Envoi de renforts français en Afghanistan (800 soldats, soit une goutte d'eau par rapport aux 600 000 que Tommy Franks, anciennement à la tête de l'Opération Enduring Freedom, estimait nécessaire pour maîtriser l'ensemble du territoire), déclarations de Nicolas Sarkozy lors du sommet de l'OTAN à Bucarest sur le retour de la France au sein du commandement intégré de l'Alliance dès 2009 ou même sur l'Iran et Al-Qaida...
La France se rapprocherait-elle des positions de l'Amérique de George Bush, en se tournant plus vers l'Ouest du monde anglo-saxon, rompant avec une "tradition" de plus de quarante ans ?
S'étant retirée de sa direction militaire en 1966 sous Charles de Gaulle, la France y a rétabli un représentant en 1996. Tous les autres grands pays de l'Union Européenne (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne, Pologne) en sont membres, ce qui "isole" de fait la France, pourtant cinquième contributeur financier avec 110 M€ - soit 6,4% du budget - en 2004, lors des grandes prises de décisions militaires (Kosovo, Afghanistan, Irak...).
Un retour dans l'OTAN rapprocherait bien sûr la France du giron américain d'un point de vue militaire, et naturellement on peut penser qu'il handicaperait le développement d'une vraie Europe de la Défense autonome et "intégrée", déjà en difficulté malgré le Comité Militaire de l'UE, l'Etat-Major de l'UE et l'Agence Européenne de Défense. Ces difficultés sont à la fois d'ordre politique (dans le cadre plus large des Affaires Etrangères) et industriel :
- impossibilité à définir une position commune sur de nombreux sujets (Irak, Chine...)
- tropisme "pro-américain" des anciens pays du Bloc de l'Est, qui considèrent que les Etats-Unis sont les plus à même d'assurer leur sécurité (cf par exemple le bouclier anti-missile américain, dont nous avons parlé sur ce blog)
- fragmentation existant encore sur certains marchés de la Défense (équipement terrestre, aéronautique, naval...) résultant en partie du protectionnisme national
Même si le Président Sarkozy affirme que la France négocie son retour en échange d'une plus grande liberté laissée par les Etats-Unis au niveau européen, il est évident que ces derniers n'ont pas intérêt à ce que des pays ayant rejoint leur sphère d'influence (et accessoirement la liste des clients de leur industrie d'armement) s'en éloignent. Et une Europe unie, disposant de capacités militaires propres et d'une volonté politique de les mobiliser, peut constituer un contre-poids ou du moins de mieux s'affirmer face à l'hyperpuissance américaine.
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