Après De Christophe Colomb à la constitution américaine, lu à l’automne dernier, voici une petite fiche de lecture sur le deuxième tome de la Petite histoire du monde moderne de Larry Gonick.
Il reprend là où l’opus précédent s’arrêtait, c’est-à-dire dans les années 1780, aux prémices de la Révolution Française et s’achève au début du troisième millénaire.
Sur un ton humoristique, avec quelques anachronismes (délibérés), sont donc évoqués, entre autres, les guerres napoléoniennes, la traite des esclaves, le colonialisme, la montée du libéralisme, des nationalismes, du socialisme, ainsi que d’autres « -ismes » qui ont marqué le XIXème siècle. Puis suit le XXe siècle : les deux guerres mondiales, la guerre froide, la décolonisation, la montée du terrorisme.
Les personnages principaux de ces 200 pages ont pour nom Napoléon, Toussaint Louverture, Wilberforce, Hong Xiquan, Cecil Rhodes, Léopold, Bismarck, Karl Marx, Mendelssohn, Wagner, Herzl, le capitaine Dreyfus, Faraday, Maxwell, Einstein, Guillaume II, Enver Pasha, Trotsky, Lénine, Wilson, Hitler, Staline, Churchill, Mao, Sokarno, Gandhi, Nixon, Kissinger et enfin Ben Laden et Bush.
D’où il en ressort que Gonick n’est pas un grand fan de notre Révolution ni de Jean-Jacques Rousseau : cela, il le dit lui-même, dans des petites intermèdes où l’auteur, avec un look à la Einstein, brise le quatrième mur et s’adresse directement à son lectorat.
Comme pour le premier ouvrage, on notera à la fois des impasses (la Guerre de Sécession, et plus largement l’histoire américaine) et un très superficiel survol de certaines périodes, comme les trente dernières années (l’ouvrage est de 2009).
Autre point commun avec le tome 1, l’Histoire apparaît comme étant quasi exclusivement mue par les grands méchants Occidentaux et leur appétit de pouvoir et d’argent. Les différents évènements sont souvent présentés comme ayant une cause principale (voire quasi unique) directe. Certes, Larry Gonick n’est pas historien, et son ouvrage ne prétend pas remplacer une bonne encyclopédie, ne serait-ce qu’en termes de profondeur. Cependant, l’humour qui à mon sens faisait la force du premier ouvrage est ici trop omniprésent. Cela met les rieurs de son côté, mais brouille la frontière entre premier et second degrés, entre blague et ironie voire cynisme : on en vient à se demander si l’auteur prétend relater des faits concrets, donner son interprétation ou juste faire rire la gallerie.
D’autant que la vision « systémique » qui prévalait dans l’opus précédent est ici moins présente, ce qui donne parfois l’impression d’un enchevêtrement de situations ; ce que n’aide manifestement pas la longueur réduite de l’ouvrage au regard de la densité de l’Histoire depuis deux siècles. Mais c’est aussi dû au choix de l’auteur de se focaliser sur certains sujets (esclavage).
Autre détail légèrement perturbant pour le lecteur, de nombreux évènements ne sont pas explicitement datés, de même que certains personnages (principalement des gouvernants non occidentaux) ne sont jamais nommés. Et, comme dans De Christophe Colomb à la constitution américaine, la bande dessinée est parsemée de coquilles : les 100 jours de Napoléon ne se sont pas passés sur l’île d’Elbe, il intervertit le problème d’écartement des rails russes, les chemises brunes c’était en Allemagne et non pas en Italie…
On peut se demander si Golnick n’avait pas hâte d’achever son Histoire de l’Univers (qui débute avec le Big Bang), dans laquelle cette Petite histoire du monde s’inscrit. Malgré tout, et même si finalement on apprend peu de choses, ça se laisse lire…
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