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jeudi 5 novembre 2009

Classements des universités de Shanghai : ça coince toujours pour la France

Malgré une légère progression, c'est encore une fois la soupe à la grimace pour les universités françaises dans le dernier classement mondial réalisé par l'université Jiao Tong de Shanghai.


Force est de constater qu'année après année, ce classement gagne en reconnaissance et en popularité, mais que dans l'Hexagone, il continue à irriter. Regardez plutôt : Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI), première représentante française, arrive 40ème (2 places de mieux qu'en 2008). Paris-Sud (Paris-XI) progresse de 6 places et se classe 43ème place, faisant un bond assez exceptionnel. L'Ecole normale supérieure (ENS), notre fleuron national, se contente du 70ème rang. Alors certes, il est important de noter, comme le rapporte Le Monde, que la progression de notre "trio de tête" depuis le premier classement de 2003 est de 25 à 30 places. Et globalement, la France est 5ème nation en plaçant 23 universités dans les 500 premières.

Les critères de classement, discutables, reposent exclusivement sur les aspects liés à la recherche, en privilégiant les universités versées dans les disciplines scientifiques et le management, au détriment d'autres champs académiques. La note est ainsi composée de la façon suivante :
  • Nombre d'anciens étudiants ayant obtenu un Prix Nobel ou la Médaille Fields (10%)
  • Nombre de chercheurs ayant obtenu un Prix Nobel ou la Médaille Fields (20%)
  • Nombre de chercheurs figurant dans les listes des "chercheurs les plus fréquemment cités" de l'Institute for Scientific Information (ISI) sur 21 domaines (20%)
  • Nombre d'articles publiés dans Nature et Science (20%)
  • Scores au Science Citation Index et au Social Sciences Citation Index, eux aussi issus de l'ISI (20%)
  • Performance académique par tête calculée sur la base des indicateurs précédents (10%)
Sans surprise, les universités US confisquent les premières places : Harvard, Stanford et Berkeley forment le trio de tête, tandis que Cambridge (4ème), Oxford (10ème) et l'Université de Tokyo (20ème) sont les seules non-américaines du top 20. Sur les 100 premières, 55 sont ainsi issues de la première puissance mondiale ! C'est assez normal, dans la mesure où l'un des objectifs des créateurs de ce classement était d'étalonner les universités chinoises par rapport aux américaines.

Les critères sont intrinsèquement de nature à favoriser la langue anglaise, et, mais c'est voulu, ne traitent absolument pas d'un des objectifs principaux d'une université, à savoir l'enseignement et le devenir des étudiants (hormis évidemment ceux qui gagneraient un Prix Nobel ;-)). En France, pays du fractionnement du supérieur, où une bonne partie de la recherche, même publique, est réalisée en dehors des universités (CNRS, CEA, INRIA...), on part forcément défavorisés ! Et ne parlons même pas de nos grandes écoles : Polytechnique et autres HEC sont loin...

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J'en avais déjà parlé, l'Ecole des Mines de Paris, partiellement en réaction au classement de Shanghai, a défini le sien, dont le critère exclusif est le nombre d'anciens élèves devenus patrons d'entreprises du Fortune 500 (500 plus grandes entreprises mondiales selon Forbes). Et là, étant donné le système académique français et la façon dont marchent nos plus grosses entreprises, HEC, l'ENA, Polytechnique, Sciences Po et les Mines de Paris se retrouvent toutes dans les vingt premières.

Les points servant au classement sont divisés entre les différents établissements du parcours d'un patron donné. Ainsi par exemple Carlos Ghosn, patron de Renault, donne 0,5 point à l'Ecole Polytechnique et 0,5 point au Mines de Paris, car il est X-Mines. Dans le cas des Grands Corps Techniques de l'État, cette approche est discutable dans la mesure où la base de recrutement est quasiment réduite à l'École Polytechnique. Et c'est bien normal car il s'agit d'écoles d'application. Ainsi, pour le Corps des Mines, avant sa fusion avec celui des Télécoms, il y a chaque année une douzaine d'élus dont un seul est issu des Mines de Paris (cursus ingénieur civil), un autre de l'ENS, et tous les autres de Polytechnique. Une telle formation est plus un prolongement spécifique de Polytechnique qu'une offre totalement maîtrisée par l'École des Mines de Paris.

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L'exemple des classements, au-delà des polémiques qu'il provoque, est là pour montrer que l'éducation et la recherche sont des enjeux majeurs de compétition (mais également d'alliance) entre les états, et donc touchent à la géopolitique.

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Voir également : Les écoles d'ingénieurs forment-elles encore des ingénieurs ?

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