En fin de semaine dernière, le Conseil de Sécurité russe a confirmé un déploiement militaire dans la région arctique d'ici à 2020, stratégie déjà validée par Dimitri Medvedev dès septembre 2008.
Il est vrai que le réchauffement climatique qui chaque année réduit la banquise porte de nombreuses promesses relatives à l'exploitation des hydrocarbures (estimées au quart des réserves mondiales, sans compter les autres ressources minérales) aujourd'hui situées sous la glace, mais également au contrôle des nouvelles routes maritimes ainsi créées.
Et cinq des huit pays du Conseil de l'Arctique, États-Unis, Canada, Norvège, Danemark (Groenland) et donc Russie, sont sur les rangs pour accaparer une part conséquente du gâteau. Il faut noter ici qu'à l'exception de cette dernière il s'agit de pays occidentaux tous membres de l'OTAN.
Il faut également rappeler qu'en janvier dernier le futur ex Secrétaire Général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a évoqué la nécessité d'une présence militaire dans la région, qui géographiquement, est bien située dans l'Atlantique Nord.
D'où l'insistance de l'ambassadeur russe auprès de l'Organisation, Dmitri Rogozine, à laisser cette dernière en dehors des débats :
L'engagement de l'OTAN dans les règlements en Arctique doit être interprété tout simplement comme la volonté d'utiliser l'Alliance en tant qu'instrument dans la lutte pour les ressourcesUn appel relayé, sans surprise, par le porte-parole de la diplomatie russe, Andreï Nesterenko :
Nous sommes convaincu que l'activité de l'OTAN en Arctique pourrait dévoyer le schéma constructif de coopération entre les états riverains, et stériliser l'ordre du jour pour la région arctiqueSans vouloir contredire les dirigeants russes, cette coopération entre "riverains" qu'ils vantent relève plus pour le moment d'une guerre froide (c'est le cas de le dire) au sein de laquelle chacun se prépositionne.
Le premier champ de bataille, pour l'appropriation "légitime" des ressources, est bien évidemment d'ordre géographique : il porte sur l'officialisation des frontières de chaque riverain. Chaque pays a autorité sur une zone s'étendant jusqu'à 200 milles marins de ses côtes ; zone extensible en fonction de la configuration du plateau continental. D'où de nombreuses revendications, comme d'ailleurs celle des Russes concernant la dorsale de Lomonossov, chaîne sous-marine, qu'ils présentent comme une prolongation continentale de leur territoire.
Pour forcer l'évolution de la situation, les Russes ont également réalisé un véritable coup de force à l'été 2007 : ils ont planté leur drapeau sous le pôle Nord, à 4 km de profondeur. Une zone qui pourrait devenir bientôt un terrain d'entraînement pour la flotte et les sous-marins de la Fédération. Sous-marins que les Russes sont prêts à mobiliser pour les études civiles portant sur la délimitation des plateaux continentaux.
La Russie, qui sur le sujet a adopté une stratégie de first mover, a déjà défini une trajectoire d'appropriation devant transformer l'Arctique, d'ici 2020, en son pourvoyeur principal de ressources naturelles. Les Américains de leur côté dévoilent moins leur jeu, et tentent pour le moment, par le biais de l'OTAN, de jouer la carte internationale.
Mais bien sûr, du côté de Moscou, on se refuse de parler de militarisation de la zone arctique. On préfère évoquer la mise en place de systèmes de sécurité côtière, de projets économiques et la reconnaissance officielle des frontières de chacun. Un sujet qui sera à l'ordre du jour du prochain Conseil de l'Arctique, prévu pour avril, en Norvège.
Et l'ordre du jour du sommet de l'OTAN à Strasbourg, il fera aussi une place aux ressources arctiques ?
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