Dans un contexte de forte croissance de la demande énergétique mondiale, les capacités de production européennes ne sont pas assez flexibles pour y répondre, et la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles reste importante : la part du nucléaire ou des énergies renouvelables est très faible (selon Eurostat, elles représentent à peine 20% du bouquet énergétique de l'Union Européenne en ce début de XXIème siècle) par rapport au pétrole, gaz naturel et charbon. Ceci entraîne une forte dépendance vis-à-vis des pays producteurs, notamment Moyen-Orient et Russie, car l'UE et la France ont une production propre faible.
La question de la sécurité énergétique européenne et française dépasse bien sûr les seules questions de défense, car elle implique diversification des sources, des fournisseurs, diminution des impacts sur l'environnement (en cette période où le "vert" est à la mode, au moins dans les discours)...autant de sujets sociétaux, politiques et commerciaux, pour lesquels il serait important et urgent qu'une réelle coordination européenne émerge, et qu'une réelle concertation internationale, intégrant les puissances dites émergentes, comme la Chine, l'Inde et le Brésil, soit mise en place.
Cependant, les moyens de défense ont un rôle important à jouer, notamment sur la problématique de sécurisation des approvisionnements, dont la chaîne (zones d'extraction, raffineries / usines de transformation, entrepôts de stockage, routes de transport, zones de consommation) fait le tour du monde. La situation en Afrique subsaharienne (Sahel, Nigéria...), au large de la Somalie ou dans cercle arctique sont là pour rappeler que les points de tensions sont de plus en plus nombreux.
Des missions de renseignement, de protection et d'intervention (notamment contre des actes de piraterie, ou pour remédier à une instabilité géopolitique dans certaines zones) sont à mettre en regard des capacités de nos armées, que ce soit sur terre, mer, ou dans les airs, même si la France a historiquement associé plus tardivement énergie et armée que les États-Unis ou le Royaume-Uni. Le périmètre à couvrir étant très vaste, et pour des raisons de taille critique, il est primordial qu'une mission de défense axée sur l'énergie au niveau européen soit clairement définie et mise en oeuvre.
Il faut pour cela mettre à profit :
- les accords bilatéraux (intra et extra européens) existants pour faciliter les interventions et pacifier si possible les zones les plus instables (avec mandat onusien), qui sont souvent riches en énergie
- les réseaux diplomatiques (des pays européens) existants autour du globe, essentiels pour la connaissance et la compréhension des situations locales, le recueil d'information, les négociations en vue de déploiements
- les capacités des différentes armes : marine pour la surveillance et la sécurisation des routes maritimes, air et terre plutôt pour des interventions ponctuelles et la protection d'installations fixes
Ceci n'a évidemment de sens que s'il y a une étroite collaboration avec le pouvoir politique (nécessairement donneur d'ordre) mais aussi les acteurs économiques, et le gain n'en sera optimal que quand une réelle stratégie énergétique européenne aura vu le jour.
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