Alors que tout le monde en France attend la publication du prochain Livre Blanc de la Défense, prévue pour les prochaines semaines (et qui doit remplacer celui de...1994, soit avant la guerre du Kosovo, le 11 septembre, l'Afghanistan, l'Irak, la vague d'attentats de 1995, et même l'essor de la Révolution des Affaires Militaires et du Network Centric Warfare...la Préhistoire pour faire simple, à l'époque ou l'illusion des dividendes de la paix post-Guerre Froide prévalait), le volet Défense de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) fait grand bruit.
Il prévoit, notamment, rien de moins que la suppression de près de 35000 postes de soldats entre 2008 et 2014, ainsi que le transfert dans la même période vers le privé de 16 800 emplois dans les fonctions de support, sans spécificité militaire : alimentation, habillement, infrastructures... Ceci s'accompagne d'une fermeture de 53 sites ainsi que de l'allègement de 109 (marquant la volonté de ne maintenir que des sites de taille critique).
Une mutualisation "inter-armes" (air-terre-mer) de ces fonctions de support est prévue, dans la droite ligne du projet de Pentagone à la française, dans le quartier de Balard à Paris, rassemblant l'ensemble des états-majors ainsi que les composantes civiles du ministère de la défense, et la DGA bien sûr.
Tout d'abord, ces conclusions suivent des recommandations établies en 2007 par le Conseil Economique de la Défense, visant à une plus grande efficacité des dépenses de défense, à savoir :
- rationalisation des implantations sur le territoire national
- synergies inter-armes sur les aspects non-spécifiques de support et maintien en conditions opérationnelles des matériels
- externalisation de certaines fonctions non spécifiques au militaire (informatique...), pouvant entraîner des économies de l'ordre de 5% par an
- la défense, en tant que service public, se doit d'être efficiente, c'est-à-dire d'accomplir sa mission au coût minimum. A ce titre, il est naturel de supprimer les postes de coûts redondants entre les différentes armes, n'apportant aucune valeur ajoutée (autre que des points de chute pour les généraux qui sont à leur tête)
- une partie des économies réalisées doivent permettre une réallocation de budget vers le nécessaire effort de R&D de défense et la modernisation des équipements et matériels (de trop nombreux véhicules sont inutilisables faute de pièces de rechange), ainsi que le maintien de l'attractivité des métiers de la défense, qui subissent de plein fouet la concurrence du privé
- le niveau de recours à l'externalisation de la défense française (pour les fonctions non spécifiquement militaires) est très faible si on le compare à celui du Royaume-Uni (armée de budget, taille et niveau technologique comparable) : 800 millions d'euros contre plus de 9 milliards, soit plus d'un facteur 10 !!!
- la diminution du nombre de soldats est plus problématique : déjà vampirisées par le plan Vigipirate, les forces françaises risquent de perdre en capacité de projection (déjà très limitée par rapport à celle des Etats-Unis notamment), ce qui pourrait handicaper les projets de création de telles forces ("battle groups" de 1500 hommes) au niveau européen
- la volonté de rapprocher les 3 armes va dans le bon sens (en termes de fonction support et de commandement), celui de la guerre en réseau et de la coopération pour la recherche de l'effet optimum sur le terrain (si toutefois cela s'arrête avant d'atteindre le niveau "mystique" du Network Centric Warfare américain)
2 commentaires:
Durant une guerre un contractant privé peut constituer un point faible car, par exemple infiltré par l'ennemi, peut menacer une ligne logistique. Pas de rations sur le terrain! Ou bien des rations empoisonnées...
En effet les contractants privés doivent faire l'objet d'un contrôle strict (mais c'est également le cas des personnels à statut "public") et se voir adjuger des périmètres bien définis.
Les fonctions envisagées actuellement pour l'externalisation concernent principalement du support de type "civil".
Enregistrer un commentaire