En voici la présentation par l'éditeur :
Les engagements en zones urbaines ont toujours été considérés comme un défi important pour les forces armées : il ne s’agit pas d’une guerre au vrai sens du terme, mais d’une situation où tous les types de violence doivent être contenus et certains combattus, alors que la mission principale reste la protection des populations et l’instauration des conditions d’une paix durable. Si de nombreux auteurs traitent de la guerre en ville, très peu ont abordé la lutte contre les formes de violence collective dans les zones urbaines, que celles-ci soient spontanées ou organisées, depuis les mouvements de foule et les affrontements entre communautés jusqu’au terrorisme, à la guérilla ou à la criminalité.
Dans cet ouvrage, les auteurs traitent de l’évolution du contexte urbain des opérations et s’attachent plus particulièrement aux aspects humains et aux réseaux urbains qui conditionnent l’emploi des forces autant que les aspects physiques de la ville. Ils caractérisent les différentes formes de violence et surtout proposent des stratégies de réponse adaptées à chacune d’elle. Cette approche permet de définir une vision française de ce type d’engagement, vision plus politique, moins technocratique et donc plus humaine que celle d’autres doctrines occidentales.
Le livre est structuré en trois parties :
- Le nouveau contexte urbain :
Comment appréhender de manière théorique, mais réaliste, une zone urbaine, pour en tirer les éléments permettant de la comprendre et de résoudre les difficultés d’action propres à ce type de milieu ? On retiendra tout d’abord que c’est le milieu humain qui prime sur toute autre considération. La vision de chaque communauté est le plus souvent à l’origine du conflit et il importe d’en comprendre les motivations et les conséquences avant de rechercher des solutions. Cet aspect doit être analysé selon deux points de vue assez différents : celui de l’ « espace vécu » façonne la vision concrète et pratique des communautés ; l’ « espace de représentation », lié aux pouvoirs et intérêts de chaque partie en présence, modèle, quant à lui, leur interprétation du conflit. De même, l’organisation en réseau du fonctionnement du système urbain implique des interférences entre ses différents aspects. Ce qui arrive en un lieu ou un domaine de l’agglomération a des répercussions sur les autres domaines. Son analyse est encore plus complexe que celle du milieu humain, car elle nécessite une connaissance sans cesse renouvelée de ces liens invisibles et du remodelage permanent de ces différents réseaux qu’il faut découvrir, approfondir, contrôler, contraindre ou revivifier.
- La violence collective :
On constate l’importance actuelle de trois grands types de conflits intra-étatiques : les conflits de pouvoir, les conflits d’identité et les conflits existentiels ou idéologiques. Ces conflits ont la particularité de ne pas entraîner d’affrontement majeur, à l’exception du cas où l’une des parties en présence a pris un avantage tel qu’elle croît pouvoir s’engager dans un combat final, ce qui fut le cas pour l’Irak et qui semble être le cas pour l’Afghanistan. Ces types de conflit ont également l’inconvénient d’engendrer une multitude d’opposants et acteurs de violence, chacun ayant une vision différente du conflit et pouvant être utilisé par d’autres pour parvenir à leurs fins.
Comment s’y retrouver dans cet imbroglio d’acteurs de tout ordre ? Afin d’éclairer le problème, une typologie claire a été recherchée, fondée sur les buts et les stratégies menés par chacun des acteurs de violence. Elle fait une différence fondamentale entre les violences spontanées et les violences organisées. Elle établit également différents degrés de violence pour chaque type de violence. Enfin, chacun d’entre eux a été caractérisé, conformément au degré de violence identifié, par des actes de violence qui lui sont propres selon les cibles visées.
- Les opérations en zone urbaine :
Cette troisième et dernière partie met en relation les deux précédentes : la zone urbaine étant analysée sous l’angle de l’intervention de crise, et la violence collective caractérisée selon sa nature et son intensité, comment la violence s’inscrit-elle dans une zone urbaine et quels objectifs stratégiques convient-il de se fixer pour l’éradiquer ? Quels buts, selon les types d’opposants, et quelles actions de résolution conduire pour amener la paix ?
L’essentiel de cette troisième partie porte sur la contre-rébellion, stratégie mise en œuvre dans les opérations récentes, en Irak et en Afghanistan. Celle-ci s’attaque, presque exclusivement, aux deux stratégies de violence que sont le terrorisme et la guérilla, le plus souvent menées de front selon les lieux, les circonstances et les cibles. Cependant, les actions à conduire pour les limiter, voire les annihiler, sont assez différentes. C’est pourquoi il a paru plus opérationnel d’aborder la contre-rébellion par le contre-terrorisme et la contre-guérilla plutôt que par une approche méthodologique de la lutte contre la violence de revendication et la violence de subversion.
Présentation des auteurs issue du dossier de presse :
Le général (2s) Loup Francart dirige la société Eurocrise, spécialisée dans l’in-telligence stratégique, la gestion de crise et l’intelligence économique. Il a été l’initiateur des évolutions doctrinales sur l’emploi des forces dans les années 90. Il apporte maintenant sa compétence aux entreprises et institutions pour anticiper et conduire les situations de crise.
Le général (2s) Christian Piroth, autrefois en charge de la coordination des études opérationnelles de l’armée de terre, a conduit ensuite des études technico-opérationnelles au profit des armées françaises. L’une d’elle portait sur la maîtrise de la violence en zone urbaine lors des opérations militaires extérieures, dont ce livre prolonge les réflexions doctrinales.
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