USA : il faut sauver le bombardier stratégique de prochaine génération

C'est au tour du New Generation Bomber de se doter d'une délégation sénatoriale. Aux États-Unis, ce n'est pas chose rare que de voir des Sénateurs se regrouper officiellement derrière la promotion d'une arme : le F-22, les sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) de classe Virginia ou la GMD (GroundBased Missile Defense, l'une des composantes de la stratégie de défense antimissile américaine) ont déjà la leur depuis plusieurs années par exemple.

La raison en est bien sûr le développement et la sauvegarde de l'emploi dans leurs circonscriptions électorales. Il faut dire que les industriels US de l'armement savent y faire, notamment en répartissant leurs unités de production sur le territoire national afin de recueillir le soutien d'un grand nombre de politiques. C'est du lobbying très efficace, surtout en cette période de crise et de chômage massif dans le secteur industriel aux États-Unis.

Revenons au bombardier stratégique, pour lequel Boeing et Lockheed Martin œuvrent en partenariat, pour un coût d'environ 10 G$. Les 6 Sénateurs de la délégation nouvellement créée craignent que le programme, aussi appelé 2018 Bomber en référence à l'année où il doit être opérationnel, ne soit lésé par la mouture 2010 du budget. Il convient d'ailleurs de noter que plus généralement les analystes financiers ne sont pas très confiants concernant les actions des defense contractors.

Quels sont leurs arguments quant à l'importance de ce bombardier ?

• la possession de bombardiers stratégiques est essentielle pour la projection de puissance américaine
  
• les guerres du futur se dérouleront dans un environnement où les défenses antiaériennes seront très développées, nombreuses et sophistiquées
  
• les bombardiers stratégiques américains B-52 et B-1 commencent à dater et ne sont pas furtifs
• les bombardiers stratégiques B-2 le sont mais l'armée américaine n'en possède qu'une vingtaine. De plus les B-2 sont limités dans le type de missions qu'ils peuvent accomplir et requièrent des infrastructures de maintenance très spécifiques
  

Il est donc urgent de lancer les travaux sur la génération suivante. Il est vrai que tous les bombardiers stratégiques actuels sont basés sur des concepts datant d'avant la RMA et l'essor des guerres en réseau, ou même les théories de Warden, même s'ils ont pu être upgradés depuis leur mise en service.

Selon l'Air Combat Command, le prochain bombardier devra pouvoir pénétrer (passer derrière les lignes ennemies) et persister (y survivre assez longtemps pour remplir sa mission). Les spéculations initiales faisaient état d'un bombardier supersonique et sans équipage. Cependant le B-52, subsonique, a survécu au B-58 (Mach 2), XB-70 (Mach 3 !), et au polyvalent F-111 (Mach 2,5) montrant que dépasser la vitesse du son n'est pas un critère intrinsèque de pénétration pour le type de mission incombant à un bombardier.

Le 2018 Bomber, s'il est développé, sera donc subsonique et doté de pilotes humains. Il devrait intégrer les tous derniers développements en termes de capteurs et de guerre électronique, et donc être au top du C4ISR.

Pour autant, il ne renverrait pas le B-52 à la casse, la carrière de celui-ci devant durer jusqu'en 2040. En fait le 2018 Bomber n'est qu'une étape intermédiaire, destinée à éviter un trou capacitaire. La feuille de route définie en 1999 prévoit déjà (car une bonne anticipation est un facteur clé de succès dans le domaine de l'équipement militaire) un 2037 Bomber supersonique, de haute capacité d'embarquement, à long rayon d'action, et éventuellement sans équipage.

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