Alors que je comptais reprendre le blog sur une note légère, après 3 semaines de vacances, comment faire l'impasse sur ce qui se passe en Géorgie, et plus précisément Abkhazie et Ossétie du Sud ?
Malgré les incertitudes actuelles sur l'enchaînement exact des évènements, mais également sur la situation à court terme, quelques remarques :
- Mon dernier post de juillet, sur l'industrie de défense russe et sa puissance, était inconsciemment et indirectement prémonitoire
- D'après les logs du blog, de très nombreux visiteurs ont lu l'article que j'avais écrit en avril, à l'époque de l'affaire du drone géorgien abattu par les Russes. Malheureusement, la situation n'a fait que s'envenimer depuis. Et l'on reparle aujourd'hui de l'envoi d'observateurs européens, déjà évoquée par Javier Solana il y a 6 mois
- L'UE, parlons-en. On entend et on voit beaucoup, dans les médias français, les efforts de l'actuel "président européen", Nicolas Sarkozy pour rétablir l'ordre aux portes de l'Union, qui voit là encore une guerre sur son palier, plus ou moins en tant que spectatrice. Il est difficile de voir si l'ensemble des membres ont donné un mandat clair au Président français, mais il est évident que la Pologne et les républiques baltes sont les plus véhémentes à l'égard de la Russie. A noter également, une défense du "droit d'ingérence" à géométrie variable, de la part des uns et des autres...
- Autre aspect déjà évoqué en long et en large ici, la volonté de Moscou de peser sur sa sphère d'influence traditionnelle, au premier chef l'ancienne URSS. Il est évident qu'un tel évènement porte un coup d'arrêt, au moins temporaire, à l'expansion à l'Est de l'OTAN ( pour rappel, la Georgie et l'Ukraine ont reçu la promesse d'une intégration à terme en avril dernier). L'intervention russe montre en même temps l'intransigeance de ce pays et sa volonté à intervenir rapidement et de façon massive, sans se soucier des réactions occidentales. La Géorgie, quant à elle, a-t-elle sous-estimé la réponse russe tout en surestimant celle des USA (allié privilégié) et de l'OTAN ?
- Un classique : la focalisation dans un premier temps des Russes sur la destruction de l'aviation militaire géorgienne (notamment un bombardement ciblé sur l'aéroport militaire proche de Tbilissi). On ne dira jamais assez que la maîtrise de l'espace aérien est un préalable à des opérations terrestres efficaces
- Le Livre Blanc de la Défense présenté au premier semestre, qui représente le "schéma directeur" pour l'armée française jusqu'en 2015-2020, n'adresse pas vraiment une telle configuration. Faire la part belle au renseignement et aux conflits asymétriques ne doit pas faire oublier que des guerres plus classiques et conventionnelles peuvent avoir lieu dans le futur et même redevenir prépondérantes
- Encore une fois, on peut souligner l'importance des images et de la communication, notamment dans un tel conflit où des victimes civiles semblent se compter à la fois du côté ossète et du côté géorgien : batailles sur le nombre de victimes, sur les exactions du camp opposé, sur l'état des forces en présence...
- Sur les causes profondes et les "vraies" responsabilités ("qui a commencé ?" comme on dirait dans une cour d'école), l'Histoire le dira peut-être dans le futur, mais il est évident que des raisons énergétiques plus ou moins implicites n'y sont pas totalement étrangères
En espérant que la paix revienne rapidement, même s'il y a fort à parier que cela n'en reste pas là. A suivre notamment la réaction des USA si la Russie ne se retire pas et/ou veut forcer le départ du président géorgien...
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