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Mon Blog Défense

mardi 30 juin 2009

Galileo : l'UE doit remettre les pieds sur terre

Alors que la GAO américaine épinglait le GPS le mois dernier, son équivalent européen, la Cour des Comptes de l'UE, fait de même ces jours-ci avec Galileo, système qui à terme devrait concurrencer la constellation US. Dotant ainsi l'Europe d'un Système (indépendant) Global de Navigation Satellite (GNSS).

crédits : astrosurf.com


"Mal préparé" et "mal géré", Galileo n'aurait pas atteint jusqu'à présent ses objectifs. Il est en fait l'illustration du problème de gouvernance qui frappe nombre de projets réalisés en partenariat par plusieurs pays de l'UE : une absence de leadership supranational, chacun tirant de son côté pour tenter de favoriser ses propres industriels.

Fin 2008, aucun satellite opérationnel n'avait été lancé et les estimations de coûts pour la phase de développement et de validation avaient pratiquement doublé, passant de 1,1 à 2,1 milliards d'euros.

Bien sûr, il pâtit également de l'absence de mécanismes de pilotage et de suivi d'avancement adaptés, comme nombre de projets du domaine aérospatial / défense.

En plus des soucis de pilotage et d'arbitrage, le financement et les décisions associées font également défaut : les états sont réticents à verser de l'argent pour le programme spatial, même si les ministres européens concernés s'accordent sur la nécessité de définir au plus tôt des schémas financiers adaptés à l'ambition européenne sur le sujet...un voeu pieux de plus ?

Pendant ce temps-là, le programme chinois concurrent, qui lui n'aura a priori pas de problème de volonté politique, avance et pourrait bien piquer à Galileo des bandes de fréquence que les Européens comptaient préempter.

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samedi 27 juin 2009

Iran-Russie, quelques éléments d'éclairage

En début de semaine, je signalais que l'agence russe RIA Novosti faisait une couverture passablement parcimonieuse des évènements en Iran, après avoir fait souligné par un "expert" dans ses colonnes que le déroulement des élections avait été on ne peut plus démocratique.

Un article en une du portail Geopolitika affirmait également que la Russie devait soutenir Mahmoud Ahmadinejad, sans aucune doute possible la figure la plus favorable à ses intérêts.

On assiste aussi, ici et là (et pas seulement en Iran), à des dénonciations de l'ingérence réelle ou supposée du شيطان بزرگ (Grand Satan) américain et de quelques pays européens, parmi lesquels la France et l'Allemagne. Cependant, la Russie (ou l'URSS) a également de son côté une certaine histoire commune avec le pays des mollahs. Sans remonter à l'époque des Qajars, les deux pays ont entretenu, depuis la Révolution de 1979, une relation multidimensionnelle et complexe. Auparavant alliée des États-Unis, la Perse révolutionnaire, notamment après la prise d'otage à l'ambassade des USA, s'est retrouvée relativement isolée. La répression et l'élimination de l'opposition du début des années 1980 est notamment néfaste au Toudeh, le parti communiste iranien, et donc aux relations avec l'URSS. Il faut donc attendre la fin des années 1980 et la mort de Khomeini pour que s'opère un dégel des rapports Iran-Union Soviétique (puis Russie).

Et au cours des dernières années, de même que la Chine d'ailleurs, la Russie s'est souvent positionnée du côté de l'Iran, ou plutôt entre ce dernier et le reste de la communauté internationale, et notamment les États-Unis. Pour autant, leurs intérêts ne sont pas convergents sur tous les sujets.


Le territoire en guise d'introduction

Pour démarrer, rien de tel qu'un petit ancrage cartographique. Voisins à l'époque de l'URSS, Russie et Iran sont désormais séparés par les nouvelles républiques du Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) et d'Asie Centrale (Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan), et bien sûr par la mer Caspienne. Toute cette zone est extrêmement riche en hydrocarbures (nous y reviendrons plus loin).

Iran, Russie et autres pays autour de la Caspienne
crédits : wikipedia anglophone

Rappel utile, l'Iran a une frontière avec l'Afghanistan, qui a joué un rôle de premier plan dans les dernières années de l'URSS, et qui continue d'être au cœur de l'actualité mondiale aujourd'hui.

Au niveau religieux, l'Iran est bien entendu majoritairement chiite, de même que l'Azerbaïdjan. Turkménistan, Ouzbékistan et Kazakhstan sont principalement sunnites. La Russie est chrétienne, comme l'Arménie et la Géorgie (ces trois pays sont orthodoxes, chacun ayant sa propre église). Elle a donc besoin d'un soutien musulman au Moyen-Orient ou en Asie Centrale pour garder la main (ou une influence) dans ses anciens co-républiques soviétiques.

Le nucléaire (civil)


La mort de Khomeini, en 1989, signe la relance du programme nucléaire civil de l'Iran. Il avait été lancé après l'Opération Ajax sous le Shah, un réacteur étant construit à des fins de recherche dans les années 1960. Reza Pahlavi était très ambitieux concernant le développement de l'atome, puisqu'il visait le nombre de 23 centrales à horizon 2000. En 1968, l'Iran signe le TNP et en 1975, les Allemands de KWU remportent le projet de construction de la centrale de Bushehr, qui sera abandonné alors que les travaux sont inachevés après la Révolution car le premier Guide Suprême y est hostile, la guerre contre l'Irak jouant également le rôle de facteur bloquant.

Les Iraniens s'adressent aux Russes, car l'embargo les empêche de solliciter de nouveau KWU. En 1995, un accord prévoyant la construction d'un réacteur à eau légère d'1 GW à Bushehr, sur le Golfe Persique, est signé pour un montant d'environ 1 milliard de dollars. Une somme non négligeable pour la Russie de Boris Eltsine et son l'économie chancelante.

Le projet, qui devait initialement se terminer en 2000, est cependant marqué par des problèmes techniques (incompatibilité des infrastructures originelles de KWU et du réacteur russe, transfert de compétences vers les Iraniens...) mais surtout géopolitiques. La Russie, qui ne veut pas trop se mettre à dos les Américains et les Européens sur le dossier du nucléaire iranien, ralentit les travaux. On se souvient également que pour apaiser la situation, Vladimir Poutine avait proposé que l'enrichissement de l'uranium se fasse sur le sol russe, ce qu'ont refusé les Iraniens, soucieux de maîtriser la quasi totalité du cycle. Ce qui effraie la communauté internationale, qui a peur qu'ils ne cherchent à fabriquer du plutonium ou de l'uranium hautement enrichi à des fins militaires. L'autre élément principal d'une force de frappe nucléaire étant le missile balistique, sur lequel l'Iran a apparemment plutôt coopéré avec la Corée du Nord.

Ces tensions ont connu leur apogée en 2006, lorsque la Russie se joint aux autres membres du Conseil de Sécurité de l'ONU pour voter des sanctions dures contre l'Iran d'Ahmadinejad (résolutions 1696 et 1737 notamment). Celui-ci comprend que la Russie est difficilement remplaçable sur ce sujet, et signe avec elle des contrats pour d'autres réacteurs. Histoire de se rabibocher un allié incontournable.

En décembre 2007, la Russie a commencé les livraisons de combustible nucléaire. En mars dernier, le directeur de Rosatom, l'agence russe de l'énergie atomique, a annoncé que les travaux étaient enfin terminés. La production devrait commencer dès le mois d'août prochain, la pleine capacité étant atteinte à partir de mars 2010. Les tranches suivantes sont toujours à planifier...

La salle de contrôle de Bushehr
crédits : javno.com

L'armement

Sous le Shah, l'Iran importait massivement des armes des Etats-Unis et d'Europe. Au début des années 1970, c'est presque 10 milliards de dollars qui furent dépensés en acquisition auprès de l'ami américain.

Mais tout cela a bien changé. L'Iran est depuis une vingtaine d'années l'un des principaux clients de l'industrie de l'armement russe. Un peu comme avec le nucléaire, la Révolution (et la rupture totale avec les Etats-Unis) et la Guerre contre l'Irak ont joué le rôle de catalyseur, en isolant l'Iran et en l'empêchant de développer ses propres technologies. D'autant qu'en face, là encore comme sur l'énergie atomique, la Russie post-soviétique du début des années 1990 et son secteur marchand ont besoin de débouchés.

Il s'agit donc d'une entente profitable aux deux, même si évidemment la Russie, qui restructure actuellement (mais rien de neuf) son secteur défense (de même que plus globalement l'ensemble de son économie, de plus en plus dirigée depuis le Kremlin), se cherche d'autres marchés.

Par ailleurs, la "base industrielle de défense" iranienne s'est énormément développée sous l'impulsion des Pasdaran, qui ont été chargé de mettre en oeuvre un secteur tendant vers l'indépendance vis-à-vis de l'extérieur (la loi d'Amato-Kennedy n'y étant pas totalement étrangère). Initialement énormément assistés par les Russes donc, mais également les Chinois et les Nord-Coréens, les Iraniens sont de plus en plus autonomes, excepté dans le domaine aéronautique : ils fabriquent des tanks, des radars, des hélicoptères, des UAV, des missiles bien entendu, des bateaux, des sous-marins, des armes de poing...très souvent par le biais d'un reverse engineering basé sur un produit américain ou russe. Et depuis quelques années l'Iran est également devenu un pays exportateur d'armes (certes encore modeste par rapport aux USA ou à la Russie).

Un chasseur Saeqeh-80 de fabrication iranienne
crédits : Ehsan1388

Bref, l'armement est comme le nucléaire un domaine stratégique sur lequel Iraniens et Russes ont des intérêts liés, même si l'indépendance croissante des uns et les clients tiers des autres font que leurs chemins ne sont pas confondus.

Le pétrole et autres hydrocarbures

On l'a vu plus haut, l'Iran et la Russie ont en commun d'être proches de la Caspienne, région riche en hydrocarbures. La fin de l'URSS et la Guerre du Golfe ont poussé les États-Unis, soucieux de sécuriser leur approvisionnement et d'éviter que certains pays de la CEI ne restent sous la coupe russe, à lancer des projets avec ces nouvelles républiques d'Asie Centrale et du Caucase (pour plus de détail voir cet article). La Russie voit ainsi la mise en oeuvre de nombreux pipelines qui la contournent, et notamment le Bakou-Tbilissi-Ceyhan de 1768km reliant la Caspienne à la Méditerrannée (cf. ci-dessous) : elle perd un peu la main dans son jardin.

Le pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan
crédits : russianblog.org

De son côté, l'Iran, dont le territoire est riche en hydrocarbures, voit son potentiel sous utilisé, la faute à un manque chronique d'investissement et des capacités de production trop faibles, en partie dus à la loi d'Amato. Aussi il accueille avec plaisir les compagnies russes (Gazprom notamment) et chinoises (CNOOC) qui souhaitent explorer, exploiter des gisements et remettre en état les puits de forage et les raffineries iraniennes; bref, moderniser un peu tout ça.

La Russie, en retour, y trouve un ancrage caspien dans LE pays de la région non soumis aux États-Unis.

L'Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS)

L'OCS est une organisation intergouvernementale regroupant la Russie, la Chine, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Tadjikistan. Elle porte sur une coopération économique et politique. L'Iran en est observateur (de même que l'Inde et le Pakistan). Il est ici intéressant de noter que la population totale des 6 états membres dépasse les 1,5 milliard d'habitants, et que si l'on ajoute celle des pays observateurs, on dépasse les 2,7 milliards.

Le 24 mars dernier, lors d'une visite au Tadjikistan, le ministre iranien des affaires étrangères a annoncé que son pays avait déposé officiellement une demande d'adhésion à part entière à l'OCS. Il s'agit pour la pays des mollahs, au travers de cette adhésion, de rentrer pleinement dans le concert des nations, qui plus est dans une vaste région où il souhaite consolider et accroître son influence.

Comme le souligne RIA Novosti, l'Iran a déployé des efforts colossaux pour s'attirer les grâces des membres, mais sait que Pékin, qui souhaite ménager l'Occident et les Etats-Unis, sera l'obstacle numéro un :
En ce moment, l'Iran est un des principaux agents économiques précisément dans la zone des intérêts naturels de l'OCS: la région de la Grande Asie centrale (GAC), où s'implantent activement les Etats-Unis au grand dam de Moscou.
Les mérites de l'Iran dans cette région sont évidents. Il suffit de citer la construction de deux tunnels au Tadjikistan et des deux centrales hydroélectriques de Sangtouda et Chourabskaïa, les plus grandes de la région. Douchanbé (capitale du Tadjikistan) a également choisi le partenaire iranien pour un projet stratégique sur le plan régional: la construction d'un chemin de fer qui reliera le Tadjikistan, l'Afghanistan (enfin!) et l'Iran. Ce dernier est également chargé de créer des zones de libre échange au Tadjikistan.
Téhéran est passé maître dans l'art de la tactique. Sa demande officielle d'adhésion ne fait pas exception. Pour Moscou et Pékin (adversaire numéro un de l'Iran à l'OCS), principaux fondateurs et gardiens des principes de l'organisation, cette initiative iranienne est certainement un problème difficile, car une demande officielle implique une réponse officielle.
Et si la Russie appuie l'entrée de Téhéran, c'est encore une fois pour une question d'influence en Asie Centrale, une zone décidément "attaquée" par les Américains, avec l'Afghanistan pour point focal :
L'Iran déploie des efforts non moins énergiques en vue de pénétrer sur les marchés d'autres républiques d'Asie centrale, notamment le Kirghizstan et le Turkménistan. Il convient de mettre l'accent sur l'Afghanistan, car les Etats-Unis tentent d'attirer toutes les républiques d'Asie centrale vers ce pays, et de les arracher à l'influence de Moscou. C'est pourquoi la Russie cherche à entraîner l'Afghanistan dans l'OCS, mais, pour l'instant, ses efforts s'avèrent peu fructueux. En Afghanistan, l'Iran est traditionnellement présent sur les plans économique, culturel et politique plus que tous les autres membres de l'Organisation de coopération de Shanghai.
L'Iran de son côté joue plus ou moins son rôle de "caution musulmane" de la Russie dans la région, notamment en intervenant comme médiateur (pour rappel, l'Iran est fortement soupçonné d'avoir participé à la guerre civile du début des années 1990) au Tadjikistan dans le conflit entre le Nahzati Islomi Tojikiston (Parti de la Renaissance Islamique du Tadjikistan) et le Hizbi Demokrati-Khalkii Tojikston (Parti Démocratique Populaire du Tadjikistan).

Conclusion

On l'a vu, le rapprochement Russie-Iran s'est fait sur des domaines stratégiques (énergie, armement), très souvent dans le cadre d'une opposition plus ou moins directe aux États-Unis, et encore plus souvent par la rencontre d'intérêts convergents et circonscrits. Le cadre géographique de leur relation est naturellement le Caucase et l'Asie Centrale, terre d'affrontement économique avec les USA. Bien sûr les sujets de désaccord ne manquent pas, et notamment une position un peu trop radicale sur le dossier nucléaire ou des histoires de concessions en Mer Caspienne.

De plus, si la Russie a besoin de l'allié iranien, à la fois pour ses débouchés mais également pour faire contrepoids à l'influence unilatérale américaine, elle n'a pas forcément tout à gagner d'un Iran nucléarisé et extrêmement puissant, qui viendrait à son tour empiéter potentiellement sur ses plates-bandes dans le Caucase ou en Asie Centrale.

Enfin, la Russie, sur le dossier iranien, est à la fois allié et adversaire de la Chine, autre poids lourd de l'OCS, qui a des visées sur le marché intérieur et les ressources de l'Iran, mais qui doit également composer avec son désir de puissance globale.

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vendredi 26 juin 2009

Ralentissement temporaire

En raison de contraintes professionnelles, et notamment des articles à écrire mais cette fois sous mon vrai nom (et ça peut prendre beaucoup plus de temps qu'un petit post sur le Web), le blog sera au ralenti jusqu'en milieu de semaine prochaine, exception faite d'un petit sujet actuellement en cours de finition...

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jeudi 25 juin 2009

[Le blog de la semaine] : Populations du monde

Cette semaine, je signale l'existence du blog Populations du monde, qui comme son nom l'indique est tourné vers la démographie et tout ce qui touche aux impacts d'évènements majeurs sur les peuples tout autour du monde : grippe aviaire, conflit au Sri Lanka, au Pakistan, en Palestine pour les plus récents. Mais également à la natalité, l'immigration ou la sécurité...

A noter, une page consacré à divers classements (quelles sont les villes les plus chères ? quelles sont les langues les plus parlées dans le monde ?) ainsi que des fiches (succinctes) pays.

Un blog là encore qui, sans être consacré à la thématique défense, aborde des sujets très connexes.

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mercredi 24 juin 2009

L'ENSTA à Saclay en 2012

L'ENSTA (École Nationale Supérieure de Techniques Avancées, entre autres école de formation du corps des ingénieurs de l'armement), sous tutelle du Ministère de la Défense, rejoindra Saclay en 2012, a annoncé Hervé Morin le 18 juin dernier. Pour rappel, elle est actuellement située dans le quartier Balard, au sein du XVème arrondissement de Paris, voué à accueillir le futur Pentagone à la française d'ici quelques années.

Le site actuel de l'ENSTA, à Paris XVème
crédits : mdpi.org

La décision avait en fait été prise il y a déjà quelque temps, l'annonce de la semaine dernière explicitant le projet retenu pour ce déménagement. L'ENSTA, membre fondateur de Paristech (une alliance de douze grandes écoles françaises, parmi lesquelles Polytechnique, les Mines de Paris ou Télécom Paris, et même HEC) rejoindra ainsi le pôle de Saclay, dans le sud de la région parisienne, destiné à devenir un campus d'envergure mondiale. Il accueille déjà plusieurs écoles de Paristech (Polytechnique, HEC et Supoptique), des laboratoires de l'ENSTA ainsi que d'autres écoles (Supélec, Paris XI) et instituts (CNRS, CEA, INRA, ONERA). Il se trouve également tout proche du centre de gravité du pôl de compétitivité System@tic destiné aux systèmes complexes et technologies de l'information. Au titre du plan Campus (décidé par le gouvernement Fillon), le pôle Saclay a été dôté de 850 millions d'euros.

Carte des partenaires de System@tic
crédits : site officiel de System@tic

Les travaux d'aménagement du nouveau site de l'ENSTA, qui s'éloigne donc géographiquement de la DGA, devraient débuter en 2010 et durer deux ans, pour un coût global de 132 millions d'euros. Les nouveaux locaux, plus grands, devraient permettre d'accueillir 670 étudiants (contre 600 aujourd'hui, l'ENSTA étant l'une des plus petites grandes écoles du groupe A) et 180 employés à la rentrée 2012.

Le rapprochement avec les autres écoles présentes devrait également permettre (et c'est aussi l'un des buts du groupement Paristech) à l'ENSTA de recentrer ses efforts sur quelques domaines d'excellence (énergie et transport), tout en profitant de partenariats privilégiés avec ses homologues et des industriels pour instaurer une dynamique d'innovation à plus grande échelle.

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mardi 23 juin 2009

Avis aux amateurs : lancez-vous !

Alors que la blogosphère francophone de défense ne cesse de s'étoffer (cf. ma blogroll largement incomplète), il y a encore de la marge et des gens qui ont des choses intéressantes à dire, si j'en crois les commentaires fréquents et souvent argumentés que l'on peut lire suite à des posts sur de nombreux blogs.

Bien sûr écrire un blog ça demande du temps et une certaine discipline, qu'il s'agisse de petits articles fréquents ou de plus longues analyses. Mais que vous soyez praticiens ou amateurs, étudiants ou séniors, que vous ayez un sujet de prédilection précis (histoire, géographie, économie, stratégie, industrie, technologie, Europe, Asie, Afrique, Kazakhstan, sous-marins, fusées, Wisigoths, Huns...) ou non, n'hésitez pas à vous lancer ! Vous avez sûrement des points de vue originaux (après tout, si la Toile permet quelque chose, c'est bien une relative pluralité des opinions) et/ou des connaissances spécifiques. On est jamais trop pour aller explorer et faire ressortir le sens de toutes ses petites informations qui jaillissent à droite et à gauche de manière plus ou moins impromptue.

Plus on est de fous plus on rit ! Comptez sur moi pour faire du buzz à ma modeste échelle !

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Après la CIA, l'armée russe se met aux langues étrangères

J'évoquais il y a peu un plan à moyen-terme de la CIA visant à renforcer la maîtrise des langues étrangères (et particulièrement le chinois, l'arabe, l'ourdou ou le persan) par ses agents.

Ancien emblème des troupes aéroportées russes
crédits : wikipédia anglophone


Ce souci n'est pas l'apanage du renseignement américain puisque le général Vladimir Chamanov a annoncé, lors d'une cérémonie de remise de diplômes à l'école militaire de Ryazan, que dorénavant les officiers des Troupes Aéroportées devraient, en plus d'une langue européenne, parler le chinois, le japonais, et "des langues africaines". RIA Novosti ne rapporte cependant pas s'il est prévu qu'une même personne soit censée maîtriser chacun des langages évoqués !

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lundi 22 juin 2009

La Corée du Sud sauve son voisin du Nord face à l'Iran

La Corée du Nord a obtenu la semaine dernière sa qualification pour la prochaine Coupe du Monde de football en 2010 en Afrique du Sud, suite à un match nul contre l'Arabie Saoudite à Riyad.

Double ironie de l'histoire, le pays de Kim Jong-Il (dont la santé vacillante pousse les autorités à tenter d'importer du coûteux matériel médical et dont les fils sont apparemment lancés dans une drôle de bataille de succession, comme en témoigne cette information venant de Macao) peut remercier son voisin du Sud, qui est allé tenir en échec...l'Iran, qui était à la lutte avec la DPRK pour la dernière place qualificative. Il faut souligner ici que la phase préliminaire qui vient de s'achever a été marquée par des tensions entre Séoul et Pyongyang, notamment lors des matchs opposant les deux équipes.

Sur le terrain politique, on ne connaît pas encore l'issue des évènements actuels en Iran, mais la Corée du Nord semble prendre ces jours-ci - fin de règne oblige ? - une longueur d'avance en termes de provocation vis-à-vis de la communauté internationale, comme le rapporte Pour Convaincre.

Les joueurs et l'encadrement nord-coréens fêtent la qualification
crédits : China Daily

La Corée du Nord pourrait donc retrouver en phase finale les États-Unis, voire la Corée du Sud. D'ailleurs certains s'amusent déjà à faire parler leur boule de cristal.

Evènement historique, puisque sa dernière apparition en coupe du monde remonte à 1966 en Angleterre, où elle avait battu, grosse surprise, l'Italie avant d'être éliminée par le Portugal en quarts de finale.

Comment le pays et le régime vont-ils aborder ce rendez-vous ? A priori, avec force manifestations de nationalisme. Pas étonnant pour une dictature, les sportifs en étant souvent le porte-étendard (volontaire ou non). Cependant, cela dépendra évidemment de la situation intérieure. Juin 2010 c'est encore assez loin. S'il est encore vivant, et si santé le permet, Kim Jong-Il pourrait peut-être accompagner les joueurs en Afrique du Sud, ce qui ne sera évidemment pas le cas des supporters nord-coréens hors délégation officielle. Peu d'impact est de toute façon à attendre sur l'ouverture du pays, et la diffusion de l'évènement à l'intérieur du pays sera soumise au bon vouloir des autorités (ni Internet ni radio, télévision strictement contrôlée), notamment dans l'éventualité de manifestations de fraternité entre les joueurs des deux Corée...ou de sévère défaite.

Assez étrangement, la délicieuse agence de presse nord-coréenne KCNA n'en fait pas grand cas et préfère revenir longuement sur les préparations des festivités du bien-aimé leader ou sur les louanges qu'il reçoit du monde entier.

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dimanche 21 juin 2009

Iran : RIA Novosti joue les timides

Alors que les évènements en Iran font la Une de la plupart des médias occidentaux et même d'ailleurs, l'agence de presse russe RIA Novosti reste très en retrait, si l'on en croit son portail Web à la rubrique International.

Le prochain round de négociations sur la réduction des arsenaux stratégiques, la situation en Moldavie/Transnistrie ou la Géorgie sont bien plus mis en avant (et à certains égards ça peut se comprendre).

Par contre, parmi les "articles les plus lus", bien en évidence depuis le 17 juin, un article intitulé "Iran: une élection démocratique (observateur)", qui cite abondamment Pavel Zarifulin, rédacteur en chef du portail Geopolitika :
"A titre d'observateur, j'ai participé à bien des élections, notamment en Biélorussie et en Moldavie, mais je n'ai vu nulle part d'élections aussi démocratiques qu'en Iran"
Et concernant les menues manifestations des supporters de Moussavi :
"Les troubles étaient plutôt localisés et n'avaient principalement lieu que dans deux quartiers de Téhéran, alors que le reste de la capitale continuait à vivre tranquillement"
Il est intéressant de noter l'emploi de l'imparfait, surtout au vu des tout derniers développements : répression sanglante, expulsion des journalistes étrangers, tentative de censure du réseau Internet...

Si l'on va sur le portail Geopolitika, on trouve un article décrivant en termes plus "objectifs" les évènements de ces jours-ci en Iran, mais qui se conclut comme ceci :
Таким образом, на сегодняшний день Махмуд Ахмадинеджад является наиболее привлекательной для российских национальных интересов фигурой в Иране. (Ainsi, Mahmoud Ahmadinejad reste à ce jour le [président] le plus favorable à nos intérêts nationaux en Iran)
Bref, on redoute évidemment une déstabilisation de l'Iran et de la région, et l' "arrivée" des Américains...

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vendredi 19 juin 2009

Des drones s'envoient (très haut) en l'air

Il y a tout juste un mois, les États-Unis ont lancé dans l'espace TacSat-3, un satellite un peu spécial. Et si l'expérience est une réussite, l'USAF pourrait bientôt en mettre en oeuvre une constellation entière.

Qu'y a-t-il donc de si extraordinaire ? C'est simple : il embarque un spectromètre imageur. Mais quoi qu'est-ce ? Tout simplement un dispositif qui, couplé à un télescope (également embarqué), permet d'analyser le spectre électromagnétique (dans le domaine visible ou non) et d'identifier les objets se trouvant au sol dans la zone qu'il couvre. Chaque substance (végétal, béton, métal...) possède une "signature" unique (sous forme d'un graphique résultant de l'analyse spectrale) qui va permettre au satellite, également équipé d'un ordinateur contenant une bibliothèque de telles "signatures", de détecter des ennemis camouflés ou des bombes enterrées sous la surface d'une route. La précision est telle qu'il est par exemple possible de discriminer différentes espèces d'arbres ou de différencier l'herbe coupée d'un gazon bien vert. Le triplet téléscope-spectromètre-ordinateur est désigné sous le nom ARTEMIS (Advanced Responsive Tactically Effective Military Imaging Spectrometer).

Lancement du TacSat-3 le 19 mai dernier
crédits : satnews.com

Cela n'aura échappé à personne, le "Tac" de "TacSat" signifie "tactique". Le satellite, une fois les analyses réalisées, transmet les éléments detectés ainsi que leurs coordonnées aux soldats sur le terrain qui ont demandé l'analyse. Le fait que cette dernière soit réalisée dans l'espace permet d'éviter le transfert de grosses quantités de données, et autorise la réception sur des ordinateurs "non surpuissants" tels des portables. Ainsi le satellite est intégré dans un dispositif NCW "local".

Les drones aériens (ou terrestres et aquatiques) offrent des capacités de reconnaissance limitées, ils peuvent être abattus et leur autonomie est somme toute toujours perfectible. Dans l'espace, un satellite est déjà beaucoup plus à l'abri (pour le moment du moins), dure bien plus longtemps et surtout couvre une zone relativement étendue.

Toutes les promesses technologiques ne sont pas faites pour être tenues. Ceci dit, la liste des possibilités offertes par TacSat-3 n'est pas encore totalement connue, mais l'USAF est plutôt optimiste sur l'avenir de la spectrométrie depuis l'espace...le lancement du mois dernier doit permettre d'y voir un peu plus clair, en particulier sur le nombre de satellites nécessaires pour couvrir le monde entier et permettre à n'importe quelle unité de faire une demande de reconnaissance et d'obtenir une réponse dans un temps relativement court (selon l'Air Force, qui supervise le programme ARTEMIS réalisé principalement par Raytheon, il faut dix minutes entre l'ordre d'un commandant et la réception des données issues de l'analyse, le "problème" étant la présence d'un satellite au-dessus de la zone concernée).

D'autant que contrairement à d'autres programmes, le coût n'est pas astronomique : 15 millions d'euros pour le développement (le satellite complet, qui embarque d'autres charges, ainsi que le lancement en lui même montent en tout à environ 90 millions de dollars). Il faut dire qu'au vu de la durée très limitée dont on disposé les ingénieurs, des technologies "sur étagère" et peu sophistiquées ont été utilisées, notamment pour le téléscope.

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jeudi 18 juin 2009

[Le B.A.-BA] : la boucle de rétroaction

Pour tous ceux qui ont fait un peu d'automatique, le concept de rétroaction (ou feedback en anglais) n'a pas de secret.

Il signifie qu'un système va utiliser son output ou grandeur de sortie ("résultat") comme input ou grandeur d'entrée ("paramètre"), notamment à des fins de correction. Rosenblueth, Wiener et Bigelow (qui font partie des pères de la téléologie et de la cybernétique, ce dernier ayant travaillé avec John von Neumann sur le premier ordinateur) en donnent la définition suivante dans leur article fondateur Behavior, Purpose and Teleology :
The term feed-back is also employed in a more restricted sense to signify that the behavior of an object is controlled by the margin of error at which the object stands at a given time with reference to a relatively specific goal
Ainsi, l'objet s'est vu définir un but (par exemple un cap), il va agir pour atteindre ce but (par exemple orientation et mouvement), mesurer en sortie l'écart à ce but (par exemple l'écart angulaire par rapport au cap) et réinjecter cet écart en entrée pour le corriger. Quand il y a comme ici régulation, on parle de rétroaction négative : il s'agit de stabiliser le système. Au contraire, quand le phénomène de sortie est amplifié, il y a rétroaction positive, au risque d'emballer le système. Il y a équilibre quand le feedback n'a aucun effet, ni positif ni négatif.

Ainsi la rétroaction lie l'effet à sa cause, de façon "continue" et avec plus ou moins de retard.

Une boucle de rétroaction
crédits : Wikipédia anglophone

La boucle de rétroaction est utilisée dans de nombreux domaines : biologie (par exemple homéostasie cellulaire), économie et finance, électronique, industrie (par exemple les servomoteurs)... Parce qu'elle est fondamentale dans tout processus de décision, elle est également au coeur de la cybernétique et de la systémique.

Un exemple de boucle de rétroaction très connue est la boucle (ou cycle) OODA, à savoir Observation, Orientation, Décision, Action. Définie par le colonel John Boyd, pilote de l'USAF et stratège militaire.
Boucle OODA
crédits : mindsim.com

De manière schématique, on peut illustrer l'OODA comme suit :
  • Le renseignement militaire collecte les observations (au moyen de sources variées : capteurs optiques/IR/radar sur différents supports, hommes, informatique...) sur la base d'objectifs généraux
  • Puis avec le commandement il va sélectionner les informations les plus pertinentes, c'est-à-dire orienter et prioriser toutes les actions qui vont suivre. Cette phase d'orientation, car elle lance réellement la boucle, est cruciale, et repose énormément sur la représentation du monde et les schémas mentaux de ceux qui la réalisent.
  • Le commandement (quel que soit son niveau) prend alors, sur cette base, des décisions qui sont la traduction des orientations en ordres précis (ce qui est forcément plus facile à dire qu'à faire, car il s'agit en particulier de bien s'assurer de l'alignement des ordres avec les orientations).
  • Les ordres sont ensuites exécutés par les unités opérationnelles, c'est la phase d'action
  • La rétroaction intervient au travers des rapports de mission (succès ou échec ?) et autres observations réalisées lors de la phase d'action, qui vont à leur tour influer sur les orientations et les décisions : la boucle est bouclée
Les enjeux sont la cohérence de la boucle (c'est à dire l'alignement de chaque phase avec la précente) et le raccourcissement de sa durée, afin d'agir plus vite et plus efficacement que l'adversaire, tout en perturbant son cycle.

Bien sûr, la boucle OODA, principalement appliquée au niveau stratégique, peut également l'être à un niveau opérationnel et tactique, par exemple lors d'un combat aérien. Et c'est bien logique, puisque John Boyd était lui même pilote de F-86 pendant la Guerre de Corée.

On voit clairement que des notions comme le NCW, le C4ISTAR et les avancées technologiques en termes de drones, de capteurs et de spatial sont là pour optimiser cette boucle de rétroaction.

Maintenant que les préliminaires sont posés, je reviendrai certainement plus en profondeur sur la cybernétique ou la téléologie.

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mercredi 17 juin 2009

Dépenses militaires mondiales : encore une augmentation en 2008

Le SIPRI a publié la semaine dernière son Yearbook 2009, faisant notamment la part belle aux dépenses militaires mondiales. Sans surprise, et comme l'an dernier, elles sont en augmentation, avec comme traits marquants, au-delà de la première place des Etats-Unis, une forte poussée des Chinois et un retour en force des Russes. D'un montant total de 1464 milliards de dollars, soit +45% en dix ans, le budget de défense global représente 2,4% du PIB mondial et 217 dollars par être humain.

L'institut suédois présente la "guerre contre le terrorisme" comme l'une des principales causes de la forte croissance de ces dernières années, car elle a entraîné de nombreux pays à revoir leur approche globale de défense et de sécurité. Et également à adopter une conception fortement militarisée de la chose...

Les USA en pôle position

Ainsi donc les États-Unis sont les plus dépensiers, avec près de 41% du total (soit plus que tous leurs principaux suivants réunis). Il faut dire que depuis 2001 et l'arrivée de G.W. Bush, le budget annule du DoD est passé de moins de 300 milliards de dollars à plus de 600 milliards ! On peut noter le creusement concomitant du déficit public US. Et alors que le Congrès tablait sur un coût de l'intervention en Irak de l'ordre de 45 milliards de dollars, il en a coûté plus de 600 à l'heure actuelle, soit plus de 12 fois l'estimation ! Mais il faut dire qu'à l'époque "on" n'avait pas imaginé une stabilisation si longue, complexe et heurtée : les calculs prenaient pour hypothèse un mois de combat et même pas trois mois de présence une fois la "guerre" finie (un autre chiffrage, issu de la Maison Blanche, avait quant à lui 200 milliards pour borne supérieure). Si l'on ajoute l'Afghanistan et autres, c'est près de 800 milliards de dollars que le contribuable américain a déboursé depuis le début de la War on Terror.

Des pays qui poussent derrière

Russie et Chine ont triplé leurs dépenses budgétaires en dix ans, cette dernière se plaçant même, une première, en deuxième position (juste) devant la France et le Royaume-Uni avec 42 milliards de dollars. Mais après tout, comme déjà souligné ici l'an dernier, cette hausse ne fait que suivre celle du PIB, bien aidée par les aspirations de l'Empire du Milieu à devenir un géant mondial. Bien sûr, les chiffres concernant la Chine sont à prendre avec des pincettes.

Ailleurs, on note que l'Algérie connaît la plus forte augmentation africaine avec un budget 2008 de 5, 2 milliards de dollars. La hausse est également importante pour le Brésil, l'Inde, la Corée du Sud et Taïwan. L'Irak quant à lui connaît un bon de 133% entre 2008 et 2007, principalement dû au fait qu'auparavant, les USA finançaient une part énorme de l'effort irakien.

A noter que parmi les grandes puissances, seuls l'Allemagne et le Japon, comme par hasard les principaux perdants de la 2ème guerre mondiale, n'ayant plus depuis de grandes armées, voient leur budget de défense diminuer sensiblement depuis 1999. Et il convient d'ajouter que l'Europe de l'Ouest et Centrale est la seule zone qui voit ses dépenses stagner, avec un petit +5% sur la dernière décennie.

Enfin, chiffre intéressant, les ventes d'armes réalisées par les 100 plus gros defense contractors en 2007 se sont élevées à 347 milliards de dollars, Boeing se taillant la part du lion avec 30,5 milliards. D'ailleurs, les 20 plus gros industriels de défense sont tous américains ou européens.

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mardi 16 juin 2009

Urban Warfare : limites de la technologie (partie 1)

Suite à l'article Urban Warfare : pourquoi les électroniciens de défense (ou non) se frottent les mains, je devais revenir sur les limitations des technologies évoquées en milieu urbain.

Plutôt que de faire une dissertation, je vais en faire une petite série de posts ciblés.

Commençons donc par un point général : la technologie peut faire perdre le sens commun.

Dans la deuxième moitié des années 1990, les Etats-Unis, souhaitant mettre à l'épreuve la RMA, plus spécifiquement dans un milieu urbain (MOUT ou Militarized Operations on Urbanized Terrain), a mis en place un programme d'entraînement appelé Urban Warrior. Comme l'indique le colonel Mark Thiffault, alors porte-parole du de l'US Marine Corps :
"Our enemies, having watched Desert Storm on CNN, know they cannot engage the United States with conventional methods. These potential foes view cities as a way to limit the technological advantages of our military. They know that cities - with their narrow streets, confusing layout and large number of civilian non-combatants - place limits on our technological superiority and especially our use of firepower. We have to develop technologies that allow us to win while minimising collateral damage."
Deux sessions ont eu lieu en 1997 et 1999. Cette dernière, située à Oakland, Californie, a mobilisé plus de 6000 Marines, 5 bâtiments dont le porte-avions USS Hornet, des hovercrafts, des Harrier Jets ainsi que des hélicoptères Cobra, Huey et Sea Stallions. Un des objectifs était de tester l'utilisation de l'informatique et de la mise en réseau sur le terrain pour résoudre un problème déjà ancien et bien connu : les pertes très élevées lors des premiers jours d'un affrontement urbain.

Peu de résultats de l'exercice ont été publiés. Et apparemment pour cause, puisque si officiellement l'efficacité du NCW en est sortie renforcée, la vérité serait toute autre : les pertes "virtuelles" auraient été bien supérieures à ce qui était escompté dans les rangs équipés d'ordinateurs portables. La raison en est assez simple : l'outil informatique, au lieu de permettre de mieux repérer l'ennemi et d'échanger de l'information plus rapidement entre unités, s'est en fait doublement retourné contre ses utilisateurs :
  • peu adapté à une utilisation de terrain, il n'était pas fait pour la saisie rapide, et les messages transmis étaient difficilement compréhensibles à cause de la taille de l'écran, faisant perdre un temps précieux aux soldats
  • la luminosité de l'écran en faisait des cibles plus facilement repérables par l'ennemi
Et bien sûr, derrière tout cela il y avait également le fait que les obstacles urbains nuisent gravement à la santé des réseaux sans fil.

Qu'est-ce que tout cela dit ? Simplement que toute technologie "numérique" n'a pas d'effet magique si elle rend le militaire, qu'il soit simple soldat ou leader, totalement dépendant du "réseau" et lui fait oublier (ou l'empêche de suivre) les tactiques censées être mises en œuvre. D'ailleurs de nombreuses unités en sont vite arrivées lors de l'exercice à l'abandon de leur PC et au retour aux bonnes vieilles méthodes, comme le souligne David Freedman dans son article "Killed at their keyboards".

Et, encore plus simplement, que s'il est important d'avoir des "yeux multiples" grâce à la force du réseau, permettant d'avoir une vision relativement complète du champ de bataille, il est encore plus important de se servir des siens pour voir l'ennemi qui est à 10m de soi...ce qui n'est pas forcément possible quand on est occupé à taper du texte sur un ordinateur. De même, il n'est pas aisé dans cette situation de se servir de son arme efficacement.

Je reviendrai prochainement sur les problématiques liées à la propagation des ondes radios, et donc in fine à la disponibilité du réseau, qui est tout de même au centre du bien nommé concept de NCW. Il est par ailleurs entendu que depuis 1999, la doctrine et les technologies (civiles et militaires) liées au sujet ont évolué. D'ailleurs en partie grâce à des expériences de ce genre, qui ont su mettre en avant le fait que la fonction "recueil et transmission de l'information par et vers le réseau" doit être aux mains de ressources dédiées et qualifiées, ou alors empiéter le moins possible sur le caractère "opérationnel" du soldat.

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lundi 15 juin 2009

[Le blog de la semaine] : Robot Blog

Encore une fois un blog qui n'est pas vraiment dédié au domaine défense, mais qui y fait des incursions régulières par la force des choses.

Tout est dans son nom : Robot Blog se veut le portail de l'actualité et du buzz liés à la robotique, des dernières tendances aux compétitions et salons en passant par les films (et en ce moment il y en a un certain nombre). Évidemment, il fait la part belle aux applications militaires et spatiales, comme par exemple le Snake israélien.


Le Snake, un robot...serpent
crédits : imemc.org

Les très nombreux posts (près de 450 depuis août 2007) abordent à la fois les questions liées l'intelligence artificielle, l'éthique des robots ou leur mobilité. La plupart des robots présentés sont "humanoïdes" ou issus de la biomimétique, tel le Snake déjà évoqué, le BigDog ou le Nao.

A l'époque des drones, qu'ils soient aériens, terrestres ou aquatiques, il est bon de se tenir informé des dernières évolutions robotiques qui ,après tout, risquent d'être l'un des spinoffs les plus prometteurs du FCS.

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samedi 13 juin 2009

La CIA, toujours une longueur d'avance

La CIA met en ligne une nouvelle version de son très fameux Factbook, qui est l'un des sites officiels américains les plus consultés, avec plus de 3 millions de visites mensuelles. Les principales nouveautés sont une galerie de photos très bien fournie ainsi que des comparaisons et classements entre pays dans les domaines économiques, démographiques ou géographiques.

C'est encore une fois l'occasion de voir que l'agence de renseignement américaine est très forte pour collecter l'information, même avant que celle-ci ne soit publiée !

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vendredi 12 juin 2009

GPS : les Etats-Unis se veulent toujours rassurants

Suite de l' "affaire" GPS : l'USAF met en ligne des vidéos instructives sur la gestion de la constellation pour mettre en avant le professionnalisme des équipes impliquées.

Le message est clair : tout est sous contrôle
  • des satellites de remplacement sont prévus pour très bientôt
  • on a déjà eu à gérer des défaillances sérieuses de satellites par le passé
  • on a les compétences pour garantir le niveau de service requis aux millions d'utilisateurs quotidiens






***

Voir aussi :

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GI Joe : des jouets aux exosquelettes



Alors que GI Joe: The Rise of Cobra, adaptation cinématographique de la célèbre franchise de jouets et dessins animés doit sortir cet été, quelques exemples d'exosquelettes en cours de développement de l'autre côté de l'Atlantique ou au Japon, que j'évoquais déjà en partie il y a plus d'un an lors de la sortie d'Iron Man.










Et pour finir, un petit délire futuriste d'étudiant :



Le dernier Terminator étant sorti sur les écrans la semaine dernière, un petit article sur l'état de l'art en termes de drones serait le bienvenu.

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jeudi 11 juin 2009

[Le blog de la semaine] : Les énergies de la mer

Réticent comme d'autres à citer des blogs d'entreprises, je choisis néanmoins cette semaine Les Énergies de la Mer, l'un des multiples rédigés par une société de conseil basée en Bretagne. Olivier Kempf, il n'y a pas si longtemps, mentionnait d'ailleurs un autre de leurs blogs, plus directement lié au domaine de la défense, que je vous laisse chercher si le cœur vous en dit.

Pour en revenir à Energies de la Mer, il a l'intelligence de mettre en avant des informations autres que celles relatives aux activités commerciales de ses auteurs. Eolien, vagues, courants, marées, biomasse et j'en passe, il se concentre sur les technologies, projets et tendances liés à la production d'énergie renouvelable en milieu marin. Et ce, avec une périodicité de publication plutôt élevé, et sur la durée, ce qui n'est bien sûr pas le cas de l'énorme majorité des blogs d'entreprises. Ces dernières cèdent de plus en plus aux sirènes du Web 2.0, mais se rendent compte bien vite qu'il s'agit d'un investissement énorme, ou n'ont pas grand-chose d'intéressant à dire, et abandonnent en général très rapidement.

Alors si j'en parle c'est qu'il y a un tout petit lien avec la défense : l'US Navy a dans ses cartons la production d'électricité marine grâce aux différences de température entre la surface et les profondeurs océaniques. Et ce afin d'alimenter sa base de Guam, située dans l'Océan Pacifique.

Avec la hausse structurelle du prix du pétrole, la forte croissance de la demande, la dépendance associée vis-à-vis des pays producteurs, pas étonnant que la Navy (et d'autres) s'intéresse aux moyens de produire localement de l'électricité pour ses bases réparties un peu partout.

Le principe est assez simple, et pas nouveau, puisque testé dès la fin du XIXème siècle et industrialisé dès 1930 avec la construction de la première usine OTEC (Ocean Thermal Energy Conversion) à Cuba en 1930. Il s'agit de récupérer l'eau de la surface, chauffée par le soleil, qui va être utilisée pour transformer en vapeur un fluide à faible température d'ébullition. Vapeur qui va elle-même faire tourner les turbines d'un alternateur. La vapeur est condensée, refroidie et retourne à son état liquide. Ce principe est désigné sous le terme de "cycle fermé". Une deuxième solution, celle retenue par la Navy dans le cadre d'une étude de faisabilité, est d'adopter un "cycle ouvert" : c'est une partie de l'eau de mer qui va directement être vaporisée, grâce à un écart de pression, perdant ainsi son sel, puis être dirigée vers l'extérieur ou elle pourra être utilisée pour l'irrigation ou comme eau potable.
Principe de fonctionnement d'une usine OTEC en cycle ouvert
crédits : ecoblog

Mais bien sûr, si l'idée est séduisante, avec notamment l'élimination du besoin de combustible , l'absence de pollution et des coûts de production présentés comme compétitifs, les investissements initiaux à réaliser sont colossaux, et certains défis techniques subsistent (notamment la construction de tuyaux très longs et très larges, résistants à l'environnement océanique). Sous réserve de financement, les responsables du projet annoncent qu'il serait possible d'avoir une usine OTEC opérationnelle dès 2013.

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mercredi 10 juin 2009

C'est quoi une entreprise française ?

Qu'est-ce qu'une entreprise française ? Ou plutôt, qu'est-ce qui fait la nationalité d'une entreprise, non pas en termes purement juridiques mais dans un contexte de "guerre économique" (malgré toute son imperfection). Dans un contexte comme celui d'aujourd'hui, avec des économies largement interpénétrées et des marchés (des débouchés et du travail) de plus en plus décloisonnés, ce n'est pas forcément si simple d'y répondre. L'article de ZI me rappelle qu'il y a quelques années j'avais posé la question à un parlementaire français très impliqué dans l'intelligence économique, et que ça réponse avait été pour le moins imprécise.

Plusieurs éléments entrent en jeu :
  • la structure capitalistique : qui sont les propriétaires, étatiques ou privés ? (à titre d'exemple, la part de capitaux étrangers dans le CAC40 est de l'ordre de 40%)
  • le top management : qui gère l'entreprise et prend de fait la plupart des décisions structurantes (avec un contrôle hétérogène de la part des actionnaires) ?
  • les employés : qui produit et fabrique ? Qui possède les compétences (techniques ou non) de fond ?
  • la localisation du siège social et des principaux sites de l'entreprise
L'identité des clients, des partenaires et des fournisseurs peuvent aussi avoir une influence sur les décisions stratégiques prises par l'entreprise et donc son "alignement" avec les préoccupations économiques (ou plus largement géopolitiques) de tel ou tel pays. Ainsi, pour prendre un exemple, un industriel de la défense qui dépend uniquement des commandes de la DGA n'est peut-être pas à considérer de la même manière que celui qui est très internationalisé et qui a par ailleurs de nombreux clients privés.

On ne peut pas considérer comme françaises les seules entreprises :
  • dirigées par un Polytechnicien ou un Enarque
  • dont l'Etat français est un actionnaire significatif
  • dont le siège se trouve dans une tour de La Défense ou dans un hôtel particulier du VIIIème arrondissement de Paris
Tous les facteurs énoncés ci-dessus (forcément non-exhaustifs), qui bien sûr sont liés les uns aux autres, jouent quand il s'agit de considérer l'indépendance technologique, la croissance économique, l'approvisionnement énergétique, l'alignement avec les besoins de défense ou plus simplement la sauvegarde d'un bassin d'emplois. Et donc les décisions prises et les actions enclenchées par le pouvoir politique, pour atteindre un but précis. Que ce soit en termes de subvention, de législation (fiscale, commerciale...), d' "action commerciale", de lobbying auprès d'instances de décisions supérieures, de politique éducative. Il est par ailleurs évident, mais pas forcément souhaitable au niveau global, que la "proximité" des dirigeants et propriétaires d'entreprises avec les politiques a une influence non négligeable sur les décisions prises par ces derniers. Le patriotisme des uns et des autres, bien réel ou de façade, entre également en ligne de compte, mais d'une manière générale il ne faut pas s'y fier de façon exclusive.

Comment considérer une entreprise dont le management est français, qui paie des impôts en France, mais quasiment tous les employés sont en Inde, ou (partiellement) à l'opposé une entreprise à capitaux étrangers mais qui emploie des milliers de personnes en France ? Les leviers dont disposent les décideurs politiques sont donc variables, de même que leur importance.

La "guerre économique" aux bornes d'une entreprise se comprend aisément, au niveau d'un pays, dans un contexte largement privatisé et mondialisé, c'est plus "flou".

Tout ceci est complexe et touche à de nombreux domaines plus ou moins connexes, qui ne peuvent être adressés. J'essaierai d'y revenir de façon plus ciblée.

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mardi 9 juin 2009

L'Inde met sept entreprises de défense sur blacklist

Suite à une affaire de corruption impliquant l'ancien président de l'Ordnance Factories Board (OFB, qui supervise une quarantaine de "villes usines" de production d'armes, munitions et équipements appartenant à l'Etat), le Ministère de la Défense indien a annoncé le 5 juin que sept entreprises de défense allaient être placées sur blacklist, c'est-à-dire sorties du panel de fournisseurs jusqu'à nouvel ordre. Ceci concerne à la fois les acquisitions et les projets en cours ou prévus.

Sudipta Ghosh, ancien président de l'OFB, l'homme au coeur du scandale
crédits : The Telegraph

Les sociétés concernées sont :
  • l'israélienne Israel Military Industries (IMI), qui avait signé un contrat impliquant la création d'un complexe de type Ordnance Factory, dédié à la fabrication de charges pour des munitions d'artillerie 155mm
  • les singapouriennes Singapore Technology (un des acteurs asiatiques majeurs dans les domaines aérospatial et terrestre) et Media Architects, respectivement très présentes en Inde sur les canons d'artillerie de 155mm et les logiciels d'édition vidéo
  • la polonaise BVT Poland, qui en Inde est impliquée dans le domaine naval
  • les indiennes T S Kishan and Company (pièces détachées pour les tanks T-72 et T-90), HYT Engineering (composants de missiles) et RK Machines Tools (pièces détachées de véhicules et machines-outils)
Une liste exhaustive de l'ensemble des matériels et systèmes issus de ces sociétés et utilisés par l'armée indienne doit être établie et communiquée.

Un T-90 indien pendant un défilé militaire
Crédits : The Times of India

On se souvient qu'il n'y a pas si longtemps, un scandale du même acabit avait conduit l'Inde à interdire les opérations de la sud africaine Denel, suite au versement de pots-de-vin lors de plusieurs contrats portant sur des fusils et des munitions. Par contre, Israeli Aerospace Industries et Rafael n'avaient connu la même sanction au début des années 2000 lors de l'affaire des Barak-I, missiles anti-missiles, au motif que les enjeux en termes de défense étaient trop cruciaux.

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lundi 8 juin 2009

Partenariat entre l'ESSEC et les écoles de Coëtquidan

Jean Guisnel annonce sur son blog la mise en place d'un partenariat entre l'ESSEC (en gros, la deuxième business school française derrière HEC) et les écoles militaires de Coëtquidan, à savoir l'ESM Saint-Cyr, l'EMIA (Ecole Militaire Interarmes) et l'EMCTA (Ecole Militaire du Corps Technique et Administratif).

Ce partenariat vise à offrir des cours croisés aux étudiants militaires et de l'école de commerce, avec notamment une plus grande sensibilisation des premiers à la décision dans le domaine économique. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec l'article d'Olivier Kempf sur l'orientation professionnelle des Cyrards.

Saint-Cyriens sur les Champs-Elysées, défilé du 14 juillet 2007
crédits : Adrien Marquette

Il convient de noter qu'un partenariat entre l'ESM et plusieurs autres écoles de commerce françaises (dont HEC, l'EM Lyon ou Reims Management School) permet déjà à des élèves de ces derières d'effectuer une partie de leur scolarité (9 semaines de cours et 10 semaines de stage en régiment) à Saint-Cyr et d'obtenir le statut d'officier (sous-lieutenant) de réserve.

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samedi 6 juin 2009

Vie du blog : mesure d'audience et CIA

Je viens de m'apercevoir que Sitemeter, l'outil de mesure d'audience que j'utilise actuellement, proposait sur son propre site une description de chaque pays du monde, qui n'est en fait qu'une reprise du CIA World Factbook (dont la page pour notre pays peut être trouvée être ici).
Pour la France cela donne, en guise d'introduction :
Although ultimately a victor in World Wars I and II, France suffered extensive losses in its empire, wealth, manpower, and rank as a dominant nation-state. Nevertheless, France today is one of the most modern countries in the world and is a leader among European nations. Since 1958, it has constructed a presidential democracy resistant to the instabilities experienced in earlier parliamentary democracies. In recent years, its reconciliation and cooperation with Germany have proved central to the economic integration of Europe, including the introduction of a common exchange currency, the euro, in January 1999. At present, France is at the forefront of efforts to develop the EU's military capabilities to supplement progress toward an EU foreign policy.
Intéressant, même si en cliquant sur le lien "Facts" relatif à la France je m'attendais plus à des informations sur les statistiques de connexion, ou même sur l'état de l'Internet dans l'Hexagone. Et assez subtilement, cela promeut la vision américaine, sans l'indiquer d'ailleurs, puisqu'aucune référence à la source originelle n'est mentionnée. Car même si le Factbook contient une quantité astronomique de chiffres sur tous les sujets (géographie, démographie, économie, sécurité...), il n'est évidemment pas neutre.

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vendredi 5 juin 2009

[Le blog de la semaine] : Un oeil sur l'Iran

A l'approche des élections présidentielles, je tiens à signaler l'existence du blog Un oeil sur l'Iran, en ligne depuis novembre 2007, consacré comme son nom l'indique au suivi de l'actualité iranienne, qu'elle soit tournée vers l'intérieur ou l'international.

Comme l'auteur l'indique lui-même
L’élection de M. Ahmadinejad et ses prises de positions sur la scène internationale, le programme nucléaire iranien, les droits de l’homme en Iran : autant de points qui ont recentré l’attention des médias sur l’Iran.
Le blog reprend, résume ou commente des articles de la presse française (principalement Le Monde, Le Figaro et Libération).

L'Iran (en rouge les zones déconseillées par le Quai d'Orsay)
crédits : diplomatie.gouv.fr

***
Voir aussi :

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jeudi 4 juin 2009

Elections européennes

A l'approche des élections européennes, dont on peut dire qu'elles ne passionnent pas les foules, quelques données en vrac :

***

Le dernier Eurobaromètre (enquête d'opinion dans l'ensemble des pays membres) réalisé fin 2008, révèle que bien évidemment, la principale préoccupation des Européens concerne en ce moment l'inflation et la crise économique, le terrorisme étant relégué en dernière position des sujets proposés aux sondés.

Mais il est également intéressant de noter qu'à la question "pour ce domaine, pensez-vous que les décisions devraient être prises au niveau national, ou au niveau européen ?", les sondeurs obtiennent, en faveur du niveau européen :
  • la guerre contre le terrorisme (79%)
  • la recherche scientifique et technologique (72%)
  • la défense et la politique étrangère (64%)
Bien sûr, cela n'a pas nécessairement une grande signification...

Je reviendrai prochainement, un peu plus en profondeur, sur le lien entre opinion publique européenne et défense.

***

Par ailleurs, Le Monde donne sur son site un résumé des "programmes" défense/politique étrangère des principaux partis en vue des élections européennes de ce weekend. J'utilise les guillemets car s'y mélangent des propositions, des objectifs plus ou moins concrets, voire des voeux pieux, tout cela étant plus ou moins pertinent au vu des attributions du Parlement Européen (par rapport à la Commission ou au niveau inter-étatique).

C'est que ça se passe. Dimanche, n'oubliez pas d'aller voter !

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[Le B.A.-BA] : TEMPEST

Je reprends la série B.A.-BA, avec un post complétant en quelque sorte mes précédents billets sur la sécurité de l'information et le brouillage.


Qu'est-ce donc que TEMPEST ? Il s'agit d'un nom de code utilisé par le DoD et la NSA, sans signification particulière, qui désigne l'étude des émissions électromagnétiques involontaires et potentiellement compromettantes, principalement par les ordinateurs et les éléments de connectique.

Ces émissions peuvent être captées par des récepteurs se trouvant dans un rayon de plusieurs centaines de mètres, et ensuite interprétées afin d'être exploitées. L'exemple le plus frappant est l'interception des signaux électromagnétiques issus d'un écran ou d'un clavier d'ordinateur, puis la reconstitution à distance des informations affichées (couleur des pixels) ou saisies (touches enfoncées).

Il est donc possible, sans aucune action offensive de guerre électronique, de mettre à profit une fuite de données à des fins de guerre de l'information.

Les premiers programmes TEMPEST sont apparus aux USA dès la fin des années 1960, avec le double objectif d'empêcher les écoutes intempestives et d'être soi-même en mesure d'intercepter et de déchiffrer les émissions ennemies.

Étant donné l'usage très répandu des ordinateurs à la fois dans les sphères militaire et civile, TEMPEST touche à la fois la défense, la sécurité, la guerre économique ou même la politique.

Pour se protéger de l'effet TEMPEST, la base est de placer l'ordinateur dans une cage de Faraday, constituée d'une matière conductrice reliée à la terre, qui va servir d'isolant ou de blindage électromagnétique. Le Chiffre (qui devient de plus en plus une direction informatique "classique") du Ministère des Affaires Étrangères est d'ailleurs situé dans une cage de Faraday dans un sous-sol du Quai d'Orsay.

Une cage de Faraday (source : wikipédia)

Certes, il est impossible de tout mettre dans une cage de Faraday, car sinon il n'y a plus de communications. Une autre solution peut consister à blinder de façon unitaire chaque ordinateur, ce qui coûte cher. D'autant que les câbles sont également concernés. Bref, c'est l'éternel dilemme sécurité VS facilité d'utilisation.

La NSA et l'OTAN ont établi des standards définissant des niveaux de protection TEMPEST pour les équipements. Ces standards sont classifiés et peu de détails en ont été rendus publics, sous forme expurgée. Il existe également des listes de laboratoires accrédités pour le test des matériels.

En termes de recherche "ouverte", les travaux du néerlandais Wim van Eck, et notamment son article Electromagnetic Radiation from Video Display Units: An Eavesdropping Risk? écrit en 1985 ont ouvert la voie.

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mercredi 3 juin 2009

Obama prend la cyber sécurité au sérieux

Obama a annoncé en fin de semaine dernière la nomination un conseiller spécial en charge de coordonner un plan national visant à renforcer la sécurité de l'infrastructure informatique du pays, qu'elle soit gouvernementale ou privée.

Cette déclaration traduit la préoccupation de l'administration face à des attaques de plus en plus fréquentes et potentiellement de très grande envergure, et face auxquelles elle estime ne pas pouvoir face face en l'état.
It's now clear this cyber threat is one of the most serious economic and national security challenges we face as a nation. [...] We're not as prepared as we should be, as a government or as a country
D'autant que la dépendance de la société toute entière vis-à-vis du cyberespace est très forte :
We rely on the Internet to pay our bills, to bank, to ship, to file our taxes. But we've had to learn a whole new vocabulary just to stay ahead of the cyber criminals who would do us harm -- spyware and malware and spoofing and phishing and botnets
Il a indiqué que lors des deux années écoulées, le cybercrime avait coûté 8 milliards de dollars aux USA.

Sans les nommer, Obama fait implicitement allusion à la Chine, la Russie (déjà fortement soupçonnées d'attaques récentes). Mais également à des attaquants plus isolés ou des nébuleuses terroristes de type Al-Qaida, qui sans avoir les moyens ni les compétences nécessaires pour faire "tomber" les infrastructures, peuvent causer des problèmes plus localisés mais sérieux, de type fuite/vol de données ou denial of service. Le président américain a indiqué que les ordinateurs de son comité de campagne avaient été hackés en 2008, les pirates (venant de Chine ?) ayant pu télécharger plusieurs fichiers. Il a également donné l'exemple de la guerre russo-géorgienne de l'été dernier, quand l'attaque de l'armée russe avait été précédée d'une cyberattaque massive, et qui selon lui doit préfigurer les guerres (conventionnelles ?) de demain. En bref, investir la quatrième dimension et s'en rendre maître avant le monde réel.

Le président Barack Obama lors de la conférence du 29 mai
crédits : ABC

Le conseiller qu'il doit nommer prochainement rapportera à la fois au National Security Council et au National Economic Council, et devra donc veiller à la sécurité de ce qu'Obama qualifie d' "actif national stratégique", à savoir le réseau informatique. La Maison Blanche estime que l'effort doit être mené en concertation aux niveaux fédéral, de chaque état et local, en mobilisant également le secteur privé et quelques "alliés clés" des Etats-Unis.

A noter que Barack Obama n'a pas mentionné les suggestions du Department of Defense visant à la création d'un commandement séparé (sous le US Strategic Command) en charge de gérer spécifiquement la cyberguerre : maîtrise des menaces provenant de l'étranger et mise en oeuvre de capacités offensives de neutralisation d'infrastructures ennemies. Le budget de la défense proposé par Robert Gates contenait un effort significatif en termes de formation et d'investissement relatifs au cyberespace. Comme l'indique le général John Davis :
It would be nice to spend that money proactively to put things in place so we'd be more active and proactive in posture rather than cleaning up after the fact
Bien sûr tout ceci n'est qu'un début, et l'impact de l'initiative dépendra largement du budget alloué et de la personnalité nommée à la tête du dispositif. Mais déjà les analystes notent quelques points positifs, et notamment le langage utilisé, résolument "21ème siècle".

En espérant que les conclusions n'orientent pas les Etats-Unis vers des lois de type LOPPSI / HADOPI...d'autant que dans ses propos Obama a inclus le vol de propriété intellectuelle.

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mardi 2 juin 2009

La CIA se (re)met aux langues étrangères

Le directeur de la CIA, Leon Panetta, a annoncé le 29 mai, dans une lettre ouverte à ses employés, un plan quinquennal visant à renforcer les compétences en langues étrangères de l'agence, et qu'il ira défendre devant le Congrès afin de le financer dans les semaines qui viennent.

Léon Panetta, directeur de la CIA
crédits : Washington Times

Il affirme qu'il est impératif de doubler le nombre d'analystes maîtrisant une autre langue que l'anglais afin de s'adapter aux menaces émergentes ou avérées :
Language skills are the keys to accessing foreign societies, understanding their governments and decoding their secrets. [...] To gather intelligence and understand a complex world, the CIA must have more officers who read, speak, and understand foreign languages
Ainsi, le volume d'enseignement spécifique va augmenter significativement, allant jusqu'au triplement du nombre d'employés du Directorate of Intelligence (responsable de l'exploitation et de la diffusion de l'information) en formation à plein temps. De même, mais à moindre échelle, pour les membres du National Clandestine Service, en charge de la collecte d'information et de la conduite d'opérations sur le terrain.

Sans grande surprise, les langues à privilégier sont l'arabe, le chinois, le persan, le russe, l'ourdou (parlé au Pakistan) et le pachto (langue des Pachtounes).

Au-delà des moyens, il s'agit également de revoir en profondeur les méthodes d'apprentissage utilisées, mais également les politiques de recrutement et de fidélisation des agents multilingues :
  • Cours du soir, séjours prolongés à l'étranger, ressources en ligne, cours en amont de l'embauche pour les potentiels en attente de leur accréditation
  • Refonte des enseignements spécialisés pour les niveaux les plus avancés
  • Redéfinition et élargissement des cibles pour le recrutement
Il anonce également qu'en plus des ressources humaines, l'accent sera également mis sur les technologies de traduction automatique.

Cette prise de conscience d'une relative insuffisance et d'un manque d'adaptation (témoin en est la volonté d'augmenter de 50% le nombre d'agents ayant un niveau en adéquation avec leurs attributions directes) est certes tardive mais salutaire. L'émergence d'un monde multipolaire et marqué par de nombreux conflits (armés ou non, asymétriques ou non), majoritairement en Asie, rend nécessaire, même (ou plutôt d'autant plus) pour la première puissance mondiale, cet effort plutôt centré, une fois n'est pas coutume, sur la dimension humaine du renseignement.

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