Ce mois-ci, je signale la BD Nankin, de Nicolas Meylaender et Zing Kai, aux éditions Fei. Pas spécialement adapté au jour de Noël, cet ouvrage revient sur le massacre de Nankin commis en 1937 et 1938 par les troupes japonaises dans l’ancienne capitale de la Chine nationaliste.
En quatre couleurs (noir, blanc, gris et rouge), nous suivons un avocat chinois qui, 75 ans après les évènements, tente de retrouver la trace de la petite Xia Shuqin, une survivante de Nankin – âgée de quelques années au moment des faits – et va rencontrer plusieurs témoins (soldat, « femme de réconfort », simple citoyen) qui eux aussi ont subi l’horreur suite à la défaite de l’armée de Jiang Jieshi (qui déménage alors sa capitale à Wuhan).
Selon ceux, chinois ou occidentaux, qui ont assisté au massacre, les soldats japonais se sont livrés, pendant plusieurs semaines après la reddition en décembre 1937 et la chute de la ville, à des viols, des meurtres, des incendies volontaires et autres pillages.
La BD met en avant John Rabe, un expatrié allemand, membre du parti nazi, qui avec d’autres étrangers a mis en place le Comité international, ainsi qu’une « zone de sécurité » destinée aux civils, qui a certainement sauvé de la mort plusieurs milliers de personnes (voir notamment le film John Rabe, le juste de Nankin pour plus d’informations sur sa biographie).
Même si aucun décompte précis des victimes n’existe en raison notamment de la destruction de la plupart des rapports japonais, le tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient (TMIEO) a estimé ce nombre à 200 000, alors que les Chinois retiennent officiellement celui de 300 000.
Nankin est là pour appeler qu’en Asie de l’Est (Chine, Corée…) le ressentiment est encore fort suite aux agissements du Japon impérial il y a plus de 70 ans. Le pays du soleil levant, contrairement à l’Allemagne, en raison notamment de la puissance des courants nationalistes dans la vie politique intérieure, n’a jamais vraiment fait amende honorable sur la partie la plus sombre de son passé et continue de s’adonner de façon importante au révisionnisme historique. Les partis d’extrême-droite japonaise s’appuient ainsi sur les « trois sans » : sans repentance, sans culpabilité et sans indemnité. A l’heure où l’Empire du Milieu s’affirme de façon de plus en plus agressive sur les scènes asiatique et internationale, où le pouvoir change de mains en Corée du Nord, cela revêt une résonance particulière.
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