En fin de semaine dernière, le FMI a enfin décidé d'une aide d' "urgence" (combien de temps après la catastrophe ?) de 450 M$ en faveur du Pakistan, touché depuis juillet par de graves inondations.
Sur le terrain, et ce n'est pas une exclusivité (cf. l'Algérie par exemple), les islamistes n'ont eux pas perdu de temps, se retrouvant souvent les premiers à fournir vêtements, nourriture et eau à la population qui a tout perdu. Ce qui a pour effet de marquer des points auprès de l'opinion, qui leur en est reconnaissante.
En Occident, et particulièrement en Europe, il a été souligné que la faible empathie globale de la population (et des dirigeants) résultait d'un manque de proximité culturelle. Pourtant, si l'on considère les discours de nos dirigeants, la première menace pesant sur le monde est le terrorisme islamiste mené par Al-Qaida et ses franchises, dont les zones tribales du Pakistan constituent la principale base arrière. Aussi, il apparaît assez paradoxal de voir que tout n'est pas fait au plus tôt, dans de telles situations, pour montrer que la communauté internationale est là pour aider massivement la population pakistanaise, qui joue par ailleurs un rôle pivot dans la lutte contre les Talibans, Al-Qaida et leurs alliés.
Il y a un proverbe chinois qui dit à peu près "pour séduire une femme, un homme doit traverser mille murs de pierre, alors que pour séduire un homme, une femme doit seulement franchir un mur de papier". Malgré la réalité du terrain (plus des deux tiers des victimes civiles de la guerre en Afghanistan sont le fait des insurgés), nous sommes de fait un peu dans cette situation : les États-Unis et l'OTAN doivent accomplir des efforts autrement plus importants que leurs adversaires pour persuader la population locale qu'ils ne sont pas que des occupants voire des envahisseurs.
C'est une réalité, le sentiment anti-américain prévaut dans la rue pakistanaise, même si les gradés US veulent croire que les images de soldats paskistanais et américains oeuvrant ensemble pour aider les sinistrés ont pu contribuer à la conquête des coeurs et des esprits :
Le général Nagata, le deuxième plus haut gradé américain sur le terrain, a néanmoins assuré que les civils pakistanais "sont impressionnés lorsqu'ils voient les soldats pakistanais et américains travailler côte à côte, voler dans les mêmes hélicoptères et oeuvrer ensemble sur les zones d'atterrissage".
Dans le Nord-Ouest du pays, zone particulièrement sinistrée, alors que les opérations militaires (notamment dans la vallée du Swat) de l'armée pakistanaise ont dû être interrompues à cause des intempéries et des destructions qu'elle a causées, les Talibans ont eux été relativement épargnés, notamment grâce à l'altitude de leurs camps. Ils viennent par ailleurs juste de rompre la trêve en vigueur depuis le début des inondations avec le triple attentat de Lahore ayant fait des dizaines de victimes chiites : la division des communautés, facteur de déstabilisation du pays, joue également en leur faveur. Et ils ne se privent pas de souligner toutes les insuffisances des puissances étrangères, et même de menacer directement les humanitaires déployés sur le terrain :
Aucune aide n'atteint les gens affectés, et quand les victimes ne reçoivent pas d'aide, cette horde d'étrangers est pour nous totalement inacceptable
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