Cette semaine, une citation d'Elie Cohen et Michel Bauer extraite de leur Les grandes manoeuvres industrielles datant de 1990 et consacré aux concentrations des entreprises françaises recommandées par le cinquième Plan (1966-1970) :
On y découvre des hommes politiques et des hauts fonctionnaires obsédés par le principe de l'indépendance nationale et qui jouent au super-Monopoly avec les grandes entreprises sur lesquelles ils exercent un pouvoir ou une tutelle. En face, les managers se prennent pour Clausevitz.
Le concept de "politique industrielle" semble, concomitamment à l'émergence de celui d'intelligence économique, trouver une seconde jeunesse en ce début de XXIème siècle.
Cependant, la citation ci-dessus est là pour nous rappeler que quelques écueils sont à éviter :
- une politique industrielle suppose une approche réfléchie sur le temps long, qui n'est pas celui de la politique politicienne. L’État doit savoir jouer le rôle de catalyseur, doit donner la direction, le cadre, mais aussi se garder d'outrepasser son rôle quand il n'est plus lui-même producteur ou capitaine d'industrie. A l'autre extrémité, il ne doit pas non plus se défausser (notamment quad il est actionnaire), car la shareholder value, aimant elle aussi le court-terme, n'a pas démontré sa clairvoyance en termes d'indépendance nationale.
- ne pas confondre autonomie et indépendance : parfois il vaut mieux renoncer à la première, notamment dans un cadre européen (même si le réflexe national est automatique), pour avoir un espoir de conserver la seconde à long-terme
- le management d'entreprise, même s'il emprunte un certain jargon au monde militaire, n'est pas et ne doit pas être du ressort de la conduite d'une armée dans un monde peuplé d'ennemis mortels, ou la montée aux extrêmes guette à tout instant.
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