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mardi 22 juin 2010

Etats-Unis / Royaume-Uni : de l'eau dans le pétrole

J'évoquais il y a quelques semaines les remises en cause par certains décideurs britanniques de la "relation spéciale" que leur pays entretient avec les Etats-Unis (La relation spéciale entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, un mythe ?).


La catastrophe écologique au large de la Louisiane n'est certes pas là pour améliorer les choses. Alors que Barack Obama fait sienne la charge tout azimut contre la firme BP, souhaitant la "faire payer" pour l'ensemble des dégats (écologiques, humains, financiers...) occasionnés, Londres prend sa défense, soulignant son importance pour les économies américaine et britannique. Il faut dire que les milieux d'affaires, mais également les médias et le monde politique pressent le nouveau Premier Ministre Cameron de monter au créneau, dénonçant ce qu'ils perçoivent comme de l'anglophobie.

L'éditorialiste conservateur David Blackburn n'y va d'ailleurs pas de main morte :

BP est responsable de la fuite, mais l'entreprise est diabolisée par un président américain qui dissimule son populisme et ses préjugés sous les beaux atours de l’autorité morale. BP n’est que la dernière des institutions britanniques à être vilipendée par Barack Obama.
Selon lui, c'est d'abord le "marché américain insatiable" qui est responsable des risques sans cesse plus grands pris par les pétroliers. Une argumentation qui ressemble un peu à celle de Sarah Palin, pour qui les écologistes sont les vrais coupables, eux qui empêchent les forages en Alaska et forcent donc les majors à ces plates-formes en eaux profondes...

David Blackburn élargit la critique à de nombreux sujets qui cristallisent le mécontentement des Britanniques face à leur allié américain
L’élection de Barack Obama fut un moment historique. La bonne volonté et le respect des Britanniques face à cet événement ne leur ont toutefois valu que mépris. Des centaines de soldats britanniques ont été tués ou blessés dans une guerre américaine que Barack Obama n’a fait qu’intensifier. Les sacrifices consentis par l’allié le plus proche et le plus fidèle des Etats-Unis ont été payés par la reconnaissance des droits de l’Argentine sur les Malouines. L’histoire ne manque pas de piquant quand on sait qu’une large majorité des habitants de ces îles ont voté pour rester citoyens britanniques et que Barack Obama déclarait récemment à des jeunes diplômés de l'académie militaire de West Point que “l’Amérique a réussi en guidant ces courants (de coopération) vers la liberté et la justice”.

Au-delà de la bonne foi des uns et des autres, il est légitime de se demander si cet épisode (qui dure et va durer) n'est pas à même d'accélérer la sortie du Royaume-Uni de son rôle de "Grèce dans l'Empire Romain", pour reprendre les mots de Marc Ferro.

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3 commentaires:

Thibault Lamidel a dit…

Bonjour JGP,

On pourrait presque considérer une autre option : les relations spéciales n'ont jamais existé.

On a entendu plein de chose là-dessus : contrat juteux, échanges de technologies ou autres traités secrets...

Mais dans les faits, citons l'exemple des sous-marins. Il est communément admis que les Etats-Unis fournissent l'Angleterre en connaissances technologiques nécessaire au développement et renouvellement des sous-marins nucléaire, surtout ceux stratégique (vente de missiles).Cependant, les sous-marins britanniques sont au moins aussi performant que les nôtres concernant les SNLE (depuis la fameuse rencontre).
Je doute qu'on puisse parler d'avantage stratégique. Même concernant le coût ! Le renouvellement de la composante océanique britannique est évaluée à 30 milliards de livres. C'est selon les variations monétaires plus que la France et ses 30 milliards d'euros pour le système actuel. Sauf qu'en France, on a la maîtrise technologique de la dissuasion.

Pareil dans l'aérien, avec le JSF et les deux milliards anglais investit dans le programme, ils devaient avoir des technologies. Résultat, ils n'ont même pas accès aux codes sources. Et l'Eurofighter n'est pas supérieur au Rafale (c'est un fait plus qu'avéré). Et les projets de drones britanniques ne brillent pas par leur avance.

Enfin, tous ces avantages "fantômes" ont été payé par un alignement sur la politique américaine. La France n'avait aucun intérêt a attaqué l'Irak (même la première fois), c'était un de nos bons "clients". L'Angleterre l'a fait. Résultat : sa situation économique et financière est catastrophique (si vous vous souvenez de la période où la télévision publique française faisait l'éloge de l'économie britannique et de son peu de règles).
Sa situation diplomatique n'est pas joyeuse non plus : en dehors et dans l'Europe. Elle se prive d'agir dans la réforme de la Gouvernance économique européenne alors que les changements pourraient être historique (!). Sans compter qu'elle n'est pas bienvenue partout en Amérique du Sud alors qu'ils s'y signent de juteux contrat...
Et sur le plan militaire, personne en France (surtout dans les médias) ne relèvent une chose : la Royal Navy est en cours de disparition : il n'est pas sûr que la Royal Navy ait ses deux porte-avions, ses six nouveaux SNA (surtout si les SNLE disparaissent), elle ne projette de construire que dix nouvelles frégates, elle n'aura plus de chasseur de mines... Sans compter que l'industrie navale britannique est à terre. Je doute quand certains affirment que c'est la première puissance militaire européenne. La crise financière va obérer les quelques avances qu'elles avaient pu avoir. La Grande-Bretagne est sur le déclin...

Les relations spéciales n'ont soit jamais existé, soit tout intérêt à disparaître. Si les anglais ne sont plus une puissance diplomatique en Europe ou une puissance militaire crédible (elle l'est encore aujourd'hui), quel intérêt pour les Etats-Unis ?

Cordialement,

Thibault Lamidel

Thibault Lamidel a dit…

" Les rumeurs font état d'une baisse de 25% des dépenses au budget de la Défense. "

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/06/21/04016-20100621ARTFIG00706-royaume-uni-une-cure-d-austerite-historique.php

Budget Défense français : 39 milliards d'euros.
Budget Défense anglais : 47 milliards d'euros.

N.B. : tenir compte des dépenses britanniques liées aux guerres d'Irak et d'Afghanistan qui doivent certainement gonflées le budget. Et surtout, ces dépenses sont responsable de sa désorganisation : le court-terme l'emportant sur la construction militaire à long terme.

" De con côté, le Guardian rappelle que le 18 juin est aussi la date du célèbre discours de Winston Churchill devant la Chambre des communes dans lequel le premier ministre britannique annonça la fin de la bataille de France et le début de celle d'Angleterre. Le quotidien en profite pour comparer l'héritage du churchillisme au Royaume-Uni à celui du gaullisme en France. "A son crédit, Sarkozy a résolument dépassé la position traditionnelle gaullienne vis-à-vis des Etats-Unis", note ainsi le Guardian. Un pas que n'aurait pas encore fait le Royaume-Uni : "Cameron doit dépasser la position crypto-churchillienne et eurosceptique d'alignement systématique sur les Etats-Unis."

Et il y a urgence pour le journal : "Dans un monde où les puissances non occidentales telles que la Chine sont en train de percer et avec l'actuelle crise existentielle de la zone euro, l'Europe est actuellement face à une sorte de 1940 civil." La solution ? Que la France et la Grande-Bretagne s'emparent du 18-Juin pour s'entendre "sur une nouvelle stratégie churchillo-gaulliste ou gaullo-churchillienne", demande le Guardian. "

http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/06/18/l-heritage-de-de-gaulle-intrigue-la-presse-britannique_1374805_3214.html

Anonyme a dit…

les propos relatés par LE GUARDIAN sont un voeu , qui doit devenir réalité :
- Toute l'expérience acquise doit être préservée.
- Des partenariats doivent être entrepris entre GB et F. Impérativement !!!!! et rapidement !!! les domaines concernant l'off-shore, l'aéronautique,la construction navale doivent être développés.
Adhérer au groupe amphibie anglo-néerlandais doit être réalisé rapidement.
Des achats réciproques doivent être entrepris et gérés ensemble ( rafales, harrier NG, MERLIN terrestre et naval.
-Le commonwealth doit renaître de ces cendres !