Nicolas Sarkozy a surpris tout le monde hier lors d'une allocution devant les employés des Chantiers de l'Atlantique. Ceux-ci, inquiets depuis l'annonce, fin 2007, d'une OPA des Coréens de STX dans la branche navale d'Aker Yards, la maison mère norvégienne de l'entreprise française étaient réunis pour entendre le Président présenter les garanties de l'Etat concernant leurs emplois.
Quelle ne fut pas leur étonnement quand il a évoqué (outre une entrée de l'Etat au capital d'Aker Yards), apparemment sans que personne d'autre que lui ne soit au courant, un rapprochement entre les Chantiers de l'Atlantique et DCNS, qui fabrique notamment les navires et sous-marins de l'armée française. Ceci impliquerait évidemment de faire de STX un actionnaire de référence de l'ensemble.
Bien sûr, au Ministère de la Défense comme à l'état-major de DCNS, on tombe des nues, même si pour le moment, ce rapprochement n'est qu'à l'état de réflexion plus ou moins jetée en l'air.
Mais il est assez révélateur de l'avancement sur le chemin d'une intégration européenne de l'industrie militaire navale (autour de 10 milliards d'euros de CA tous pays confondus). Comme sur de nombreux autres segments du secteur défense, l'Europe ne possède pas la taille pour entretenir en son sein de multiples acteurs dont les offres et compétences se chevauchent. L'atteinte de taille critique pour rester vivant (en évitant par exemple des OPA venant de l'autre bout du monde) et compétitif au niveau mondial passe par des regroupements. La première étape, la rationalisation à l'intérieur de chaque pays, n'est pas encore achevée.
En Espagne et en Allemagne, Navantia et Thyssen Krupp Marine Systems émergent comme des acteurs de premier plan travaillant à la fois pour les marchés civil et militaire.
Thales et DCN ont donné naissance à DCNS en France (même si la première conserve une division "systèmes navals"), mais l'on a encore une dichotomie marquée civil / militaire avec la survivance des Chantiers de l'Atlantique. Il y a évidemment des synergies industrielles possibles, puisque la dualité opère à plein sur le segment, même si en terme d'équipement et d'électronique embarquée les besoins ne sont pas les mêmes.
En espérant que, contrairement à ce qui s'est passé pour d'autres industries (métaux notamment), des querelles franco-françaises ou inter-européennes ne facilitent pas la tâche de géants étrangers, qui souvent se posent moins de questions.
samedi 6 septembre 2008
Le prochain porte-avions français sera-t-il sud-coréen ?
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