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mercredi 28 mai 2008

Otages et otages : un court cours d'histoire sans prétention

Avec l'annonce de la mort (survenue en mars dernier) de Marulanda, chef des FARC, semble apparaître un nouvel espoir concernant le sort des otages retenus par la guerilla colombienne.

La prise d'otages, dans le cadre d'un conflit armé, est une pratique très répandue tout autour du monde (Colombie donc, Irak, Afghanistan, mais aussi dans le passé Liban ou Iran), notamment dans les contextes asymétriques. Les victimes sont enlevées sous la contrainte, et constituent un moyen de pression (ou de financement), souvent contre des forces conventionnelles. Très souvent, les otages ne sont pas des responsables directs de la situation contre laquelle se battent leurs ravisseurs : journalistes, humanitaires, voire "simples citoyens".

Il n'en a pas toujours été ainsi. Ou plutôt, pas exactement...

Le mot "otage" (et son équivalent en anglais, "hostage") provient du latin "hostis", qui signifie "étranger" ou "ennemi". Cependant, dans un contexte de relation entre gouvernements (guerre ou paix), il n'avait pas originellement le sens qu'il porte aujourd'hui.

En effet, il y a de cela des milliers d'années déjà (notamment sous la Rome Antique), des leaders politiques ou des généraux avaient l'habitude d'échanger des otages afin de négocier ou de faire respecter un engagement : capitulation, armistice après un siège, paiement d'un tribut déterminé à l'avance...la plupart du temps les vainqueurs étaient les preneurs d'otages, mais cela pouvait se faire dans les deux sens.
Souvent, les otages en question étaient les enfants des dirigeants du camp d'en face, que les Romains, par exemple, éduquaient à Rome avec tous les honneurs dus à leur rang. Il s'agissait donc de captivité de (potentiellement très) longue durée. Bien sûr les otages étaient plus ou moins contraints et forcés, mais leur situation étant acceptée, et ne constituait donc pas une surprise pour leurs proches. En cas de non respect des conditions négociées, leur sort était très souvent la mort.

Cette pratique d'échanges entre "états civilisés" a subsisté pendant le Moyen-Age (Vlad Tepes, qui a inspiré le personnage de Dracula, a été retenu prisonnier par les Turcs avec son frère pendant son enfance) et jusque au XVIIIème siècle, notamment au début de l'occupation britannique de l'Inde, ou par la France dans ses relations avec les peuples d'Afrique du Nord.

Bien sûr, au cours de cette longue période qui s'étale sur plusieurs millénaires, il y eut également des prises d'otages dans le sens où on l'entend aujourd'hui, sans négociation ou engagement préalable. Parmi les plus célèbres, on peut citer Richard Coeur de Lion ou Miguel de Cervantes.

Le dernier exemple d'une telle pratique est le traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, quand deux pairs de la Couronne Britannique, Henry Bowes Howard et Charles Cathcart, furent envoyés en France pour assurer à cette dernière la bonne restitution de l'île de Cap-Breton (en Nouvelle-Ecosse). Au XIXème, il y eut encore des prises d'otages similaires, mais non issues d'un traité entre dirigeants, et plutôt pour maîtriser des populations envahies ou conquises : Guerre Franco-Prussienne, Guerre des Boers...

Mais ces prises d'otages négociées sont aujourd'hui bien obsolètes.

Un des personnages de Mistress of the Art of Death, un thriller médiéval d'Ariana Franklin, les présente ainsi :
Hostages save bloodshed, they're a fine idea. Say you're besieged in a city and want to make terms with the besiegers. Very well, you demand hostages to ensure that the bastards don't come in raping and killing and that the surrender takes place without reprisal.
Then again, suppose you have to pay a ransom but can't raise all the cash immediately, ergo you offer hostages as collateral for the rest. Hostages are used just about anything.When Emperor Nicepheros wanted to borrow the services of an Arab poet for his court, he gave hostages to the poet's caliph, Harun al Rashid, as surety that the man would be returned in good order. They're like pawnbrokers' pledges.

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