Deux remarques sur la Libye :
Russie et médiationLa Russie en fin de semaine dernière, par la voix de Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères, a estimé que l'OTAN "dérapait vers une intervention terrestre" en Libye, à la suite des premières frappes des hélicoptères français et britanniques, ajoutant qu'une telle intervention serait "déplorable".
Alors qu'elle s'est rangée, tout comme (apparemment) les Chinois qui ont pris langue avec les rebelles, dans le camp de ceux qui souhaitent un départ de Kadhafi (lors du G8 de Deauville), elle se pose depuis fin mai en médiatrice entre le régime en place, les rebelles et la coalition internationale, qu'elle envisage donc comme belligérante. L'envoi d'un émissaire à Benghazi, tout comme la visite de Jacob Zuma, n'ont pas pour le moment porté leurs fruits...
On voit là que les deux membres permanents du Conseil de Sécurité, qui s'étaient abstenus lors du vote relatif à l'intervention armée, veulent reprendre la main, ce qui fait sens si les champs d'hydrocarbures se retrouvent tous dans les régions contrôlées par les rebelles, appuyés par les avions et hélicoptères occidentaux. Rappelons ici que Kadhafi avait au début de l'année réaffirmé qu'il souhaitait attirer les investissements russes, chinois ou indiens. Un Kadhafi, qui, aux dires des Français, Allemands et Britanniques n'est pas vraiment un interlocuteur pertinent pour des négociations.
Monitor Group et la proposition libyenne
Pour tous ceux qui travaillent dans le conseil en stratégie, Monitor Group a longtemps eu une image d'excellence, notamment par son statut de boutique "exclusive" et au travers de Michael Porter, le célèbre gourou de la stratégie d'entreprise, l'un de ses fondateurs.
Or il est apparu récemment que le cabinet avait proposé ses services en 2006 au régime libyen, avec une proposition commerciale visant à redorer le blason du colonel sur la scène internationale (à lire en ligne : A proposal for expanding the dialogue around the ideas of Muammar Qadhafi). Ceci principalement au travers d'une biographie que l'on suppose impartiale ;-) de Kadhafi écrite par Monitor, réalisée notamment par le biais de "visites" d'experts internationaux en Libye. Le tout pour environ 3 millions de dollars.
Si le manuscrit n'a jamais été publié, le lobbying a fait son oeuvre, puisque des articles élogieux sont parus dans la presse américaine (Gaddafi's Libya: an ally for America?) et que des contacts ont été établis au sommet entre les deux exécutifs. Cependant, la crise libyenne a stoppé net les élans de Monitor et le scandale a éclaté aux USA. D'autant que le cabinet avait semble-t-il oublié de déclarer ses activités de conseil auprès de gouvernements étrangers à l'administration américaine.
Bref, de quoi sérieusement écorner la réputation de Monitor, mais également de Michael Porter, qui s'est mouillé personnellement pour défendre et promouvoir la Libye (Michael Porter on Libya's potential). Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, comme dit le proverbe, mais pour la crédibilité de la profession il serait sage qu'ils assument leurs actes.
Alors qu'elle s'est rangée, tout comme (apparemment) les Chinois qui ont pris langue avec les rebelles, dans le camp de ceux qui souhaitent un départ de Kadhafi (lors du G8 de Deauville), elle se pose depuis fin mai en médiatrice entre le régime en place, les rebelles et la coalition internationale, qu'elle envisage donc comme belligérante. L'envoi d'un émissaire à Benghazi, tout comme la visite de Jacob Zuma, n'ont pas pour le moment porté leurs fruits...
On voit là que les deux membres permanents du Conseil de Sécurité, qui s'étaient abstenus lors du vote relatif à l'intervention armée, veulent reprendre la main, ce qui fait sens si les champs d'hydrocarbures se retrouvent tous dans les régions contrôlées par les rebelles, appuyés par les avions et hélicoptères occidentaux. Rappelons ici que Kadhafi avait au début de l'année réaffirmé qu'il souhaitait attirer les investissements russes, chinois ou indiens. Un Kadhafi, qui, aux dires des Français, Allemands et Britanniques n'est pas vraiment un interlocuteur pertinent pour des négociations.
Monitor Group et la proposition libyenne
Pour tous ceux qui travaillent dans le conseil en stratégie, Monitor Group a longtemps eu une image d'excellence, notamment par son statut de boutique "exclusive" et au travers de Michael Porter, le célèbre gourou de la stratégie d'entreprise, l'un de ses fondateurs.
Or il est apparu récemment que le cabinet avait proposé ses services en 2006 au régime libyen, avec une proposition commerciale visant à redorer le blason du colonel sur la scène internationale (à lire en ligne : A proposal for expanding the dialogue around the ideas of Muammar Qadhafi). Ceci principalement au travers d'une biographie que l'on suppose impartiale ;-) de Kadhafi écrite par Monitor, réalisée notamment par le biais de "visites" d'experts internationaux en Libye. Le tout pour environ 3 millions de dollars.
Si le manuscrit n'a jamais été publié, le lobbying a fait son oeuvre, puisque des articles élogieux sont parus dans la presse américaine (Gaddafi's Libya: an ally for America?) et que des contacts ont été établis au sommet entre les deux exécutifs. Cependant, la crise libyenne a stoppé net les élans de Monitor et le scandale a éclaté aux USA. D'autant que le cabinet avait semble-t-il oublié de déclarer ses activités de conseil auprès de gouvernements étrangers à l'administration américaine.
Bref, de quoi sérieusement écorner la réputation de Monitor, mais également de Michael Porter, qui s'est mouillé personnellement pour défendre et promouvoir la Libye (Michael Porter on Libya's potential). Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, comme dit le proverbe, mais pour la crédibilité de la profession il serait sage qu'ils assument leurs actes.
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