En complément de mes articles sur la boucle de rétroaction / OODA ainsi que sur le C4ISTAR, deux facettes d'un même écueil guettent le circuit de décision et le lien avec le politique :
- le raccourcissement de la boucle OODA, notamment grâce aux technologies de l'information et à la mise en réseau massive, permet une plus grande autonomie en local des unités militaires, qui, si elle s'inscrit dans un commandement par objectifs associé une subsidiarité bien appliquée, est un atout. Cependant, il faut faire attention à ce que l'intégration poussée sensor-shooter n'évince pas le contrôle politique, pour lequel l'action militaire n'est qu'une des dimensions d'un conflit, s'inscrivant dans une démarche globale. On voit là apparaître un des biais originels dans lesquels s'inscrivent la RMA et le NCW américains, à savoir l'absolue primauté du militaire et de la coercition sur l'approche indirecte...ce qui est en train de changer, au moins dans les intentions, sous l'impulsion de Barack Obama. Notamment en Afghanistan, avec l'affirmation de la nécessité d'une approche multidimensionnelle, dans laquelle le militaire serait subordonné à un objectif
- d'un autre côté, l'intégration des informations de toutes les dimensions du théâtre donne aux décideurs politiques une vision quasiment (voire faussement) directe et "temps réel" de la situation. La tentation peut alors être très grande de s'adonner à du pilotage direct des opérations militaires depuis la capitale. Ce micro-management en mode "jeu vidéo" est bien entendu néfaste, car non seulement le politique n'est pas un militaire professionnel, mais en plus, pour des raisons électoralistes, il peut être tenté de réagir à la va-vite sous le coup d'une émotion publique (voire de la sienne), pour satisfaire l'opinion à court-terme. Sans compter qu'il s'appuie sur une vision forcément simplifiée et aplanie de la réalité du terrain.
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