De plus en plus de consultations de mon blog se font au travers de plates-formes dites de veille stratégique. Il s'agit de logiciels qui parcourent le Web pour y collecter, analyser, traiter, synthétiser et restituer l'information selon des critères définis par l'utilisateur...des moteurs de recherche un peu améliorés en quelque sorte.
Les plus avancés possèdent une intelligence artificielle très développée et recourent même à des capacités sémantiques (i.e. la faculté de "comprendre" le sens des textes et non simplement de faire des rapprochements purement sur la base de chaînes de caractères), ce qui démultiplie leur puissance. Les travaux de Noam Chomsky, pour partie financés par le Department of Defense, ont fortement contribué au développement de ces technologies permettant l'analyse du langage naturel (le nôtre, à la fois dans ses dimensions lexicale, syntaxique et sémantique) grâce aux langages informatiques. La traduction automatique est également un enjeu fort, tant les sources pertinentes (et donc les partenaires, concurrents, ennemis potentiels), malgré la prédominance toujours vive des Etats-Unis, se multiplient aux quatre coins du monde.
Tout autant que leur aptitude à identifier les sources pertinentes au milieu de l'océan de données du Web (dont la blogosphère, lieu d'expression en constant développement, et plus seulement investi par des adolescents fiers de leur look), leur capacité à nettoyer et synthétiser l'information recueillie pour des décideurs humains est un facteur clé de différentiation concurrentielle.
Les grandes (et les moins grandes) entreprises et les organismes gouvernementaux en sont friands, notamment pour savoir ce que la toile dit d'eux, mais aussi plus généralement à des fins stratégiques ou marketing, ou pour enrichir leur base de connaissances (marché, avancées technologiques et innovations, règlements et cadre juridique, concurrents...)...ou même, en utilisation interne, pour capitaliser et partager les informations qu'ils produisent.
Ces technologies d'analyse de données sont évidemment cruciales dans le domaine de la défense et du renseignement. Elles sont des composantes clés de l'OSINT (Open Source Intelligence, c'est-à-dire qui s'intéresse aux sources ouvertes, à l'information blanche et en théorie accessible à tous), dont l'importance est de moins en moins prise à la légère...sans aller jusqu'à la traque d'échanges entre terroristes cachés dans des pages Web anodines, tout élément d'analyse de la sphère publique, sociale et économique peut être utile.
On se souvient du rachat en 2004 d'Arisem, éditeur français de tels logiciels alors en grande difficulté financière, par le Groupe Thales, qui en était un important client. A l'époque, une influence des pouvoirs publics, soucieux de conserver dans l'hexagone une compétence technologique poussée et d'éviter qu'un des fleurons nationaux de la défense ne se fournisse auprès d'acteurs américains, avait été fortement évoquée.
On ne présente plus ECHELON, qui est certainement le plus vaste système de veille au monde, sur un spectre très large de médias et canaux (ECHELON ne relève pas de l'OSINT, c'est entendu).
Pour mon usage personnel très limité, je me contente pour le moment d'alertes Google sur quelques termes ciblés, ça marche déjà pas si mal que ça. Mais il existe des solutions à faible coût voire gratuites plus perfectionnées.
mercredi 18 mars 2009
Défense et logiciels de veille stratégique
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