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mardi 27 avril 2010

How insurgencies end : un rapport de la RAND Corporation à lire

La RAND Corporation a récemment produit un rapport très intéressant sur la fin des conflits asymétriques intitulé "How insurgencies end". Son principale intérêt réside dans le fait qu'au-delà de l'étude bibliographique, il s'appuie sur l'analyse qualitiative et quantitative de 89 insurrections autour du monde.

Bien sûr, il est impossible de dériver des leçons définitives et universelles des résultats d'une telle étude, mais il y a peut-être quelques enseignements à en tirer.


Une affiche de l'IRA

crédits : wikipedia


Ses principales conclusions sont les suivantes :


  • La durée médiane d'un conflit asymétrique est de dix ans, et, contrairement à une idée reçue, les chances de succès des forces conventionnelles augmentent légèrement au cours du temps, ce qui dément le fait que les insurgés puissent gagner simplement en survivant. Attention, il est également souligné que les belligérants, du côté vainqueur comme de celui du vaincu, ont du mal à distinguer la fin du conflit (difficulté à dégager une victoire/défaite claire)

  • Le retrait du soutien d'un ou plusieurs états (quand il existe) marque souvent le début de la fin pour l'insurrection. Un soutien étatique externe incohérent à l'une des parties présage souvent de la défaite. Un état s'en sort légèrement mieux sans aucun soutien extérieur

  • Un état faible (qui se donne les apparences d'une démocratie mais sans en avoir les moyens, et qui est donc soumis à des luttes entre factions élitistes) triomphe rarement d'une insurrection

  • L'implication d'un grand nombre de parties prenantes rend l'insurrection plus violente, allonge les conflits et rend leur issue plus incertaine

  • Quelques indicateurs jouent un rôle clé dans l'identification d'un point d'inflexion : désertions, défections, infiltrations (à bien distinguer) mais également rapports et information de la part de la population sur les activités des insurgés

  • Les insurrections fonctionnent mieux en terrain rural et quand elles sont clairement hiérarchisées que quand elles sont vraiment fractionnées

  • Le terrorisme a souvent un effet boomerang, notamment quand il touche des civils, et peut être un signe de grande faiblesse de la part des insurgés

  • Des insurgés, même faibles, peuvent triompher. Au contraire, une grande puissance militaire de leur part peut galvaniser les forces gouvernementales et provoquer leur défaite

  • Disposer d'un "sanctuaire", si celui-ci est fourni volontairement par la population (i.e. sans répression des insurgés), est vital pour les insurgés

Rien de bien révolutionnaire, mais les dernières lignes de l'executive summary devraient plaire (c'est une antiphrase, je le signale au cas où) au colonel Gentile

In nearly all cases we studied, only the direct and consistent application of basic COIN methodology promulgated by David Galula (1964 [2006]), David Kilcullen (2009), Thomas X. Hammes (2006), GEN David Petraeus, Gen. James Mattis, and others leads to favorable endings. Failure to heed the past 50 years of expert opinion on the subject almost guarantees an undesirable, and possibly a disastrous, end.

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