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dimanche 15 mars 2009

La technologie n'est pas l'alpha et l'omega de l'action militaire

Le Ministre de la Défense français, Hervé Morin, a déclaré aujourd'hui sur Europe 1, à la suite du décès d'un militaire français en Afghanistan :

La technologie ne règlera pas tout
La suprématie technologique, notamment à l'heure de la société de l'information, est un sujet fréquemment abordé sur mon blog. Tout comme le sont la Revolution in Military Affairs et le Network Centric Warfare, concept issus de la doctrine militaire américaine et mettant en avant, parfois de façon excessive (notamment dans leur interprétation et concrétisation outre-atlantique), la toute-puissance de la technique.

Cependant, et particulièrement dans un contexte asymétrique de guérilla comme celui de la guerre en Afghanistan, la phrase d'Hervé Morin prend tout son sens. La technologie, n'en déplaise à certains analystes et industriels, n'a de valeur que lorsque elle est au service d'une politique (y compris dans ses dimensions purement humaines et sociales), d'une stratégie militaire et d'une doctrine d'emploi clairement définies et adéquates. On peut noter ici un parallèle avec le fonctionnement d'une entreprise, pour laquelle la technologie, principalement celle mise en oeuvre au sein de son système d'information, doit impérativement être alignée avec la stratégie, et non pas simplement exister pour elle-même, au risque d'être reléguée au rang de gadget, coûteux et souvent contre-productif.

Certes, comme je l'ai lu autrefois dans un ouvrage consacré aux choses de la défense (je cite de mémoire, n'ayant plus en tête la référence exacte)
L'espace des possibles étend l'espace des souhaitables
Ceci a toujours été vrai dans l'histoire militaire, qu'il s'agisse de la poudre à canon, de l'aéronef, des ondes radio, de la fusée, du nucléaire ou de l'ordinateur : de nombreuses avancées technologiques ont permis et poussé des modifications de doctrine ; et plus concrètement, ont fait basculer l'issue de nombreuses batailles et guerres. Cependant il faut se méfier des promesses trop belles pour être vraies. Ceci s'applique également dans le cas des méga-programmes de défense aux coûts démentiels, dont on a vu récemment, en France et aux États-Unis, qu'ils accusaient souvent de graves lacunes.

Il convient de toujours garder à l'esprit la célèbre phrase de Winston Churchill :
If you give us the tools, we'll do the job
Phrase qui exprime l'importance de la technologie et des équipements, qui comptent souvent au rang des conditions nécessaires, mais aussi et surtout la primauté de la volonté politique, à même de mobiliser l'ensemble des composantes de la palette des moyens permettant la victoire : action militaire, diplomatie, économie...

Pour en revenir à l'Afghanistan, l'administration Obama a reconnu que la situation était en train de tourner à l'échec pour les États-Unis et leurs alliés, et qu'il fallait envisager de sortir d'une optique purement militaire pour étudier les possibilités de négociations dans un objectif de "réconciliation nationale".

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2 commentaires:

SD a dit…

Bonjour,
La technologie est effectivement un moyen et non une fin en soi. Il me semble qu'il ne faut ni la magnifier, ni la négliger sous peine de mauvaises surprises. SD

JGP a dit…

C'est en effet exactement le sens de mon article.
JGP