosphérique au-dessus d’un champ de tir de missile balistique iranien. De sorte que l’effet d'une telle explosion produise un effet électromagnétique. Les conséquences en sont que toute l’électronique non protégée contre cette impulsion électromagnétique se retrouve hors-service. Ainsi, l’explosion pourrait rendre inopérant l’arsenal balistique ennemi : sa capacité à agir.
Mais, notre concept d'emploi des armes nucléaires reste bien le même. Il ne saurait, en aucun cas, être question d'utiliser des moyens nucléaires à des fins militaires lors d'un conflit. C'est dans cet esprit que les forces nucléaires sont parfois qualifiées "d'armes de non emploi". Cette formule ne doit cependant pas laisser planer le doute sur notre volonté et notre capacité à mettre en œuvre nos armes nucléaires. La menace crédible de leur utilisation pèse en permanence sur des dirigeants animés d'intentions hostiles à notre égard. Elle est essentielle pour les ramener à la raison, pour leur faire prendre conscience du coût démesuré qu'auraient leurs actes, pour eux-mêmes et pour leurs États. Par ailleurs, nous nous réservons toujours, cela va de soi, le droit d'utiliser un ultime avertissement pour marquer notre détermination à protéger nos intérêts vitaux.
mercredi 24 mars 2010
50 idées reçues sur l'état du monde, de Pascal Boniface
lundi 22 mars 2010
Un autre avis turc sur la Turquie à lire sur AGS
C'est à lire, en anglais, sur le site de l'Alliance : "Turkey-EU relations floundering in confusion: is Turkish membership a chimera or reality?".
samedi 20 mars 2010
Dissuasion nucléaire franco-britannique ?
Bref, cela me fait penser aux quelques articles écrits sur ce même blog par Thibault Lamidel, et qui touchent aussi à une coopération franco-britannique autour du domaine naval :
- Rafale et aéronavale britannique
- Du Rafale N au Harrier sur BPC ?
- Rafale Marine biplace, JSF et collision
vendredi 19 mars 2010
Interview des Jeunes Européens France autour de la Turquie
C'est bien sûr à lire sur AGS : Candidature turque: “L’Europe doit maintenant affirmer son ambition”.
mercredi 17 mars 2010
Quand les héros de BD s'engagent (ou sont enrôlés) dans l'armée
Un petit article à lire sur les héros de BD et l'enrôlement : Devenezvousmême.BD, de Laureline Karaboudjan.
Alors que la campagne de recrutement de l'armée de terre française bat son plein, le billet revient sur les Asterix, Tuniques Bleues et autres personnages de Tardi qui, de leur propre volonté ou contre leur gré, s'engagent dans une carrière militaire.
Aux exemples donnés, j'ajouterais comme ça La ligne de front de Manu Larcenet, qui suit les aventures (rocambolesques) de Vincent van Gogh (!) dans les tranchées, ou même Adieu Brindavoine et La Fleur au fusil de Tardi déjà cité plus haut.
Dans un autre registre, je citerais également Bouche du diable de Charyn et Boucq ainsi qu'Ibicus de Rabaté
Il est indiqué dans l'article que l'alcool est "le meilleur ami du recruteur" (exemple du recrutement de Blutch et Chesterfield durant la Guerre de Secession américaine). Ceci n'est évidemment plus vrai aujourd'hui, mais ça rappelle les pratiques de la marine britannique décrites notamment par Oliver Goldsmith dans son The Citizen of the world.
lundi 15 mars 2010
De la surprise stratégique en citations (partie 2)
La paix est prévue par la sociologie depuis vingt-cinq ans... Aujourd'hui encore, elle la prévoit pour tout l'avenir de notre transition, au bout de laquelle une Confédération républicaine ayant uni l'Occident, il n'y aura plus lieu à aucun conflit les armes à la main
L'armée prussienne est une armée essentiellement défensive
Une attaque japonaise sur Pearl Harbor est une impossibilité stratégique
Ce que je sais bien, c'est que les Allemands ne nous déclareront pas la guerre. Ce ne sont pas des idiots. Ils ne sont pas fous. Je vous le dis, ils ne nous feront pas la guerre
vendredi 12 mars 2010
Géographie française ludique
Parce qu'aujourd'hui je pars en vacances, voici un petit billet sur un jeu en ligne ludo-éducatif, qui vous rappellera vos cours de géographie du lycée : Villes de France.
mercredi 10 mars 2010
Turquie et Union Européenne : interview d'Ekavi Athanassopoulou à lire sur AGS
A lire, bien évidemment, sur le site de l'Alliance Géostratégique (article en anglais) : "The crux of the issue is Turkey's size and enormous potential".
lundi 8 mars 2010
Wikio : Alliance Géostratégique vers les sommets ?
La progression est encore possible si, comme je l'espère, nous arrivons à maintenir la qualité et la fréquence sur la durée, même si c'est extrêmement difficile quand le blogging n'est qu'une activité annexe fac aux obligations professionnelles et personnelles. Bien sûr, la visibilité ne pourrait que profiter de la création d'un classement spécifique à la géopolitique, comme je l'ai déjà demandé à Wikio :
- Pour la création d'une catégorie "Géopolitique" sur Wikio
- Catégorie "Géopolitique" : la réponse de Wikio
dimanche 7 mars 2010
De la surprise stratégique en citations (partie 1)
Je vous laisse deviner leurs auteurs, dates et contextes...
Les armes sont si perfectionnées qu'un nouveau progrès [militaire] d'influence radicale n'est plus possible
La guerre de l'avenir verra se produire de très grandes charges de cavalerie
Croyez-moi, l'Allemagne est incapable de faire la guerre
Je veux bien qu'on m'appelle Meier si jamais un avion allié arrive à bombarder Berlin
*
L'idée que les Arabes puissent franchir le Canal de Suez est une insulte à l'intelligence
vendredi 5 mars 2010
"L’Islam peut aussi s’approprier le projet européen", interview de Menekse Tokyay autour de la Turquie
mercredi 3 mars 2010
La Turquie, thème du mois de l'Alliance Géostratégique
Sa candidature à l'Union Européenne est bien sûr une problématique cruciale, de par les questions qu'elle soulève sur les frontières de l'Europe, son identité culturelle, sa cohésion, son projet, sa présence internationale... Instrumentalisée par les uns et les autres, elle est au coeur de manoeuvres de politique politicienne à destination des électorats nationaux, particulièrement en France et en Allemagne. Pour ma part, j'ai souhaité ce mois-ci recueillir l'avis de diverses parties prenantes, particulièrement turques, qui s'intéressent de près à la question : état des lieux du dossier de candidature, principaux obstacles en Europe et en Turquie, conflit chypriote et relations avec la Grèce, opinion publique, impacts sur la gouvernance de l'UE et la PESD...
A suivre donc, tout au long du mois...
lundi 1 mars 2010
"Du Rafale N au Harrier sur BPC ?" par Thibault Lamidel
Un Rafale marine
crédits : mer et marine
Dans un autre article (UCAV et aéronavale) nous abordions l’intérêt de diffuser la puissance aérienne via des porte-aéronefs. Nous reprenions ainsi à notre compte la demande de l’amiral américain Zumwalt des années 70 de ne pas compter uniquement sur des porte-avions lourds. Et dans le cas de la France, de développer le potentiel des BPC via des drones embarqués pour tenter de mettre en oeuvre ses idées en prenant comme cadre une opération amphibie.
Dans un commentaire laissé par un anonyme sur « Rafale et aéronavale britannique », une personne montre l’intérêt de parler coopération autour du Harrier et d’observer le renouveau actuel de l’Entente Cordiale.
Un partenariat de nouveau en pleine expansion
Notre confrère le Mamouth fait connaître l’imminence du comité interministeriel sur les drones : en avril peut-être, avant l’été sûrement. Il recense les trois solutions existantes pour le développement de capacités intérimaires : américaine avec le Predator, israélienne avec le Héron et anglaise avec le Mantis. Cette dernière ayant l’avantage d’associer un industriel hexagonal de référence, Dassault, avec un industriel « transmanche », Thales. C’est une nouvelle possibilité qui apparaît dans le renouveau franco-britannique après les déclarations faites sur un développement conjoint de l’aéronavale ainsi que les appels à un approfondissement des partenariats.
On semblerait presque être revenu dans les années 60-70 avec les programmes Lynx, Puma, Jaguar… ou Concorde. D’ailleurs, à cette époque, il est bien connu que le Jaguar « M » a été testé sur porte-avions français, mais il est moins souvent évoqué le fait que le Harrier ait servi aux mêmes offices…
Diffusion de la puissance aérienne sur mer
Dans notre tentative d’étude sur un drone embarqué (UCAV) nous nous basions sur une hypothèse pleine et entière. C’est-à-dire un recadrage du programme nEUROn vers des capacités air-air et
la capacité d’apponter sur navire. Et ce, sans oublier de le développer dans l’optique d’une intégration sur BPC. Beaucoup d’incertitude et aucune volonté politique face un défi industriel de taille.
Dessin d'artiste de Rafale et nEUROn
crédit inconnu
Dans cet article on prenait le parti de plaider pour une meilleure diffusion de la puissance aérienne sur mer en multipliant le nombre de plates-formes via les BPC. On évitera de se mentir en disant qu’un drone ou tout autre appareil embarqué dans un « mode décollage et atterrissage court » (ADAC) se fait sur un compromis. Face à cette faculté avantageuse on se doit de concéder pour sa mise en œuvre un sacrifice non négligeable sur les capacités de l’appareil en vitesse, en emport de d’armes et en rayon d’action. Un Harrier ou un F-35B auront des caractéristiques déficitaires sur ces points face au Rafale et au F-18.
Un nouvel Harrier, et pourquoi pas ?
Dans ce contexte, reprendre le développement d’un « Harrier III » sera plus à la portée des gouvernants britanniques et français. C’est un programme techniquement faisable. Il s’agirait d’intégrer les dernières évolutions en science des matériaux pour alléger l’appareil à vide (et gagner sur son potentiel d’action) ainsi que de faire évoluer son système d’armes et sa motorisation (le moindre gain est bénéfique). Il faut rappeler que la bête a initialement été développée par les Anglais, puis fut revue et corrigée en collaboration avec les Américains. C’est dire si le programme serait presque par tradition une vertu de la coopération.
Un Harrier GR9 de la RAF
crédits : MoD
Le nouvel appareil pourrait mettre à profit d’autres programmes existants (Rafale et Eurofighter) pour récolter des « pièces » de manière à diminuer son coût. Et de même optimiser la logistique de ses composants. C’est l’idée du développement du F-16 : tenter de réduire les coûts en se fournissant sur étagère. Ce dernier avait su tirer quelques avantages d’une telle philosophie à l’export … Une philosophie reprise par le programme nEUROn : récolter les compétences existantes pour établir un démonstrateur.
Enfin, il serait bon de privilégier un cadre bi-national ou étendu le plus restreint possible, les structures des programmes Eurofighter, NH90 et A400M n’ayant pas donné satisfaction. D’autant plus qu’une étude systématique des surcoûts constatés n’a pas était faite publiquement. Enfin, comme le signale notre lecteur, il serait bon que ce programme se fasse hors cadre OTAN (les programmes otaniens ont toujours eu comme résultante d’acheter américain, le FIAT GR91 en témoignera). Et encore mieux comme le rappelle notre lecteur encore une fois : « en tenant "en laisse" les industriels (Dassault, BAE Systems...): Sinon, c'est inutile de perdre son temps!!! ». On aura en mémoire le « professionnalisme » des cadres d’EADS dans la conduite de l’A400M (des délits d’initiés suspectés aux déboires de l’avion).
Intérêt indéniable pour les Européens
Dans le cadre d’un programme JSF déficient qui pourrait voir sa version « Harrier » être justement supprimée, la France et l’Angleterre pourraient investir un créneau plus que porteur. Ce serait la seule alternative assez crédible. Le Sea Gripen et l’Eurofighter N le sont moins à nos yeux car la Suède n’a jamais développé d’appareil embarqué et le second est critiqué pour sa fragilité structurelle dans une telle configuration. Il faudrait donc équiper les 4 BPC français, les 2 porte-aéronefs espagnols et les 2 navires italiens. Sans oublier le dilemme anglais : le choix fait avec leur porte-avions était adapté à un avion ADAC. Les difficultés du JSF feraient (conditionnel) qu’il serait envisagé de passer à une version CATOBAR (moyennant 1 milliard de livres de modifications). Les sujets de Sa Gracieuse Majesté sont-ils donc des girouettes ? La question difficile est de savoir s’il est possible de négocier et le Rafale et le Harrier III.
Il faut voir aussi que ce serait une cible de « 120 » appareils dont il serait possible de modérer largement le coût face à celui du JSF. Ce programme pourrait être présenté comme un pas franchi dans la constitution d’une Europe de la défense et dans la maîtrise des coûts.
Un intérêt indéniable dans la mêlée de l’export
Dans le contexte plus précis d’une collaboration franco-britannique, un nouvel Harrier ne signifierait donc pas obligatoirement une coopération sur le Rafale marine. Ce ne serait pas non plus un chasseur européen « seul à l’export pour les porte-aéronefs ». Pour équiper ce type de navire ne faisant pas appel à des catapultes (à l’image des navires indiens), il existe une concurrence qui s’est accrue avec l’annonce de la possibilité de développement du Sea Gripen et de l’Eurofighter N via la poussée vectorielle (le Rafale pourrait en faire autant à ce train là…). Il faut aussi compter sur le Mig-29K qui a remporté une nouvelle commande en Inde. Mais un Harrier III serait plus crédible grâce à l’image véhiculée par la réussite de l’appareil jusqu’ici (il équipe déjà la marine indienne).
Une petite conclusion
Notre lecteur a peut être pointé du doigt la nouvelle tendance lourde en Europe. Après les programmes des années 60-70, les sommets de Saint-Malo, ce serait le retour du partenariat franco-britannique. Dans les drones, un programme Harrier III ou de nouveaux projets dans les hélicoptères (le Super Lynx peut être mais l’EH101 serait peut être contradictoire avec le NH90 et le futur programme HTH dont nous reparlerons), voire un développement aéronaval commun, les possibilités sont grandes. De telles avancées restent conditionnées à une volonté politique forte. Et il faudra attendre les élections législatives en Grande-Bretagne et les choix faits par le nouveau gouvernement via un White Paper sur la défense. D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé entre les rives de la Manche et il faudra suivre les discussions entre industriels et militaires pour tenter de voir dans quelle direction souffle le vent.