A la Une

Mon Blog Défense

mardi 7 avril 2009

La ville sous le feu : petit retour en arrière historique

Instinctivement, l'expression "la ville sous le feu" n'évoque pas immédiatement le concept de guerre urbaine mais plutôt celui de bombardement aérien massif, plongeant les cités dans l'effroi et la panique.

Revenons à la Grande Guerre. Celle-ci a vu la mise en œuvre de la plupart des missions actuelles de la composante aérienne, bien sûr à des degrés divers chez les différents belligérants :
  • reconnaissance (notamment avancement des troupes ennemies) et réglage d'artillerie
  • bombardement tactique : appui des troupes au sol, destructions de positions d'artillerie, d'infrastructures, d'entrepôts militaires...
  • chasse, afin de vider le ciel des avions de reconnaissance et d'éviter les bombardements
  • tentatives de bombardements stratégiques très avancés, notamment de la part des Allemands (Londres et Sud de l'Angleterre)
Dans les années qui suivirent, les théoriciens de l'entre-deux-guerres (Douhet, Fonck, Mitchell) imaginaient déjà le développement des raids aériens stratégiques. Et, bien avant le Projet Manhattan, Hiroshima et Nagasaki, la possibilité d'utiliser le vecteur aérien combiné à des armes très destructrices, dont la simple possession dissuaderait l'adversaire et l'obligerait à capituler. Le journaliste Pierre Faure, au début des années 1930, envisageait la mise en place de flottes de bombardiers dotés de bombes incendiaires, visant les cités ennemies (donc les civils !) et y allumant de nombreux feux, plongeant la population dans la panique et brisant la volonté politique de l'ennemi. Ces réflexions préfigurent donc les doctrines de dissuasion qui se développeront dans la deuxième moitié du XXème siècle.
Pour être victorieux, il faut mettre l'ennemi dans l'impossibilité de prendre ou de reprendre l'offensive, et déterminer chez lui une situation telle qu'il soit réduit à préférer capituler plutôt que de voir cette situation se prolonger*
Bien sûr, tout ceci se fait concomitamment à l'essor (inégal) dans les années 1920-30 de l'arme aérienne (organisation, doctrine, missions, technologie, industrie...) et des défenses antiaériennes, mais ceci est une autre histoire.

Le "feu" est donc envisagé ici dans son acception première. On est donc assez loin d'un contexte asymétrique, qu'il s'agisse d'un combat se déroulant dans une conurbation somalienne ou d'une attaque terroriste à Mumbai. Même si dans tous les cas, après avoir été sous le feu, la ville est sous le choc (petit jeu de mots pour ceux qui sont familiers du jargon militaire).

***

*Citation de Pierre Faure, extraite de L'art de la guerre aérienne du Colonel Régis Chamagne

Partager cet article :

Facebook Twitter Technorati digg Delicious Yahoo Reddit Newsvine

Aucun commentaire: